Добавил:
Upload Опубликованный материал нарушает ваши авторские права? Сообщите нам.
Вуз: Предмет: Файл:
manuel.doc
Скачиваний:
93
Добавлен:
17.03.2016
Размер:
522.24 Кб
Скачать

Chapitre 2 ancien français (XIII siècle)

§2.1. Renaud de Beaujeu, Le Bel Inconnu §2.1.1. Texte

Voici un exemple d’ancien français (XIII siècle), description d'une nuit à la belle étoile, tiré d’un roman de Renaud de Beaujeu, Le Bel Inconnu.

  1. Vait s’ent li jors, vient li seris.

De la nuit ert grant masse alee.

Si ert ja la lune levée.

Li Descouneüs se dormoit

Sor l’erbe fresce, u il gisoit ;

  1. Dalés lui gist la damoissele,

Deseur son braç gist la pucele :

Li uns dalés l’autre dormoit,

Li lousignols sor els cantoit.

Quant li chevaliers s’esvilla,

  1. Sor la fresce herbe s’acota [...]

§2.1.2. Analyse du texte §2.1.2.1. Orthographe

L'orthographe est beaucoup plus phonétique qu’idéographique :erbepourherbe (lat. herba), fresce pour fraîche (le mot est d'origine germaniquefriska)où le s devant consonne, qui ne se prononce plus, note simplement une prononciation[e]duequi précède, puisque l'orthographe du Moyen Age ne possède pas d'accent. La graphieelspour le français moderne eux est une graphie assez fréquente : els issu deillos s'etait prononcé d'abord[ews]mais, au XIII siècle, la diphtongue est réduite et le mot se prononce comme en français moderne :la graphie est donc archaïsante. mais elle sert à transcrire un son nouveau dans la langue,[ø]une voyelle antérieure labialisée que ne possédait pas le latin. Au XIII siècle, où il n'existe plus deldevant consonne, les digraphesal, el, olétaient acceptables pour rendre les sons que transcrivent aujourd'huiau, eu, ou ;ces digraphes al, ol, eldeviennent inutilisables quand on commence à réemprunter des mots comportant un ldevant consonne, qui, le changement phonétique étant limité dans le temps, ne se vocalise pas (par exemple,calme date du XVs.).

Le manuscrit ne comporte pas d'accent :c'est une convention de l'édition de textes du Moyen Age que de rajouter desaccents aigusà la finale, lorsque le mot pourrait aussi se lire avec unemuet :dalésévite une lecturedales ;en revanche, pouralee, levee,participes passés féminins, la séquenceeen'est jamais ambiguë, le premiereest toujours prononcé accentué. De la même façon, le tréma sur leudeDescouneüs est une convention d'éditeur pour indiquer une prononciation[deskonəys]. Le graphème u note le son[y]deluneet le son[u]deu(français moderneoù),son que note aussi le digrapheou danslousignols.Le texte hésite entre la graphiesset la graphies, qui rendent tantôt le son[z] gisoit,damoissele,et tantôt le son[s]masse, lousignol.

On peut aussi noter que l'orthographe n'est pas fixée comme de nos jours : à quelques lignes de distance, les deux graphieserbe etherbecoexistent.

§2.1.2.2. Lexique

Quelques formes ont été refaites :

  • -lousignol devenu rossignol,par dissimilation (ou par étymologie populaire roux+ signol où seul le premier élément est signifiant) ;

  • - sor pour sur: la forme ancienne était soure ou sor (lat. super ou supra), mais il existait un adverbe sus de sens voisin : il y a eu contamination entre les deux mots.

Quelques mots ont changé de sens :

  • - grand masse de signifiait beaucoup; on disait aussi plenté. Beaucoup est un mot plus tardif, le premier sens semble en avoir été « une grande partie coupée d’un tout », « une belle coupe » ;

  • - gésir (gistn gisoit) signifiait être couché, repose ;son étymologie est le latin jacere. Le mot est resté en français moderne dans ci gît et dans un gisant (statue allongée sur une tombe) — les deux emplois ont trait à la mort. ce qui n’est pas le cas en ancien français ;

  • - pucele signifiait jeune fille et damoissele, jeune fille noble. L'origine de pucele est inconnue, mais le mot latin puella, qui désignait la jeune fille, a certainement joué un rôle dans la formation de ce mot. C'est un terme neutre pour désigner la jeune fille, sans connotation particulière (Jeanne d'Arc, la pucele Orléans) ; les sens modernes, nettement péjoratifs, sont un exemple de la dévalorisation des dénominations de la jeune fille. Damoissele est formé sur dominicella, diminutif de domina, termes par lesquels on s’adresse à la maîtresse de maison et à ses filles.

Соседние файлы в предмете [НЕСОРТИРОВАННОЕ]