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1.4.2. La progression du français en France

Mais en France même, le français avait pris de l’expansion. Les vastes opérations militaires et les conquêtes territoriales dans la « France anglaise » avaient diffusé le « françois » dans toute la France. Le brassage des populations et des troupes avaient favorisé l’emploi du « françois » dans toutes les classes de la société, même dans le Sud, car l’intervention du roi en Occitanie avait accéléré la francisation de cette partie du royaume. En 1490, Charles VIII (1470-1498) a prescrit une ordonnance pour imposer l’usage du « langage François » ou « maternel »:

Outre y est ordonné que les dicts depositions des tesmoins qui seront ouys examinez d'oresnavant esdites cours en tout le pays de Languedoc, soit par forme d'enqueste ou information prinse sommaire, seront mis redigez par escrit en langage François ou maternel, tels que lesdits tesmoins puissent entendre leurs depositions, on les leur puisse lire & recenser en tel langage et forme qu'ils auront dit et deposez.

L’objectif était de limiter l’emploi du latin et favoriser la langue maternelle, soit le « françois » soit la langue locale. Quelque cinquante ans plus tard, François Ier, dans l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), a repris à peu près les mêmes termes, ce qui signifiait aussi que les ordonnances royales précédentes n’avaient pas été très efficaces [6, p.214].

À partir du milieu du XVe siècle, le français comme langue administrative s’est introduit partout en Occitanie, sauf à Avignon, qui servait alors de résidence pour les papes. Au milieu du XVe siècle, si les divers parlements régionaux de Toulouse (1444), de Bordeaux (1462) et d’Aix-en-provence (1501) continuaient de rédiger leur arrêts en latin, ils tenaient leurs registres en français. Dans la pratique, l’occitan demeurait la seule langue parlée dans la vie quotidienne des gens, sauf pour ceux qui pratiquaient le droit, ainsi que les clercs, les ecclésiastiques, certains marchands et des nobles, qui tous devaient s’exprimer aussi en français.

Le prestige de l’Université de Paris avait attiré non seulement un auditoire couvrant toute la France, mais également un auditoire international, car au milieu du XIVe siècle près de la moitié des étudiants venaient hors de France. Les pèlerinages dans les grands sanctuaires de la chrétienté (Jérusalem, Rome et Saint-Jacques-de-Compostelle) avaient même contribué à la diffusion du « françois » hors de France. De plus, les œuvres littéraires françaises, comme les chanson de geste et les romans, étaient diffusées en Angleterre, mais aussi en Allemagne, aux Pays-Bas et en Italie.

Rappelons que le « françois » n’était encore parlé que par une faible partie de la population en France. Ce sont dans les villes que l’on entendait parler cette langue, notamment à Paris (env. 300 000 habitants), Rouen (env. 45 000), Orléans (20 000), Reims (env. 10 000), Dijon, Lyon, etc. Paris était devenue vers 1550 la plus grande ville du monde chrétien d’Europe, ce qui fait que la langue « françoise » parisienne ne pouvait que rayonner dans tout le pays, sinon ailleurs en Europe. Mais, dans le reste du pays, on continuait de parler le breton en Bretagne, le flamand et le francique dans le Nord-Est, le savoyard en Savoie (alors un État indépendant), le catalan dans le Roussillon, le basque dans le Béarn, etc. Au cours de cette période, la population paysanne, qui constituait 90 % de la nation, n’avait pas besoin d’autre langue pour communiquer que le patois [6, p.222].

Certaines villes de France vivaient un bilinguisme assez généralisé, quasi impensable aujourd’hui. Ainsi, la ville de Lyon s’était développée grâce à une importante immigration venue d’Italie; on y trouvait une communauté italophone (toscan) avec ses marchands, ses banquiers, ses prêtres, etc. Dans une ville comme Bayonne (Béarn), le basque, le gascon, le françois et l’espagnol étaient partout utilisés. À Bordeaux, c’étaient le gascon, le françois (ou françoys) et l’anglais. Dans la plupart des villes portuaires, on pouvait entendre toutes sortes de langues [10, p.86].

L’extension de l’usage du français (et, qui plus est, d’un français qui puisse être compris par tous) est proportionnelle, pour une large part, aux progrès de l’administration et de la justice royales dans le pays. Inversement, l’essor de la langue française et la généralisation de son emploi sont des facteurs déterminants dans la construction de la nation française.

Ainsi la vie publique du pays était-elle indissociablement liée à l’emploi scrupuleux (afin de ne laisser « aucune ambiguïté ou incertitude ») du « langage maternel français ». 

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