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§ 68. Parmi les consonnes constrictives bruits on trouve deux consonnes labio-dentales [f — V ] et deux paires de consonnes prélinguales [s — z], [j — 3].

Pour les labio-dentales [f — v] il se forme une petite fente plate médiane entre la lèvre inférieure et le bout des incisives supérieures, la lèvre inférieure passant sous les dents supérieures. La lèvre supérieure surplombe la lèvre inférieure. Le professeur L. Scerba a fort judicieusement observé la différence entre l'articulation du russe et celle du français : pour les [f — v] russes le passage d'air s'effec­tue entre la surface extérieure des incisives supérieures et la partie intérieure de la lèvre inférieure comme si la lèvre recouvrait le bas des dents supérieures. Cette différence d'ar­ticulation a un effet acoustique : les consonnes russes sont beaucoup moins nettes.

Les deux consonnes s'emploient également dans diffé­rentes positions : au début, а la fin et а l'intérieur du mot, entre voyelles et dans les groupes de consonnes, de préférence avec les sonantes [1, ê] pour le [î], avec la sonanteln] pour le [v] : fin, vin, sauf, sauve, café, couver', gonfler flaque, calfeutrer, offrir, souffrir ; couvrir, corvée, vrai, æu­vre, etc.

Les consonnes [s — z] et [J — 3] étant également pré­linguales, on les nomme respectivement sifflantes et chuintantes pour les distinguer les unes des autres. Cette dénomination est basée uniquement sur l'effet audi­tif et n'aide en rien а comprendre le mécanisme de l'arti­culation. Pourtant elles se distinguent nettement les unes des autres du fait que les phonèmes [s — z] ont un seul point d'articulation, tandis que les phonèmes [J — 3] en ont deux, auxquels vient s'ajouter une articulation supplé­mentaire, celle des lèvres.

Pour les prélinguales а un point d'articulation — [s — z], il se forme une fente ronde entre la partie antérieure de la langue levée vers le palais dur et les alvéoles des incisi­ves supérieures. Les [s —z] français se disposent un peu plus en avant que les sons correspondants du russe. Les con­sonnes françaises étant dorsales, le bout de la langue se trouve près des incisives inférieures. 1

La consonne sourde [s] a un rendement extrêmement

1 C'est ce qui oppose le [s] français au [s] espagnol qui est apical, étant articulé avec le bout de la langue contre les alvéoles des dents supérieures (voir § 7).

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considérable. Elle existe dans n'importe quelle position et fait partie de nombreux groupes de consonnes au début, а l'intérieur et а la finale des mots : stopper, poster, accident, démonstration, mars', masque, etc.

La consonne sonore [z ] est d'un emploi fréquent а l'intérieur du mot entre deux voyelles et а la finale après une voyelle de­vant le e devenu muet vu l'origine de la consonne (c'est l'ancien [s] devenu sonore en position intervocalique) : raser, base. Par contre, elle n'existe pas dans les groupes de con­sonnes sauf dans les cas d'assi­milation : par exemple, subsister [sybzis'te]. Son emploi au début dénote l'origine étrangère du mot : zèle, zéro, etc., les forma­tions françaises comme zyeuter, zézayer étant exceptionnelles.

Fig. 22. Position de la langue:

[s] russe

- - - Ш français

Il est а noter que les deux consonnes prélinguales [s — z] restent dures au contact des voyelles antérieures fermées [i ], [y], [e], [0] ce qui les oppose nettement aux sons correspon­dants du russe. En position identique, ces derniers sont mouillés. A comparer : cumo cité, cupon sirop, сетè cé­dille, сюрïрèç surprise, etc.

Pour les prélinguales а deux points d'articulation [J — 3], le premier point d'articulation se trouve entre la pointe de la langue « rapprochée de la partie antérieure du palais en arrière des alvéoles » (M. Grammont), tandis que le deu­xième point est formé par la partie postérieure de la langue relevée vers le palais, toutefois un peu en avant par rapport а la position de la langue pour le son correspondant du russe (fig. 22). Le dos de la langue étant abaissé, il se forme une première caisse de résonance entre la voûte palatine et le dos de la langue.

Notons toutefois que le creux dans la partie médiane de la langue est moins marqué dans l'articulation française par rapport а celle du russe grce au caractère apical des phonè­mes [J —3] en français : ils sont articulés avec la pointe de la langue (§ 79). Les consonnes correspondantes du russe se forment avec le bout de la partie antérieure de la langue ; elles sont appelées cacuminales (Fig. 5a). 108

Une deuxième caisse de résonance se trouve entre les dents et le dessous de la partie antérieure de la langue, avec sa pointe relevée vers les alvéoles des dents supérieures. Une articulation supplémentaire s'ajoute а celle de la lan­gue pour former [J — 3 ] : les lèvres sont arrondies et proje­tées en avant ce qui constitue une troisième caisse de réso­nance entre les lèvres avancées et les dents. Les consonnes françaises [J — 3 ] sont donc des consonnes labiales prélin­guales а deux points d'articulation. Le deuxième point d'articulation étant disposé plus en avant qu'en russe, les consonnes françaises [J — 3] sont un peu plus mouillées que les sons correspondants du russe qui sont durs par excellen­ce. Nous en avons une preuve éclatante dans le comporte­ment des emprunts français faits par le russe. En dépit de la graphie ю et è les Russes prononcent un [u] et un [û] dans les mots tels que parachute ïарашют [para'Jut], brochure брîшюра [bra'Jura ], gilet жèлет [çû'1 'et ], etc.

Il y a lieu de distinguer les prélinguales [s — z] а un point d'articulation des prélinguales а deux points d'articu­lation [J — 3].

A l'initiale : sang chant, sot chaud, sou chou, zè­le gel* zeste geste, zone jaune.

A l'intérieur : casser cacher, penser pencher, lasser lcher, raser rager, asile agile, miser piger.

A la finale : cosse coche, rosse roche, mars marche, case cage, obèse beige, bouse bouge.

d. Consonnes constrictives sonantes