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§ 134. La répartition de l'énoncé en syntagmes, unités phonétiques, relève donc en premier lieu du sens de l'énoncé et repose sur la syntaxe de la phrase. Soit cette proposition. —

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C'est moi, \ Merlin. || La phrase est répartie en deux syn-tagmes aux tons différents, elle renferme une apposition exprimée par le nom propre Merlin déterminant le pronom moi de la première partie. L'équivalent de cette phrase : C'est moi, ici Merlin. Par contre, la même combinaison de mots peut constituer un seul syntagme vu sa fonction syn­taxique de prédicat nominal : C'est moi Merlin. Son équiva­lent sémantique : Merlin, c'est moi.

Il faut tenir compte de plusieurs faits dans la division de la chaîne parlée en syntagmes : de Tordre des mots (un complément circonstanciel précédant le sujet se comporte autrement que lorsqu'il suit le prédicat), du volume des termes de proposition (un terme développé constitue le plus souvent, а l'opposé d'un terme simple, un syntagme а part) ; du volume de la proposition — différents termes pouvant s'insérer entre les termes essentiels de la proposition, etc.

La répartition en syntagmes dépend également du style et du but de l'énoncé. Elle offre de grandes ressources pour un speaker, un orateur, un acteur désireux de mettre en relief les nuances les plus variées d'une idée quelconque. Voilа pourquoi il arrive а celui qui parle de varier la répar­tition du texte en syntagmes, soit cette phrase qui peut être divisée comme suit :

La première fois, \ ce fut un gant, \ et c'était grave par ce froid. \\

La première fois, ce fut un gant, \ et c'était grave par ce froid. ||

La première fois, \\ ce fut un gant, \ et c'était grave \ par ce froid. ||

§ 135. En sa qualité d'unité phonétique, le syntagme a ses caractéristiques particulières : l'accent (1), le ton ou la mélodie (2), la pause (3), l'enchaînement (4), la longueur rythmique (5).

1. Un syntagme peut coïncider avec un groupe accen-tuel — II écrivait. Partons vite. Il peut néanmoins en com­prendre plusieurs. — Nous partirons de bonne 'heure. Il écri'vait dans son cahier 'rouge.

L'accent syntagmique * qui affecte le dernier groupe ac-centuel du syntagme est plus proéminant que les accents des autres groupes accentuels précédant le dernier. Il cons-

1 On emploie le terme «syntagmique» au sens phonétique du mot pour le distinguer de l'adjectif « syntagmatique » employé en linguistique générale au sens grammatical du mot.

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titue une des marques phonétiques capitales du syntagme.

C'est а L. Scerba que nous devons la théorie des diffé­rents degrés d'accentuation française, utilisés pour déli­miter, dans la phrase, des groupements de différente valeur sémantique ou grammaticale.

A la différence du français, l'accent syntagmique du russe frappe le mot — noyau sémantique du syntagme qui n'est pas forcément le dernier. Le ton du mot accentué monte brus­quement, tandis que les éléments qui précèdent ou suivent le mot portant l'accent syntagmique se prononcent sur un ton plus bas. *

2. Ce qui caractérise tout particulièrement le syntagmec'est le mouvement musical. On énonce tout syntagme avecune mélodie caractéristique.

La limite du syntagme est marquée toujours par un chan­gement de ton plus ou moins considérable. Notre ouïe per­çoit souvent а tort ce changement de ton comme une pause (voir § 136).

3. Le syntagme peut avoir а la fin une pause quoiqu'ellene soit pas obligatoire. L'essentiel, c'est qu'а l'intérieurdu syntagme elle ne se fait jamais.

Le terme « groupe de souffle » donné au syntagme par P. Passy met en relief le caractère physiologique de cette unité, le besoin de renouveler la provision d'air dans les poumons, et, par conséquent, de faire une pause. 2 La dési­gnation est sujette а critique. Primo, ce n'est pas le besoin de reprendre haleine qui détermine la répartition de la phrase en syntagmes. C'est le sens de l'énoncé qui nous impose la division en syntagmes. Quand il arrive aux sujets parlants de négliger le sens et de faire des pauses physiologiques qui ne correspondent pas aux unités logiques, ils altèrent par lа le sens, voire disent des non-sens. Témoin cette phrase en­tendue lors d'une émission pour enfants а la radio, sur le peintre Gartmann déguisé en fée Carabosse а un bal mas­qué pour enfants (dans cet exemple les barres verticales marquent les pauses) :

Баба яга \ бûстрî бежала î се стîрîнû, \ раçметая ïеред сîбîé дîрîгу бîльшèм ïîмелîм.

1 Е. А. Брûçгунîа. Ïраêтèчесêая ôîнетèêа è èнтîнацèя рус­сêîгî яçûêа. МГУ, М., 1953, стр. 187.

2 «Les sons du français». P., 1913. Néanmoins, P. Passy a égale­ment en vue le sens de renoncé: «un groupe de souffle correspond аl'expression d'une idée simple; autrement dit, а une phrase élémentaire»,§68.

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En voici un autre exemple contenant une fausse coupure du texte, tiré cette fois-ci du français :

Papa et maman de Paul retiraient toutes choses des mal­les... \ des chapeaux de paille de maman énormes \ et recouverts d'un petit jardin (pourtant il s'agissait de chapeaux énormes /)

Secundo, la pause qui fait cesser le souffle n'est pas de rigueur а la limite du syntagme. Nous donnons ci-dessous un vers de La Fontaine que J. Tarneaud x partage en trois parties (double barre verticale), trois groupes de souffle après lesquels on renouvelle la provision d'air dans les pou­mons, alors que le nombre de syntagmes y est plus grand (ils sont marqués par des traits d'union) :

Le moindre vent qui d'aventure

Fait rider la face de Veau

Vous oblige а baisser la tête ; || —

Cependant que mon front, au Caucase pareil,

Non content d'arrêter les rayons du soleil,

Brave l'effort de la tempête. — || —

Les pauses sont des arrêts de la voix, dans le débit, plus ou moins prolongés. Elles sont susceptibles de séparer les syntagmes. Elles ne sont pas pour autant obligatoires. Leur durée est différente, elle dépend des rapports syntaxiques et des relations de sens qui existent entre différents syntag­mes d'une même phrase.

La phrase ci-dessous comporte plusieurs pauses de diffé­rentes valeurs :

Vos deux lèvres s'allongent \ 2 comme si vous faisiez la moue : \ l d'oщ vient \ 3 que si vous la voulez faire а quelqu'un \ 3 et vous moquer de lui, \ 2 vous ne sauriez lui dire que \\ U \\ °. (Molière, d'après un phonogramme ).

A la fin de la phrase, la pause est la plus longue (°), celle du milieu (1) est plus brève. La pause marquée d'un (2) est encore moins longue, celle qui porte le numéro (3) est faculta­tive, donc minimale.

Les signes de ponctuation, а l'exception de la virgule, marquent généralement les pauses, quelques-uns d'entre eux

1 «Traité pratique de phonologie et de phoniatrie». P., 1941.

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indiquent également la mélodie (point d'interrogation, point d'exclamation, points de suspension, etc.). On ne suit pas, toutefois, sans réserve la ponctuation. En interprétant, on y met souvent du sien. Il arrive même que le point qui sépare les deux phrases ne comporte pas la pause finale (°) en raison des rapports syntaxiques qui constituent un lien étroit entre les deux unités. A titre d'exemple on peut citer ce texte en­registré par P. Fresnay, oщ la pause entre deux propositions est relativement brève (2) :

Se croire souverain de son destin. \ 2 Et soudain rencon­trer, au détour du chemin, les cavaliers de l'Apocalyp­se. || ° (R. Rolland ) ^rapport d'annexion syn­taxique.

Qu'ils disparaissent ensemble, lampes par le soleil ! \ 2

Ils m'empêchent de le voir. \\ ° (R. Rolland). Il s'agit ici du rapport de cause а effet, tout comme dans la phrase suivante :

Ce n'est pas un mouton, \ 3 c'est un bélier. \ 2 II a des cornes. || ° (A. de Saint-Exupéry)

Les pauses, leur nombre et leur durée, dépendent égale­ment du rythme, de la phrase. Une phrase а rythme accéléré comporte des pauses moins longues. Ce qui compte encore dans la répartition et la durée des pauses, c'est l'intention de celui qui parle.

Une pause peut servir de moyen phonologique ce qui est plutôt le cas des langues а flexion et а ordre de mots libre. Surtout lorsque, la flexion coïncidant, cela peut prêter а des équivoques. Ainsi, la pro­position qui suit comporte deux pauses différentes suivant le sens de l'énoncé : Êаê удèèлè егî слîа \ брата. Êаê удèèлè егî \ слîа брата. Tandis que la phrase suivante n'admet qu'une seule répartition: Êаê ïîраçèлè егî слîа \ сестру.

4. Il y a encore un indice de la limite syntagmique —c'est l'absence de l'enchaînement qui généralement ne sefait pas d'un syntagme а un autre, alors qu'а l'intérieurdu syntagme il est obligatoire :

  • Ce livre étaif~^une^,arme, \ une des^armes les plus^^efficaces de l'intelligence française en guerre. \\

  • Un vieux, coq \ adroit et matois. \\

  • Ce loup rencontre un dogue \ aussi puissant que beau. \\

5. La dernière syllabe du syntagme peut comporter unecaractéristique quantitative. C'est que la longueur rythmi-

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que se manifeste sous l'accent du dernier groupe accentuel de chaque syntagme et non pas, comme le ferait pressentir le terme « longueur rythmique », dans chaque groupe accen­tuel. A comparer : Le docteur (81 ms.) est venu (156 ms.) ? | Qu'est-ce qu'a dit le docteur (290 ms.) ? || Le docteur (200 ms.)| n'est-il pas venu (87 ms.) ? l || Dans la première phrase, le mot docteur se trouve а la fin du groupe accentuel au mi­lieu du syntagme. La durée de la voyelle devant [r] ne dé­passe pas la durée de n'importe quelle voyelle portant l'ac­cent, mais qui n'est pas syntagmique. Par contre dans les deux phrases qui suivent, le mot docteur est а la fin du syn­tagme— porteur d'un accent syntagmique qui allonge con­sidérablement la voyelle accentuée.

La longueur historique se comporte de même а peu de choses près. Témoins ces deux exemples : Pourquoi demandes (150 ms)-tu ça ? cf. Toutes vos confidences (250 ms.) ? ||

II existe encore un indice, de caractère négatif, qui mar­que la fin du syntagme : le e instable n'est jamais restitué а la limite de deux syntagmes (excepté le vers classique toutefois et ceci au milieu du vers), alors qu'il lui arrive d'être prononcé en style solennel а la fin du groupe accen­tuel а l'intérieur du syntagme. Par exemple — M. le sous-préfet a mis son bel habit brodé, \ son petit claqu(e), \ sa eu-lott(e) collante а bandes d'argent. || (d'après un disque)

§ 136. Dans le style soigné non affectif du français, la répartition en syntagmes dépend beaucoup plus des rapports syntaxiques entre les mots qu'en russe, vu l'ordre direct des mots en français. Voilа pourquoi, bien que la théorie du syntagme ne soit qu'esquissée, nous essayons de donner ci-dessous quelques principes de répartition de la phrase en syntagmes. Comme le mouvement musical de la phrase est étudié dans le chapitre suivant, nous nous bornons а indi­quer ci-dessous seulement les limites et le contenu des syn­tagmes. 2

1 D'après les données de B. M*. Ïè на е а. Èнтîнацèя îïрîсèтель­нûх ïредлîженèé î ôранцуçсêîм яçûêе. «Ученûе çаïèсêè I МГÏÈÈЯ»,т. 18, 1960. Voir également l'ouvrage de: T. Б. Ганцêая. Èнтîнацè­îнная îрганèçацèя ïîестîательнîé ôраçû î ôранцуçсêîм яçûêе (см.бèблèîграôèю); Î. А. Амèрбеêî. Î рèтмèчесêîé дîлгîте сîре­меннîм ôранцуçсêîм яçûêе. «Ученûе çаïèсêè АÏÈ яçûêî èм.М. Ô. Ахундîа». Серèя ôèлîлîгèчесêèх науê, ûï. 15, 1964.

2 Les barres verticales indiquent les limites des syntagmes, les barresdoubles marquent la fin de la phrase.

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I

1. Le sujet et le prédicat qui sont exprimés par un subs­tantif et un verbe dans une phrase non développée consti­tuent généralement un seul syntagme dont la fin coïncide avec celle de la phrase : Papa arrive. \\ Ma sæur est partie. \\ Les digues craquent. \\

Le sujet et le prédicat formant chacun un groupe syn­taxique en raison de nombreux compléments et déterminants qui les accompagnent, constituent deux syntagmes différents : ...oщ le cæur apaisé \ regarde а la fois naître et finir les cha­grins et les joies. \\ L'immense trésor de la nature \ passe а travers nos doigts. \\ (R. Rolland)

II suffit d'ailleurs qu'un seul terme soit développé pour qu'il y ait deux syntagmes différents si toutefois le sujet n'est pas un pronom personnel : La nature \ rentre par une fissure. || Mon ami \ revient dans trois jours. \\

2. Un complément circonstanciel, parfois un complément indirect, au début de la proposition, précédant le sujet, constitue toujours un syntagme а part :

Comme une succession d'étages, \ il embrassait l'ensemble de sa vie. \\ De temps en temps, \ un génie, en con­tact passager avec la terre, \ aperçoit brusquement le torrent du réel. \\ Alors \ elle recommence а cimen­ter sa cellule... \\ Mais quelques minutes après ces beaux discours, \ il chercha, en ttonnant, une des feuilles de papier... \\ (R. Rolland)

Mais parmi les étoiles vivantes, \\ combien de fenêtres fermées... \\ Mais vers les derniers jours \ je perdais la mémoire. \\ A chaque arrêt \ je m'appauvrissais... \\ Mais pour l'atteindre, \ il lui faut un outil. (A. de Saint-Exupéry)

3. Toute proposition subordonnée précédant la principale aussi bien que les tours participes au début de la phrase for­ment chacun un syntagme, séparé du reste de la phrase par une pause. Parfois, fort rarement d'ailleurs, la pause ne se fait pas :

Dut-il m'anéantir, \ je veux entendre le tonnerre de la voix. || Lorsqu'il s'aperçut de sa contradiction, \ il sourit. || (R. Rolland). Rentrant du fond de la Patagonie, \ je rejoignis le pilote Deley а Mendoza. \\ Quand tu glissais, \ tu devais te redresser vite. \\ A pei­ne closes, ces paupières miraculeuses, \ il n'était plus ni coups ni chutes... \\ L'été venu, \ on le retrouva. \\

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(A. de Saint-Exupéry) Caché derrière la haie, \ le loup surveillait les abords de la maison. \\ (M. Aymé)

4. Les propositions faisant partie d'une phrase complexe telles que la principale, les subordonnées qui la suivent, les propositions juxtaposées, les coordonnées, constituent généralement chacune un syntagme а part :

Les idées le frappaient, par éclairs, \ en quelque lieu qu'il fût. || Lorsqu'il s'aperçut de sa contradiction, \ il sourit \ et il dit : Je suis un ingrat, \ je te congé­die. || Je ne t'ai jamais trahie, \ tu ne m'as jamais trahi, | nous sommes sûrs l'un de l'autre. \\ Et Chris­tophe comprenait son bonheur ; | mais il en était agacé а pleurer. \\ (R. Rolland)

Néanmoins il y a des cas particuliers а relever. Vu le caractère syntaxique de la transitivité des verbes en fran­çais, les propositions complétives forment souvent un même syntagme avec la principale. Si toutefois il s'y forme deux syntagmes différents, la pause ne se fait pas au cas oщ la principale contient seulement un sujet-pronom et un prédi­cat :

H sentit qu'il devenait aussi étranger а son æuvre \ qu'а lui-même. \\ Ceux qui l'ont vu partir \ ont dit qu'il n'arriverait point. || (R. Rolland)

Les propositions relatives determinatives font générale­ment partie du même syntagme que leur antécédent (elles ne se séparent pas du mot qu'elles déterminent par une vir­gule) :

Et l'étau qui serrait sa poitrine haletante, \ et le délire tumultueux des images qui heurtaient sa tête brûlan­te, | lui rappelaient qu'il restait la dernière étape. \\ II avait sa vision nette \ non seulement du peu qu'il avait fait, \ mais de la destruction qui guette toute la musique moderne. \\ L'intelligence humaine veut prendre Veau qui coule, \ dans les mailles d'un filet. \\ (R. Rolland)

Par contre, les relatives explicatives qui ne font qu'ajou­ter а l'antécédent quelque détail non indispensable consti­tuent toujours un syntagme а part du même genre que l'in­cise. La virgule sépare la subordonnée de ce qui précède :

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Derrière la falaise, \ qui dresse sa noire façade, \ le soleil invisible monte dans un ciel d'or. \\ Nos construc­tions sonores, \ ou chantent nos passions, \ seront des tempêtes vides, \ s'écrouleront dans l'oubli... \\ De temps en temps, \ un génie, \ en contact passager avec la terre, j aperçoit brusquement le torrent du réel, \ qui déborde les cadres de l'art. || (R. Rolland)

5. Les termes multiples (similaires) de la proposition,quelle que soit la fonction qu'ils assument, coïncident cha­cun avec un syntagme, а cette exception près, toutefois,que les deux derniers reliés par la conjonction et, dans re­muneration, forment un seul syntagme. Il leur arrive mêmed'être unis par la liaison si les termes n'ont ni déterminants,ni compléments :

// marche, \ le dos courbé, \ les yeux, droit devant lui, \ fixés sur la rive obscure... \ La plénitude de l'art, \ le zénith de la vie. \\ Afin, quand les labeurs, \ les semailles, \ la moisson, \ quand le dur et beau labeur sera achevé, d'avoir gagné le droit de se reposer... \\

Et l'ont suivi longtemps leurs railleries et leurs rires... \\ Ou... | le passé, \ le présent, \ l'avenir se tiennent par la main. || (R. Rolland)

Les syllabes initiales du syntagme contenant 1'enumera­tion de termes simples sont souvent affectées d'un accent supplémentaire :

"Honte, | "chagrins, \ "amertumes \ révélaient а présent leur mystérieuse mission. || (R. Rolland)

6. Le groupe du déterminant prédicatif est généralementséparé du déterminé quand celui-lа comporte ses proprescompléments et déterminatifs :

Ces chants ont abouti au poème \ long de plus de quatre mille vers. \ ...puis partir seuls, le lendemain ma-tin, pour la plage \ chère а leurs cæurs oщ ils s'étaient connus et aimés. \ (G. de Maupassant) — Nous saluons la mémoire d'un enfant du pays \ mort pour la France. \\ (P. G a m a r r a )

7. L'apposition forme généralement un syntagme а part.Au cas oщ elle comporte plusieurs mots, une pause la séparedu reste de la phrase. Si l'apposition ne contient qu'un seulmot, la pause n'a pas lieu :

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14 Шèгаресêая H. A.

Il y a avait, sur ne étoile \ une planète, \ la mienne, \ la Terre, \ un petit prince а consoler. || (A. de Saint-Exupéry)

Vautre jour, j'ai vu votre ami \ Monsieur X. \\

8. Les mots mis en apostrophe au début de la phraseconstituent un syntagme а part, séparé du reste de la phrasepar une pause :

0 ma vieille compagne, \ ma musique \ tu es meilleure que moi. || (R. R î 1 1 a n d )

Par contre, une apostrophe insérée dans le texte ou bien а.la fin de la phrase, en tant que syntagme ne se caractérise que par un ton spécial et un accent sur la dernière syllabe, la pause ne la séparant pas des mots précédents malgré la virgule :

J'ai vu ton ami, \ Marthe. \\

II lui arrive même de faire partie du syntagme précédent dans le style familier :

Oui, Annette, \ c'est moi. \\ C'est tant que vous en

voudrez, Annette. \\ Merci, p'pa. || (J. Renard)

9. Les différentes parties de la phrase segmentée conte­nant la reprise ou l'anticipation forment chacune un syntagmeа part. Le premier élément, dans les phrases avec reprise,que ce soit un complément ou un sujet, comporte le plussouvent une pause а la limite :

Un mouton, \ ça mange les arbustes ? ... || Les épines, \\ça ne sert а rien. || (A. de Saint-Exupéry) —Ton ami, \ je l'ai vu partir. \\

Au cas de l'anticipation le plus souvent les deux syhtag-mes n'ont d'autre séparation qu'un changement de ton, la pause n'y est pas de rigueur. Si toutefois la pause a lieu, elle est minime :

Et si je connais, \ moi, | une fleur unique au monde... \\Et ce n'est pas important \ ça ? || Je lui dessineraiune muselière, \ а ton mouton. \\ (A. de Saint-Exupéry)

10. Un autre moyen de mise en relief — l'emploi destours c'est ... qui, que ; ce que... c'est — contribue а séparerdu reste de la phrase le syntagme renfermant les mots misen relief. La pause n'est pas de rigueur :

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(A. de Saint-

Ce qui sauve, \ c'est faire un pas. E x u p é r y )

11. Un élément intercalé coupe généralement la phrase en deux. Néanmoins, il existe différentes variétés de syntagmes.

Une incise constituant une coordonnée ou une juxtaposée a sa mélodie indépendante. Le syntagme est séparé des élé­ments précédents et suivants de la phrase par des pauses :

Quand il est midi aux Etats-Unis, \ le soleil, \ tout le monde le sait, \ se couche sur la France. \\ Ce que j'ai fait, \ je te le jure, \ jamais aucune bête ne l'au­rait fait. || (A. de Saint-Exupéry)

II arrive au complément circonstanciel de lieu de s'in­tercaler entre le sujet et le prédicat ou bien entre le prédi­cat et son complément. Alors il forme un syntagme а part et suit la mélodie de l'incise (voir § 145). Il est parfois sus­ceptible de faire partie du syntagme précédent si celui-ci renferme le prédicat :

Chacune signalait, \ dans cet océan de ténèbres, \ le miracle d'une conscience. \\ (A. de Saint-Exupéry)

Ou bien —

le mira-

Chacune signalait, dans cet océan de ténèbres, clé d'une conscience. \\

12. L'affirmation et la négation commençant une phrase constituent toujours un syntagme а part :

Non, | pas aujourd'hui. \\ Oui, \ je serai lа demain matin. || Certainement, \ nous viendrons ensemble. \\ Pas du tout, | je ne l'ai pas vu. \\