9. Système phonologique des voyelles Corrélation de la bialisation et de profondeur d'articulation

Les premières remarques sur la phonologie du français présentéés par A. Martinet datent de 1933 et la première description complète du système de phonèmes français , celle de G.Gougenheim, fait jour en 1935. Il en résulte que les phonèmes français présentent un système dynamique qui, d’une part, a des zones de grande stabilité et, d’autre part, montre des cas de divergeances.

Dans la description des oppositions vocaliques du français il faut tenir compte de quatre différentiels: le degré d’aperture, la profondeur d’articulation, la labialization et la nasalization. Ce sont des oppositions qualitatives.

Le système vocalique du français est traditionnellement chémalisé sous la forme d’un trapèse vocalique . Les différents niveaux indiquent les dégrés d’élevation de la langue.

Les voyelles opposées par la profondeur d’articulation forment la corrélation voyelles antérieures – voyelles postérieures. La majorité des oppositions entre les voyelles antérieures et les voyelles postérieures sont stables c.a.d. maintenues par tous les sujets dans toutes les positions possibles. Il s’agit, par exemple, des oppositions /y/-/u/ - pur-pour , /Ø/-/o/ feu –faux, /oe/-/o відкрите/ - peur – port, etc. Une place à part est occupée par l’opposition entre le /a/ antérieur et le /α/ postérieur, l’opposition qui par la diversité de son comportement fonctionnel pose beaucoup de problèmes devant les linguistes et les usagers de la langue française.

Le trait de labialisation est d’une grande importance pour le phonétisme du français car il se trouve à la base des oppositions entre les voyelles labiales (non-arrondies) qui se manifestent par une stabilité parfaite dans leur réalisation sauf l’opposition /ỡe/ - /e nasal/.

10. Statut phonologique du [ə] instable.

Le terme « instable », « caduc » s’explique par le fait que le [ə] peut tomber : Je sais, J’sais. Le [ə] final dans un mot est nommé muet, mais il peut être prononcé selon l’entourage phonique: Ouvre! Ouvre donc la porte ! Les anciens grammaires le nommaient encore E feminine parce qu’il distinguait le féminin du masculin: aimé – aimée.

En français moderne la prononciation de la consonne finale eas conditionnée par le E muet de fin de mot: pote – pot.

La prononciation du [ə] instable différe selon les régions. Ce son peut se trouver devant une consonne redoublée, le S, pour éviter la pronunciation sonore Z, comme dans « ressentir, ressembler » etc. Ce son se trouve dans les mots ave l’ancienne orthographe, tels que : « monsieur, faisan, faisant, faisait ».

Le status de cette voyelle peut être caractérisé par:

1. le [ə] instable constitue un phonème qui trouve sa place dans le système vocalique du français:

2. [ə] instable n’ast pas considéré comme un phonème à part.

3. [ə] instable jouit d’un statut particulier dans la phonologie du français.

Parmi les linguistes qui considèrent le [ə] instable comme un phonème indépendant on trouve G.Straka ; K.Togeby ; L.Scerba. Pour l’indification du [ə] instable on cite les oppositions du type ne –noeud , je –jeu. La a voyelle [ə] se trouve généralement inaccentuée, alors que les phonèmes /oe/ /Ø/ dans les mots comme noeud ;jeu portent un accent.

La réalisation du [ə] est donc considérée comme one voyelle neutre ou centrale avec un timbre un peu délabialisé proche du [ε]. L’apparition de telle ou telle variante du [ə] instable est conditionnée en grande partie par le contexte et sa position par rapport à l’accent.

K.Barychnikova pense que le [ə] instable constitue une unité à part dans le système phonologique du français en vertu de sa réalisation phonétique et son fonctionnement bien particulier.

Le [ə] instable a les fonctions suivants: prosodique ; délimitative  et stylistique alors que la fonction distinctive reste marginale pour cette voyelle.