
- •§ 2. Bref, la phonétique est une science linguistique qui a son objet et ses méthodes d'analyse spécifiques.
- •§ 3. La phonétique théorique tient également compte du développement historique du système phonétique d'une langue.
- •§ 4. Outre les méthodes d'analyse linguistique qu'elle utilise en tant que science linguistique, la phonétique a ses propres méthodes qui tiennent au fait que son objet est spécifi-
- •§ 5. Bien que la phonétique forme une discipline а part, elle est étroitement liée aux autres branches de la linguistique telles que la grammaire et la lexicologie anciennes et
- •§ 6. La phonétique comporte plusieurs branches.
- •§ 7. On émet les sons au moment de l'expiration : l'air expulsé des poumons remonte vers le larynx (fig. 4, 4a, 5—1) qui termine la partie supérieure de la trachée.
- •3. Théorie du phonème1
- •§ 17. Signes de transcription. Nous plaçons ci-après les caractères employés dans le manuel ; les mots mis en regard renferment les phonèmes transcrits.
- •§ 21. L'orthoépie détermine l'emploi des sons et de Гае-cent dans la langue d'aujourd'hui. *
- •1. Vocalisme1
- •§ 32. Les traits particuliers et essentiels du vocalisme français sont les suivants :
- •§ 34. Les voyelles antérieures ou voyelles d'avant sont formées avec la partie antérieure de la langue massée en avant et la pointe touchant les alvéoles inférieures.
- •§ 38. La voyelle [a] est une voyelle orale, antérieure, ouverte, non labiale (fig. 11).
- •§ 42. La voyelle [æ] est une voyelle orale, antérieure, mi-ouverte I, labiale.
- •§ 44. La voyelle [u] est une voyelle orale, postérieure, labiale, fermée (fig. 15). Son utilisation ne comporte aucune restriction. Elle est employée aussi fréquemment que la
- •§ 46. La voyelle [o] est une voyelle orale, postérieure, labiale, mi-ouverte. Par rapport au phonème [o], le phonème [o] est une voyelle ouverte (fig. 11, 15a).
- •§ 49. Le français possède un nombre relativement restreint de voyelles nasales. Il en a quatre [л — æ — э — cl].
- •§ 50. La valeur phonologique des voyelles nasales se fait sentir dans l'opposition extrêmement fréquente —
- •§ 52. Les voyelles nasales constituent une particularité dans le système phonématique du français, qui l'oppose nettement а la plupart des autres langues romanes et même indo-européennes.
- •§ 54. Nous présentons ci-dessous le tableau des voyelles-phonèmes du français contemporain telles qu'elles sont décrites dans les paragraphes précédents.
- •2. Consonantisme
- •§ 57. Les traits essentiels du consonantisme français sont les suivants :
- •§ 59. Du point de vue acoustique les sonantes devraient faire partie des voyelles puisqu'elles présentent en premier
- •§ 65. L'opposition consonne orale — consonne nasale est d'une grande importance pour les
- •§ 68. Parmi les consonnes constrictives bruits on trouve deux consonnes labio-dentales [f — V ] et deux paires de consonnes prélinguales [s — z], [j — 3].
- •§ 69. Parmi les constrictives il y a cinq sonantes [1, h, j» w, ц]. Toutefois, parmi les variantes du phonème [ê] il y a aussi des variantes vibrantes.
- •§ 75. Nous présentons ci-dessous le tableau des consonnes-phonèmes du français contemporain telles qu'elles sont décrites dans les chapitres précédents.
- •§ 78. La base articulatoire du français moderne a quelques traits particuliers qui opposent le français а plusieurs autres langues.
- •1. Théories de la syllabe
- •§ 83. Cependant dans l'étude de la syllabe et de la sylla-bation on se heurte а beaucoup de problèmes compliqués, а commencer par la définition de la syllabe.
- •§84. La théorie expiratoire (Baudouin de Courtenay, Bogoroditsky, Sweet, tout dernièrement Stetson) prétend qu'une syllabe correspond а un renforcement dans l'expiration.
- •§ 86. C'est le critère physiologique qui est а la base de la théorie de la tension musculaire. (l. Scer-
- •§ 90. La coupe syllabique en français met en valeur la syllabe ouverte : dans la plupart des cas la consonne fran-
- •§ 92. Evidemment, le style soutenu est plus soucieux des règles qui régissent le comportement du e instable. 1
- •§ 93. La constitution syllabique du français est très variée. Le français connaît différents types de syllabes — V,
- •§ 98. D'après le degré de l'assimilation on distingue l'assimilation partielle et l'assimilation totale. C'est la première qui est familière а la langue française.
- •2. Dilation vocalique
- •3. Dissimilation
- •1. Alternances vivantes
- •§ 106. L'alternance «voyelle — consonne» se fait entre les voyelles fermées [I, y, u] et les sonantes constrictives [j, ц, w].
- •§ 107. Une voyelle brève alterne avec une voyelle longue. Cette alternance a deux aspects en français moderne.
- •3. Liaison l
- •161Шèгаресêая h. A.
- •§ 113. La liaison a contribué а donner deux formes différentes а un même mot. Tel est, par exemple, le cas des ad-
- •§ 114. La proposition étant l'unité fondamentale а valeur communicative, les moyens phonétiques qui la caractérisent prennent une importance primordiale.
- •§ 122. Pour ce qui concerne le français, il ne supporte pas ou bien supporte difficilement deux accents de suite.
- •§ 123. Le mot accentué forme avec ceux qui le précèdent un seul groupe phonique appelé groupe accentuel.1
- •§ 127. Les lois de l'accentuation française ont des conséquences exceptionnelles pour l'accentuation logique et affective du français.
- •§ 129. Néanmoins, le français possède l'accent dit logique (ou intellectuel) dont les fonctions et la forme sont quelque peu particulières.
- •2. Syntagme2
- •§ 134. La répartition de l'énoncé en syntagmes, unités phonétiques, relève donc en premier lieu du sens de l'énoncé et repose sur la syntaxe de la phrase. Soit cette proposition. —
- •3. Mélodie1
- •§ 137. Le mouvement musical de la phrase — mélodie implique des variations de la hauteur du ton fondamen-
- •§ 138. Suivant le but de l'énoncé, il importe de distinguer les propositions énonciatives, interrogatives et excla-matives.
- •§ 142. Nous donnons ci-dessous quelques spécimens de phrases а deux membres :
- •§ 145. La mélodie de certains types de syntagmes demande une explication а part.
- •§ 146. Le mouvement musical d'une proposition interrogative dépend, primo, de la portée de l'interrogation, et, secundo, des procédés d'interrogation utilisées dans la phrase.
- •Vous partez demain ?
- •§ 152. Il existe beaucoup de phrases affectives présentant des variétés d'intonation riches en nuances, souvent très délicates а définir.
- •§ 154. L'emphase peut être également rendu en français par un autre moyen phonétique qui s'ajoute le plus souvent
- •§ 161. Les causes de ces divergences gisent dans le fait que la nouvelle langue romane, tel le français qui commen-
- •§ 162. Suivant les règles de la graphie, on est fondé а orthographier un même mot de plusieurs façons différentes,
- •Poil de Ca'rotte
- •25717 Шèгаресêая h. A,
- •Voy'elles ||
- •Bibliographie
§ 161. Les causes de ces divergences gisent dans le fait que la nouvelle langue romane, tel le français qui commen-
1 A consulter les ouvrages essentiels que voici: Л. . Щерба. Ôîнетèêа ôранцуçсêîгî яçûêа. Èнîèçдат, M., 1953, § 217 — 222; . Г. Гаê. Ôранцуçсêая îрôîграôèя. Учïедгèç, М., 1956; V. u ben. Influence de l'orthographe sur la prononciation du français moderne. Bratislava, 1935; С h. Beaulieux. Histoire de l'orthographe française. T. I—II, P., 1927.
C'est а Baudouin de Coustenay que nous devons la démarcation des deux notions — graphie et orthographe. È. А. Бîдуэн де Êуртене. Îб îтнîшенèè руссêîгî ïèсьма ê руссêîму яçûêу. Сïб, 1912.
234
çait а s'écrire depuis le IXe siècle, a utilisé а ces fins l'alphabet d'une langue étrangère, du latin. Les scribes essayaient de noter tant bien que mal, en se servant de la graphie latine, les sons romans étrangers au latin.
Depuis le moyen ge la graphie française n'a pas été améliorée ni ordonnée. x Les correspondances entre le son et la lettre sont le plus souvent très relatives et conventionnelles, le nombre de sons français dépassant la quantité de lettres latines (26 lettres pour représenter 35 sons).
Pour remédier aux déficiences de l'alphabet latin employé en français, on utilise divers moyens servant а préciser la valeur phonique d'une lettre. Ce sont les signes diacritiques (accent aigu, accent grave, accent circonflexe, cédille, tréma) et les lettres qui assument la fonction de signes diacritiques, tels le m et le n qui marquent la nasalité de la voyelle précédente (an, ambré), l'e а la fin d'un mot veut que la consonne précédente soit prononcée (petit — petite), le t après f'e а la fin marque le [s] (cadet). La position de la lettre aide également а différencier sa prononciation, par exemple, l's entre voyelles— [z] et l's devant une consonne ou encore entre une consonne et une voyelle — [s], etc. Ce dernier procédé joue un grand rôle dans la graphie du français. Il est particulièrement important pour identifier la valeur phonique des voyelles précédant les consonnes nasales et des consonnes nasales elles-mêmes. Ainsi, l'n est articulé devant une voyelle, par contre, devant une consonne ou bien а la fin du mot il sert а marquer la nasalité de la voyelle précédente, etc.
2. Principes de l'orthographe française*
§ 162. Suivant les règles de la graphie, on est fondé а orthographier un même mot de plusieurs façons différentes,
1 N. Tchernychevsky écrit évoquant l'application de l'alphabet latinpar les langues de l'Europe : «Неêîтîрûе сделалè этî îчень хîрîшî; наïрèмер, èтальянсêая îрôîграôèя ïреîсхîдна; çаслужèает наçанèяïреêраснîé è èсïансêая; немецêая несраненнî хуже èсïансêîé... англèéсêая — мученèе для самèх англèчан, ужас для èнîстранце; ôранцуçсêая не лучше ее...» (т. 1, стр. 405).
2 Nous ne donnons ci-dessous qu'un aperçu des principes d'orthographe française. Pour plus de détails voir: L. Clédat. Précis d'orthographe française. P.; M. È. Матусеèч. еденèе îбщую ôîнетèêу.Учïедгèç, М., 1959, стр. 117—128; . Г. Гаê. Ôранцуçсêая îрôîграôèя. Учïедгèç, М., 1956. La répartition des principes d'orthographe estquelque peu différente dans ce dernier ouvrage,
235
par exemple: [se:r] — ser, serre, sers, sert, serd, sair, saire, seire, sère, cerf, etc. Pourtant la langue choisit toutes les fois qu'elle en a besoin une seule de ces variantes ; il y en a cependant qu'elle n'utilise pas, par exemple, ser, serd, sair, etc. Ce sont les règles d'orthographe qui déterminent ce choix, ainsi que l'emploi des signes diacritiques et des lettres non prononcées. C'est l'orthographe qui décide également de l'emploi des traits d'union et des apostrophes.
§ 163. Bien que l'orthographe française soit traditionnelle et savante par excellence, plusieurs principes sont а sa base et notamment les principes phonétique, étymologique et morphologique, traditionnel ou historique et hiéroglyphique.
La combinaison des deux premiers cités ci-dessous caractérise une orthographe raisonnée et sensée de répondre le mieux possible aux besoins des systèmes phonétique et grammatical d'une langue.
Le principe phonétique demande une correspondance parfaite du son avec le signe. Par exemple, les lettres qui représentent les consonnes а l'initiale du mot — p,b, t, d, r, 1, m, n. Son application est un fait assez rare enfrançais.
Le principe étymologique est celui qui masque plus ou moins la prononciation réelle des mots, commetous les autres d'ailleurs qui suivent, а cette différence toutefois que son application est justifiée par le système grammatical de la langue. Il joue un grand rôle dans l'orthographedu français.
D'après le principe étymologique, le morphème garde son orthographe quelle que soit sa prononciation (il arrive а celle-ci de se modifier). Par exemple, bruit — ébruiter, malgré son caractère muet le t s'écrit dans le substantif, ce qui le relie au verbe du même radical. Le même genre d'exemple : doigt — doigtée, long — longue, etc. Ou bien encore : clair s'écrit avec a dans le radical parce que clarté, plein — avec e parce que plénier, etc.
Dans la conjugaison des verbes, c'est le principe morphologique qui est très important : tu aimes, tu donnes — ils aiment, ils donnent — il aime, il donne, etc.
Le principe traditionnel ou historiqueest appelé а rapprocher les mots français des mots dont ilstirent leur origine (latins, grecs, etc.). Les exemples en sontnombreux : les consonnes doubles — appartenir, commodité,collectif, etc. ; le h muet — homme, hôtel, herbe ; certaines
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lettres finales, telles x, g, p, etc. (paix<pax, voix<vox ; doigt<digiturn, sept<septimam) ; certaines lettres servant а rendre les graphies grecques, telles ph, th, ch, y (photo, thème,
orchestre, lyre] ; l'orthographe de plusieurs affixes ence,
-ent, -um, etc.
Le principe traditionnel utilise les graphèmes qui reflètent la prononciation et les principes d'orthographe de l'ancien français, parfois même des écritures arbitraires. Par exemple: oi [we — wa], eu [æ — 0], la consonne nasale double — donner, qui marque le caractère orale de la voyelle précédente, — x après u alors qu'au début
X = US.
Ce mode d'orthographier les mots crée un grand nombre de fcheux désaccords. Quelle est la raison d'écrire honneur, consonne, sablonneux, paysanne, innommable, chandelle, avènement, je jette, contre-porte, assidûment, aggraver, etc. а côte de — honorer, consonance, sonore, limoneux, sultane, innomé, clientèle, événement, j'achète, contrecoup, éperdu-ment, agrandir, etc. ?
5. Le principe hiéroglyphique ou difîérencia-teur sert а différencier les homonymes. Ainsi, on oppose — ou, а, lа, conter, seau, fabriquant, différant, cent, etc. а — ou, a, la, compter, sceau, fabricant, différent, sang, etc. Le principe hiéroglyphique est souvent le résultat de l'application des principes étymologique (cent — sang), traditionnel (contre-porte — contrecoup), morphologique (bruit — bruis, impératif).
§ 164. Différents linguistes et écrivains ont proposé а plusieurs reprises de réformer l'orthographe française, de la fonder principalement sur la prononciation ou tout au moins de la rapprocher de la prononciation le plus possible . Citons l'avis de Voltaire qui employait de nombreuses graphies simplifiées : « II m'a toujours semblé qu'on doit écrire comme on parle, pourvu qu'on conserve les lettres qui font sentir l'éty-mologie et la vraie signification des mots ».
Pourtant, une réforme radicale sacrifierait les formes grammaticales et les orthogrammes des morphèmes qui assurent les relations étroites, tantôt morphologiques, tantôt étymologiques, entre les mots français. D'autre part, le grand nombre d'homonymes en français créerait un imbroglio désagréable qui empêcherait la compréhension immédiate du texte. Plusieurs prétendent que les plus grands écrivains
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français n'y survivraient pas et les classiques seraient coupés des modernes.
S'opposant aux réformateurs, partisans d'une orthographe simplifiée, R.-L. Wagner estime que la tche des grammairiens est de « prolonger, autant qu'il est en leur pouvoir, la survie de ces formes menacées ».
Les linguistes cependant n'ont pas abandonné l'espoir de faire accepter une juste réforme de l'orthographe française.
Parmi les défenseurs d'une réforme modérée, il importe de citer M. Grammont qui a mis en pratique ses idées dans la « Revue de philologie française ». En voici un échantillon :
Meigret était trop consciencieus comme beaucoup de foné-ticiens modernes. Mais comme il avait deus e ouverts, l'un d'eus resta sans signe... il eut renoncé а distinguer en ortografe deus e ouverts. Les neuf premiers chapitres étudient la sintaxe, etc.
Nous y ajoutons quelques spécimens tirés de l'article de M. Grammont publié en 1902 dans les « Mélanges linguistiques » а A. Meillet :
// n'i a chez x. ni incoérence ni effets du asard. Il i avait tel autre fonème dans le même mot. Tout mot a trois sillabes. Dans l'istoire d'une même langue. Les langues umaines, etc.
Il y a également A. Dauzat qui a avancé en 1940 un programme raisonnable de simplification de l'orthographe française. Il a proposé d'unifier l'orthographe des verbes en -eter, -eler — je jeté, l'appelé, et des mots а lettres doubles — do-ner comme donateur, charriot comme charrette, etc., de substituer Г s а l'x dans les pluriels, de supprimer certaines lettres étymologiques — domter pour dompter, pois pour poids, etc.
D'autres linguistes et écrivains continuent d'attaquer l'orthographe française qui est basée sur un des principes les moins logiques, l'étymologie : J. Damourette, F. Brunot, H. Bazin («Plumons l'oiseau», 1966), R. Queneau («Btons, chiffres et lettres», 1950). Les auteurs de l'ouvrage «L'orthographe» (1969) С Blanche-Benveniste et A. Cher-vel donnent une analyse structurale détaillée de l'orthographe française et arrivent а la conclusion suivante : « On ne peut
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pas réformer l'orthographe, on ne peut que la supprimer et donner au français une nouvelle écriture, fondée sur la langue parlé. »
Néanmoins, une transformation d'orthographe s'impose de toute évidence au français, mais elle doit commencer par viser un nombre restreint de faits, être modérée et combiner les principes essentiels, tels les principes phonétiques, étymologiques et morphologiques pour créer une orthographe simple et rationnelle.
Liste des termes suivis, au cas de besoin, d'explications nécessaires ou de renvois aux paragraphes du livre
Accent affectif (emphatique, émotionnel, expressif), accent d'intensité affective — celui qu'on utilise pour traduire différentes émotions (§ 130)
accent de groupe, dit accent normal, final ou rythmique
accent dynamique, accent d'intensité — celui qui se caractérise par la force (§ 116)
accent d'insistance logique, accent intellectuel — celui qui met en relief une syllabe (§ 128 — 129)
accent musical, accent tonique — celui qui se caractérise par les variations de la hauteur du ton (§ 116)
accent oxyton(ique) — celui qui frappe la dernière syllabe du mot ou du groupe de mots
accent quantitatif — celui qui met en valeur la durée de la voyelle
accent secondaire — celui qui frappe toute syllabe impaire а partir de celle qui porte l'accent du groupe (§ 121)
accent supplémentaire — celui qui frappe la syllabe initiale d'un mot significatif (§ 131)
accent syntagmique — accent final qui frappe le dernier mot du syntagme
accommodation — changement que subissent les consonnes sous l'influence des voyelles, et inversement, par ex. : t devant i est plus ou moins mouillé (§ 96, 99)
aîfriquée, consonne affriquée — consonne complexe qui comprend deux éléments dont le premier porte un caractère occlusif et le second est constrictif, par ex. Щ ]
alternance — substitution d'un phonème а un autre dans différentes formes d'une même unité morphologique (§ 103— 113)
alternance consonantique — substitution d'une consonne а une autre dans un même morphème
alternance vocalique—substitution d'une voyelle а une autre dans un même morphème alternance historique — § 109 alternance vivante — § 104
s'amuïr (amuïssement) —- devenir muet
aperture, degré d'aperture — degré d'ouverture du canal buccal suivant la position du dos de la langue
240
appendice consonantique — consonne nasale prononcée après une voyelle nasalisée
archiphonème — § 14
articulation antérieure — celle qui s'effectue а l'avant de la bouche, alors que le bout et la partie antérieure de la langue jouent un rôle actif dans la formation des sons. La cavité de résonance se trouve а l'arrière.
articulation postérieure — celle qui s'effectue а l'arrière de la bouche, alors que la partie arrière de la langue joue un rôle actif. La cavité de résonance se trouve а l'avant.
articulation apicale — § 7
articulation dorsale — § 7
articulation labiale — articulation avec des lèvres avancées et arrondies
articulation relchée — articulation avec les muscles non tendus
mode d'articulation — mode de formation du bruit, par rétrécissement ou par occlusion du canal buccal (§ 60) point d'articulation — l'endroit oщ deux organes de la parole forment occlusion ou rétrécissement (§ 60)
assimilation — changement que subissent les sons sous l'influence des sons voisins : elle se fait entre deux consonnes ou bien entre deux voyelles
assimilation régressive (anticipante) — celle qui se fait d'avant en arrière ; un son assimile un autre qui le précède, par ex. : abstrait [aps'tre] (§ 97)
assimilation progressive — celle qui se fait d'arrière en avant, par ex. : subsister [sybzis'te] (§ 97)
assimilation partielle — celle qui affecte une des caractéristiques du phonème (§ 98)
assimilation totale — celle qui affecte toutes les caractéristiques du phonème (§ 98)
assonance — retour d'une voyelle analogue dans la syllabe accentuée dans le vers de l'ancien français
atone (voyelle) — non accentuée, inaccentué
Base articulatoire, base d'articulation — ensemble des habitudes articulatoires contractées par un peuple parlant une même langue (§ 77)
Caisse (cavité, chambre) de résonance, résonateur — qui réfléchit le son et renforce certains harmoniques du son
caractéristique (caractère) différentielle, distinctive, pertinente, phonématique, phonologique — caractère d'un élé-
241
commutation — substitution (§ 10)
consonantisme — système de consonnes, système consonan-tique
consonne allongeante — celle qui est susceptible, а la fin de mot accentué, d'allonger la voyelle précédente, par ex. : r — mur ['my:r]
consonne « fermante » — celle qui attribue а la voyelle précédente un caractère fermé, par ex. : z — oser [o'ze]
consonne « ouvrante » — celle qui attribue а la voyelle précédente un caractère ouvert, par ex. : r — aurore [o'roir]
consonne а tension croissante, consonne croissante — celle qui est prononcée avec une tension musculaire qui augmente vers la fin de l'articulation, par ex., la consonne qui précède une voyelle : ton
consonne а tension décroissante, consonne décroissante — celle qui est prononcée avec une tension musculaire qui diminue vers la fin de l'articulation, par ex., la consonne qui termine un mot ou une syllabe : hôte, por-ter
consonne orale — § 65
consonne nasale — § 65
consonne constrictive, une constrictive (on leur donne aussi le nom de fricative ou de spirante) — § 60
consonne occlusive, une occlusive — § 60
consonne vibrante, une vibrante — § 60
consonne-bruit, un bruit — celle oщ le bruit domine (§ 58)
consonne sonante, une sonante — celle oщ domine le ton musical (§ 58)
consonne explosive — celle qui comporte la troisième phase d'articulation (la rupture brusque des organes de la parole — § 62)
consonne implosive — celle qui ne comporte pas la troisième phase d'articulation (§ 62)
corrélation — opposition phonologique de deux phonèmes ayant un même trait distinctiî (corrélation des voyelles orales et nasales)
corrélatif — qui forme une opposition phonologique
coupe syllabique — frontière entre les syllabes
Délabialisation — perte du caractère labial, par ex., [бе]
qui passe а [ê] en français contemporain dénasalisation — perte du caractère nasalisé, par ex., mon
[rrô ] dans mon ami [mona'mi ]
242
désaccentuation — perte de l'accent normal
détente, recursion — rupture des organes de la parole а la fin de l'articulation d'un son (§ 62)
diachronie— développement d'un élément ou de tout un système au cours de l'histoire d'une langue
dilation, harmonie (ou harmonisation) vocalique — assimilation а distance, par ex. : cocombre>concombre (§ 100)
diphtongaison — transformation en diphtongue
diphtongue ascendante — celle qui porte l'accent sur son dernier élément, par ex., ié en ancien français dans le mot piét (pied)
diphtongue descendante — celle qui porte l'accent sur son premier élément, par ex., éi en ancien français dans le mot péire (poire)
dissimilation — processus qui fait de deux phonèmes identiques, se trouvant а distance, deux sons différents, par ex. : fragrare>flairer (§ 101)
durée, longueur, quantité
Elimination — action d'écarter, d'omettre
elision — suppression de la voyelle finale devant un mot
commençant par une voyelle ou par un h muet, par ex. :
l'amie, Г herbe. enchaînement — se fait d'une consonne finale prononcée а
la voyelle initiale du mot suivant, par ex. : finir^а temps.
Par conséquent r final qui est une consonne décroissante
dans finir devient une consonne croissante (§ 123) épenthèse — apparition d'un phonème non étymologique
entre deux consonnes — ess(e)re>estre, ou bien entre
deux voyelles, de préférence fermées — prier>[pri'je] épenthétique (son) — qui est intercalé entre deux consonnes
ou deux voyelles excursion, tension — mise des organes dans la position pour
articuler un son (§ 62)
Flottement — hésitation formant — § 9
Géminée — consonne а deux sommets syllabiques : netteté
[net-'tel
graphie —§ 160 groupe accentuel, groupe accentué, groupe rythmique
Hertz (Hz.) — unité de fréquence valant une vibration double (v.d.) ou une période par seconde (p/s) — § 9
243
hiatus (terme de grammaire historique) — rencontre de deux voyelles non amuïes, par ex. : océan ; en phonétique, une variété de liaison vocalique, de préférence а l'intérieur d'un mot
Imparisyllabique (mot) — celui qui comporte un nombre inégal de syllabes dans ses différentes formes, par ex. : bro — barônis
intensité — force (§ 9)
intonation, procédés intonatoires, moyens prosodiques, traits suprasegmentaux — § 114
Labialisation — articulation avec les lèvres avancées et arrondies
liaison — prononciation occasionnelle d'une consonne d'ordinaire muette, а la fin du mot devant un autre qui commence par une voyelle —§110
liaison vocalique — § 123
Mélodie, mouvement musical, ton — § 137
métathèse — déplacement réciproque des sons ou des syllabes, par ex. : formaticu>fromage
modification — changement, transformation
monophtongaison — soudure d'une diphtongue en une seule voyelle, par ex. : ai>[s]
monosyllabique (mot) — qui comporte une seule syllabe : sel
mouillure — palatalisation
moyens prosodiques, procédés intonatoires, intonation, traits suprasegmentaux — § 114
Nasalisation — quand une voyelle orale se nasalise sous l'influence d'une consonne nasale voisine: ton [t5] ; articulation supplémentaire due а l'abaissement de la luette et а la résonance de la cavité nasale
neutralisation — perte d'opposition phonologique entre deux phonèmes différents dans certaines conditions de leur fonctionnement (§ 12)
nivellement — unification
norme orthoépique — orthoépie, ensemble des règles d'une prononciation régulière (standardisée) — § 18
noyau syllabique — son qui constitue le sommet de la syllabe
Occlusion — contact des organes de la parole
244
opposition fonctionnelle, opposition phonématique, opposition phonologique
organes de la parole
organes phonatoires, organes phonateurs
orthoépie — ensemble des règles d'une prononciation régulière (standardisée) — § 18
orthographe — ensemble de règles unifiées qu'on utilise dans l'écriture d'une langue
oxyton — mot qui porte l'accent sur la dernière syllabe: mai''son ; l'accent qui est final du mot
Période par seconde (p/s), vibration double (v.d.), Hertz — unité de fréquence
pertinent — différentiel, distinctif, а valeur phonologique (phonématique)
phonation — production des sons
phonématique, phonologique — qui possède une valeur distinctive (différentielle)
phonétisme — système de phonèmes d'une langue
position faible — celle oщ le son dans la chaîne parlée est susceptible de s'affaiblir et de s'amuïr
position forte — celle oщ le son subsiste, quitte а modifier son caractère
position accentuée
position non accentuée — position inaccentuée
position initiale — au début du mot
position intervocalique — entre deux voyelles
procédés intonatoires, moyens prosodiques, intonation, traits suprasegmentaux — § 114
pronociation standardisée, régulière, unifiée, orthoépie
Recursion, détente — § 62
relchement — diminution d'effort au cours de la phonation
rendement — emploi, usage
Semi-consonne, semi-voyelle — noms donnés aux sonantes
constrictives [j, ц, w]—§ 71 son fondamental, un fondamental—§ 9 son harmonique, un harmonique — § 9 sonante latérale — § 69 sonorisation — passage d'une sourde а une sonore : rosa
[rosa ] >rose [roze ] structure syllabique — constitution de la syllabe dans une
langue syllabation — répartition en syllabes
245
(syllabe) antépénultième — troisième syllabe а partir de la
finale
(syllabe) pénultième — ayant-dernière syllabe du mot syllabe prétonique — qui précède la syllabe accentuée syllabe posttonique — qui suit la syllabe accentuée syllabe non accentuée — syllabe inaccentuée syllabe fermée — ayant une consonne а la fin syllabe ouverte — ayant une voyelle а la fin syllabe vocalique — qui a une voyelle pour sommet syncope — chute synchronie — état d'une langue а un moment donné, а une
période quelconque de son évolution syntagme — § 132
Tension, excursion — § 62
tension croissante — tension musculaire qui augmente (§ 86)
tension décroissante — tension musculaire qui diminue (§ 86)
tension localisée — tension musculaire а un ou plusieurs points bien déterminés (§ 27)
tension répandue — tension musculaire de tous les organes de la parole plus ou moins régulière (§ 27)
tenue — maintien des organes en position qu'ils ont prise pour articuler un son (§ 62)
timbre — qualité d'un son (§ 9)
trait différentiel, distinctiî, pertinent — caractère différentiel, distinctif, pertinent
transcription phonématique — celle qui sert а noter les phonèmes (§ 16)
transcription phonétique — celle qui sert а noter les phonèmes et leurs variantes (§ 16)
Variante (de phonème), variété, nuance — §11
variante comminatoire — § 11
variante de position — § 11
vibration double (v.d.), période par seconde (p/s), Hertz —
unité de fréquence (§ 9) vibration périodique, régulière — § 9 vibration non périodique, irrégulière — § 9 vocable — mot
vocalisation— passage d'une consonne а un voyelle : l>u vocalisme — système de voyelles, système vocalique
Supplément
Nous donnons ci-après quelques spécimens de textes littéraires dans lesquels nous avons cru bon d'indiquer, suivant la prononciation des speakers, la répartition en syntagmes, les longueurs rythmiques et historiques, la liaison et l'enchaînement, l'accent final et l'accent supplémentaire, l'accent d'insistance logique et affectif, l'assimilation, la dilation et l'alternance.
Le style soigné est représenté par trois premiers textes, le style parlé — par les deux derniers. En guise de conclusion nous présentons cinq poésies.
Alphonse Dau/det ||
Le sous-pré'fet | aux 'champs ||
M. le sous-pré'fet | est^en tour'née. || Co'cher de'vant, | la'quais de'rriè:re, | la ca'lèche de la sous-préfec'ture l'em.-'porte majestueusement | au con.'cours régio'nal de la Combe-aux-'Fées. || Pour cette jour'née mémo'rab.le, | M. le
sous-pré'fet a 'mis sonbel^ha'bitbro'dé, | son petit 'claque, | sa eu'lot te co'llan.te а 'ban.des d'ar'gent | et son^épée de
ga'la | а poi'gnée de^nacre... || Sur ses ge'noux re'po.se une gran.de ser'viette en chagrin gau.'fré | qu'il re'garde triste-
'ment. || M. le sous-pré'fet | re'garde triste'ment sa ser'viette en chagrin gau.'fré ; Ц il 'son.ge au fameux dis'cou:rs |
qu'il va falloir pronon/cer tout^а Theu:re | devant les"*4 habi'tants de la Combe-aux-'Fées : ||
— Me'ssieurs et chers^adminis'trés...
Mais^il^a beau torti'ller la soie 'blon.de de ses favo'ris ! et répé'ter vingt 'fois de 'suite : ||
— Me'ssieurs et chers^adminis'trés... j la 'suite du dis-'cours ne vient 'pas. ||
La 'suite du dis'cou:rs | ne vient 'pas... || ITîait si 'chaud dans cette ca'lèche!... || A perte de 'vue, la 'route ^ de la Combe-aux-'Fées pou'droie sous le so'leil du Mi'di... ||
'L'air^est^embra.'sé... || et sur les^or'meaux du 'bord du che'min, 1 tout cou'verts de poussière 'blaniche, | des mi'l-Hers de ci'gales se ré'pon.dent d'un^arbre а Tau:tre... ||
^~^ 247
.
Tout^а 'coup | M. le sous-pré'fet tres'saille. Il Lа-'bas, | au pied d'un co'teau, | il vient d'aperce'voir^un petit 'bois de chênes 've:rts | qui 'sem.ble lui faire 'signe. ||
Le petit 'bois de chênes 've:rts | 'sem.ble lui faire 'signe. ||
— Venez 'donc i'ci, | monsieur le sous-pré îet ; || pourcom.po.'ser votre dis'cou:rs, | vous s(e)rez beaucoup 'mieuxsous me's^arbres... ||
M. le sous-pré'fet est sé'duit ; || il 'sau.te а bas de sa
ca'lèche | et 'dit^а ses 'gens de l'a'tten:dre, | qu'il va com.po.'ser son dis'cours dans le petit 'bois de chênes 've:rts. || Dans le petit 'bois de chênes 've:rts | il y a des^oi'seaux, des "violettes [vjo'lst] et des 'sources sous l'herbe 'fine... || Quand^ils^ont^aper'çu M. le sous-pré'fet avec sa belle cu'lotte et sa ser'viette en chagrin gau.'fré, les^oi'seaux
ont^eu 'peu:r | et se sont^arrê'tés de chan.'ter, | les 'sources n'ont plus^o.sé 'faire de 'bruit, | et les vio'lettes де sont ca'chées dans le ga'zon... || Tout ce petit mon.de-'lа | n'a jamais 'vu de sous-pré'fet, | et se de'man.de а voix 'baisse |
'quel^est ce beau sei'gneur qui se pro'mène en cu'lotted'ar'gent. || ^
A voix 'baisse, | sous la feui'llée, | on se de'manrde quel^est ce beau sei'gneur^en cu'lotte d'ar'gent... | Pen.-dant ce temps-'lа, | M. le sous-pré'fet, | ra'vi du si'len.ce et de la fraî'cheur du 'bois, re'lève les 'pans de son^ha'bit, | 'po.se son 'claque sur 'l'herbe | et s'a'ssied dans la 'mousse | au pied d'un jeune'chêne ; || puis^i'l^ouvresur ses ge'noux sa gran.de ser'viette de chagrin gau.'fré | et en 'tire une
large 'feuille de pa'pier mi'nistre. ||
C'est-^un^ar'tiste ! | 'dit la fau.'vette. Il
'Non, | 'dit l(e) bou'vreuil, | ce n'est pas^un^ar-'tiste, | puisqu'il^ une cu'lotte en^ar'gent ; II c'est plu-
tôt^un 'prin:ce. ||
C'est plutôt-^un 'prin:ce, | 'dit l(e) bou'vreuil. ||
Ni un^ar'tiste, | ni un 'prin:ce, | interrompt un vieuxrossi'gnol, qui a chan.'té toute une sai'son | dans les jar-
'dins de la sous-pré'fectu:re... || Je sais c(e) que 'c'est : | c'est^un sous-pré'îet ! ||
Et tout le petit 'bois va chucho'tant : ||
— C'est^un sous-pré'fet ! || c'est^un sous-pré'fet 1 ||
248
— Comme il^est 'chau:ve ! || re'marque une a'iouet-te а gran.de 'huppe. ||
Les vio'lettes de'man:dent : ||
Est-ce que c'est mé'chant ? ||
Est-ce que c'est mé'chant? | de'man.dent les vio'lettes. ||
Le vieux rossi'gnol ré'pond : ||
— "Pas du 'tout ! ||
Et sur cette assu'ran:ce, | les^oi'seaux se remettent а
chan.'ter, || les 'sources а cou'riir, | les vio'lettes а^em-
bau.'mer, | 'comme si le mon'sieur n'était pas 'lа... || Impa.-'ssible au mi'lieu de tout ce joli ta'pa:ge, | M. le sous-pré'fet in.'voque dans son 'cæu:r | la 'Mu.se des co'mices agri-
'coles, | et, le cra'yon le'vé, | commen.ce а décla'mer de
sa 'voix de cérémo'nie : ||
Me'ssieurs et chers^adminis'trés... ||
Me'ssieurs || et chers^'adminis'trés, | 'dit le sous-pré'îet de sa 'voix de cérémo'nie... ||
Un^éclat d(e) 'rire l'interrompt ; || il se re'tourne | et ne voit 'rien qu'un gros pi'vert qui le re'garde en ri'ant, |
per'ché sur sa'claque. || Le sous-pré'fet | 'hau.sse les^é'pau:-les | et veut conti'nuer son dis'couirs ; || mais le pi'vert rmte'rrompt^en'co-.re | et lui 'crie de 'loin : ||
A quoi 'bon ? ||
Co'mment 1 а quoi 'bon ? dit l(e) sous-pré'îet, | quidevient tout 'rou:ge ; | et, cha'ssant d'un 'geste cette 'bête
efîron/tée, | il re'prend de plus 'belle : ||
Me'ssieurs et chers^adminis'trés... ||
Me'ssieurs | et chers^adminis'trés... | a re'pris le sous-pré'îet de plus 'belle.
Mais^a'lo:rs, | voi'lа les petites vio'lettes | qui se 'hau.-ssent vers 'lui sur le 'bout de leurs 'ti:ges | et qui lui 'disent douce'ment : ||
— Monsieur le sous-pré'îet, sen.tez-'vous comme nous
"sen.tons 'bon ? ||
Et les 'sources lui 'îont sous la 'mousse une mu'sique
di'vine ; || et dans les 'bran.ches, au-dessus de sa 'tête, |
des tas de îau.'vettes 'viennent lui chan.'ter leurs plus jo-
249
li's^ai:rs ; || et tout le petit 'bois con.s'pi:re | pour 1'em.pe-'cher de com.po.'ser son dis'cou:rs. ||
Tout le petit 'bois con.s'pire pour l'em.pê'cher de com.po.'ser son dis'cou:rs... || M. le sous-pré'fet, | gri'sé de par-'fums, | 'ivre de mu'sique, | e'ssaye vaine'ment de résis'terau nouveau 'charme qui l'en.va'hit. || II s'a'ccoude sur Vher-be, | dé'grafe son bel^ha'bit, | balbu'tie en/core deux^outrois 'fois : || ^ '
— Messieurs | et chers^adminis'trés... || Messieurs | et chers^admi... Me'ssieurs et 'chers... ||
Puis^il^en.'voie les^adminis'trés au 'dia:ble ; || et la 'Mu.se des co'mices^agri'coles | n'a plus qu'а se voi'ler la 'face. [|
Voile-'toi la 'face, | ô 'Mu.se des co'mices^agri'coles !... || Lorsque, au bout d'u'ne heu:re, | les 'gens de la sous-
préfec'ture, jn.'quiets de leur 'maître, | sont^en.'trés dans
le petit 'bois, | ils^ont 'vu un spec'tacle | qui les^a fait recu'ler d'ho'rreuir... || M. le sous-pré'fet était cou'ché sur le 'ven:tre, | dans 'l'herbe, | débrai'llé comme un bo'hè-
me. || Il^avait 'mis so"n^habit 'bas... et, tout^en m-cho'nnant des vio'lettes, | M. le sous-pré'fet faisait des 've:rs. Il
Romain Ro'lland ||
Me'ssage pour l'Es'pagne républi'caîne=[m^'sa5]
(le 25 août 1936, au stade Buffalo)
"Aide а l'Es'pagne 1 || Elle corn.'bat pour 'nous ; || pour 'nous, | 'Frarnce, | pour 'nous, | démocra'tie, | car Tune et 'l'au:tre, | sont^en dan.'ger. || L'enne'mi cherche а nous^ en.cer'cler. || Le laisserons-nous ve'nir aux Pyré'nées ? ! || Le 'peuple d'Es'pagne est notre 'front "de Mi'di contre l'agre-'sseu:r. ||
'Qui donc o.se'rait nous^in.ter'di:re | de dé'fen.dre nos défen.'seuirs ? || Le corn.'bat d'Es'pagne est "notre com.-'bat. || Dé"fen.dons-'nous ! Ц "Défen-'dons le 'peuple d'Es'pagne.
Il serait^inique et mon.'strueux [rm.stry0] de blo'quer
250
le gouverne'ment lé'gal d'Es'pagne | é'iu par la majori'té du 'peuple, | reco'nnu par tous les^au.tres gouverne'ments | et 'mem.bre de la socié'té des Na'tions | parce que des géné-'raux | 'traîtresse leur 'peuple | ont lan.'cé contre 'lui des merce'naires de leurs légions étran.'gè-:res. ||
Les gouverne'ments | qui sou'tiennent les^in.sur'gés ou qui re'fusent^au gouverne'ment lé'gal | tous les mo'yens d(e) se dé'fenrdre, f ne comprennent-ils 'pas | que la 'hache qu'ils laissent le'ver sur le 'peuple d'Es'pagne | retom.be'ra de'main sur leur 'tête. ||
Que di'rait 'Lon:dres, | si de'main, | mena'cée par^un soulève'ment d(e) son^em.'piire, [ds5n.pi:r] elle vo'yait l'Eu'rope | 'faire le 'vide autour 'd'elle et fournir de's^4armes aux révol'tés ? ||
Par quel so'phisme | an.tidémocra'tique et an.tifran.-
'çais | en^est-on v(e)'nu chez 'nous, | en 'Franrce, | а vouloir faire pa.'sser sous la même 'toise neutrali'sanite | le gouverne'ment lé'gal du 'peuple d'Es'pagne | et les sou-'dards îac'tieux | dont l'impu'den.ce o.se profé'rer [o.z
profe're] leurs me'naces meurtrières [mærtri'jerr ] non seulement contre leur 'peuple, | mais contre le 'nôitre | et qui prétend écra.'ser dans tout l'occi'dent les démocra'ties. ||
Antoine de Saint-Exupé'ry ||
La terre de's'^hommes ||
Pré'face \\
La 'terre nousx~xen'^4a'pprend plus 'long sur 'nous | que tous les 'livres. || Parce qu'elle nous ré'siste. || 'L'homme se
dé'couvre | quand il se me'sure avec l'obs'tacle. || Mais,
pour l'a'ttein:dre, | il lui faut^un^ou'til. || II lui faut^un ra'bot, | ou une cha'rrue. || Le pay'san, dans son la'bou:r, | a'rrache peu^^а 'peu quelques se'crets а la na'tuire, | et la véri'té qu'il dé'gage est^univer'selle. || De 'même l'a'vion,
| l'ou'til des 'lignes^aé'riennes, | 'mêle 'l'homme а tous
les vieux pro'blèmes. ||
J'ai tou'jours, devant le's^yeux, | Ti'mage de ma première 'nuit de 'vol en^Argen'tine, | une nuit 'som:bre | oщ
251
scintillaient 'seules, || comme des^é'toiles, | les rares lu-'mières é'parses dans la 'plaine. ||
Cha'cune signa'lait, | dans cet^océ'an de té'nèbres, | le mi'racle d'une con/scien:ce. || Dans ce îo'yer, | on li'sait, | on réfléchissait, | on poursui'vait des confi'demces. || Dans
ce't^au.tre, peu't-être, | on cherchait а son.'der l'es'pace, |
on s'u'sait^en cal'culs sur la nébu'leu.se d'An.dro-'mède. || 'Lа | on^ai'mait. || De loin en 'loin | luisaient [Iqi-'ze] ces 'feux dans la cam.'pagne qui récla'maient leur "nou-rri'tuire. || Jusqu'aux plus dis'crets, | ce'lui du po'ète, | de l'ins"titu'teu:r, | du "charpen.'tier. || Mais parmi ces | é'toi-les vi'vanites, | "com.bien de fe'nêtres îer'mées, | "com.-bien d'é'toiles^é'teinites, | "com.bien 'd'hommes^4endormis... ||
II faut bien ten.'ter de se re'joimdre [ræswsidr]. || II
faut bien^essa'yer de communi'quer'^avec quelque's-uns de ces 'feux | qui 'brûlent de loin en 'loin dans la cam.'pagne, tl
Antoine de Saint-Exupé'ry ||
Le p(e)tit 'prinrce ||
(interprété par G. Philipe et G. Poujouly)
J'ai "vécu 'seul, | sans per'sonne avec 'qui par'ler véri-
table'ment, | jusqu'а une 'panne dans le dé'sert du Saha-'ra, | il y a si'x^ans. || Quelque 'cho.se s'était ca.'ssé dans mon mo'teu:r. || Et comme je n'a'vais avec 'moi ni mécani-'cien, ni passa'gers, | je m(e) prépa'rai а essa'yer [ese'je] d(e) réu'ssir, tout 'seul, ] une répara'tion diffi'cile. || C'était pour 'moi une ques'tion de 'vie ou 'd(e) mo:rt. || J'a'vais а 'peine de 'l'eau а 'boire pour^huit 'jou:rs. ||
Le "premier 'soi:r | je me suis donc^en.dor'mi sur le 'sa:ble | а mille 'milles de toute 'terre habi'tée. || J'étais
bien plus^iso'lé qu'un nau.fra'gé sur^,un ra'deau au milieu de l'océ'an. || A'iors vous^imagi'nez ma sur'pri:se, | au l(e)ver du 'jou:r, | quand^une drô.le de p(e)tite 'voix m'a réve'illé. ||
— S'il vous 'plaît... | dessine-'moi un mou'ton ! || [de-sin'mwa ]
252
1
I
'Hein ! ||
'Dessine-'moi un mou'ton... ||
J'ai sau.'té sur mes 'pieds comme si j'avais = été fra'ppé par la 'foudre. || J'ai bien îro'tté me's^yeux. || J'ai bien r(e)gar'dé. || Et j'ai 'vu un petit bo'nhomme | tout а
fait extraordi'naiire | qui m(e) con.sidé'rait gra'v(e)ment. || II ne sem.'blait ni éga'ré, | ni 'mort de 'faim, | ni 'mort de fa-
'tigue, | ni 'mort de'soif, | ni'mort de 'peu:r. || II n'avait en
'rien l'appa'ren.ce d'un en.'fant per'du au milieu du dé'seirt, | а mille 'milles de toute ré'gion habi'tée. ||
'Mais... | qu'est-ce que tu fais 'lа ? ||
S'il vous 'plaît... | dessine-'moi un mou'ton... || [de-sin-'mwa].
Quand l(e) mys'tère est trop im.pressio'nnant, | onn'o.se 'pas dé"sobé'i:r. || Aussi a'bs:urde que c(e)la me sem.'blt, | je sor'tis de ma 'poche une feuille de pa'pier, | un stylo-
' graphe [stib'graf] | et je dessi'nai. || [desi'ne] II regar'da atten.ti'v(e)ment. ||
— 'Non ! || Celui-'lа est déjа très ma'lade. || Fai's7nu'n^au:tre. ||
Je dessi'nai un^au.tre mou'ton. || [desi'ne]
— Tu vois 'bien... || ce n'est pas = un mou'ton, | c'est^un bé'lier. | Il^a des 'cornes... ||
Je refis 'donc^en.'core mon de'ssin. || [ds'ss]
— Celui-'lа est trop 'vieux. || Je 'veux un mou'ton qui'vive lon.g'temps. ||
J'avais 'h.te de commen.'cer le démon.'tage de mon mo'teu:r, | je griffo'nnai une 'caisse, | avec trois 'trous d'aéra'tion, et lan.'çai : ||
Ça, c'est la 'caisse. || Le mou'ton qu(e) tu 'veux estde'dans. ||
C'est tout^а 'fait comme 'ça que je l(e) vou'lais I ||Crois-'tu qu'il 'faille beaucoup 'd'herbe а ce mou'ton? Il
Pour'quoi ? || —'
Parce que chez 'moi c'est tout pe'tit... ||
Ça suffi'ra sûre'ment. || J(e) t'ai do'nné un tout p(e)-tit mou'ton. ||
— Pas si 'p(e)tit qu(e) 'ça... || 'Tiens 1 | II s'est^en.dor-'mi... ||
Et c'est^ain.'si qu(e) je fis la connai'ssan.ce du p(e)tit 'prinrce. ||
253
Il me fallut lon/gtemps pour com/pren.dre d'oщ il ve-'nait. || Le p(e)tit 'primce, | qui me po/sait beaucoup d(e) questions, | ne sem.blait ja'mais en.'ten.dre les 'miennes. j| Ce sont des 'mots pronon/cés par^ha'saird | 'qui, peu а 'peu, m'ont tout révé'lé. || Ain.'si, | quand^il^,aper'çut pour la première 'fois mon^a'vion : ||
Qu'est-ce que 'c'est qu(e) cette cho.se-'lа ? ||
Ce n'est pas = une 'choise. || Ça 'vole. || C'est^un^a'vion. || C'est "mon^a'vion. ||
— Com'ment ! || tu es tom.'bé du 'ciel ? ||- 'Oui. ||
'Ah : ! 1 'ça c'est 'droite... || A'iors, toi au.'ssi tu'viens du 'ciel 1 || De quelle pla'nète es-'tu ? ||
Tu viens 'donc d'une au.tre plan'ète ? ||
C'est 'vrai qu(e), lа-de'ssus—[la 'dsyl, tu n(e) peuxpas ve'nir de bien 'loin... ||
Et 'toi, | 'd'oщ viens-'tu, mon p(e)tit bo'nhomme ? ||Hein ? || 'Oщ est-ce « chez 'toi » ? || 'Oщ veux-'tu em.por'termon mou'ton ? ||
C(e) qui est 'bien, | avec la 'caisse que tu m'as do-'nnée, j c'est qu(e) la 'nuit, | 'ça lui servi'ra d(e) mai'son. ||
Bien 'sû:r. || Et si tu es gen'til, | je te donn(e)'raiau/ssi une 'corde pour l'atta'cher pen.dant l(e) 'jouir. || Etun pi'quet. ||
"L'atta'cher? || Quelle drô.le d'i'dée ! ||
Mais si tu n(e) "l'attaches 'pas, | il^,ira n'im.por'te
^,oщ, | et il se per'dra... ||
Mais oщ veux-'tu qu'i'l aille ? ||
Mais n'im.por'te oщ. || 'Droit d(e)vant 'lui... ||
Ça n(e) fait 'rien, | c'est "tellement p(e)tit, chez 'moi ! ||'Droit d(e)vant 'soi || on n(e) peut pas = a'iler bien 'loin... ||
* *
J'avais^ain.si a'ppris une 'cho.se très^im.por'tamte : || C'est que sa pla'nète [planet] d'ori'gine était^а "peine
plus 'gran.de qu'une mai'son ! Ц
au
Tu
254
n'avais^eu lon/gtemps pouf distrac'tion que la dou'ceuf des couchers d(e) so'leil. j| Id so'lej ]
J'aime 'bien les couchers d(e) so'leil. || [d so'lej]Allons 'voir^un coucher d(e) so'leil... || [d so'lej Г
'Mais | il faut=a'ttemdre... ||
A'tten.dre 'quoi ? ||
A'tten.dre qu(e) le so'leil se 'couche. ||
— Je m(e) 'crois tou'jours chez 'moi ! ||En^e'fîette'fs]. || Quand^il^est mi'di aux^Etats-^
U'nis, | le so'leil, | tout l(e) 'mon.de le 'sait, | se 'couche sur la 'Fran:ce. || II suîfi'rait de pouvoir^a'ller en 'Fran.ce en^une mi'nute | pour^,assis'ter au coucher d(e) so'leil. || [d so'lej] Malheureu.se'ment [malær0.'zmd] la 'Fran.ce est bien trop^éloi'gnée. || Mais, sur ta "si petite pla'nète, | il te suffisait de ti'rer ta 'chaise de quelques 'pas. | Et tu regar'dais l(e) crépus'cule chaque 'fois que tu l(e) dési'rais... ||
Un 'jouir, | j'ai vu l(e) so'leil se cou'cher "quaran.te-trois 'fois 1 |i Tu'sais... quand^on^est "tellement 'triste |o'n^aime les couchers d(e) so'leil... || [d so'lej]
Le 'jour des quaran.te-trois 'fois | tu étais donc tellement 'triste ? ||
Le cin.quième 'jouir | j'étais très^occu'pé а essa'yer [ese'je] de dévis'ser unbou'lon trop se'rré d(e) mon mo'teuir. || J'étais très sou'cieux l car ma 'panne commen.çait d(e) m'appa'raître comme très 'graive, | et 'l'eau а 'boire qui s'épui'sait [sepyi'ze] me faisait 'crain.dre le 'piire. ||
Un mou'ton, | ça 'man.ge les^ar'bustes ? ||- 'Oui. ||
Et les 'fleuirs ? ||
Un mou'ton | 'man.ge tout c(e) qu'il ren/conitre. ||
'Même les 'fleurs qui ont des^é'pines ? ||
"Même les 'fleurs qui ont des^é'pines. ||
A'iors les^é'pines, | а 'quoi serven't-elles ? ||
Les^é'pimes, | а quoi serven't-elles ? || [serv'tel]
Les^é'pines, | ça n(e) sert а 'rien, || c'est d(e) la
pure médian.'c(e)té d(e) la part des 'fleuirs ! ||
— 'Ah: ! || Je n(e) te crois 'pas ! || Les 'fleurs sont 'faibles. || Elles sont na'ïives. || Elles se ra'ssurent "comme elles
255
ep
mes...
Et tu 'crois, | 'toi, | que les 'fleu:rs... ||
Mais 'non ! || Mais 'non ! Je ne crois 'rien : ! Il J'airépon.'du n'im.porte'quoi: || Jem'o'ccupe, l'moi, | d(e) 'cho.-ses sé'rieu:ses 1 || [d 'Jo.z se'rj0:z]
De 'cho.ses sé'rieu-ses ! || [dæ 'Joz.se'r0j:z]
'Oui. ||
Tu 'parles comme les gran.des personnes ! || Tu "con.-fonds 'tout... || tu "mélan.ges 'tout I || [ty теШ.ç 'tu]
Je co'nnais une pla'nète oщ il y a un Mon'sieur cfamoi'si. ||
II n'a j:amais respi'ré une 'fleu:r. || II n'a j:amais regar'dé une é'toile. || II n'a j:amais ai'mé [e'me] per'sonne. || II n'a
jamais rien fait 'd'aut(re) que des^addi'tions. || Et toute la jour'née | il ré'pète comme 'toi: || « Je suis^un^homme sé'rieux 1 || Je suis^un^homme sé'rieux 1 » || et 'ça l(e) fait g:on'fler d'or'gueil. || Mais c(e) n'est pas^u'n^homme, | c'est un ch:am.pi'gnon ! ||
Un 'quoi ? ||
Un ch:ampi'gnon 1 ||
Il y a des "millions d'a'nnées qu(e) les 'fleurs fa'bri-quent des^é'pines. || II y a des "millions d'a'nnées qu(e)les mou'tons | 'man.gent quand 'même les 'fleu:rs. || Et c(e)n'est pas sé'rieux | de chercher а com.'pren.dre pour'quoielles se donnent tant d(e) 'mal | pour se fabri'quer des^é'pi-nes qui ne servent jamais а 'rien ? || C(e) n'est passim.-por'tant | la 'guerre des mou'tons et des 'fleu:rs ? || C(e) n'estpas plus sé'rieux et plus^im.por'tant j qu(e) les^addi'tionsd'un gros Monsieur 'rou:ge ? || Et si j(e) con'nais, | 'moi, |une 'fleur^u'nique^au 'mon:de, | 'qui n'existe nulle 'part,sau.f dans ma pla'nète, | et qu'un p(e)tit mou'ton peut=anéan.'tir d'un seul 'coup, | comme 'ça, | un ma'tin, | sanss(e) ren.d(re) 'com.pte de c(e) qu'il 'fait, | c(e) n'est pas^im.portant 'ça ! ||
— Si quelqu'un 'aime "une 'fleur | qui n'e'xiste qu'аun^exem.'plaire dans les millions et les millions d'é'toiles, |ça su'ffit pour qu'il soit heu'reux quand^il la 'r(e)garde. ||II se 'dit: || "Ma 'fleur^est 'lа | quelque 'pa:rt... || Mais sil(e) mou'ton | 'man.ge la 'fleu:r, | c'est pour 'lui comme si,brusque'ment, | toutes les^é'toiles s'étei'gnaient 1 ц Et c(e)n'est passim.portant 'ça 1 |
La 'nuit était torn.'bée. || J'avais l/ché mes^ou'tils. || Je me moquais 'bien de mon mar'teau, | d(e) mon bou'lon, j
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de la 'soif_et d(e) la 'mo:rt. || II y avait, suranné é'toile, |
une pla'nète, | la 'mienne, | la 'Te:rre, | un p(e)tit 'prin.-ce а con.so'ler ! || Je l(e) 'pris dans les 'bras. || Je l(e) ber-
'çais. || Je lui di'sais : || La 'fleur que tu 'aimes n'est pas=en dan.'ger... || Je lui dessin(e)'rai une muse'lièire, | а ton mou'ton ... || J(e) te [3 tæ] dessin(e)'rai une ar'mure pour
ta 'fleu:r ... || Je... Je n(e) savais pas 'trop quoi 'di:re. || Je m(e) sen.'tais très mala'droit. || Je n(e) sa'vais comment l'a'ttein:dre, | oщ le re'join:dre... || C'est tellement mysté-'rieux, | le pa'ys des 'larmes. ||
Jules Re'na:rd