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Chapitre IV

Le voyage vers le Nord continuait. Après Cahors et son admirable pont Valentré (183 mètres de long, 6 arches de style gothique,* précisa Henriette Caminade), le train roulait vers Brive et Limoges.*

Les équipiers de la Berlurette allaient et venaient d'un compartiment à l'autre, causaient ou se reposaient. Tricoire ayant reprit des forces grâce au casse-coûte* (peu de chose du reste: deux oeufs durs, un sandwich au saucisson, une aile de volaille et un triangle de roque-fort, puis un verre de vin blanc des collines berlurettoises). Tricoire vint plusieurs fois rendre visite au compartiment voisin.

Il se mêla aux dicussions et aux jeux. Il fit une partie de manille* en compagnie de M. Vernéjou, de Léon Delpech, le fils du facteur, de Jean Labatut et de Basile Flambuscat. Pendant ce temps, Ferdinand Berthomieu essayait de convaincre Blanche Abadie et Henriette des mérites supérieurs de la géographie. Il était capable de réciter par coeur la liste des principales rivières franchies pendant le voyage. Cette liste commençait par la Berlurette et finissait par la Seine.

    • Ah! La Seine ... soupirait Blanche rêveuse. Dire que ce soir, nous verrons la Seine!

Il y eut un peu plus tard une vive dicussion pour savoir à quel moment on se trouverait "en pays étranger". C'est-à-dire à partir de quelle ville ou rivière commençait "le Nord".

      • Ma foi, dit M.Vernéjou, on a surnommé Brive la Porte de Midi. On peut placer la frontière entre le Nord et le Midi ...

    • Sur la Loire! intervint vivement Flambuscat. En même, je me demande si cela suffit.* Au fond, le Midi, c'est l'essentiel de la France. La France sans le Midi, qu'est-ce que cela serait?

    • Chaque région a ses qualités, remarqua Ferdinand sur un ton calme. En géographie, on trouve des paysages intéressants un peu partout.

    • Là, Ferdinand a raison, dit M. Vernéjou.

    • Tout de même! s'écria Tricoire. Souvenez-vous de ce malheureux Danois qui n'aimait pas l'ail. Ils ne se servent pas d'ail dans son pays. Et ils boivent du lait en mangeant, paraît-il. C'est horrible. Je voudrais bien voir sa peinture!

Le train s'arrêtait à ce moment-là en gare de Brive et Tricoire en profita pour ajouter:

* de style gothique– в готическом стиле

* Brive et Limoges– города во Франции

* ayant reprit des forces grâce au casse-coûte– подкрепившись завтраком

* Il fit une partie de manille– он сыграл в карты (manille – название карточной игры)

* je me demande si cela suffit– я спрашиваю себя, так ли это

- Tenez, Brive, voilà une belle ville et une bonne région. Les Danois devraient y venir pour apprendre ce que c'est que la cuisine.*

Et le bon Tricoire se mit à énumérer les spécalités de Brive-la-Gaillarde: les pâtés de foie gras truffés, les conserves de dindes et d'oies, les confitures, les fruits au sirop, les gâteaux de noix ...

Et l'aubergiste mettait tant de conviction dans ces paroles * que Léon Delpech murmura:

    • Hé, on aurait peut-être pu s'arrêter à Brive, entre deux trains pour se rendre compte du paysage ...*

    • Et Limoges? demanda Flambuscat. Que trouve-t-on à Limoges?

    • Ah! dit Mme Vernéjou, vous savez que Limoges c'est le pays de la porcelaine. Les plats émaillés de Limoges sont célèbres depuis le XIe siècle. Il y a aussi une grande industrie de la chaussure.

    • A l'époque gauloise, commença Michel Gratentour, les gens de Limoges se sont montrés courageux.

Devant les regards intrigués de l'assistance, l'Historien poursuivit:

    • C'était à l'époque où Vercingétorix * se trouvait assiégé dans Alésia.* Et Limoges était la capitale des Lémovices*, apprenant que le pauvre Vercingétorix était en difficulté, lui envoyèrent des renforts.

    • Bravo! Vive Limoges! s'écria Flambuscat.

Le paysage avait changé encore. On rencontrait maintenant des crêtes boisées, de nombreuses pelouses; les bourgades et les fermes se blotissaient dans des creux* très verts et très frais, ceinturés de chênes et de châtaigniers. Les tunnels se multipliaient. Mme Vernéjou parla de l'immense travail qu'il avait fallu mener à bien pour permettre le franchissement des collines et des montagnes.* Kilomètre après kilomètre, des hommes avaient vaincu les obstacles naturels, dynamité ou creusé le roc, remblayé certains endroits, établi des ponts et des viaducs entre certaines faîtes montagneux. Mais quel temps gagné!*

* Les Danois devraient y venir pour apprendre ce que c'est que la cuisine.– Датчанам следовало бы приехать сюда (в Брив), чтобы узнать что такое кухня.

* mettait tant de conviction dans ces paroles – вкладывал в свои слова столько убедительности

* pour se rendre compte du paysage зд.чтобы ознакомиться с местностью.

* Vercingétorix – Верцингеторикс галльский вождь из племени арвернов, предводитель всеобщего восстания галлов против римлян (52-51 гг. до н. эры)

* Alésia– Алезия – крепость в Галлии, где Верцингеторикс был окружен и взят в плен Юлием Цезарем

* Lémovices– название народности, населявшей древнюю Галлию и занимавшей в эпоху римского господства территорию современного Лимузина

* se blotissaient dans des creux – притаились в лощинах

* pour permettre le franchissement des collines et des montagnes – чтобы сделатьл возможным переезд через холмы и горы

* Mais quel temps gagné! Но какой выигрыш во времени!

    • Au siècle de la Fontaine,* dit M. Vernéjou, qui ne ratait pas une occasion* d'instruire ses écoliers, le cheval couvrait une qurantaine de kilomètre par jour. Plus tard, la diligence arriva jusqu'à une soixantaine de kilomètres. C'était à l'époque de Louis XV. Plus tard encore, les voitures à chevaux des messageries* augmentèrent cette distance jusqu'à quatre-vingts, quatre-vingt-dix kilomètres.

Calculez. Il fallait donc neuf jours environ pour aller de Toulouse à Paris. Et cela dans de bonnes conditions, sans incidents de route, sans mauvais temps!

    • De quand date les premiers chemins de fer? demanda Blanche.

    • Les Anglais commencèrent avant nous. Il y eut un train de marchandises entre Liverpool et Manchester en 1831, un train des voyageurs sur la même ligne en 1833. En France l'inauguration de la ligne Paris – St-Germain eut lieu en 1837. Le trajet durait 26 minutes à la vitesse effrayante de 40 à l'heure!* Eh! ne riez pas, ce n'était déjà pas si mal pour l'époque.* Remarquez que le train avait beaucoup d'ennemis. On redoutait toute sotre de choses. On croyait que la trépidation donnerait des maladies nerveuses, ou que le paysage passant à toute vitesse devants les yeux causerait une inflammation de la rétine ...* On disait encore que le train en circulant détruirait les recoltes, affolerait les vaches, bref anéantirait tout sur son passage!

      • Pauvres gens! dit Basil Flambuscat avec un sourire apitoyé.

      • Eh! dit Henriette, n'y a-t-il pas des gens qui redoutent aujourd'hui de monter en avion? Dans cent ou cent cinquante ans, nous irons peut-être passer nos vacances dans la lune et nos enfants se moqueront des gens d'aujourd'hui.

      • Dans cent ans? protesta Basile. J'espère bien aller dans la Lune avant un siècle!

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