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Les cartographes de l’Antiquité.

Dans une perspective historique, la cartographie ne peut être séparée de la géographie et donc de la représentation du monde que se faisaient nos ancêtres. Avant même de maîtriser l’écriture, les premiers hommes avaient déjà une représentation mentale de leur environnement immédiat : ils l’ont certainement figuré sur des supports qui n’ont pas été conservés, comme le sable sur lequel certains pêcheurs de Micronésie représentent, encore aujourd’hui, avec une précision surprenante l’archipel dans lequel ils se déplacent.

Dans L’Antiquité, en Egypte et sur le pourtour du bassin méditerranéen, les cartes produites ont présenté deux aspects différents : l’un révèle les limites du monde exploré et le degré de connaissances scientifiques nécessaires pour le transcrire correctement ; l’autre montre pourquoi les cartes ont été conçues : pour se déplacer, lever les impôts, recenser les terres. Elles sont un outil, un moyen pour des groupes sociaux de maîtriser les territoires et leurs occupants. Les premières se veulent des images globales du monde et sont à petite échelle, les secondes sont des images partielles, à grande échelle. L’histoire de la cartographie révèle en tout cas que les Européens ont été incapables de construire et de dessiner des images cartographiques correctes, même des régions les plus connues, jusqu’au XYIIIe siècle. Les cartes du monde les plus anciennes ne nous sont pas parvenues que par les descriptions de contemporains des savants grecs.

En effet, la Grèce est considérée comme le berceau de la cartographie. Puissance politique, elle domine la Méditerranée, des colonnes d’Hercule aux rivages de l’Asie mineure, pénètre l’Europe de l’Ouest, la Libye et l’Asie. C’est ce monde connu, l’œkoumène, situé autour de la Méditerranée, qui est le centre de l’Univers. Ses grands savants, plus que ses marins, détruisent peu à peu l’image première d’une Terre plate entourée d’eau. Ils énoncent la sphéricité de la Terre (Thalès de Milet au YIe av. J.-C.), dont ils calculent la circonférence avec une approximation étonnante : 39 500 km (Eratosthène, au IIIe siècle av. J.-C.) ; ils la divisent en 360 degrés (Hipparque, au IIe siècle av. J.-C.) et conçoivent les méridiens et les parallèles.

Si les Grecs étaient avant tout des marins, les Romains étaient des terriens. Leur cartographie est plus utilitariste. Leurs « itinéraires » terrestres, sans souci d’exactitude dans l’orientation, inventorient en revanche avec précision les routes, les villes et les distances qui les séparent. Le plus beau spécimen, établi vers le IIIe siècle, nous est parvenu par la copie effectuée au XIIIe siècle pour le collectionneur allemand Peutinger. Cette Table de Peutinger n’est pas « géographique », elle est « chorographique ». Le géographe conçoit le globe comme un tout indivisible, à l’image de la tête d’un être vivant ; c’est la conception de Ptolémée pour qui le propre de la géographie est de montrer, dans son unité et sa continuité, la terre connue. Pour filer la métaphore, on peut dire que la chorographie (de horos, le lieu), lui, détache une partie, comme l’œil ou l’oreille, et la dépeint sans se soucier de l’organisation générale de la tête. La Table de Peutinger décrit en effet des itinéraires utiles aux voyageurs : c’est l’ancêtre de nos certes routières ou touristiques, sa légende indiquant l’hôtellerie, les thermes et les temples. Utilitaires aussi, les cadastres établis pour redistribuer les terres conquises aux soldats-colons.

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