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Международные организации (франц).doc
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«Le sous-développement est une atteinte aux droits de l’homme»

L: Quelle place l’ONU accorde-t-elle aux droits de l’homme ?

SH: L’ONU est la première organisation internationale qui s’est donné comme valeur de base non seulement la paix ou la sécurité, mais aussi le respect de droits de l’Homme. Plus précisement, la charte de San Francisco (1945) évoque les droits de l’Homme et les libertés fondamentales.

Cela signifie que ces droits ne sont pas seulement ceux des citoyens appartenant aux états qui ont accepté ou ratifié la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948. C’est une donnée de base de l’humanité. Ce qui implique que la communauté internationale à l’obligation de veiller à leur respect partout dans le monde, quel que soit pays concerné. Aujourd’hui, toute violation grave des droits de l’Homme est aussitôt portée à l’attention de la communauté mondiale et fait l’objet de délibérations au sein des Nations Unies.

L: Certes, l’information passe, mais comment faire respecter concrètement les droits de l’Homme dans le monde ?

SH : Pourquoi les Nations Unies ne mettent-elles pas un terme aux violations des droits de l’Homme ? La Charte comporte un paradoxe fondamental : le paragraphe 7 de son article 2 indique que les Etats membres sont souverains. Par conséquent, leurs affaires intérieures ne regardent pas la communauté internationale. Cette partie du texte est en opposition diamétrale avec l’article 65, dans lequel les Nations Unies se proposent de protéger et de promouvoir partout les droits de l’Homme.

Pour autant la situation a beaucoup évolué depuis les origines. En particulier à partir de 1990, quand le gouvernement de Saddam Hussein a agi avec une brutalité terrible contre les Kurdes de l’est de l’Irak. La communauté internationale, poussée par deux Français, Michel Rocard, alors Premier ministre, et Bernard Kouchner, secrétaire d’Etat à l’Action humanitaire, a imposé ce que l’on a d’abord appelé le «droit d’ingérence» et ensuite, plus modestement, le «devoir d’assistance aux victimes». Pour la première fois, la conscience mondiale a obtenu du Conseil du Sécurité l’envoi d’une force aérienne sur place qui a empêché le gouvernement irakien d’intervenir dans la partie orientale du pays.

Plus tard, des tribunaux internationaux ont été instaurés : l’un pour la Yougoslavie, l’autre pour le Rwanda. Ils ont reçu du Conseil de Sécurité et de l’Assamblée générale des Nations Unies l’autorité nécessaire pour faire passer en jugement des chefs d’Etat, ou de grands responsables militaires ou politiques qui se sont rendus coupables de violation systématique des droits de l’Homme, pour les incupaltions suivantes : génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité.

Enfin, en 1999, à Rome, a été créée une Cour pénale internationale, qui, cette fois, a une compétence mondiale, et non plus régionale. Une telle instance aurait permis de juger Augusto Pinochet si ses crimes avaient été postérieurs à la création de cette cour.

L: Quelle étape l’ONU doit-elle franchir pour améliorer la défense des droits de l’Homme ?

SH: Parmis les grandes nations industrielles, la France a été la seule à soutenir le droit au développement, sans lequel pourtant la démocracie n’est pas viable. Pour rendre effectifs les droits de l’Homme, les Nations Unies doivent mettre impérativement un terme au sous-développement et а la misère. C’est pourquoi, comme Jacques Delors ou Mikhail Gorbatchev, je propose la création d’un Conseil de sécurité économique, social et culturel qui aurait la même capacité de décision que le Conseil de sécurité actuel. Cet organe serait comme un G8 mais élargi. Il regrouperait les grands Etats du Nord et du Sud, ainsi que les pays ayant la population la plus nombreuse. Il serait chargé, notamment, de promouvoir simultainément le développement, la démocratie et les droits de l’Homme (parce qu’ils sont intimement liés). Son rôle serait d’inciter, enfin, au respect des normes fixées et de veiller à l’application des programmes d’action.

Entretien avec Stéphane Hessel, ancien ambassadeur de France

auprès des Nations Unies, au magasin international «Label »