Добавил:
Upload Опубликованный материал нарушает ваши авторские права? Сообщите нам.
Вуз: Предмет: Файл:

_library_data_resources_catalog_149529-299299

.pdf
Скачиваний:
28
Добавлен:
09.06.2015
Размер:
1.38 Mб
Скачать

La littérature des XIVe – XVe ss. excelle dans le théâtre et les ouvrages de prose ce qui reflète les besoins de la nouvelle société en formation dans les grandes villes – la bourgeoisie. Le développement des genres poétiques n’atteint pas la grandeur littéraire des siècles précédents, mais la diversité des formes littéraires est considérable.

1. La prose.

Au XIVe s., dans des conditions pénibles (troubles, guerres, famines, épidémies) la littérature a vu décliner les genres du roman courtois et del’épopée.

Une littérature historique florissante

Jusque-là, la prose n’a pas encore conquis son statut littéraire étant réservée à la langue juridique ou à certains textes de dévotion.

Les premiers prosateurs, en se libérant de contraintes de la versification, se démarquent du même coup du roman et de l’épopée et trouvent, dans la langue française qui peu à peu se perfectionne, des ressources stylistiques propres. Les chroniqueurs du moyen âge Froissart, Commynes, de la Sale ont peu à peu plié la langue française à la prose, qu’ils estiment plus capable d’exprimer la vérite historique que les vers.

La chronique, lereflet des troubles del’époque, del’inquétudedes hommes et aussi de leurs aspirations, connaît un développement exceptionnel. Avec les Chroniques de Jean Froissart (1337 – 1411), évoquant les événements de l’époqueet rédigées à la fin du XIVe s., et surtout les Mémoires de Philippe de Commynes (1447 – 1511) (seconde moitié du XV s.) on peut commencer à parler véritablement d’historiens.

Dans ses Chroniques J. Froissart donne une image brillante, sans défauts de la société de son temps. La langue des chroniques de J. Froissart, tout en se rangeant du côté du francien, comporte nombre de picardismes. Bien que J. Froissart soit essentiellement connu pour son oeuvre de chroniqueur, il est également l’auteur d’un grand nombre de ballades, rondeaux, lais etc.

Philippe de Commynes, flamand de par son origine est le plus grand historien du XVe s. Ce chroniqueur cherche à pénétrer les causes des événements et porte des jugements politiques instructifs pour les dirigeants de ce monde. Il s’en tient à un récit avec beaucoup de réflexion, de recul, de jugement.

Un des plus grands prosateurs du XVe s. est Antoine de la Sale (1388 – 1462) dont les œuvres sont un spécimen du genre didactique. Certains de ses textes sont précieux pour le linguiste vu le langage parlé utilisé dans ses nouvelles.

171

Le conte: tradition et modernité

Depuis l’ancien français, la littérature française a fait une large place au conte et à la nouvelle. Il s’agit de courts récits, au début en vers, puis en prose, empruntés à la vie quotidienne et inscrits dans un cadre narratif étroit. Au XVe s., deux nouvelles tendances apparaissent: une tendance moralisatrice, lorsque le conte comporte un enseignement, une morale à tirer de l’histoire; une tendance psychologique, avec les analyses de sentiments qui influenceront beaucoup le XVIe s. Mais le plus souvent, le conte et la nouvelle cherchent à faire rire, et les aventures qu’on y raconte sont grivoises, misogynes et anticléricales (les femmes et les moines en sont les principales victimes).

2. La poésie.

Le genre poétique change visiblement de contenu et de forme. L’élément moralisant y est souvent présent. L’immense variété des formes connues aux XIIe – XIIIe ss. fait place à de nouvelles formes: rondeaux, ballades, lais, virelais, dits. Les poètes expérimentent désormais de nouvelles formes d’expression et s’orientent essentiellement vers des recherches stylistiques. La poésie commence à porter un caractère musical.

Guillaume de Machaut (1300 – 1377), Eustache Deschamps (1346 – 1406), Christine de Pisan (1364 – 1429), Charles d’Orléans (1394 – 1465) sont les figures dominantes de la poésie.

La nouvelle école de la poésie lyrique est crée par «le noble rhétorique» Guillaume de Machaut. Il n’a certes pas inventé le genre des ballades, lais, virelais et rondeaux; mais c’est lui qui, le premier, a porté ces genres à leur perfection. Les thèmes qu’il reprend sont ceux de l’amour courtois qu’il interprète sous la forme de multiples allégories. Le poète utilise différentes formes de vers et leur confère une musicalité exceptionnelle (Dit de l’Alerion, etc.). Plusieurs poètes célèbres appartiennent à l’école poétique de Machaut: Eustache Deschamps, Christine de Pisan, originaire de Venise (Italie), Charles d’Orléans, etc.

Son ami et disciple Eustache Deschamps est un poète érudit, à la fois lyrique et satirique. Ce n’est pas un poète courtois, mais un homme réaliste qui dénonce les intrigues politiques de son temps. Il relate des événements de l’époque en patriote (Paris sans pair), sa poésie reflète la vie et les relations sociales de l’époque. Il est surtout connu aujourd’hui pour son Art de dictier. Ce traité en prose, écrit en 1392, est le premier art poétique français.

La production de Ch. de Pisan est étonnamment riche, elle manifeste une personnalité et une sensibilité féminines, très originales au tout début du XVe s.

172

Plus que chez aucun autre de ses contemporains, on trouve chez Charles d’Orléans une sensibilité moderne devant le temps perdu, la solitude et l’ennui. L’émotion et la sincérité qui percent constamment dans nombre de ses poèmes, tout en demi-teintes et en nuances, rendent encore attanchant au public ce grand nostalgique.

Un des plus grand poètes de l’époque François Villon(1431 – 1462?) occupe une place à part dans l’histoire littéraire. F. Villon est le plus connu des poètes du moyen âge, pas nécessairement parce qu’il est le plus habile ni le plus brillant, mais à cause de sa vie hors du commun et des sentiments pathétiques. Quelle que soit sa vie, il a une grande notoriété: sa première grande composition, Lais, de 1456, le fait reconnaître parmi les gens de lettres; Charles d’Orléans le reçoit à la cour, le fait participer à un concours poétique. Le Grand Testament est son meilleur poème. Le lexique des poèmes de Villon est exceptionnellement riche et varié, il recourt souvent aux proverbes et aux dictons. La phonétique et la grammaire de ses poèmes se ressentent aussi du langage populaire: er > ar (la rime terre : Barre), etc.

3. Le théâtre.

Au moyen âge le genre dramatique fleurit et connaît plusieurs variétés.

Un théâtre d’origine religieuse

Parmi les différents types de spectacles religieux, le mystère est celui qui exerce le plus d’influence au XVe s. Son sujet, directement emprunté à la Bible, est le plus souvent consacré à la mort de Christ, à sa «Passion», à la vie des Saints, de la Vierge, etc. (Mistère de la Passion d’Arnould Gréban, Mistère des apôtres, Mistère du vieux Testament, etc.). L’ampleur du sujet est telle que le spectacle dure parfois plusieurs jours. C’est par milliers que se comptent les vers, et les acteurs sont parfois plus de deux cents. Quant aux éléments de décor, aux machineries, aux costumes, à la musique, ils tiennent une place importante. Le succès de ces mystères est immense.

Un théâtre profane

Dès le XIIIe s., un théâtre profane commence à exister indépendamment du théâtre religieux. Mais il faut attendre le XVe s. pour qu’un véritable théâtre profane apparaisse à côté des mystères et des passions. Au XVe s., il est représenté dans différents types de pièces, des pièces sérieuses comme moralités (où des personnages, souvent allégoriques, illustrent une vérité morale), mais surtout des pièces comiques, comme les sotties (où des personnages habillés en fous – on dit «sots» au moyen âge – se permettent de dire sur l’actualité, la société, l’église, le pouvoir, le monde tout ce

173

qu’ils ont envie de dire), ou comme les farces. La farce jette un regard critique sur les moeurs du temps, elle est écrite pour faire rire franchement un public urbain, elle met en scène des gens de tous les jours, marchands rusés, bourgeois naïfs, maris trompés, femmes légères ou mégères.

La plus justement célèbre des farces est celle de Maître Pierre Pathelin (composée entre 1461 et 1469). Ce texte, dont l’auteur est resté inconnu, est très bien composé et rédigé dans un style très naturel. Il appaît comme la meilleur oeuvre comique avant les pièces de Molière.

Le théâtre du moyen âge est un genre très vivant, très apprécié du public, et qui fournit un nombre d’oeuvres important.

Questions ( * - questions demandant des réflexions)

I. Quelles sont les limites temporelles du moyen français?

1. Comment a changé la structure de la société féodale la veille de la guerre de Cent Ans?

2. Pourquoi la guerre de Cent Ans a-t-elle été déclanchée? Quelles sont les résultats économiques, politiques, linguistiques de

cette guerre?

* La place occupée par le français en Angleterre, s’est-elle réduite après la guerre de Cent Ans? Pourquoi?

3.Comment l’aisance économique d’après-guerre se manifeste-t-elle?

4.Quel rôle jouent les traductions du latin dans le développement du français?

Qui sont «les latiniseurs»? Quelle est leur attitude à l’égard du français de l’époque? Pourquoi une telle attitude?

Pourquoi et comment l’apparition de l’imprimerie a-t-elle favorisé le développement et la diffusion du français?

5.A la base de quel dialecte la France s’unit-elle linguistiquement? Pourquoi ce dialecte?

Par quoi s’explique l’extension (politique, administrative, économique, sociale, intellectuelle, géographique) de l’usage du dialecte central et son expansion en France?

Les fonctions sociales du français, comment ont-elle évolué aux XIVe– XVe ss.?

Le bilinguisme latin / français, où (dans quelles sphères) s’est-il conservé? Pourquoi?

II. Pourquoi les genres épiques, héroïques déclinentils aux XIVe – XVe ss.?

Quels sont les nouveaux genres littéraires qui ont apparu?

174

Devoirs

1.Définissez: l’Antiquité, latiniser (une langue); genres littéraires: genre didactique, une chronique, un rondeau, une ballade, un lai, un virelai, un dit, une farce, une sottie, une moralité, un théâtre religieux, un théâtre profane.

2.Prouvez que l’avènement des nouveaux genres littéraires a contribué à l’expansion du français au détriment du latin.

Cours théorique 8

Le moyen français:

Les changements phonetiques

L’objectif d’étude

Apprendre les particularités phonétiques du moyen français

L’apprenant doit savoir donner la définition des termes suivants: Un changement paradigmatique / syntagmatique, la fermeture / l’ouverture des voyelles, une diphtongue, une monophtongue, la monophtongaison, la nasalisation, une voyelle nasalisée, une voyelle nasale, une affriquée, l’hiatus, l’accent de phrase, l’accent de groupe, l’accent rythmique, l’accentuation syntaxique, la liaison, un signe diacritique, l’ac-

cent circonflexe, l’accent aigu, l’accent grave

L’apprenant doit savoir

Les principaux changements paradigmatiques et syntagmatiques des voyelles

Les principaux changements paradigmatiques et syntagmatiques des consonnes

Les principales tendances phonétiques de l’époque Les principes de l’orthographe du moyen français

L’apprenant doit savoir faire

Analyser les changements phonétiques du moyen français Expliquer les causes des transformations phonétiques survenues en

moyen français

Analyser les aboutissements morphologiques des changements phonétiques

Etablir les relations structurales entre les changements tenant compte de leur caractère systhématique

175

Déterminer les origines (latines, etc.) des transformations phonétiques Analyser les principes d’orthographe réalisés dans les mots

Plan

I. Les changements vocaliques.

1.Les changements paradigmatiques des voyelles.

2.Les changements syntagmatiques des voyelles. II. Les changements consonantiques.

1.Les changements paradigmatiques des consonnes.

2.Les changements syntagmatiques des consonnes.

III. Le changement du type de l’accentuation. La liaison. IV. L’orthographe du moyen français.

I. Les changements vocaliques.

La tendance essentielle de cette époque est la simplification du système phonétique de la langue française.

1. Les changements paradigmatiques des voyelles.

Les principaux processus paradigmatiques sont les suivants:

la fermeture des voyelles;

la monophtongaison;

la nasalisation.

La fermeture des voyelles

La fermeture a contribué à enrichir le système phonématique du français moderne des nouveaux phonèmes [u] et [ ].

A.Le phonème [u] existait en latin et existe en français moderne, mais la période la plus reculée de l’ancien français ne le connaissait ni comme phonème ni comme variante d’un phonème; le son [u] apparaît seulement au XIIIe s. par la suite d’une fermeture encore plus grande d’un [o] fermé: totu > tottu > tot > tout.

Dans l’écriture il est noté par ou, u latin étant passé à y qui garde le graphème u.

B.Le phonème labialisé [ ] apparaît de même du fait de la fermeture des voyelles, cette foisci à la fin des mots.

Ce son remonte aux XIIe – XIIIe ss. et provient de la monophtongaison des diphtongues eu et ue: nove > neuf [nyef] > neuf [nœf], folia

>fueille > feuille. Le moyen français constitue donc une étape transitoire où le phonème [oe] était en train de se fermer en [ ], le processus qui ne prendra fin qu’aux XVIe – XVIIe ss., quand cette nouvelle voyelle

176

manifestera déjà une différenciation de qualité: elle sera fermée [ ] à la fin absolue du mot: peux, voeu, etc., et ouverte [oe] devant une consonne prononcée: leur, peur, etc.

Plusieurs autres voyelles tendent à se fermer après la chute des consonnes finales.

La monophtongaison

Le moyen français tend à simplifier les restes dse diphtongues dont la majorité a été éliminée vers le XIVe s.

Il n’en reste que la combinaison diphtonguée qui remonte soit à l’ancienne diphtongue au, soit à la triphtongue eau.

Toutes les autres diphtongues se sont réduites en combinaisons «semi-voyelle + voyelle»: ié > je, ieu > jœ, ui > wi, oi > wε.

Dans la diphtongue ie qui suit les affriquées [] et [dj] le premier élément disparaît: chier > cher, cherchier > chercher, chargier > charger. Par analogie, il se perd également après toute consonne dans la terminaison de l’infinitif: traitier > traiter, baissier > baisser, etc. Ainsi le fait d’ordre phonétique contribue-t-il à la régularisation des formes verbales – un fait d’ordre grammatical: si en ancien français le 1er groupe comprenait deux types d’infinitifs (en -ier et en -er), après la chute de -i- le 1er groupe est devenu homogène, parce que constitué d’un seul type d’infinitifs – ceux en -er.

La diphtongue ie ne subsiste que dans le suffixe -ier: ouvrier, bouclier, etc.

La combinaison diphtonguée (< èi < oi) subit à partir du XIV e

s. une double évolution:

 

A. oi > [wε > ε]

B. oi > [> wa]

Cette double évolution est due soit aux différents styles, soit à l’influence dialectale.

A. oi > [wε > ε]

Déjà au XIIIe s. dans certains mots commence à se prononcer comme un son simple (une monophtongue) ε. Au XIXe s. pour les mots contenant cette ancienne diphtongue on a adapté l’orthogpraphe ai au lieu de oi, par ex.:

Ancien français

Moyen français

Français moderne

monnoie

[monw э > mon э]

monnaie [mon ]

foible

[fw blэ > f blэ]

faible [f bl]

-ois

[wεs > s > ]

ais [ ]: Français, Milanais

177

La terminaison de l’imparfait et du conditionnel -oit a passé par les mêmes transformations, ayant éliminé de cette façon le flottement de la prononciation de cette désinence en ancien français: à cette époque-là les deux formes phoniques étaient acceptables:

Ancien français

Moyen français

il dormeit:

il dormait:

a) [dormw ]

a) ----------

b) [dorm ]

b) [dorm ]

B. oi > [> wa]

A partir du XIVe s. la voyelle [ε] dans la diphtongue oi [] s’ouvre en [a], d’où [] > [wa]. Cette prononciation se répand surtout dans le menu peuple de Paris: avoir [avwεr > avwar]. Notons que l’orthographe conserve l’écriture plus ancienne – celle de l’ancien français oi.

Cette même tendance à l’ouverture se fait voir dans l’évolution de e > a devant r qui devient une consonne «ouvrante» dans la prononciation populaire: darnier pour dernier, aparcevoir pour apercevoir, etc.

Durant les XIIIe – XIVe ss. les diphtongues nasalisées ont passé aux monophtongues ou aux combinaisons diphtonguées:

Ancien français

Moyen français

faim [fã m]

faim [fem]

frein [fre n]

frein [fren]

point [põ nt]

point [põent] > [pwent]

juin [djй n]

juin [jųen]

bien [b en]

bien [bien]

L’orthographe qui est restée celle de l’ancien français n’a pas suivi le changement de la prononciation:

[fã m] (AF)

[fěm] (MF)

faim (AF)

= faim (MF)

La nasalisation

Le moyen français possède trois voyelles nasales: [ã], [ěn], [õ]. Les voyelles nasalisées restent en moyen français des variantes de pho-

nèmes oraux, bien que la nasalisation devienne sensiblement plus grande. Les voyelles nasales et nasalisées manifestent la tendance à l’aperture. En moyen français la tendance à l’aperture, amorcée aux XIe –

XIIe ss. ([ěn] > [ãn]), Elletteint les voyelles fermées [ n], [õ(ø)n] et [ün]: [ n] > [ěn] : vin [v n] > [věn]

[йn] > [õn]: un [ün] > [õ(ø)n]

Ainsi, le vocalisme du moyen français s’est-il enrichi d’une voyelle labiale nasalisée [õ(ø)n] ayant perdu les nasalisées [ìn] et [йn].

178

2. Les changements syntagmatiques des voyelles.

Les principaux changements syntagmatiques de l’époque sont les suivants:

l’évolution de [e] > [э],

la réduction d’hiatus intérieurs.

L’évolution de [e] > [э]

La voyelle e en position non accentuée et dans les monosyllabes qui

ne portent pas l’accent (tels pronoms personnels, articles, adjectif démonstratif) se réduit en [э]: cheval [ƒeval > ƒэval], te [te > tэ], le [le > lэ].

Dans un mot de trois syllabes e prétonique disparaît ce qui diminue le volume du mot: serement > serment, contrerole > controle.

Vu la tendance du français au rythme oxyton, l’unique voyelle posttonique [э] à la fin absolue du mot s’affaiblit et dispraît d’abord en position après voyelle: pensee [pãnseэ > pãnse:]. Ce changement porte atteinte à l’expression du genre féminin, car la chute de [э] est compensée par l’allongement de la voyelle finale. Désormais la finale longue, marquant le féminin, s’oppose à la finale brève: ami / amie [ami / ami:], etc.

Il apparaît de la sorte dans le vocalisme du moyen français une nouvelle caractéristique qui tend à devenir un trait pertinent, la longueur. On la trouve non seulement à la suite de la chute du e final, mais aussi dans la voyelle o ayant passé à o fermé long devant z, v et après l’amuïssement de s: chose [cho,ze > cho,: ze], pauvre [po,vre > po,: vre], tost [to,st > to,:t], etc.

La réduction d’hiatus intérieurs

Dans la plupart des cas les voyelles se sont trouvées en hiatus à la suite de la chute des consonnes intervocaliques.

A. La voyelle e en hiatus ne se prononce plus: eage [eadgэ] > eage

[agэ], veoir [vewer] > veoir [vwer] > ([vwar]).

B. Les voyelles i, u, y en hiatus passent en semi-consonnes j, w, u: nier [nier > njer], tuer [tuer > tq,er], ouate [uatэ > watэ].

C. La voyelle o en hiatus ne disparaît pas, mais se transforme en [u] (devient plus fermée). Dans l’orthographe cette nouvelle prononciation est rendue par la combinaison de deux lettres ou: loer > louer, oir > ouir, aloette > alouette.

D. La voyelle a devant [õn] passe à [ãn]; o ne se prononce plus: paon [paõn] > [pãn].

La réduction des voyelles en hiatus contribue à l’unification des formes grammaticales, par ex., dans le passé simple:

179

Ancien français

Moyen français

je vi

je vis

tu veis

tu vis

il vit

il vit

La réduction complète d’hiatus intérieurs ne s’achèvera qu’au XVIe s. Dans certains cas l’orthographe n’a pas suivi le changement de la prononciation, celle-là étant devenue historique: paon [], haine [εn], etc.

II.Les changements consonantiques.

1.Les changements paradigmatiques des consonnes.

Le principal changement paradigmatique de l’époque est la réduction complète des affriquées.

Le système consonantique du moyen français se voit débarrassé des affriquées qui se sont transformées en sons simples à l’époque de l’ancien français: [] > [ƒ], [ts] > [s], [dj] > [j], [dz] > [z] et des occlusives postlinguales labialisées ([kw] > [k], [gw] > [g]).

Ainsi, à la suite de la réduction (= simplification) des affriquées et des occlusives postlinguales labialisées le consonantisme s’enrichit de deux nouvelles consonnes [ƒ], [j], et de deux semi-consonnes [q], [w].

L’ancienne affriquée z (< t+s) est présentée dans l’orthographe moderne à la 2 e personne du pluriel (venez, allez, etc.) et dans l’adverbe assez.

A part la sonante mouillée [l’] et l’expirée [h], le consonantisme du moyen français est celui du français moderne. Le français éliminera [l’] plus tard, mais il existe des dialectes qui connaissent de nos jours cette consonne mouillée. Quant à l’expirée [h], elle ne se trouve que dans les emprunts, donc son emploi est restreint et la consonne tend à disparaître.

2. Les changements syntagmatiques des consonnes.

Le principal changement syntagmatique est l’effacement progressif des consonnes finales (notamment, du r final) et celles qui font partie de groupes consonantiques ( -s- en particulier).

L’évolution du r final

La consonne finale -r ne se prononce plus: porter [porte], finir [fini], recevoir [resevwε], douleur [dulœ], miroir [mirwε], etc. Dans les verbes du 1ier groupe cette consonne finale est perdue à jamais; dans la plupart des mots (y compris les verbes du 2 e et du 3 e groupes) la finale -r sera restituée plus tard grâce aux grammairiens.

L’évolution de s

L’évolution de la consonne s a laissé des traces dans l’écriture moderne où son ancienne présence en ancien français est marquée par des si-

180