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Malgré le grand nombre de recherches sur les dialectes il reste encore beaucoup de problèmes quant à leur classification, le nombre de dialectes, les zones de leur extension, leurs caractéristiques et leur localisation, les régions de formation des dialectes. Il n’y a rien d’étonnant que les groupes de dialectes varient chez des savants: chez G. Paris on en trouve 5, chez F. Brunot – 9, chez P. Bec – 12.

2. Le problème de la base dialectale de la formation du français littéraire.

Quant au terme «ancien français» il s’agit le plus souvent d’un état de la langue relativement fixé pendant un certain temps par son emploi dans la littérature dès les XIIe s. – XIIIe ss. avec comme base dialectale le francien – le dialecte de l’Ile-de-France.

Plusieurs savants (G. Paris, V. Meiller-Lubke, F. Brunot E. Bourcier) voyaient dans la langue de l’Ile-de-France (le francien) la base dialectale du français littéraire grâce au renforcement du pouvoir royal des Capétiens. Etant donné qu’à cette époque la notion de la norme linguistique n’existe pas encore, les scribes qui font les copies des manuscrits suivent les règles existant dans de nombreux centres (écoles) renommés au Moyen Âge: Corbie, Saint-Denis, Cluny, Fleury, Marmoutier, Mont Saint-Michel, dispersés un peu partout au Nord de la France. Plusieurs dialectes possèdent leur forme écrite qui s’appelle scipta (du latin scriptum - écrit). La notion de scripta comprend les particularités de la tradition écrite régionale.

A l’époque de l’ancien français les scripta les plus connues sont les suivantes: scripta de l’est, scriptae de l’ouest, scripta centrale, scriptae picarde et champenoise.

Par exemple, la chanson de Roland représente la scripta anglo-nor- mande, la Séquence de Saint-Eulalie – la scripta picardo-wallonaise. Certains dialectes ont donné naissance à de nombreux chefs-d’oeuvre (Chrétien de Troyes écrit en champenois, Marie de France en anglo-normand).

Cependant, une analyse minutieuse des manuscrits fait voir l’origine francienne de la plupart des anciens textes. Cela s’explique par le prestige, l’autorité et la superiorité de l’Ile-de-France et de son centre Paris – le modèle de la langue que les scribes trouvent plus correcte et plus digne à l’échelle sociale. Les documents écrits témoignent du fait que cette école unique du centre de France se trouve dans l’abbaye SaintDenis (fondée au Ve s.) près de Paris. Elle est restée le centre le plus important de langue écrite durant les VIIe – XIVe ss.

D’autres savants tel N.A. Catagochtchina estiment que le rôle important dans la formation du français littéraire appartient au groupe de

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dialectes de l’Ouest, le normand à leur tête. Depuis la formation du puissant duché de Normandie le normand (et sa version d’outre-mer – l’anglonormand) rivalise avec le francien, mais finalement perd la bataille. Le rôle du francien toujours croissant s’explique par l’unification des terres autour de Paris (XIIe – XIIIe ss.).

3. Le français et le latin: l’expansion du français.

L’usage de l’ancien français est assez restreint, limité essentiellement par l’emploi oral, car le rôle de langue écrite appartient, à cette époque-là, en France comme partout en Europe occidentale, au latin. Ce dernier est, pendant tout le Moyen Age, langue de culture, de science, de correspondance officielle; c’est aussi langue de l’église et langue d’Etat. La langue de Rome représente, après l’invasion barbare, ce qui reste encore de science ou de littérature; elle garde le feu sacré du génie humain.

Dans le domaine littéraire ce n’est qu’à partir de la fin du XIIe s. – du début du XIIIe s. que l’emploi de la langue «vulgaire» est accepté dans des sphères administratives. Dès le XIIe s. et surtout au XIIIe s. le francien étend son emploi et apparaît dans les oeuvres littéraires. Cette littérature est d’abord limitée aux poèmes, étendue ensuite à des récits en prose et à des pièces de théâtre, mais n’abordant pas les matières savantes quirestent réservées aulatin.

L’expansion du français s’explique par une multiplicité de facteurs. Facteur géographique: la vaste étendue sur laquelle une langue com-

mune peut être comprise lui donne un caractère véhiculaire.

Facteur économique: le français devient la langue commune des marchands, et, dans le monde des affaires, occupe au XIIIe s. la même place que l’anglais de nos jours. De grandes foires s’organisent en France, attirant des foules cosmopolites et nécessitent une langue véhiculaire.

Facteur politique: le prestige des Capétiens est renforcé par une politiquede mariages de princesses françaises qui amènent avec elles les moeurs, la culture et le langage de leur pays dans plusieurs états d’Europe.

Facteur démographique: le royaume de France (6 000 000 d’habitants vers l’an 1000) devient le plus peuplé d’Europe.

Facteurs culturels: répartie en divers collèges, dont la Sorbonne (XIIIe s.), l’université de Paris est l’une des plus réputées. Citons «Speculum regale», un manuel d’éducation norvégien (1240): «Si tu veux être parfait en sciences, apprends toutes les langues, mais avant tout le latin et le français, car ce sont les plus répandues».

Questions ( * - questions demandant des réflexions)

I. 1. Quelles sont les limites temporelles de l’ancien français? Quels documents marquent le début de la langue française?

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Le territoire de France reste-t-il le même durant les IXe – XIIIe ss.? * Comment change-t-il durant ces cinq siècles? * Quels événements politiques, économiques, sociaux favorisaient l’extension du royaume français?

*Quels étaient les ennemis extérieurs et interieurs les plus redoutables de l’Etat français de l’époque?

A quoi est due la faiblesse (économique, politique) de l’Etat français de l’époque?

2. Qui sont les Normands?

Quelle province française doit son nom aux Normands? Où est-elle sutiée?

Quelle place occupait le français dans l’état anglais aux XIe – XIIIe ss.? 3. Quels sont les résultats économiques, politiques, culturels, scien-

tifiques et linguistiques des Croisades?

*Comment les Croisades ont-elles contribué à unir la nation française et à niveler les divergences dialectales?

*Les chevaliers français, qu’ont-ils apporté des Croisades?

4. Comment changeait la structure sociale durant les IXe – XIIIe ss.? (Quelles sont les principales classes sociales de la première moitié de l’époque étudiée? Quelles sont les principales classes sociales de la deuxième moitié de l’époque étudiée? Comment le développement des villes a-t-il transformé les rapports sociaux?)

*Pourquoi la structure sociale a-t-elle changé de la sorte?

*A quoi aspiraient les nouvelles élites, les bourgeois?

II. 1. Comment se développent les arts et les sciences aux IXe – XIIIe ss.?

*Quels sont les événements qui ont eu un retentissement particulier sur la mentalité et la littérature de l’époque?

2. Quelles fonctions assumait la littérature dans la société médiévale? Quelle était la première langue littéraire en Europe?

*Pourquoi les premiers textes sont-ils anonymes?

Qui participe à la création des oeuvres littéraires durant le Haut Moyen Age?

Dans quelle oeuvre célèbre-t-on Charlemagne et et ses preux? Comment évoluaient les genres littéraires de l’époque étudiée? Quels sont les principaux genres littéraires de la première moitié de

l’époque étudiée?

Quels sont les principaux genres littéraires de la deuxième moitié de l’époque étudiée?

Pourquoi les goûts littéraires des Français commencent-ils à se transformer dès les XIe – XII e ss.?

La littérature française de l’époque étudiée, est-elle riche?

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III. 1. Quels sont les plus importants groupes de dialectes de la langue d’oïl? Précisez leurs particularités phonétiques et morphologiques.

*Pourquoi «l’ancien français» est-il une espèce d’abstraction? Etaitce une langue unifiée, codifiée, parlée dans tous les coins du royaume français?

*Pourquoi la France était-elle divisée linguistiquement en deux parties: le pays de langue d’oïl et le pays de langue d’oc? Est-elle de longue date? Cette division se ressent-elle de nos jours?

2. Quelle est la base dialectale du français moderne? Est-ce un seul dialecte?

Qu’est-ce une scripta?

3. La langue officielle de l’époque, est-ce le français?

Pourquoi, comment et quand l’emploi de l’ancien français s’étend-il?

Devoirs

1. Définissez: un clerc, un dialecte, la langue d’oïl, la langue d’oc, la scripta; les genres littéraires: une chanson de geste, un jeu, un miracle, un mistère, un lai, un roman courtois, un romanbreton, les chroniques, unefable, un fabliau, un dit satirique, une farce, une sottie, un drame, une comédie

2. Traduisez en russe «Lorraine». Laquelle de deux langues – russe ou française – a gardé une appellation plus ancienne? * Pourquoi? Expliquez les mutations phonétiques grâce auxquelles «Lotharingie» s’est transformée en «Lorraine».

3.Expliquez l’étymologie du mot Normandie (voir I. 2.).

4.* L’anglais est une langue germanique, le français est une langue romane. Pouvez-vous expliquer pourquoi en anglais il y a tant de mots que les Français peuvent reconnaître? (voir I.2)

5.Expliquez pourquoi les textes médiévaux rédigés à la main sont appelés «manuscrits».

6.Expliquez pourquoi les ateliers médiévaux où les clercs copiaent ou écrivaient les textes sont appelés «scriptoria».

7.Imaginez qu’un jour du Xe s. un paysan provençal, un paysan breton et un paysan champenois se rencontrent. Auraient-ils pu se communiquer? Une telle rencontre, airait-elle été possible? (voir III. 1.)

8.Quels sont les dialectes qui ont participé à la formation du français? Pourquoi ces dialectes? A l’aide du schéma comparatif des traits particuliers des dialectes prouvez que le français moderne est issu essentiellement du francien. (voir III.1.2)

9.Etudiez l’étymologie des mots trouvère et troubadour: le latin tropare «composer des tropes [des airs de musique]» a donné trobar, donc troubadour en langue d’oc, et trouver, donc trouvère en langue d’oïl.

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Nommez les processus phonétiques qui ont transformé l’étymon latin trobar en trouvère et troubadour; trouvez dans les mots trouvère et troubadour les traits qui sont propres à la langue d’oïl et ceux qui sont propres à la langue d’oc. (voir III. 1)

Cours théorique 6

L’ancien français: Les changements phonétiques

L’objectif d’étude

Apprendre les particularités phonétiques de l’ancien français

L’apprenant doit savoir donner la définition des termes suivants: un changement paradigmatique / un chagement syntagmatique, un phonème, une diphtongue (spontanée, combinatoire), la diphtongaison, une monophtongue, la monophtongaison, une (consonne) affriquée, une (consonne) interdentale, un groupe consonantique primaire / secondaire, la palatalisation, la nasalisation, l’aperture, la réduction (partielle / complète), la spirantisation, la vocalisation (partielle / complète), la sonorisation, l’assimilation (partielle / complète) / la dissimilation

L’apprenant doit savoir

Les principaux changements paradigmatiques et syntagmatiques des voyelles

Les principaux changements paradigmatiques et syntagmatiques des consonnes

Les principales tendances phonétiques de l’époque Les principes d’orthographe de l’ancien français

L’apprenant doit savoir faire

Analyser les mutations phonétiques de l’ancien français Expliquer les causes des transformations phonétiques survenues en

ancien français

Analyser les aboutissements morphologiques des changements phonétiques

Etablir les relations structurales entre les changements tenant compte de leur caractère systhématique

Déterminer les origines (celtiques, germaniques) des transformations phonétiques

Analyser les principes d’orthographe réalisés dans les anciens mots

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Plan

I. Les changements vocaliques.

1.Les changements paradigmatiques des voyelles.

2.Les changements syntagmatiques des voyelles. II. Les changements consonantiques.

1.Les changements paradigmatiques des consonnes.

2.Les changements syntagmatiques des consonnes. III. L’orthographe de l’ancien français.

L’ancien français est la période où le français se façonne avec la

plus grande intensité.

Les changements phonétiques essentiels des voyelles et des consonnes sont presqueles mêmes que ceux des époques précédentes: la diphtongaison, la monophtongaison, la vocalisation, la nasalisation, la palatalisation. Mais leur ampleur, ainsiqueleurs orientations diffèrent decelles des époques précédentes.

I.Les changements vocaliques.

1.Les changements paradigmatiques des voyelles.

Les principaux changements paradigmatiques des voyelles de l’époque étudiée sont les suivants:

la diphtongaison;

la monophtongaison;

la nasalisation.

La diphtongaison

Rappelons qu’en latin vulgaire et en gallo-roman il s’est formé deux séries de diphtongues. Le système vocalique de l’ancien français comporte donc quatre diphtogues spontanées: ue, ie, eu, ei.

A côté des diphtongues spontanées il existe en ancien français un certain nombre de diphtongues dites combinatoires, qui se sont formées sous l’influence des sons voisins:

devant les consonnes nasales n, m: pane > pain, amas > aimes, bene > bien;

à la suite de la palatalisation: mercatu > marchie > marchée;

à la suite de la vocalisation: fructu > fruit.

La diphtongaison avait connu son essor en latin populaire et en gal- lo-roman. L’ancien français est riche en voyelles complexes, mais déjà la pertinence des diphtongues baisse: les nouvelles diphtongues ne se forment que rarement, et les voies de leur formation ne sont pas pareilles à celles du latin vulgaire et du gallo-roman.

A la fin du XIIe s. le développement des diphtongues prend un sens inverse – elles commencent à se réduire en monophtongues (processus nommé monophtongaison).

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La monophtongaison

En ancien français commence un processus opposé à la diphtongaison: la réduction des diphtongues = la monophtongaison. C’est l’analyse des graphies et des assonances qui permet d’attester le développement de ce processus phonétique, par ex., on trouve faire écrit comme faire, feire, fere. La monophtongaison peut être traitée en tant qu’un phénomène syntagmatique car à l’époque étudiée elle se produit dans la parole.

Toutes les diphtongues sauf au (on atteste ao encore au XVIe s.) passent aux monophtongues vers le XIIIe s. Certaines se réduisent totalement et deviennent des sons simples, mais il y a des diphtongues dont le premier élément persiste en forme d’une semi-voyelle: i > j, u > w.

La réduction a touché les diphtongues spontanées aussi bien que les diphtongues combinatoires:

ou > [eu] > [oe]: floures >fleur [fleur] > fleur [floer]; ou > [u]: coup [koup] > coup [kup];

uo > [ue] > [oe]: bovem > buef [buef] > boeuf [boef];

ei > [oi] > [we]: aveir [aveir] > aveir [avoir] > avoir [avwer]; ie > [je]: mel > miel [miel] > miel [mjel].

Les phonèmes j, w, u nesont pas des phonèmes nouveaux, parce qu’elles sont connus encore en latin. Le nouveau phonème est un ö, formé à la suite de la réduction des diphtongues eu, ue. Il est d’une grande valeur fonctionnelle étant donné sa fréquence importante dans la chaîne parlée.

Les causes de la monophtongaison ne sont pas claires. Certains savants expliquent cette évolution des voyelles complexes par une tendance à la régularisation du système vocalique, très riche et peut-être même surchargé dans la période ancienne, ce qui menaçait d’entraîner des confusions phonématiques.

D’après F. Brunot et Ch. Bruneau, la monophtongaison est due à l’influence de l’accent tonique ce qui fait que toute syllabe tend à être constituée d’une voyelle unique, encadrée ou non de phonèmes consonantiques.

La nasalisation

La nasalisation = la formation des voyelles nasales a passé par trois étapes.

A. La première nasalisation a touché les voyelles antérieures a, e dans une syllabe fermée sans tenir compte de l’accent: annu > ãn, ventum > věnt, sanitatum > sãnte. Cette première nasalisation aurait eu lieu au début de l’ancien français.

Dans les syllabes ouvertes la nasalisation est suivie de la diphtongaison: manu > mã n, plena >plìn, cane >chiěn, paganu > payěn, bene> biěn.

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B. La deuxième nasalisation a touche la voyelle o, ouverte ou fermée, qui s’est nasalisée en toute position devant les consonnes nasales: poma > põme, bonu>bõn, montanea > mõntaigne, cumpanio> cõmpaign.

La nasalisation de la voyelle o s’est produite à la fin du XIIe s., selon M. A. Borodina.

En combinaison avec j (yod) se forme la diphtongue õin []: cotoneu > cõing, pugnu > põing.

Les diphtongues uo, ue se sont nasalisées en uõn, uěn: bona >buõna, homo > hu m, comes > cu ns.

Ces diphtongues nasalisées se conservent jusqu’à nos jours en picard et en lorrain.

C. Les voyelles i, u se sont nasalisées les dernières – c’est la troisième nasalisation:similu > sìnge, vinit > vìng, unu> ün, impruntare > empriünter.

Certains savants situent la troisième étape au XVIe s. (E. Bourciez, Ch. Bruneau, M. Cohen). Mais il y a d’autres pour qui cette transformation aurait eu lieu à la fin du XIIIe s. (Kr. Nyrop, G. Straka, K. A. Allendorf, M. A. Borodina).

Les voyelles et les diphtongues nasalisées se prononçaient avec les consonnes nasales: bõ.n, põ.me, fã.me. La même prononciation s’est conservée jusqu’à nos jours à la limite entre les mots dans un syntagme: un. homme, mon. ami.

Les savants considèrent la nasalisation comme une force conservatrice qui a préservé les prononciations anciennes. Par ex., la diphtongue ie ayant disparu dans chief > chef, persiste en sa forme nasalisée) ìě dans le mot chien. Dans certains cas les diphtongues nasalisées se sont conservées comme graphiques: main, pain.

La nasalisation change le timbre de la voyelle. L’abaissement du voile du palais qui se produit pendant la nasalisation nécessite l’abaissement de la langue, et les voyelles, en se nasalisant, deviennent plus ouvertes: ì > ě, ě > ã, ü > õe. La tendance à l’aperture a été amorcée dans les voyelles nasalisées aux XIe – XIIe ss. par l’évolution [ěn] > [ãn]: parent [par nt] > [parãnt]. C’est par cette évolution que s’expliquent les hésitations quant à la graphie de cette voyelle nasalisée: on écrivait indifféremment ante et entes, antrier et entier, etc.

La nasalisation a enrichi donc le vocalisme de l’ancien français de trois premières voyelles nasales et de diphtongues nasalisées.

2. Les changements syntagmatiques des voyelles.

La réduction partielle et complète des voyelles se poursuit toujours, réduisant le volume du mot.

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II.Les changements consonantiques.

1.Les changements paradigmatiques des consonnes.

Le consonantisme de l’ancien français se distingue de celui du latin vulgaire et du gallo-roman car de nouvelles consonnes apparaissent à la suite de la palatalisation et la spirantisation.

Les principaux changements paradigmatiques des consonnes sont les suivants:

la palatalisation;

la vocalisation.

La palatalisation

Grâce à la palatalisation il s’est créé en gallo-roman un groupe de consonnes affriquées ts, dz, tƒ, dj. Ces consonnes existent durant toute la période de l’ancien français.

Les consonnes palatales l’ et n’ (mouillées) qui se sont formées à la suite de la mouillure de l et n sous l’influence de j (yod), subsistent en

ancien français :

n + j : montanea > montagne

l + j : filia >fille

j + l : vig(i)lare > veiller

j+ n : agnellu > agneau

La palatalisation est à la basedequelques changements morphologiques. Les adjectifs latins à trois terminaisons dont le radical se termine par k, g subissent un développement différent au féminin et au masculin,

qui dépend de la voyelle suivant k ou g:

Masculin

Féminin

largu > larg > larc

larga > large

longu > long > lonc

longa > longe

siccu > sec

sicca > sèche

Certaines formes seront refaites (régularisées, nivelées) au moyen français.

La vocalisation

Ce processus phonétique a commencé à l’époque du latin populaire et se poursuit en ancien français. Certains savants, A. Martinet entre autres, expliquent la vocalisation par l’influence du substrat celtique.

La vocalisation est un processus de l’assimilation d’une consonne à une voyelle. On distingue une vocalisation complète et une vocalisation partielle.

La vocalisation complète

La vocalisation complète c’est la transformation d’une consonne (devant une autre consonne) en une voyelle. Elle enrichit le vocalisme de nouvelles diphtongues combinatoires. Ainsi la vocalisation contribue-t- elle à la formation des diphtongues. Par ex.:

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b > u: tabula > tabla > taula ( > tôle );

g > u: smaragda > esmeragde > esmeraude ( > émeraude ); g > i: nigru > neir; magister > maitre.

l> u: alba > aube ; malva > mauve;

v > u: *avicellu > aucellu ( > oisel > oiseau). k > i: octo > oit ( > huit); factu (m) > fait ;

La vocalisation de l mérite d’être examinée à part vu sa pertinence

phonologique et grammaticale (les aboutissements morphologiques de la vocalisation).

La vocalisation se produit devant une consonne à l’intérieur du mot: saltare > sauter. Donc, le l final subsiste.

La déclinaison des mots en -al, -el en ancien français se présente comme suit:

 

Sing.

Plur.

C.S.

caball(o)s > chevaus

caball(u) > cheval

C.R.

caball(u) > cheval

caball(o)s > chevaus

De même pour d’autres mots qui se terminent par -al, -el:

Sing.

Plur.

consiliu > conseil

consilios > conceus

castellu > chatel

castellos > chateaux

Les formes doubles sont restées dans presque tous les noms en -al: cheval – chevaux. Les formes comme conceus ont disparu, supplantées par les formes du pluriel refaites sur le singulier conseils. Au contraire, tous les mots en eau ont eu en français moderne un singulier tiré du pluriel – château.

La vocalisation partielle (la sonorisation, la spirantisation)

La vocalisation partielle amène le changement de timbre ou d’articulation: la sonorisation des consonnes surtout intervocaliques:

k > g: pacare > pagare s > z: rosa > rosa

La spirantisation, de même que la sonorisation peut être envisagée comme l’assimilation partielledes consonnes aux voyelles ( = vocalisation).

La spirantisation a formé les consonnes interdentales dh [đ], th [ ], qui sont les variantes combinatoires de d, t. Elles sont marquées dans l’écriture par d, dh, th: ajudha, cadhuna, fradre, espathe.

A la fin du XIe s. les consonnes interdentales tendent à disparaître dans la position intervocalique et à la fin du mot: gaudia > joi e, viđa > vi e, amat [ama ] > ame . Dans le dernier cas il s’agit d’une conson-

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