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Problématique de la traduction économique et fi...doc
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L'intérêt des métonymies dans la traduction économique et financière

La métonymie, processus linguistique fondé sur le rapprochement mental qu'opère l'utilisateur d'une langue entre deux objets ou phénomènes par association d'idées (l'expression « boire un verre », par exemple, constitue une métonymie en ce sens que l'on fait passer le contenant pour le contenu), est une arme précieuse dans l'arsenal syntaxique du traducteur de textes économiques et financiers. Cette technique va en effet lui permettre, dans certains cas, d'utiliser une figure de style pour désigner un pays, une monnaie, etc., dont il ne souhaite pas, pour une raison ou pour une autre, utiliser le nom usuel.

Le traducteur utilisera en fait surtout cette technique pour éviter les répétitions (présentes dans le texte source) dans sa traduction. Ainsi, dans « The US dollar should continue to perform well as the domestic economy is robust. However, Federal Reserve action to tighten monetary policy will impact the direction of the US dollar », la répétition de « US dollar » n'est pas très heureuse et le traducteur aura tout intérêt à l'éliminer dans le texte cible. C'est en utilisant « le billet vert », métonymie connue de tous qui met l'accent sur la caractéristique la plus évidente du dollar comme objet, qu'il y parviendra : « Le dollar américain devrait continuer à bien se comporter compte tenu du dynamisme de l'économie nationale. L'évolution à plus long terme du billet vert dépendra toutefois du tour de vis que la Réserve fédérale décidera ou non de donner à sa politique monétaire ». De la même façon, et pour rester dans les monnaies, le traducteur pourra préférer la « monnaie unique » à « l'euro » en cas de risque de répétition de ce dernier terme (la presse spécialisée n'hésite pas elle-même parfois à évoquer « la monnaie de Sa Majesté » en parlant de la livre sterling).

Outre les monnaies, les pays et les régions font eux aussi l'objet d'appellations « alternatives » qui sont bien utiles au traducteur, à condition toutefois que leur utilisation soit entourée de certaines précautions. Dans un texte concernant la situation économique du Japon, par exemple, on pourra éventuellement évoquer « le pays du Soleil levant » ou « l'Archipel » pour ne pas trop se répéter. Pour éviter de trop parler de l'Europe, on pourra employer « le Vieux Continent ». En parlant des états-Unis, on pourra utiliser « l'Oncle Sam », à condition, bien entendu, que l'esprit du texte s'y prête et que son style soit suffisamment familier. Il ne faut en effet pas oublier la coloration que peuvent prendre ces figures de style et les connotations qui s'y rattachent parfois. La « perfide Albion », par exemple, expression dans laquelle chacun reconnaît l'Angleterre, est une métonymie dont la connotation péjorative et/ou humoristique justifie que son emploi soit reservé à une catégorie bien particulière de textes.

Les métonymies, si elles constituent donc un outil très utile pour le traducteur, devront ainsi être utilisées avec un certain discernement, sans jamais perdre de vue le contexte. Si les expressions évoquées ci-dessus concernent des pays ou des monnaies, il ne faut pas pour autant oublier celles qui existent dans le domaine de la politique, de l'administration, de la publicité, etc. Salim Jamal [7] cite ainsi notamment « La Maison Blanche » ou « Washington » pour le gouvernement américain, le « Quai d'Orsay » pour le Ministère des affaires étrangères, « Matignon » pour le Palais du Premier Ministre, liste à laquelle on pourrait ajouter « Bercy », en référence au Ministère de l'économie et des Finances. Les mêmes expressions (cf. « the White House »), ou des expressions de même nature, existent bien sûr en anglais, à l'image de « the Old Lady of Threadneedle Street », métonymie qui renvoie non sans un certain humour à la Banque d'Angleterre. Avant de traduire les métonymies anglaises, il faudra d'abord s'interroger sur leur degré de popularité parmi le lectorat-cible. En effet, l'expression « la vieille dame de Threadneedle Street », par exemple, est sans doute moins connue que « le billet vert », ce qui justifiera qu'on la remplace par « la Banque d'Angleterre », le référent direct, compréhensible de tous, sauf, bien sûr, s'il s'agit de traduire un article de presse qui contient les deux appellations. Dans tous les cas, il faudra éviter d'employer une métonymie si l'on n'a pas, au préalable, eu recours au moins une fois au nom usuel auquel elle se substitue (voir plus haut l'utilité des métonymies en cas de répétition). Ce principe trouve notamment son application dans la presse spécialisée, où les rédacteurs prennent toujours soin de poser des « jalons » avant d'employer une tournure imagée : « La forme olympique de la livre, qui (...) ne laisse pas la Banque d'Angleterre indifférente, s'explique par le renouveau des anticipations de durcissement monétaire (...). La vieille dame de Threadneedle Street, qui a déjà relevé ses taux à quatre reprises depuis septembre, pourrait donner un nouveau tour de vis dès son conseil mensuel de début mai... » (La Tribune du 26 avril 2000).

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