Добавил:
Upload Опубликованный материал нарушает ваши авторские права? Сообщите нам.
Вуз: Предмет: Файл:
Шигаревская.doc
Скачиваний:
173
Добавлен:
04.03.2016
Размер:
16.82 Mб
Скачать

§ 98. D'après le degré de l'assimilation on distingue l'assimilation partielle et l'assimila­tion totale. C'est la première qui est familière а la langue française.

L'assimilation partielle, dans les consonnes, affecte une des caractéristiques du phonème : le plus souvent c'est la sonorité. Il y a lieu de distinguer deux cas de modification consonantique en français : а l'intérieur du mot (1) et а la limite des mots dans la chaîne parlée (2).

1. A l'intérieur du mot, ce phénomène articulatoire se manifeste ordinairement а la frontière des anciens préfixes latins ob-, ab-, sub-, sortis de l'usage en latin vulgaire, et du radical. Ces combinaisons sont perçues comme des unités morphologiques et phonétiques depuis le passage du latin au roman, l'assimilation les a déjа affectées en latin. C'est un fait de tradition — obtempérer [optdpe're], absoudre [ap'sudr ] obscur bps'kyiK], obséder [opse'de], absolu [apso'ly], sub­conscient [sypkS/sj]. La première consonne s'est assimilée а la seconde au point de vue de la sonorité et de la force arti­culatoire : consonne sonore douce [b ] a passé а [p ] — con­sonne sourde forte. Dans ces conditions, il s'agit de l'assimi­lation sur le plan diachronique. Quant а l'état synchronique du français, le phénomène doit être interprêté tout autre­ment. Il s'agit plutôt de l'alternance b/p dans les préfixes en partie désuets: [ob-, ab-, syb-] devant une consonne sonore et [эр-, ар-, syp-1 devant une consonne sourde: [э'Ûэ — a'bnypt — sybdivi'ze] et [opssK've — apsoK'be — sypsti'tqe]. Une alternance pareille caractérise les combinaisons de consonnes en russe suivant la loi qui veut qu'une consonne-bruit sonore ne se réalise que devant une sonore, et une sour­de n'apparaît que devant une autre consonne-bruit sourd.

Dans les composés а préfixes productifs (vivants) tels que dis-, trans-, dans d'autres mots oщ les groupes de conson-

1J. Marouzeau. Lexique de la terminologie linguistique. P., 1951. Voir «Accommodation».

144

1 P. Passy. Les sons du français. P., 1913, § 235.

10 Шèгарееêая H. A.

145

nés apparaissent en raison de la chute du e instable, l'assi­milation en français revêt un caractère particulier.

Il importe de tenir compte du caractère particulier des consonnes dans lesquelles la sonorité se combine généralement avec un aspect spécifique de tension musculaire : toute sonore se prononce avec une tension affaiblie, c'est une douce. Par contre, une consonne sourde exige une grande tension mus­culaire, c'est une forte (voir § 58).

En français, l'assimilation affecte la sonorité de la con­sonne sans modifier considérablement le degré de sa force articulatoire. Soit, dans le mot disgrce, le [s] sourd et fort devient sonore par assimilation tout en gardant son caractère de consonne forte, ce qui l'oppose а la consonne douce [zl même après l'assimilation. Il s'agit donc d'une variante sonore de la consonne douce [s] —disgrce [dis'gra:s], transborder [trdsbor'de], disjoindre [dis'swлrdr ], transgresser [tmsgrs'se], etc.

Ce caractère particulier de l'assimilation en français est dû au rôle immense que joue la tension musculaire dans l'ar­ticulation française.

2. A la rencontre des mots, dans la chaîne parlée, le phé­nomène est le même. Devant une consonne initiale « sourde-forte » du deuxième mot, la consonne finale « sonore-douce » du mot précédent devient sourde sans cesser d'être une dou­ce :

une robe sale, une bande claire de lumière, une aube splen-dide, un dogue formidable, une case sombre, un vase fêlé, une cave profonde.

Un Français distingue nettement les deux groupes accen-tuels suivants : Je viens t(e) parler Je viens d(é) par 1er.(P. P a s s y)

Devant une consonne initiale « sonore-douce », la conson­ne finale « sourde-forte » du mot précédent devient sonore tout en restant une consonne forte :

deux nattes blondes, une faute bête, un sac déchiré, une cape° blanche, une passe dangereuse, un æuf dur.

î î î

Le professeur Scerba disait, а juste titre, qu'il vaut mieux, pour les Russes, ne pas assimiler en parlant français, puis-qu'en russe, comme dans beaucoup d'autres langues ce phé­nomène articulatoire affecte la sonorité et le degré de for­ce articulatoire а la fois, une sourde-forte [k ] se transformant en raison de l'assimilation en une sonore-douce [g].

146

L'assimilation affectant une sourde en contact avec une sonore se fait en russe, а la différence du français, au mi* lieu du mot aussi bien qu'а la rencontre des mots qui ne sont pas séparés par une pause. * Citons quelques exemples : çуê гîрна [zvug 'gorm,], êîт деда [kod d'ed-ь].

Il y a lieu de noter que les sonantes n'ont pas de force assimilante : slave, ruiss(e)ler, слаа, etc.

Parmi les consonnes sonores, la consonne labio-dentale [v] fait exception а la règle. Comme en russe, elle n'est pas assimilante. Ceci est dû а son origine (elle provient d'une sonante bilabiate) : svelte, décevoir, сîбîда, сет, etc. Néanmoins en français parlé actuel on prononce souvent ['svelt], [des'vwatr], etc.

Vraiment, belle maman, pour une femme de bon sens, vous me décevez [de-'sve]. (Anouilh, « L'alouette »)

L'a ssimilation totale modifie le point d'ar­ticulation de la première consonne, l'identifiant avec celle qui suit. Elle affecte toutes les caractéristiques du phonème. Dans les mots russes сжечь ['ssetj* ], сшèть ['ЦûГ Ь 'а СÎÏ7 sonne prélinguale а un foyer [s] conforme son timbre а celui de la consonne prélinguale а deux foyers, qu'elle précède, et devient également une consonne а deux foyers Ц—ç]. Cette espèce de modification n'existe pas en français littérai­re. Toutefois, elle a lieu en français populaire, témoin cette phrase : [J:e'pa] je sais pas.2

§ 99. L'a ccommodation s'effectue lorsqu'il y a contact des sons de nature différente, des consonnes et des voyelles (voir § 96). L'accommodation par anticipation se manifeste dans l'articulation des consonnes françaises suivies de voyelles. Celles-ci transfèrent aux consonnes quelques-uns de leurs traits particuliers ; par exemple, le caractère labialisé communiqué а n'importe quelle consonne—tu [ty], du [dy], cause [ko:z], fou [fui, le caractère palatalise ou mouil­lé— du [d'y], site [s'it], le caractère avancé adjoint aune consonne postlinguale—gare [gain], cure [ky:K], etc.

1 Notons toutefois que les phonéticiens qualifient cette modificationnon pas d'assimilation, mais d'alternance. Voir : M. . Ïанî. Руссêаяôîнетèêа, M., 1967, стр. 23.

2 L'exemple présente un cas particulier de l'assimilation complexe,régressive et partielle au début, et progressive et totale par la suite:

[3~se 'pa] > [Tst 'pa] > [f:e 'pa].10* 147

A la différence du russe, l'accommodation en français se fait généralement d'une voyelle а une consonne. C'est la con­sonne qui subit l'influence de la voyelle, celle-ci jouant le rôle déterminant dans la chaîne parlée. Au contact d'une consonne la voyelle est donc toujours un son accommodant (assimilant) et la consonne un son accommodé (assimilé). En russe, par contre, la faculté accommodante dans les consonnes est plus grande, ce qui n'exclut pas d'ailleurs la faculté ac­commodante des voyelles. Ainsi, dans le mot мама les deux [a] se labialisent et se nasalisent au contact du [m] — [mudmud].

L'accommodation en français est essentiellement régres­sive. Le russe connaît l'accommodation régressive et l'accom­modation progressive. Les voyelles russes [a, o, y, e] de­viennent sous l'influence des consonnes mouillées plus anté­rieures (au point de vue acoustique, plus hautes) : ряд [r'ad], теê [t'ok], люê [l'uk]1, etc.

Par l'effet d'une accommodation double, une consonne intervocalique sourde peut devenir sonore. Les voyelles en­vironnantes se prononçant avec vibration des cordes vocales, celles-ci ne cessent pas de vibrer au cours de l'articulation de la consonne intervocalique. Le [s] latin devenu sonore en position intervocalique en latin vulgaire ou bien а l'épo­que de la formation de l'ancien français en est une preuve éclatante : ['rosa]>['ro:z], [ra'sare]>[ra'ze].

En français actuel il n'y a que le mot second (avec ses dérivés) et les mots а x intervocalique précédé du e qui su­bissent cette accommodation double : second [sæ'gô]>[zg5],

«— «—•

examen [egza'ms], exorbitant [egzorbi'td], etc.