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Les suffixes en ancien français sont polysémantiques, par ex., le suffixe -erie peut désigner:

1) un métier: archerie;

5) le sens collectif: armurerie;

2) une couche sociale: chevalerie;

6) une action: avoërie;

3) une qualité: legerie;

7) un état: bachelerie.

4) un lieu: banquerie;

 

L’ancien français tout comme le latin vulgaire marque une vive prédilection pour les suffixes diminutifs -on, -el, -et: tronçon, chaton, fablel, chapel, oiselet, oisillon, floret(te), etc.

Les suffixes les plus usités du vebre sont ceux du premier groupe

-er, -ier, etc.

L’affixe le plus productif pour former les adverbes reste le suffixe

-ment: gran(d)ment, doucement, etc.

La préfixation caractérise surtout le verbe. Il existe toute une variété de préfixes avec de différentes nuances: a-, es-, re-, for-, por-, sor-, sur-, mes-, en-, des-, etc.

Notons aussi la formation des dérivés parasynthétiques qui est propre surtout aux verbes: anuitier, enorgueillir.

La dérivation impropre

La dérivation impropre peut être présentée sous deux aspects: la dérivation régressive et la conversion.

La dérivation régressive c’est la formation des mots nouveaux sans affixes: arest < arester, acointe < acointier, regart < regarder, etc.

La conversion c’est le passage du mot d’une catégorie grammaticale

àune autre. Ce sont surtout les substantifs qui se forment par la conversion

àpartir des infinitifs correspondants (la substantivation): li plorers, le dormir, le perdre, etc. Parfois les infinitifs se substantivisent définitivement et sont supplantés par d’autres formes: plaisir >le plaisir – plaire, etc.

La composition

Ce moyen de formation des mots nouveaux n’est pas très répandu en ancien français: adieu, maleür, petit-fils, gentilhomme, chevrefeuille, etc. Les composés dont le deuxième élément est un nom propre survivent dans les noms de lieu: Bourg-Sainte-Marie, Bois-l’Evêque, etc.

L’évolution du sens des vocables

Le sens du mot ne reste pas toujours le même, il évolue.

Le mot peut élargir son sens primitif: considérer (sens abstrait) < «observer des astres» (sens concret) (lat.), talent < «une unité monétaire» (lat.). Il peut le rétrécir: sevrer «séparer» > «séparer le bébé du sein».

En ancien français les cas du glissement du sens des mots sont très nombreux. Par ex., le nom propre désignant le peuple – les Francs devient un nom commun, c’est l’adjectif franc qui signifie «libre».

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L’emprunt

Quant au nombre d’emprunts il est relativement faible.

A l’époque la source essentielle de l’emprunt devient le latin, langue de l’administration et de l’enseignement, de la science et du culte.

La coéxistence du latin et du français rend l’emprunt plus facile. En plus, les scribes, les clercs sont bilingues, ils se servent de deux idiomes, ce qui contribue aussi à la pénétration des vocables latins en français. Les premières traductions du latin en français facilitent, elles aussi, le contact des deux langues.

Les emprunts les plus archaïques sont des mots d’église, remontant à la langue grecque: apostre, evesque, virginitet etc.

Le développement de la science fait apparaître les mots du langage de la médecine, du droit, de la rhétorique: dilatation, excessif, opposition, spirituellement, spectacle, etc.

La forme phonique des emprunts latins fait voir le caractère savant de ces mots: ils n’ont pas passé par l’évolution phonétique qu’ont subie les mots du fonds primitif. Cela explique leur aspect phonétique qui est étranger à celui des vocables de l’ancien français. Par exemple, les consonnes intervocaliques latines ont disparu au cours de l’évolution phonétique: vita > vi e, tandis que dans les mots savants elles se maintiennent: vital. La consonne c est palatalisée dans les vocables primitifs: caput > chief, mais dans les mots savants cette transformation phonétique n’a pas eu lieu: cavalier. La seule assimilation que l’on observe dans les emprunts récents au latin c’est le déplacement de l’accent sur la syllabe finale: càlicis > calìce.

A la suite de l’emprunt au latin, il se forme en ancien français deux séries parallèles de vocables: les mots dits savants et les mots d’origine populaire. Ce phénomène s’explique par le fait qu’un mot remontant au latin et faisant partie du fonds primitif du français reçoit en ancien français et surtout en moyen français son doublet étymologique. Cela veut dire que le même vocable pénètre une deuxième fois dans la langue, mais cette fois-ci sous sa forme latine, sans passer par l’évolution phonétique des Ve – VIIIe ss.

Ce n’est pas seulement la forme phonique qui diffère les doublets étymologiques de leurs confrères populaires. La signification des mots d’origine populaire est plus concrète, tandis que le sens des mots dits savants est le plus souvent abstrait ou scientifique: (h)ostel – (h)ospital, avoué – advocat, etc.

On trouve les doublets étymologiques même parmi les suffixes: -aison et -ation qui remontent au même suffixe latin -ationem. De même: -ale(m) a donné deux suffixes: -el d’origine populaire et -al d’origine savante.

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L’épanouissement de la littérature courtoise en Provence fait pénétrer au nord de l’ancienne Gaule les mots d’origine provençale: abeille, balade, cabane, cap, salade, etc.

Les Croisades apportent un certain nombre de mots arabes et persans: tasse, alchimie, caravane, échecs, etc. Au total le français emprunte à la langue arabe quelque 270 mots: alambic, amiral, arsenal, avarie, azur, calibre, camphre, coton, douane, gazelle, goudron, hasard, jupe, magasin, matelas, nuque, orange, raquette sirop, sucre, tambour, zénith, zéro, etc.

Les Arabes avaient repris l’héritage grec tombé en quenouille et, par l’intermédiaire du latin médiéval et de leurs nombreux savants et intellectuels, ont transmis à l’ancien français des mots arabes scientifiques, en particulier du domaine de la médecine, de l’alchimie, des mathématiques et de l’astronomie: al-gabr ar. > algèbre fr., sifr ar. > chiffre fr.

Les descendants des Vikings ont apporté quelques mots du domaine de la mer: cingler, crique, carlingue, homard, flotte, narval, quille, vague, viking, etc., ainsi que certains mots de la langue commune: duvet, édredon, geyser, guichet, flâner, girouette, joli, marquer, regretter, étrave, etc.

Questions ( * - questions demandant des réflexions)

I. Lesquelles de ces six combinaisons syntaxiques de l’ancien français établies par L.Foulet ne retrouvons-nous plus en français moderne?

Quels sont les changements dans la syntaxe qui sont caractéristiques seulement à l’ancien français?

Quels sont les changements dans la syntaxe qui représentent l’évolution des transformations débutées en latin vulgaire ou en gallo-roman?

Quels sont les changements dans la syntaxe qui se sont achevées en ancien français?

Quels sont les changements dans la syntaxe qui vont encore évoluer? Par quoi le groupe de mots en ancien français se distingue-t-il de

celui du latin vulgaire et du gallo-roman?

Quel type de phrase privilégie l’ancien français? Pourquoi?

Le sustème de conjonctions de subordination s’enrichit-il?Avec quoi cela est-il lié?

Pourquoi en ancien français l’ordre des mots quoiqu’il tende à devenir direct et fixe reste toutefois relativemant libre?

II. Quels sont les particularités du vocabulaire de l’ancien français? Quels sont les voies et procédés de création des mots nouveaux? Pourquoi l’ancien français emprunte-t-il beaucoup au latin?

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Qu’est-c’«un doublet étymologique»? Quelles en sont les caréctéristiques phonétiques et lexicales?

Quels sont les changements dans le vocabulaire qui sont caractéristiques seulement à l’ancien français?

Quels sont les changements dans le vocabulaire qui représentent l’évolution des transformations débutées en latin vulgaire ou en galloroman?

Quels sont les changements dans le vocabulaire qui se sont achevées en ancien français?

Quels sont les changements dans le vocabulaire qui vont encore évo-

luer?

Devoirs

1.Définissez: un groupe de mots, un déterminant, un déterminé, une phrase ( = une proposition complexe), une proposition juxtaposée, coordonnée, subordonnée; une couche lexicale, le fonds lexical = le vocabulaire, un vocable, la dérivation (propre, impropre), un suffixe, un préfixe, un affixe, la suffixation, la préfixation, la conversion, la substantivation, la dérivation régressive, l’emprunt, le substrat (celtique), le superstrat (germanique), un doublet étumologique.

2.Comment les événements extérieurs ont-ils influencé l’évolution du vocabulaire de l’ancien français? Donnez des exemples.

3.Précisez les origines (latines, celtiques, germaniques) des changements survenus ou se déroulant à cette époque.

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Module V. LE MOYEN FRANÇAIS (XIVe – XVe ss.)

Les objectifs d’étude

Etudier l’histoireexterne del’évolution du français aux XIVe– XVe ss. Apprendre l’évolution linguistique du moyen français.

L’apprenant doit savoir

Les limites temporelles de l’époque étudiée

Les principaux termes employés dans le Module

Les principaux événements historiques de l’époque étudiée (l’histoire externe)

Les principaux genres et oeuvres littéraires des XIVe – XVe ss. Les principaux changements phonétiques, grammaticaux survenus

en moyen français (l’histoire interne)

Les changements dans le vocabulaire du moyen français (l’histoire interne)

L’apprenant doit savoir faire

Analyser les principales tendances phonétiques, morphologiques, syntaxiques, lexicales

de l’époque

Etablir les relations structurales entre les changements linguistiques tenant compte que la langue est un système

Etablir les origines (latines, etc.) des changements survenus ou se déroulant à cette époque

Déterminer les causes des processus phonétiques, morphologiques, synthaxiques et lexicales de la période étudiée

Mettre en rapport les faits historiques (externes) et les faits linguistiques (internes)

Les travaux dirigés

Le moyen français:

L’histoire externe (XIVe – XVe ss.)

L’objectif d’étude

Etudier les conditions historiques dans lesquelles évoluait le moyen français

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Donnez la définition des termes suivants: l’Antiquité, latiniser (une langue); genres littéraires, genre didactique, une chronique, un rondeau, une ballade, un lai, un virelai, un dit, une farce, une sottie, une moralité, un théâtre religieux, un théâtre profane

L’apprenant doit savoir

Les principaux événements historiques de l’époque (l’histoire externe) Les principaux genres et oeuvres littéraires des XIVe – XVe ss. Le rôle de l’imprimerie dans l’expansion du français

L’apprenant doit savoir faire

Analyser l’influence des faits d’ordre social, politique, économique sur l’évolution de la langue

Expliquer l’influence de la guerre de Cent Ans sur la formation de la nation française et l’expansion du français, langue de cette nation

Expliquer le déclin des anciens genres littéraires et l’essor des nouveaux genres

Plan

I. L’histoire externe: l’aperçu historique (XIVe – XVe ss.).

1.Les changements de la structure politique et sociale la veille de la Guerre de Cent Ans.

2.La guerre de Cent Ans (1337 – 1453).

3.L’essor d’après-guerre.

4.L’attirance pour la lettre et la pensée antique.

5.L’extension géographique et sociale du dialecte de l’Ile-de- France.

II. La littérature aux XIVe – XVe ss.

1.La prose.

2.La poésie.

3.Le théâtre.

I.L’histoire externe: l’aperçu historique (XIVe – XVe ss.).

1.Les changements de structure politique et sociale la veille de la guerre de Cent Ans.

Jusqu’au XIIe s. l’organisation de la société féodale reposait sur les liens personnels unissant un suzerain à un vassal. Dès le XIIIe s., l’essor des villes transforme peu à peu l’organisation de la société féodale: les bourgeois obtiennent pour leur villes des privilèges économiques et juridiques qui concurrencent les pouvoirs seigneuriaux. La bourgeoisie et les

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villes sont désormais redevables d’une contribution régulière à la couronne, ce qui les place sous la dépendance étroite du roi.

Vers le XIVe s., le développement des industries est tel qu’il nécessite l’extension des relations économiques et commerciales. Cependant, le morcellement territorial et l’indépendance des fiefs féodaux et des villes (communes autonomes) créent un obstacle à la fondation d’un marché commun intérieur et aux relations commerciales avec d’autres pays.

Au début du XIVe s. Philippe le Bel (1268–1314) réussit à consolider et à agrandir le royaume en réunissant sous le pouvour royal de nombreuses contrées (la Champagne, la Brie, la Navarre, etc.). Il renforce son pouvoir et se dresse contre la puissance des papes, ayant confisqué plusieurs terres et entrepris certaines mesures anticléricales. La centralisation se poursuit avec succès: sont constitués le Conseil du roi, le Parlement de Paris et des Parlements dans les provinces, les états généraux et les états provinciaux.

Ainsi, la vieille société féodale se trouve-t-elle ébranlée et un nouvel ordre social, moral et intellectuel commence à naître.

2. La guerre de Cent Ans (1337 – 1453).

Ce long conflit entre la France et l’Angleterre a pour origine un conflit féodal.

La longue guerre de Cent Ans affaiblit la monarchie française, qui perd plusieurs provinces au profit de l’Angleterre. La guerre ravage le pays tout entier et ruine l’agriculture, occasionnant la famine et la peste, décimant le tiers de la population. La noblesse perd près des trois quarts de ses effectifs, permettant ainsi aux bourgeois, enrichis par la guerre, d’acheter des terres et de s’anoblir.

Aux insuccès du début de la guerre s’ajoute le mécontentement du peuple, des bourgeois de villes et des grands seigneurs. Le milieu du XIV e s. connaît les soulèvements du peuple contre le joug féodal. Dans les provinces au Nord-Ouest de Paris, en 1358, a lieu une révolte paysanne dénommée la «Jacquerie» (du nom de Jacques donné aux paysans). A Paris, le soulèvement des artisans et bourgeois contre de gros impôts et le pouvoir royal est dirigé par Etienne Marcel. Mais les nobles avec l’appui des Anglais réduisent les rebelles à l’obéissance.

En France il se développe un mouvement populaire pour la libération du pays (campagnes de Jeanne d’Arc). Les interventions de Jeanne d’Arc (1412–1431), redonnent l’avantage au roi de France; ce dernier reprend progressivement Paris (1436), la Normandie (1450), la Guyenne (1453). Ainsi, la France récupère-t-elle son territoire, annexé depuis le XIIe s. par l’Angleterre, sauf la région de Calais.

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Mais le royaume français paie très cher sa victoire sur les Anglais. La guerre de Cent Ans retarde de beaucoup le développement économique de l’état.

La guerre de Cent Ans contre les Anglais fait naître un fort sentiment nationaliste, tant en France qu’en Angleterre.

En Angleterre au XIVe s. le français perd progressivement le statut de langue dominante, en réaction contre la France. Cela se traduit par le remplacement du français dès 1363 au parlement de Londres. Henry IV fut le premier roi de langue maternelle anglaise; Henry V fut le premier roi d’Angleterre à utiliser l’anglais dans les documents officiels. Mais le français continue à être employé oralement à la cour anglaise, car la plupart des reines d’Angleterre viennent de France.

Le français est donc de moins en moins maternel en Angleterre, il doit être soutenu par un enseignement spécifique. Cela fait augmenter le nombre de traités didactiques ou épistolaires visant à professer le français (par ex., vers 1400 apparaît Donait françois de John Barton: grammaire en forme de dialogues, rédigée d’après le modèle latin). De tels ouvrages représentent une source importante des données sur la langue française de l’époque.

3. L’essor d’après-guerre.

La guerre contribue à la consolidation du pays. Louis XI (1461 – 1483) réunit presque toutes les provinces de France en un Etat national ayant supprimé les fiefs et le pouvoir illimité des seigneurs. La Provence, la Bourgogne et la Bretagne sont rattachées à la France. Cela fait, l’unification du pays fut accomplie: à la fin du siècle le domaine royal coïncide presque avec la France actuelle.

Les industries et les sciences connaissent un nouvel essor reprenant le cours du développement amorcé à la fin du XIIIe s. et retardé par la guerre de Cent Ans.

Au XVe s., naît un nouvel art de vivre. Le décor de la vie se transforme dans le sens du mieux-être, du confort, voire du luxe. La mode parisienne fait déjà prime; elle est recherchée à l’étranger, notammant par les Anglais. Les cours royales et princières constituent des foyers d’élégance. Le luxe de l’alimentation aussi: abondance de viandes, plats raffinés, vins fins, fruits exotiques, sucreries.

Depuis le milieu du XVe s. la fièvre de construction de l’aprèsguerre ne s’apaise pas. Les villes s’embellissent: on pave les rues de pierre, on éloigne les abattoirs, on multiplie les fontaines. L’architecture civile prend son essor, mais la part de Dieu reste toutefois la plus grande.

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4. L’attirance pour les lettres et la pensée antique.

L’intérêt pour les lettres et la pensée antique se manifeste.

Les traductions des auteurs latins et grecs (les traités philosophiques, juridiques et scientifiques de Tite Live, Horace, Aristote, Virgile, Cicéron, et d’autres) sont commandées par le roi et les grands seigneurs. Plusieurs éminents traducteurs (N. Oresme, Pierre Bersuire, Jacques Bouchaut, et d’autres) contribuent à enrichir le vocabulaire français et à créer la terminologie des sciences et des techniques, aussi bien qu’à développer et à perfectionner le dialect central.

Nicolas Oresme est le plus illustre des traducteurs. Il traduit la Politique d’Aristote (1374), ayant accompagné son œuvre d’une grande réflexion sur la langue française dans le texte joint: Excusacion et commendacion de ceste œuvre. Oresme s’y montre le premier à avoir une vue à long terme sur les progrès de la langue française: conscient de ses défauts, il est convaincu que le travail des traducteurs la rendra plus précise. Le traducteur développe également le thème de la translatio studii: le savoir étant passé de la Grèce à Rome, il doit passer de Rome à Paris. Ce grand homme de l’époque remet totalement en question la situation du latin, enrichit de beaucoup le vocabulaire de la langue française, visant toujours la perfectibilité du français.

Mais dans cette période du français il existe aussi une forte tendance latinisante, traduite par l’influence des clercs et des scribes instruits et puissants dans l’appareil de l’État ainsi que dans la vie économique de la nation. Ces savants latiniseurs, imprégnés de latin, éblouis par les chefs- d’œuvre de l’Antiquité et désireux de rapprocher la langue parlée, c’est- à-dire le français, de celle représentant tout l’héritage culturel du passé, «translatent» les textes anciens, tout en dédaignant les ressources dont dispose alors le français de l’époque.

Ce faisant, ils éloignent la langue française de celle du peuple: c’est le début de la séparation entre la langue écrite et la langue parlée. C’est ainsi que le français perd peu à peu la prérogative de se développer librement, il devient la chose des lettrés, des poètes et des grammairiens.

La période du moyen français précède ce qu’on appelle la Renaissance. Mais bien avant son apparition «officielle», le décor est mis. Les contacts entre les intellectuels d’Europe qui déboucheront sur l’humanisme sont déjà établis. L’influence de l’Antiquité grecque et latine est considérable. L’influence de l’Eglise sur la création se fait moins pressante. Le français s’impose peu à peu au détriment du latin.

L’imprimerie

L’industrie de l’imprimerie, née à Mayence en 1448 avec Gutenberg, s’installe à Paris en 1470.

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L’imprimerie favorise la diffusion du français: il paraît plus rentable aux imprimeurs de publier en français qu’en latin vu le nombre plus important de lecteurs en cette langue.

Les imprimeurs s’installent de plus en plus nombreux à Paris, mais aussi dans les grandes villes de province où ils ouvrent «des librairies», c’est-à-dire des endroits où on édite, on imprime et on vend des livres. Les techniques de fabrication se perfectionnent, les tirages augmentent, la diffusion s’améliore. Ainsi, la culture peut-elle davantage se répandre. Mais le nombre d’exemplaires sortis demeurant faible, le livre reste un produit coûteux, objet de luxe réservé à des privilégiés.

5. L’extension géographique et sociale du dialecte de l’Ile-de- France.

Paris occupe, aux XIVe – XVe ss., une place prépondérante sur le plan intellectuel. Située au carrefour des routes, la ville est ainsi largement ouverte aux influences extérieures, tandis que son emplacement privilégié assure son essor économique. Les groupes de discussion et d’études fleurissent à Paris. Ce sont ces données à la fois spirituelles et matérielles qui expliquent le développement des arts, des lettres et des sciences surtout au centre du pays.

La tendance à la cenralisation du pays contribue à l’extension du francien. Les Français, s’ils sont instruits, n’écrivent donc plus en français dialectal, c’est-à-dire dans les langues d’oïl, mais en français ou en latin.

Les domaines de l’expansion géographique ainsi que les fonctions accomplies par le français dans la société française de l’époque s’élargissent aux dépens du latin. Dès l’époque de Philippe le Bel, on commence à employer le francien (français) pour les actes officiels, aux parlements et à la chancellerie royale. Ainsi, dès 1300, se constitue une langue administrative et judiciaire qui fait déjà concurrence au latin.

Le français est largement employé dans les édits, les ordonnances, etc., afin que la documentation officielle soit intelligible partout et à tous dans le royaume de France. Le français est favorisé aussi dans les affaires. Quant aux savants, clercs et autres lettrés, ils continuent à latiniser leur français.

Il est à noter un nombre déplorable des gens instruits à l’époque: pas plus d’un cinquantième de la population pouvait pratiquer ce français écrit, soit 40 000 sur 15 millions de Français.

II. La littérature aux XIVe – XVe ss.

Ala suite des mutations sociales, vers le XVe s., toute une part de la littérature est devenue celle de la ville et des bourgeois, alors qu’elle était restée celle de l’élite féodale durant la période l’ancien français.

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