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gnes diacritiques – l’accent circonflexe ou l’accent aigu (vu le fait qu’avant de disparaître la consonne s a allongé la voyelle précédente): baptisma > baptême, crispare > cresper > crêper, etc.

Dans le dialecte wallon cet s persiste et se prononce jusqu’à nos jours: tcheste response = cette réponse. Quoique cette consonne ait disparu de la prononciation depuis le moyen français, elle n’a été officiellement suprimée dans l’écriture qu’en 1740 (3 e édition du Dictionnaire de l’Académie). Néanmoins, la langue moderne possède beaucoup de vocables avec les groupes s + consonne qui sont des mots savants: costume, gastronomie, etc. ou des mots avec les suffixes savants -iste, -isme.

III. Le changement du type de l’accentuation. La liaison.

En ancien français, tout comme en latin, chaque mot était accentué. A partir du XIVe s. on atteste un passage graduel à «l’accentuation de phrase» (accent de groupe, accent rythmique, ou accentuation syntaxique) qui se sera installé définitivement vers le XVIe siècle. Ce changement du régime d’accentuation est gros de conséquences pour la structure phonétique (la chute des consonnes finales devant une autre consonne, etc.; mais surtout l’enchaînement et la liaison) et grammaticale du français (car le nouveau régime a permis à deux ou à plusieurs mots dépendants de s’unir en un groupe syntaxique).

Les enclitiques, nombreuses en ancien français (jol < jo le, nes < ne les, etc.), sont peu à peu éliminées. Ces combinaisons sont dissoutes et forment désormais deux mots séparés et indépendants.

La liaison

En moyen français il se développe dans la langue un nouveau phénomène phonétique – la liaison.

La liaison peut être considérée comme le résultat de trois sources: l’accentuation de phrase et de deux tendances au niveau syntagmatique – la réduction des groupes consonantiques et la chute des consonnes finales.

A. La réduction des groupes consonantiques affecte les consonnes finales parce qu’elles constituent le premier élément du groupe qui se forme à la charnière de deux mots, à l’intérieur d’un syntagme: sans cause, sauf respect, etc. Par contre, les mêmes consonnes finales sonnent toujours devant un mot dont le commencement est vocalique: sans amis. Il est à noter qu’au début, la consonne finale du mot s’amuït seulement devant un mot commençant par une consonne à l’intérieur d’un même syntagme. Ce n’est que plus tard que les consonnes finales tombent en toute position sauf en cas de liaison.

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B. La chute des consonnes finales a amené un grand nombre d’hiatus que la langue tâche de combler par des liaisons. Il s’agit le plus souvent du maintien, dans la prononciation, des consonnes finales qui se sont trouvées en positions intervocaliques: mes_amis.

Ainsi, les changements syntagmatiques ont-ils donné naissance à un phénomène très particulier qui porte le nom de liaison. Ce phénomène est dû à la tendance du français à développer un accent de groupe dit accent rythmique consolidant tous les éléments qui s’enchaînent.

IV. L’orthographe du moyen français.

Si la langue parlée se développe sans contraintes en moyen français, il n’en est pas ainsi pour la langue écrite.

En moyen français, l’orthographe perd peu à peu son caractère phonétique pour devenir traditionnelle et étymologique, et cela pour deux raisons.

Primo, l’orthographe demeure en grande partie telle qu’elle a été en ancien français, tandis quela prononciation s’en est considérablement écartée et évolue toujours. L’orthographe retarde donc sur la prononciation.

A titre d’exemple on peut mentionner les nombreuses anciennes diphtongues et triphtongues qui avaient disparu, s’étant réduites à des voyelles simples dans la langue parlée; seule la langue écrite a conservé les traces de la prononciation de l’époque précédente dans des mots comme oiseau, fou, fleur et saoul. Les lettrés de l’époque y réagissent en exigeant de conserver des graphies qui ne correspondent plus à la langue orale. Ainsi, l’orthographe devient-elle historique, parce qu’elle représente «l’histoire» phonétique du mot .

Secundo, la notation elle-même ne reste pas toujours intacte. A la suite de l’intervention des scribes et des grammairiens voulant rapprocher la graphie du français de ses origines, c’est-à-dire de la graphie latine, l’orthographe devient étymologique.

Dans le cadre de la «relatinisation» de l’orthographe française on rétablit beaucoup de consonnes disparues: sepmaine < septimana, etc.; certaines consonnes doubles disparues en ancien français sont restituées: belle pour bele d’après le latin bella, etc.

D’ailleurs, certains rétablissements sont fautifs et dus à l’ignorance ou l’oubli de l’évolution phonétiques des sons. Ainsi, la consonne c ayant passé en i devant consonne (lactu > lait, factu > fait), les scribes et les grammairiens l’ont rétablie et transcrivent ces mots comme suit: laict, faict.

A force d’oublier la valeur de quelques signes conventionnels, on introduit des lettres reproduites par les signes en questions. C’est ainsi qu’en moyen français dans la terminaison -us, représentée en ancien français par -x, la lettre u est restituée devant -x (=us): chevaus = chevax = chevaux.

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En plus, il y a des cas de fausse étymologie: deulx < duos, peult < potet, scavoir < sapere, huictiesme < octo, etc.

Pour lutter contre les confusions à l’initiale des mots, qui résultent de l’alternance entre la lettre u et v (à l’époque u représente deux sons – u et v dans la graphie), on ajoute un [h] initial pour marquer le commencement vocalique: osteu > uitre > huitre, oleu > uile > huile, etc. Cela permet de distinguer les mots tels que huis de vis, huître de vitre, etc.

L’introduction d’une grande quantité de lettres étymologiques accentue les divergences entre la prononciation et la graphie.

Il y a des cas où certaines notations sont plutôt arbitraires. C’est ainsi qu’en moyen français, on écrit à la place de i la lettre y, surtout à la finale et à l’initiale des mots: mercy, roy, etc.

Il n’en demeure pas moins que l’orthographe commence à se fixer, comparativement à l’ancien français, tout en se compliquant en même temps, et cela, malgré les efforts pour la rationaliser. Les normes orthographiques ne sont donc pas encore contituées à l’époque, la graphie du moyen français est compliquée et souvent arbitraire.

Mais le XVe s. annonce déjà l’époque du «dirigisme linguistique», caractéristique du français qui va suivre. Les premières tentatives d’unifier l’écriture s’inscrivent dans la politique visant la centralisation du pays et le renforcement du pouvoir royal: les documents rédigées par la chancellerie royale doivent être transcrits toujours uniformément afin d’être compris partout et sans équivoques.

La prononciation s’étant écartée considérablement de l’orthographe, cette dernière se base désormais sur quatre principes qui lui sont propres de nos jours.

A. Le principe étymologique (latinisant). Les lettres latines sont reconstituées dans le mot, sans être prononcées toutefois, pour rendre plus nette l’origine du mot: temps (< tempus), compter (< computare), etc.

B. Le principe historique qui vise à conserver l’écriture de l’ancien français, phonétique par excellence:

mais: la diphtongue [ai] a passé à la voyelle simple [e], tandis que l’orthographe a conservé l’ancienne prononciation diphtonguée, c.-à-d. elle reflète l’histoire phonétique de ce mot;

maistre: la consonnes ne se prononceplus depuis la fin du XIIIes., etc.

C. Le principe morphologique sert à montrer les liens morphologiques entre les mots, par ex., en ancien français le mot regart se prononçait avec la consonne finale sourde parce qu’à l’époque toutes les con-

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sonnes finales s’assourdissaient (l’écriture en ancien français suivait fidèlement ce processus phonétique: regart [regart]). Vu le fait que le mot regart provient du verbe regarder (non pas regarter), on reconstitue la lettre d à la fin du mot pour mettre en évidence ce lien morphologique.

D. Le principe phonétique (très peu usité depuis le moyen français) d’après lequel la prononciation et l’orthographecoïncident: dortouer («dortoir») [dortwer] (car en moyen français l’ancienne diphtongue oi se prononçait [we]), sur, dur.

Questions ( * - questions demandant des réflexions)

I. 1. Quels sont les principaux changements paradigmatiques qui ont touché les voyelles?

Quelles sont les nouvelles voyelles qui apparaissent dans le vocalisme du moyen français?

* Nommez les processus phonétiques grace auxquels ces nouveaux phonèmes se sont formés.

2. Quels sont les principaux changements syntagmatiques qui ont touché les voyelles?

Où voit-on la principale cause de la formations d’hiatus internes? La réduction d’hiatus s’est-elle répercutée sur le système verbal? Quelles sont les nouvelles caractéristiques qui surgissent dans le

vocalisme du moyen français ?

La grapnie, suit-elle toujours les mutations vocaliques? Donnez des exemples.

II. 1. Quels sont les principaux changements paradigmatiques qui ont touché les consonnes?

De quelles consonnes le consonantisme du moyen français s’enri- chit-il?

Par quelles consonnes le consonantisme du moyen français se dis- tingue-t-il de celui du français moderne?

2. Quels sont les principaux changements syntagmatiques qui ont touché les consonnes?

La grapnie, suit-elle toujours les mutations consonantiques? Donnez des exemples.

III. Comment change le régime d’accentuation au moyen français? Précisez les facteurs qui sont à l’origine de la liaison?

IV. Sur quels principes est basée l’orthographe du moyen français? Pourquoi la graphie s’écarte-t-elle de la prononciation?

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Devoirs

1.Définissez: un changement paradigmatique / syntagmatique, la fermeture / l’ouverture des voyelles, une diphtongue, une monophtongue, la monophtongaison, la nasalisation, une voyelle nasalisée, une voyelle nasale, une affriquée, l’hiatus, l’accent de phrase, l’accent de groupe, l’accent rythmique, l’accentuation syntaxique, la liaison, un sygne diacritique, l’accent circonflexe, l’accent aigu, l’accent grave.

2.Examinez les transformations suivantes et exliquez comment s’est formé le nouveau phonème u au moyen français: gutte > gotte > goute; surdu > sord > sourd; co(h)orte > cor > cour (voir I.1.)

3.Dans les mots parent, vin la graphie est-elle plus ancienne que la prononciation? Pourquoi? (voir I.1.)

4.Etudiez la série suivante et expliquez comment se distinguent les féminins et les masculins des mots à la finale vocalique: fini / finie [fini / fini:]. De quel moyen – phonétique ou morphologique – le moyen français se sert-il pour marquer le genre féminin des mots à la finale vocalique ? Grâce à quel changement phonétique une telle distinction est-elle devenue possible? (voir I.2.)

5.Etudiez la conjugaison du verbe devoir au passé simple et dites à quelle transformation phonétique est due cette régularisation (voir I.2.):

AF

MF

je dui

je dus

tu deus

tu dus

il dut

il dut

Expliquez pourquoi dans le mot août [ut] il y a des lettres qui ne se prononcent pas.

6.Nommez les mutations phonétiques qui sont caractéristiques seulement au moyen français et ceux qui représentent l’évolution des transformations débutées en gallo-roman ou en ancien français; ceux qui se sont achevées en moyen français et ceux qui vont encore évoluer.

7.Trouvez dans le dictionnaire étymologique les mots avec les accents graves et circonflexes et expliquez ce que ces accents marquent. Pourquoi dans beaucoup de mots français retrouve-t-on ces consonnes ( -s entre autres) qui aient été effacées depuis le moyen français?

8.Pourquoi dans certains dialectes retrouve-t-on l’ancienne prononciation? (voir II.2.)

9.Pourquoi la transcription du suffixe -cion qui reflétait fidèlement la prononciation a-t-elle été remplacée par l’orthographe étymologique -tion: soubscripcion > subscription, persecucion > persécution, etc.? Comment est nommé une telle orthographe? (voir IV)

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10. Un autre exemple: la consonne l qui s’était vocalisée en u (colp > coup) est restituée devant consonne: chevauls, fault. Cette graphie compliquée finira par se simplifier en partie, mais nous la retrouvons de nos jours dans les noms propres, par ex.: Renault, Thibault, Ch. Perrault, etc. Comment est appelée cette étymologie? (voir IV).

Cours théorique 8

Le moyen français:

Les changements morphologiques

L’objectif d’étude

Apprendre les particularités grammaticales du moyen français

L’apprenant doit savoir donner la définition des termes suivants: le cas sujet (direct), le cas régime(indirect, oblique), niveler ( = refaire = régulariser, unifier), par analogie, une formeétymologique, uneformeanalogique= une alternance (de radical, de thème), une désidence ( = une flexion), un nom parisyllabique(imparisyllabique)

L’apprenant doit savoir

Les modifications morphologiques survenues dans le nom, l’adjectif, les pronoms, le verbe

Les principalés tendances de l’évolution de la structure morphologique du moyen français

L’apprenant doit savoir faire

Analyser les changements linguistiques attestés en moyen français Expliquer les causes des transformations survenues en moyen français Analyser les causes de la dégradation complète du système casuel

en moyen français

Préciser les valeurs de l’article (défini et indéfini) en moyen fran-

çais

Expliquer les causes du nivellement des formes verbales en moyen français

Présenter les principales voies du nivellement des formes verbales en moyen français

Trouver les processus phonétiques qui sont à l’origine des changements morphologiques

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Etablir les relations structurales entre les changements tenant compte de leur caractère systhématique

Montrer avec des exemples la tendance à la refaite analogique des formes grammaticales

Plan

I. Le nom.

1.La disparition de la déclinaison.

2.Le nivellement des formes.

II. L’article.

1.L’article défini.

2.L’article indéfini.

3.L’article partitif. III. L’adjectif.

1.Le nombre: le nivellement des formes.

2.Le genre: le nivellement des formes.

3.Les degrés de comparaison. IV. Les pronoms.

1.Les pronoms personnels.

2.Les pronoms possessifs.

3.Les pronoms démonstratifs. V. Le verbe.

1.Le nivellement des formes personnelles.

2.Les formes non personnelles du verbe.

3.Les valaurs et les emplois des formes verbales.

Ce qui caractérise la morphologie du moyen français c’est une forte tendance à régulariser ( = refaire, niveler, unifier) par analogie les formes morphologiques irrégulières, étymologiques par excellence. La réduction des irrégularités se fait le plus souvent par la voie analytique. L’objectif de l’unification consiste d’une part, à éliminer les oppositions vides de sens grammatical, d’autre part, à préciser et délimiter les fonctions des formes grammaticales. Du fait que ces changements constituent un procès durable, les formes anciennes coexistent avec les formes nouvelles tout au long du moyen français.

I. Le nom.

Les principaux changements sont les suivants:

la disparition de la déclinaison;

le nivellement des formes.

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1. La disparition de la déclinaison.

La tendance à la réduction du système casuel qui caractérise déjà le latin populaire et l’ancien français, aboutit en moyen français à la disparition totale de la déclinaison. Plusieurs facteurs y contribuent.

A. Le cas régime était polyvalent dès son origine: déjà en ancien français les formes casuelles du régime, renforcées par des prépositions, assumaient les fonctions de tous les cas obliques latins (Génétif, Datif, Accusatif, Ablatif). Au niveau syntaxique grâce à cette polyvalence le cas régime remplissait la fonction de différents termes de proposition à part le sujet. Depuis le moyen français les formes des cas sujet et régime servent surtout à exprimer l’opposition «sujet – complément direct», c’est- à-dire, ces formes n’ont qu’une seule valeur d’ordre syntaxique. Mais cette même valeur peut être rendue non par les formes casuelles du mot, mais par un moyen syntaxique – l’ordre direct des mots dans la proposition. Il s’est avéré qu’une valeur grammaticale (par ex., celle du sujet) possède deux moyens d’expression (une flexion et la position initiale dans la proposition); il s’ensuit que l’un de ces moyens excessifs (redondants) est éliminé par la langue. Finalement, l’ordre des mots a prévalu dans l’expression des rapports syntaxiques au détriment des formes casuelles.

Ainsi, la déclinaison issue du latin et réduite à deux cas en ancien français tombe, favorisant ainsi une stabilisation de l’ordre des mots dans la phrase (sujet + verbe + complément). En moyen français l’ordre direct des mots s’impose de plus en plus, devenu prédominant, mais il ne se stabilisera définitivement qu’au XVIIe s.

B. L’emploi de l’article qui devient de plus en plus régulier contribue également à la décadence de la flexion.

Rappelons qu’en ancien français l’article se déclinait.

Cas sujet

li murs

li mur

Cas régime

le mur

les murs

Si le nom est employé avec l’article, il devient impossible de confondre ses formes casuelles: mur sans article peut être soit la forme casuelle du cas régime singulier, soit celle du cas sujet pluriel. Mais si cette même forme casuelle mur est accompagnée d’un article (le ou li), son sens grammatical devient précis, déterminable sans confusion: le mur – cas régime singulier; li mur – cas sujet pluriel. Ainsi, la flexion devient-elle une marque excessive (= redondante), que la langue élimine peu à peu au profit de l’article.

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C. Il ne faut pas oublier un facteur d’ordre phonétique qui allait de pair avec les tendances grammaticales et qui a contribué à la disparition du système casuel. Il s’agit de la chute de la consonne finale -s.

D. L’imperfection du système casuel tenait aussi du fait qu’en ancien français quantité de noms hésitaient entre les deux genres et s’employaient tantôt au féminin, tantôt au masculin. Par ex., ducatus > duchiez, qui est masculin d’après le genre étymologique (latin), tend à devenir féminin, d’après les mots cité, clarté, etc. Ceci produisait un déséquilibre dans la déclinaison, tenant compte que les féminins étaient indéclinables depuis l’ancien français, tandis que les masculins se déclinaient encore.

La disparition de la déclinaison se produit au profit du cas régime: c’est la forme du cas régime qui subsiste vu son emploi beaucoup plus fréquent à cause des multiples fonctions syntaxiques qu’elle assume.

 

 

Ancien français

 

 

Moyen français

 

Sing.

Plur.

 

Sing.

Plur.

Cas sujet

murs

mur

 

--------------------

 

Cas régime

mur

murs

 

mur

murs

Ce n’est qu’à partir du moyen français que la flexion -s devient donc la marque du pluriel.

Quelques mots français y font exception parce qu’ils ont gardé les formes du cas sujet, s’étant opposés de la sorte à la tendance générale qui avait privilégié celles du cas régime.

A. Certains noms s’employaient souvent au vocatif dont la forme se confondait avec le nominatif. Il s’agit des noms communs (fils, soeur, gars, prêtre), plusieurs prénoms (Charles, Gilles), etc. Le cas régime fil se rencontre dans les chansons populaires, ce qui témoigne du caractère conservateur de la langue parlée et populaire.

B. La langue a gardé les formes des deux cas en tant que deux vocables différents avec des sens ou fonctions différents. Cette différentiation lexicale des formes casuelles contribue à enrichir le vocabulaire: on – homme, sire – sieur ( > monsieur), etc.

 

 

Ancien français

Français moderne

Cas sujet

on

>

on (pronom)

Cas régime

ome

>

homme (substantif)

Au cours du XIVe s. on rencontre encore des vestiges de la déclinaison désordonnée chez plusieurs auteurs. Les restes du système casuel se retrouvent même au commencement du XVIIe s.

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La déclinaison, éteinte dans la langue littéraire, vit encore de nos jours dans quelques patois franco-provençaux.

2.Le nivellement (= la régularisation = l’unification) des formes.

L’effacement du système casuel a pour conséquence le nivellement

(la régularisation) des formes; rappelons qu’à l’époque c’est la tendance essentielle dans l’évolution des noms.

Les principales voies de régularisation sont les suivantes:

A. Dans le groupe de substantifs dits imparisyllabiques l’alternance des radicaux qui opposaient le cas sujet singulier aux autres formes du même nom est éliminée au profit du cas régime:

 

 

Ancien français

 

Moyen français

 

Sing.

Plur.

Sing.

Plur.

Cas sujet

cuens

comte

--------------------

 

Cas régime

comte

comtes

comte

comtes

 

Trois formes dont l’une est irrégulière:

Deux formes, toutes les deux

 

cuens

 

sont régulières

B. En ancien français certains noms perdait la dernière consonne devant le -s flexionnel ce qui augmentait le nombre de formes.

L’unification de ces formes s’effectue:

soit d’après le modèle du singulier:

Ancien français

 

Singulier

Pluriel

Cas sujet

ches < (che (f )s)

chef

 

chef

ches < (che (f)s)

Cas régime

 

 

 

 

 

Moyen français, français moderne

 

Singulier

Pluriel

Cas régime

chef

(ches) > chef s

soit d’après le modèle du pluriel:

Ancien français

 

Singulier

Pluriel

 

drapel

drapeaus

Cas régime

coutel

couteaus

 

 

 

 

 

 

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