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1.2. Les particularités territoriales et linguistiques de la langue française au Moyen Âge

Le français est une langue romane. Sa grammaire et la plus grande partie de son vocabulaire sont issues des formes orales et populaires du latin, telles que l’usage les a transformées depuis l’époque de la Gaule romaine. Les Serments de Strasbourg, qui scellent en 842 l’alliance entre Charles le Chauve et Louis le Germanique, rédigés en langue romane et en langue germanique, sont considérés comme le plus ancien document écrit en français [1, p.4].

Au cours du Moyen Âge, on parlait en France et dans les régions limitrophes des quantités de dialectes répartis en trois groupes principaux. Dans la moitié sud, pour dire "oui", on disait "oc". C'est le groupe de la langue d'oc, auquel appartiennent les dialectes gascon, provençal ou béarnais. Dans la partie nord, on disait plutôt "oïl" (qui a donné oui); le normand, le picard, le français du bassin parisien sont de cette famille. Enfin, au Sud-Est, dans la vallée du Rhône, en Savoie, en Suisse romande et dans le Val d'Aoste, on parlait des dialectes intermédiaires dits "franco-provençaux". La plupart des patois romands en font partie.

Ces dialectes locaux étaient pratiqués dans la vie courante et aussi dans la littérature. C'est ainsi que les troubadours méridionaux, très réputés, véhiculèrent la langue d'oc loin à la ronde. Mais l’administration royale s’infiltrait partout et imposait peu à peu la langue d'oïl, en l'occurrence bien sûr le français de Paris. Dès 1442, les États de Languedoc s’adressaient au roi en français. Et vers 1500, les milieux instruits du Midi étaient bilingues langue d'oc – langue d'oïl. Au fil des siècles, les parlers d'oc et les parlers franco-provençaux étaient ainsi rabaissés au statut de patois, tandis que le français de Paris devenait la langue officielle et écrite par excellence. [5,p.123]

Ceci d'autant que le développement de l’imprimerie, qui imposait l’unité de la langue, a renforcé encore la prédominance du français royal.

1.3. L’emploi du français dans les actes officiels

L’extension de l’usage du français (et, qui plus est, d’un français qui puisse être compris par tous) est proportionnelle, pour une large part, aux progrès de l’administration et de la justice royales dans le pays. Inversement, l’essor de la langue française et la généralisation de son emploi sont des facteurs déterminants dans la construction de la nation française.

Hors de France, l’Église était compromise par des abus de toutes sortes et des désordres scandaleux, qui lui ont fait perdre son crédit, pendant que l’Empire ottoman mettait fin à l’Empire romain d’Orient. Évidemment, la langue française — ainsi que le latin — allait subir les contrecoups de ces bouleversements. La période du moyen français sera avant tout une période de transition, c’est celle qui allait permettre le passage de l’ancienne langue au français moderne [17].

Dès l’époque de Philippe le Bel (1268-1314), on avait commencé à employer plus ou moins régulièrement le « françois » au lieu du latin dans les actes officiels, dans les parlements régionaux et à la chancellerie royale. Ainsi, dès 1300, dans le Nord, il s’était constitué une langue administrative et judiciaire qui faisait déjà concurrence au latin: la lingua gallica. Cependant, on employait la lingua occitana en Occitanie, mais après 1350 l’administration royale expédiera de plus en plus des actes rédigés en « françois ». À cette époque, les ouvrages des juristes romains et des philosophes grecs étaient traduits en « françois », en même temps que naissait une littérature comique ou satirique plus adaptée à un public moins instruit. Quant aux savants, clercs et autres lettrés, à défaut de franciser leur latin, ils continuaient de latiniser leur français, mais le moyen français allait aussi mettre un frein aux latiniseurs, ceux qu’on a appelé les « escumeurs du latin » [9, p.34].

Cela étant dit, le « françois de France » était déjà employé en Angleterre dans les actes et les documents royaux. Le plus ancien manuel de « françois », le Traite sur la langue françoise, a été composé par un Anglo-Normand, Walter de Bibbesworth, entre 1240 et 1250. Il était destiné aux nobles anglais, qui avaient déjà des notions de « françois » et désiraient parfaire leurs connaissances dans cette langue.

Les enfants de l’aristocratie anglaise devaient apprendre le « françois », probablement jusque vers le milieu du XIVe siècle. Par exemple, dans ses célèbres Contes de Canterbury écrits vers 1380, Geoffrey Chaucer (v. 1343-1400) met en scène une prieure qui s’efforce d’avoir les belles manières de la haute société anglaise en parlant le « françois »:

Elle avait pour nom Dame Églantine,

Chantait à merveille hymnes et matines

Qu’elle entonnait savamment par le nez.

Elle parlait un françois des plus raffinés,

Le françois qu’on apprend à Stratford-atte-Bow

Car elle ignorait du françois de Paris le moindre mot [7,8].

La ville de Stratford-atte-Bow était située près de Londres et on y apprenait le « françois d’Angleterre ». À l’époque, il existait en Angleterre deux types de langue française: l’un correspondait à une langue vernaculaire parlée spontanément, sans égard à la langue écrite, alors que l'autre était une langue seconde qu’on allait apprendre en France. Sinon, il fallait se contenter du « français d’Angleterre », moins prestigieux. En même temps, il se développait en Angleterre une série de traductions françaises de traités spécialisés, que ce soit sur la médecine, les mathématiques ou la religion [7, p.11].

Le latin était la langue habituellement utilisée par l'élite dans le domaine de l'éducation, de l'administration et de la bureaucratie jusqu'à l'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539, par laquelleFrançois Ier a fait du français l'unique langue juridique et légale du royaume.

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