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Jean Bodin, Les six livres de la République, (1583)

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[584 sans texte p. 585]

Notice sur la vie

et les œuvres de Jean Bodin

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JEAN BODIN 1 (1529/1530-1596) est né à Angers (son œuvre majeure est signée « Jean Bodin Angevin »). Selon une tradition, non absolument attestée, sa mère aurait été juive, probablement chassée d'Espagne par l'Inquisition. La lecture de La République rend cette hypothèse plausible, de même que sa dernière œuvre Le Colloquium heptaplomeres, tant la tradition hébraïque (Bodin sait l'hébreu) y est [p. 586] présente. Quoi qu'il en soit, la religion de Bodin est une question débattue et ne pourra probablement jamais être tranchée. Il entre au Carmel en 1545, semblant se destiner à une carrière ecclésiastique. Il sera délivré de ses vœux en 1548, non sans avoir été inquiété en 1547 pour hérésie. Il semble être attiré, vers 1550, par le calvinisme.

Dans les années 1550, il étudie le droit à Toulouse, mais ne peut obtenir un poste qu'il convoite à l'Université. Il s'établit à Paris dans la profession d'avocat et se fait remarquer par son extraordinaire talent d'orateur et de débatteur. Il connaît la célébrité coup sur coup avec, en 1566, sa Méthode pour la connaissance de l’histoire et, en 1568, La réponse à Monsieur de Malestroit, où il développe les premiers éléments d'une théorie monétariste. En 1571, il est au service du duc d'Alençon. Il échappe semble-t-il au massacre de la nuit tragique de la Saint-Barthélemy, en 1572. À cela s'ajoute le spectacle connu de lui du fanatisme religieux dans le Midi. Il prend parti pour une tendance modérée de la Ligue (catholique), opposée au fanatisme intégriste des Guises, mais favorable à la toute-puissance de la Couronne. C'est pourquoi il développera, dans Les Six Livres..., une théorie de la souveraineté du monarque réfutant la thèse de la monarchie élective, c'est-à-dire d'un roi élu du peuple, thèse qui était alors celle des Monarchomaques (protestants). Bouleversé par les guerres civiles et religieuses, Bodin militera dans son œuvre pour la tolérance, recommandant au

1Cf. Simone Govard-Fabre, Jean Bodin et le droit de la république, Paris, PUF, 1989, qui propose une étude assez détaillée de la vie de Bodin ; Julian H. Franklin, Jean Bodin et la naissance de la théorie absolutiste, édition française revue par l'auteur, Avant-propos par J.-F. Spitz, Paris, PUF, 1993. Ces deux ouvrages donnent une bibliographie. La présente Notice s'appuie également sur l'Introduction de J.H. Franklin à sa traduction anglaise de quatre chapitres de La République, Cambridge University Press, 1992.

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prince de ne jamais traiter la question des « sectes » par la force, sauf à mettre en péril la république.

En 1576, il publie donc Les Six Livres de la République. L'ouvrage connaît un immense succès et doit être plusieurs fois réédité. On compte au moins quatorze éditions en langue française, jusqu'en 1629, et plusieurs éditions de la traduction latine que Bodin [p. 587] fit lui-même de son œuvre (1586). Pierre Bayle, dans la notice qu'il consacre à Bodin dans son Dictionnaire historique et critique 1, rapporte que, lors du voyage de son auteur à Cambridge, La République y fut lue publiquement en latin.

À l'époque de la publication de La République, il épouse la riche veuve Bayard. Il est élu député du Vermandois et siège en cette même année 1576, comme député du tiers état aux états généraux de Blois 2. Là, il fait échouer une tentative d'Henri III en vue d'augmenter les impôts, mais aussi, et peut-être surtout, Bodin y défend une position politique fondée sur la tolérance, face au roi qui cherche à imposer le catholicisme comme religion d'État. Meneur de l'opposition, pourtant convaincu que son point de vue était, finalement, favorable à la Couronne, il se voit alors refuser la charge promise jadis par Henri III de maître des requêtes.

Il publie, en 1578, l’Exposé du droit universel, et, en 1580, La Démonomanie des sorciers, manuel qui décrit les pratiques de sorcellerie et les moyens de les détecter et surtout de les punir. Le problème posé par la sorcellerie, raison pour laquelle Bodin s'y intéresse de près, est que, selon Bodin, les sorciers font le jeu de Satan et donc introduisent un ferment de désordre dans la république.

Bodin partira en 1581 pour l’Angleterre, comme conseiller du duc d'Alençon. Mais après la mort du duc en 1584, il s'installe à Laon où sa famille avait des origines. Après l'assassinat d'Henri III (1589), la Ligue catholique soutient Charles X contre le protestant Henri IV, premier héritier en ligne de la couronne. À Laon, les partisans de la Ligue sont dominants et Bodin est contraint, par prudence, quoique [p. 588] politiquement opposé au parti catholique, adepte de la résistance au roi « légitime », violemment intolérant, de composer avec lui. Et ce n'est qu'en 1594, Henri IV s'étant converti au catholicisme, qu'il put le soutenir.

Au cours de cette période, l'activité intellectuelle de Bodin reste très importante. Il compose un Théâtre de la nature universelle (non publié de son vivant), où il expose une philosophie naturaliste et, surtout, il publiera l'année de sa mort, en 1596, un Colloquium ou Colloque des Sept, où le point de vue du Juif Salomon (parmi un catholique, un luthérien, un rationaliste, un mahométan, etc.) semble exprimer, avec un naturalisme platonisant, le point de vue de Bodin lui-même. On dit que Leibniz, un siècle plus tard, redoutait pour la foi chrétienne la publication du Colloque des Sept.

Selon ses vœux, Bodin fut enterré selon le rite catholique.

1Texte repris dans Corpus, n° 4, 1er trimestre 1987.

2Bodin fait référence à cet épisode de sa vie dans Les Six Livres... Cf. pp. 307-308.

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[p. 589]

Recueil des principaux personnages, événements et institutions

de l'Antiquité cités

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ALEXANDRE (356/323). Alexandre de Macédoine (dit Alexandre le Grand), fils de Philippe II de Macédoine. Vainqueur des Athéniens à la bataille de Chéronée en 338. Il succède à Philippe en 336, se fait nommer général des Grecs à Corinthe après avoir maté une rébellion conduite par Thèbes. Il entreprend ses conquêtes en 335 ; soumet les Perses, fonde Alexandrie en Égypte en 331, passe en Asie, traverse l'Euphrate et le Tigre. Prétendant fonder un empire où l'humanité serait unifiée sous sa puissance, il conquiert l'Asie centrale, passe en Inde, franchit l'Indus et parvient aux rivages de l'océan Indien en 326. Revenu à Babylone, dont il voulait faire la capitale de ses conquêtes, il meurt en 323, probablement empoisonné. Aristote avait été son précepteur.

ARISTOTE (384/322). Disciple dissident de Platon dont il réfute l'idéalisme ; physicien, métaphysicien, moraliste, biologiste, etc., Aristote est un des esprits les plus universels de l'Antiquité. Bodin se réfère aussi bien à sa Métaphysique et à sa Rhétorique qu'à ses ouvrages de morale et de politique : Éthique à Nicomaque, Politiques.

CALIGULA (–12/+41). Empereur romain de 37 à 41, Caligula est aux yeux de Bodin (avec quelques autres, notamment Néron) le type idéal du tyran dont les peuples ont à pâtir.

CANULEIA (loi). Loi capitale votée en 445, à l'initiative du tribun C. Canuleius, autorisant le mariage mixte entre plébéiens et patriciens. Étape décisive dans la formation de la république (et de la démocratie), la loi Canuleia permet en effet à la riche élite plébéienne maintenant liée par mariage aux familles patriciennes d'exiger les charges politiques jusque-là réservées à la gens patricienne.

CARTHAGE. Riche cité de la Méditerranée, Carthage est la concurrente directe de Rome, à laquelle elle s'opposa, durant un siècle, au cours de trois guerres, dites guerres puniques (de Poeni, Phéniciens, les fondateurs de Car-[p. 590] thage). La seconde guerre punique (218-201) voit dans sa première période les victoires de Carthage sur Rome. Hannibal reprend l'Espagne à Rome et, pour un temps, rallie, à sa

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cause les peuples de la Gaule et du nord de l'Italie. Finalement vaincu, il devra abandonner l'Espagne (211) qui, en 206, devient province romaine.

CATON (234/149). Il exerce la censure à partir de 185 (d'où le surnom de Caton le Censeur) et s'oppose à l'influence grandissante de l'hellénisme à Rome aussi bien qu'à la domination de l'oligarchie sénatoriale. Auteur de sept livres Des Origines, il est également un grand orateur.

CENSURE. Magistrature de la république romaine instituée en 443 pour permettre le recensement des citoyens. Les censeurs sont irresponsables et non rééligibles. Leur tâche principale est de recenser tous les habitants en dressant l'état de leur fortune, d'établir la liste des sénateurs et, enfin, de faire le compte des recettes et des dépenses publiques. Appius et Caton furent les censeurs les plus célèbres.

CÉSAR (102/44). Membre d'une vieille famille patricienne, C. Julius Caesar forme en 60 avec Pompée et Crassus le premier Triumvirat et obtient le consulat en 59. De 58 à 50 il mène la guerre en Gaule. Il franchit le Rubicon (frontière de la Cisalpine) avec son armée en 49. En 48, il défait Pompée à Pharsale, ce qui met un terme à la guerre civile. Devenu seul maître à Rome, il sera finalement assassiné par Brutus aux ides de mars 44.

CICÉRON (106/43). Issu d'une famille équestre, Cicéron est consul en 63. Grande figure de la république romaine, il soumet toujours l'action à la réflexion philosophique et théorique. Grand orateur, il s'illustre notamment dans les Catilinaires. Lors du conflit opposant Pompée à César, il prend le parti de Pompée. Lors de la succession de César, Antoine et Octave, après s'être opposés, se réconcilient. Victime de cette alliance, Cicéron est assassiné en 43. Son œuvre théorique est immense ; on lui doit, outre ses œuvres rhétoriques, de nombreux traités moraux et politiques : De la République, Des Lois, De l’Orateur, De l’Amitié, De la Vieillesse, etc. Cicéron est favorable à un régime politique dirigé par un seul homme, le « princeps », à la fois orateur, chef militaire et prudent philosophe.

[p. 591] DARIUS (roi des Perses de 522 jusqu'à sa mort en 486). Fondateur de Persépolis après sa défaite contre les Grecs à la bataille de Marathon en 490. Il a voulu reconstruire l'empire de son père Cyrus, lui-même maître de la Lydie et de Babylone.

DÉMOSTHÈNE (384/322). Grand orateur et logographe (celui qui écrit les discours qui seront prononcés lors d'un procès), il entra en politique en 351, prenant le parti des démocrates chassés de Rhodes. Il fut surtout le plus puissant orateur politique d'Athènes, dénonçant inlassablement les ambitions conquérantes de Philippe de Macédoine. À Athènes il s'opposa constamment à Eschine, orateur à la solde d'Alexandre devenu maître de la Macédoine à la mort de Philippe. Il dut s'enfuir après la mort d'Alexandre et s'empoisonna.

DION (DENYS), tyran de Syracuse (c.430/c.367). Il s’empare du pouvoir à Syracuse en 406. Il avait le projet de former un empire unissant la Sicile et la Grande Grèce. Il protégea les arts et les lettres : c'est ainsi qu'il attira Platon à sa cour et que, selon une tradition, il aurait vendu le philosophe comme esclave. Il mourra assassiné.

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DOUZE TABLES (loi des). Première manifestation écrite du génie juridique romain. Rédigée par une commission de dix membres (les decemviri), en 451-449, la loi des douze Tables rend publics le droit et la loi. Avant elle, il n'existait qu'un droit coutumier, connu des seuls patriciens. Les plébéiens s'en trouvaient donc lésés. L'accès à la loi — autrement dit la publicité du droit — représente ainsi une étape essentielle dans la formation de la république romaine et généralement de la démocratie. Au reste, parmi les principes fondamentaux énoncés par la loi des douze Tables figurait l'interdiction des « privilèges », ce qui conduisait à proclamer l'égalité des patriciens et des plébéiens devant la loi. D'autre part, le droit ainsi rendu public devenait un droit laïc contenu dans les énoncés positifs de la loi promulguée. Bodin fait très souvent référence à cette double signification essentielle de la loi des douze Tables.

HANNIBAL ou ANNIBAL (voir CARTHAGE).

LACÉDÉMONE ou SPARTE. Située dans le Péloponnèse, rivale [p. 592] oligarchique de l'Athènes démocratique, Lacédémone est la plus importante cité de la Grèce avec Athènes à laquelle elle s'opposa au cours de la guerre du Péloponnèse (431/404). Lycurgue, au VIe siècle, fut probablement le législateur de ses institutions militaires. Sortie victorieuse de la guerre contre Athènes, Lacédémone assura pendant trente ans son hégémonie sur toute la Grèce ; elle est l'exemple de la cité oligarchique et militaire : à l'époque où Alexandre entreprend ses conquêtes, Lacédémone se referme sur elle-même, préservant ses institutions hautement inégalitaires. À Lacédémone, il n'y a pas de citoyens, il n'y a que sept cents « égaux » et la multitude des « périèques » et des « hilotes ».

Loi ANCIENNE (Ancien Testament). Bodin dit que la loi que Dieu communiqua à Moïse est la plus ancienne des lois connues des hommes. Elle est ce que Bodin, tout au long de son œuvre, appelle aussi « Loi naturelle et divine » ou encore « Loi ancienne ». C'est la raison pour laquelle, dans Les Six Livres..., il ne fait pas de place à l'enseignement de Jésus, réinterprétant la Loi. Estimant que la « Loi » originaire est la Loi juive, il n'inscrit pas sa réflexion politique dans une tradition chrétienne, c'est- à-dire ayant sa source doctrinale dans saint Paul. Il se réfère donc exclusivement à l'histoire des Hébreux relatée dans l'Ancien Testament, de même qu'il se réfère à l'histoire des anciens Grecs et des Romains.

MOÏSE (voir Loi ANCIENNE).

NÉRON (37/68) Archétype, avec Caligula, du tyran selon Bodin. Au début de son règne Sénèque est son conseiller. Après le meurtre de sa mère Agrippine, en 59, il commence sa carrière de tyran avec l'incendie de Rome suivi du massacre des chrétiens. De nombreuses révoltes ont lieu dans les provinces. En 66, il fait exécuter le stoïcien Thrasea, chef de l'opposition sénatoriale. En 68, Néron est déclaré « ennemi public » par le sénat. Il se suicide.

PÉRICLÈS (c.495/429). Aristocrate, Périclès entra en politique dans le parti démocrate vers 469. En 463, il obtint une victoire décisive contre l'Aréopage (tribunal datant de Solon, chargé de veiller à la bonne administration de la chose publique et de contrôler les bonnes mœurs des [p. 593] particuliers) en limitant ses prérogatives à la

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juridiction des affaires criminelles. En 447, il est le chef incontesté de la démocratie athénienne. En 431, au début de la guerre du Péloponnèse, il est vaincu à Épidaure. C'est la fin de la démocratie athénienne dont il fut le plus grand bâtisseur.

PHILIPPE (DE MACÉDOINE) (voir ALEXANDRE).

PISISTRATIDES (les). Dynastie issue de Pisistrate (600/527) ; tyran d'Athènes. Celui-ci s'empara de l'Acropole en 561 ; écarté du pouvoir, il revint en 551. À nouveau contraint à l'exil, il revint définitivement en 538. Il continua l'œuvre de Solon. On célébra son œuvre dans l'Antiquité, notamment son souci de se soumettre aux lois et institutions existantes. Ses deux fils, Hippias et Hipparque lui succédèrent. Ce dernier fut exécuté par Harmodios et Aristogiton en 514, meurtre qui, symboliquement, donna naissance à la tradition du « tyrannicide ». Pour cet acte qui les délivra de la tyrannie des Pisistratides, les Athéniens honorèrent les noms d'Harmodios et d'Aristogiton.

PLATON (428/347). Platon, que Bodin oppose souvent à Aristote et dans l'idéalisme duquel il puise certains éléments de sa pensée, se fait le défenseur d'une tendance politique hautement élitiste car fondée sur la prééminence du savoir. Bouleversé par la condamnation et l'exécution de Socrate, il entreprend une refondation de la politique, opposée à l'enseignement « démocratique » des Sophistes. Ses dialogues, principalement La République, Le Banquet, Le Politique, Timée, ou Gorgias, de même que Les-Lois, sont souvent cités dans l'œuvre de Bodin. La théorie des proportions harmoniques que développe Bodin à la fin du Livre VI est inspirée de Platon.

PLUTARQUE (50/125). Écrivain grec très souvent cité par Bodin, notamment ses

Vies parallèles ou Vies des Hommes illustres où il met en parallèle les grands hommes d'État de la Grèce et de Rome. Bodin y puise abondamment ses informations biographiques.

POLYBE (c.200/c. 120). Historien grec, vécut de nombreuses années à Rome comme otage. Auteur des Histoires romaines, il développe une interprétation de la constitution de la république romaine comprise comme constitution « mixte », c'est-à- dire tenant à la fois de la [p. 594] monarchie, de la démocratie et de l'aristocratie. Dans ses Lois, Cicéron reprendra cette interprétation, la rendant ainsi célèbre. L'équilibre politique de la Rome républicaine serait dû, selon cette tradition, au fait que le sénat posséderait l'auctoritas (autorité morale), les magistrats la potestas (pouvoir effectif), cependant que le peuple jouirait de la liberté. On peut dire qu'une part importante de la théorie politique de Jean Bodin consiste précisément à réduire à néant cette interprétation de Polybe : c'est à cette fin qu'il construit son concept central de souveraineté, comme essence une et indivisible de la république. C'est notamment, mais non exclusivement, au sein d'une polémique contre Polybe que Bodin fonde la modernité politique de l'État souverain.

SÉNÈQUE (c. 2/65). Stoïcien, on l'appelait « le philosophe » ; Agrippine, mère de Néron, lui confia l'éducation du futur empereur, alors âgé de 13 ans. Néron accède au pouvoir à 17 ans : Sénèque le conseille pendant cinq ans et dispose ainsi du pouvoir effectif. Impliqué dans une conjuration contre le tyran, il se suicide. Son œuvre

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morale est importante et souvent citée par Bodin : De la Colère, Sur la Vie heureuse et, surtout, les Lettres à Lucilius.

SOLON (c.640/c.558). Aristocrate d'origine, Solon est en fait le véritable législateur de la démocratie athénienne. En 594, il devint archonte (magistrat suprême) et entreprit l'élaboration d'une nouvelle constitution. Les « lois de Solon » sont les lois fondatrices de la grandeur politique de l'Athènes classique. Il procéda à une réforme agraire, en abolissant les dettes qui attachaient les petits propriétaires à la terre, ce qui entraîna l'abolition du servage. Mais sa constitution modérée ne favorisait ni les riches ni les pauvres. Il mourut après l'avènement de Pisistrate qui continua son œuvre.

SPARTE (voir LACÉDÉMONE).

SUÉTONE (c.75/160). Historien romain, auteur d'une Vies des XII Césars, mine d'informations pour Bodin, ouvrage encore aujourd'hui essentiel pour la compréhension de l'empire.

TACITE (55/120). Historien romain, consul en 97. Bodin puise dans ses écrits : les Histoires (de Néron à Domitien) et les Annales (d'Auguste à Néron). S'appuyant notam-[p. 595] ment sur Tacite, Bodin affirme que la plupart des empereurs étaient « en fait tyrans ».

THUCYDIDE (c. 460/c. 395). Historien grec, souvent cité par Bodin. Il est l'auteur d'une Histoire de la guerre du Péloponnèse. Accusé de trahison à la suite d'une expédition militaire malheureuse à laquelle il prit part, il écrivit son récit pendant ses vingt années d'exil.

TRIBUN DE LA PLÈBE. La fonction de tribun de la plèbe fut créée vers l'an 491 de la république. Innovation capitale qui permet à la plèbe d'être représentée. Les tribuns, ultérieurement, obtinrent le droit de présider le sénat. De simple fonction, le tribunat devient ainsi une magistrature de la république. La classe des patriciens abandonne ainsi une part de ses prérogatives, donnant du même coup sa force à la république romaine. Institution fondamentale, le tribunat de la plèbe disparaît pratiquement sous l'empire.

TITE-LIVE (c.-59/+ 17). Historien romain, influencé par Polybe. Son Histoire de Rome est une source essentielle d'informations pour Bodin comme pour Machiavel.

TRAJAN (53/117). Modèle de l'empereur libéral, selon Bodin. Il se vit décerner le titre d'Optinius (Très Bon) en 114. Cultivé, bâtisseur, Trajan respecta les traditions républicaines.

XÉNOPHON (445/359). Disciple de Socrate, qui lui sauva la vie à Délion en 424, Xénophon s'enrôla dans l'armée de Cyrus et partit à la conquête de la Mésopotamie. Vaincu par les Perses, il battit en retraite à la tête d'un contingent de soldats ; il fait le récit de cet événement dans l’Anabase. Il combattit contre les Athéniens et fut banni d'Athènes en raison des ses convictions politiques spartiates. Bodin s’appuie sur ses écrits (Banquet, Économiques) pour développer sa critique de la démocratie.

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