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Problématique de la traduction économique et financière

Typologie de la langue économique et financière

Pour un débiteur sans le sou, toutes les ardoises sont des tuiles (André Billy)

Il suffit de lire quelques articles de presse pour s'apercevoir que la langue économique et financière est en même temps une langue « vivante », dotée d'une personnalité à part entière, et une langue très technique. Vivante, la langue économique l'est assurément, à l'image des expressions suivantes, extraites de l'article de Salim Jamal intitulé « Mécanisme de la terminologie économique et politique » [1] : « marché en pleine euphorie », « le marché joue au yo-yo », « le dollar se redresse, se relève, dégringole », autant d'expressions qui permettent une réelle personnification de l'économie. La presse économique est en effet un peu le théâtre d'une « sitcom », où les couples se font et se défont, engendrent des descendants, se fâchent puis se réconcilient. A propos de l'OPE de Carrefour sur Promodès, La Vie Financière a ainsi évoqué le « bal des prétendants « ; d'autres formules sont tout aussi symptomatiques de cette volonté d'humaniser l'économie : « le marché spécule sur un mariage d'amour », « une SSII belle à croquer », « la future mariée est de plus en plus belle », « le titre a tout pour séduire ». Cependant, les textes économiques regorgent également de termes techniques, qui en rendent la lecture très délicate pour le profane. En effet, si les journalistes économiques, qui s'adressent au plus grand nombre, ont une obligation de vulgarisation, ils ne peuvent faire état des derniers développements de l'économie sans avoir recours à une terminologie spécialisée et souvent opaque pour les non-initiés. Sous l'effet du développement fulgurant d'Internet et de la Bourse en ligne, un réel effort de communication a été consenti pour permettre au grand public de mieux comprendre les termes les plus courants de la langue économique. Il existe ainsi de nombreux sites Internet de vulgarisation qui permettent au « retail investor » (« petit investisseur ») de mieux appréhender les réalités du monde économique d'aujourd'hui. Le lecteur de textes économiques est donc moins démuni qu'hier mais il lui restera difficile d'en saisir toutes les subtilités s'il ne bénéficie pas d'une connaissance approfondie du domaine.

La langue économique et financière, parce qu'elle rend compte d'une réalité en constante évolution, est par ailleurs génératrice de nombreux néologismes : on entend ainsi parler depuis quelque temps déjà de la « nouvelle économie », de la « net économie », ou des « dot.com companies » (ou « sociétés point com »), ces sociétés qui bâtissent leur succès autour de la Toile. Dans certains cas, les journalistes économiques font également appel au bagage cognitif global du lecteur en détournant certains dictons ou certaines formules consacrées : « Quand Tibco Software va, Reuters va... », par exemple, est un clin d'œil manifeste à « Quand le bâtiment va, tout va « ; « Tout corps plongé dans le CAC40 subit une pression de bas en haut » doit beaucoup au théorème d'Archimède, etc.

Comme le note fort justement Gérard Ilg dans son article « Le traducteur de langue française à la tâche », « les économistes et les banquiers adorent filer les métaphores » [2]. La langue économique et financière emprunte en effet à de très nombreux registres et a ainsi largement recours au vocabulaire martial (percée sur le front du chômage, veillée d'armes, camper sur ses positions, retraite prudente des investisseurs, colmater les brèches), médical (rechute des cours, traitement de choc, marché en pleine convalescence), ou météorologique (avis de tempête sur les marchés, chute du baromètre, raz-de-marée, embellie/accalmie, etc). Les techniques ne sont pas en reste, le marché étant souvent assimilé à une voiture (tomber en panne, mécanisme grippé, tour de manivelle, courroie de transmission, remettre les gaz), pas plus que le domaine de la navigation (coup de tabac, perdre le nord, prendre l'eau, avoir le vent en poupe, maintenir le cap, lâcher du lest, maintenir à flot, régime de croisière).

Il est enfin à noter que la langue économique a également souvent recours aux jeux de mots : « Michel Bon reste fidèle à sa ligne » (M. Bon étant, au moment où paraît l'article dont cette phrase est extraite, le PDG de France Télécom), « La France a la cote à l'étranger » (par rapport à la cote d'un titre), « Il n'y a pas qu'à Komodo qu'on trouve des warrants » (extrait d'une publicité pour une société de Bourse en ligne, allusion étant faite au Dragon de Komodo, le plus grand des varans des îles de la Sonde).

Si la langue économique a jusqu'ici été étudiée par le biais de la presse économique, il ne faut pas pour autant oublier les autres textes qui y ont recours : citons notamment les rapports annuels des entreprises et des établissements de crédit, les rapports des sociétés de notation, les études économiques, les rapports et communiqués des différentes banques centrales, les documents émis par les banques d'affaires (rapports adressés par les gestionnaires de portefeuille à leurs clients, par exemple), etc. Les rédacteurs de ces documents, qui ne sont pour leur part tenus à aucune obligation de vulgarisation, privilégient un style plus académique, plus détaché ; il s'agit en effet pour eux de rendre compte de la manière la plus neutre possible de leurs études, de leurs analyses, ou plus généralement, de la conjoncture. Aucun écart ne leur est donc permis et si les articles de la presse économique peuvent encore « passer » auprès du grand public, grâce notamment aux efforts de personnification que nous avons évoqués plus haut, le non-initié éprouvera sans doute quelque difficulté à appréhender par exemple les rapports émis par la Banque centrale européenne ou les autres grandes institutions financières.

Les deux exemples qui suivent, extraits respectivement d'un communiqué de presse de la Banque centrale européenne (en date du 4 janvier 2000) et de la « Synthèse de l'enquête mensuelle de conjoncture » (février 2000) de la Banque de France, sont tout à fait symptomatiques, dans le premier cas, du haut niveau de technicité que peuvent avoir les textes institutionnels, et dans le deuxième cas, de la neutralité observée par le rédacteur :

« La BCE a décidé d'effectuer, le 5 janvier 2000, une opération de réglage fin de retrait de liquidités, qui sera réglée le même jour et dont l'échéance est fixée au 12 janvier 2000. Cette opération revêtira la forme de reprises de liquidités en blanc et sera exécutée par voie d'appel d'offres rapide à taux variable ».

Commentaire : on constate, dans ce passage, la présence de plusieurs termes techniques (dont « opération de réglage fin de retrait de liquidités »), dont le sens échappera sans doute au non-spécialiste.

« La demande globale s'est nettement raffermie. Sur le marché intérieur, le dynamisme du secteur automobile s'est accentué, tandis que les secteurs dépendant du bâtiment ont enregistré un surcroît de commandes, lié aux réparations des dommages causés par les intempéries de la fin de l'année 1999. À l'exportation, la bonne tenue des marchés européens et américains s'ajoute au redressement de la demande en provenance des pays d'Asie ».

Commentaire : dans cet article, où l'on constate l'absence de métaphores et de termes colorés, le rédacteur se contente de rapporter des faits incontestables, sans porter un quelconque jugement de valeur ni exprimer son avis.

Enfin, signalons qu'en matière économique, comme dans tous les domaines, le politiquement correct est actuellement de rigueur, comme le prouve l'expression « actionnaire individuel », censée remplacer l'ancien « petit porteur », jugé par d'aucuns quelque peu péjoratif (on aurait aussi pu citer « demandeur d'emploi » pour « chômeur », etc.).

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