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économies-monde 2012élève.doc
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  1. Les acteurs

Les économistes évoquent alors une « globalisation » de l’économie mondiale dont les FMN et les marchés financiers (les flux de capitaux s’intensifiant dans des proportions exponentielles : en 1970, les IDE, Investissements Directs à l’Étranger, représentaient 25 milliards de $, en 1990 200 milliards de $, en 2009 1 700 milliards de $) sont les acteurs principaux.

Les États semblent dépassés.

G8, G20

Pendant les années 1990, les États-Unis sont encore les grands vainqueurs de cette ouverture croissante de l’économie mondiale :

  • règles du capitalisme adoptées dans le monde entier (même la Chine théoriquement communiste adopte l’économie de marché)

  • le dollar est plus que jamais la monnaie de référence des échanges internationaux,

  • l’American way of life se diffusent partout dans le monde.

Cependant, les années 2000 sont une décennie difficile :

  • attentats du 11 septembre 2001,

  • guerres ruineuses et difficiles en Afghanistan (depuis 2001) et en Irak (depuis 2003),

  • crise financière apparue en 2007

L’économie américaine semble fragilisée mais les États-Unis restent la « superpuissance », voir l’ « hyperpuissance » planétaire.

  1. Les espaces, les lieux

Cet affaiblissement relatif a permis l’émergence d’autres pôles de puissance dans le monde (voir carte) 

  • l’Europe qui, grâce aux progrès de la construction européenne, est devenue le premier pôle économique mondial (son PIB est légèrement supérieur à celui des États-Unis et 6 des 10 plus grands exportateurs dans le monde sont membres de l’UE)

  • le Japon qui, malgré ses limites (territoire exigu et difficile) et ses fragilités (système politique en crise permanente, accidents naturels, accident nucléaire de Fukushima) demeure un pôle important de l’économie mondiale

Triade

  • surtout les pays émergents et notamment les plus importants d’entre eux, surnommés les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) mais aussi les NPIA (Nouveaux Pays Industrialisés d’Asie : Taiwan, Singapour, Corée du sud…) ou encore les pays pétroliers (Arabie Saoudite, Qatar, Oman, Koweït…) qui ont su valoriser leurs atouts importants (territoires généreux, ressources naturelles abondantes, main d’œuvre importante et peu chère…) pour entamer une démarche de développement qui leur permet de connaitre des taux de croissance spectaculaires, de progresser au classement des puissances économiques mondiales (la Chine occupe le 2nd rang depuis 2010, reléguant le Japon à la 3ème place) et d’investir de plus en plus massivement partout dans le monde, faisant progresser leur influence économique … (ex la Chine qui détient une partie de la dette des E.U. )

Désormais, l’économie est profondément mondialisée mais, contrairement aux périodes précédentes, sans qu’un État ou une région ne soit seule à l’origine de l’essentiel des flux : c’est l’« économie monde » multipolaire. D’ailleurs, le traditionnel G 8, regroupant les 8 grandes puissances économiques traditionnelles (États-Unis, Canada, France, Grande Bretagne, Italie, Allemagne, Japon, Russie) tend à voir son importance décliner au profit du G 20, élargi aux puissances économiques émergentes (Afrique du sud, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du sud, Inde, Indonésie, Mexique, Turquie + Union Européenne).

Cependant, certains pays en développement (PED) profitent inégalement de la mondialisation comme les PMA, Pays les Moins Avancés, principalement situés en Afrique subsaharienne, ou les pays en situation intermédiaire.

Londres, cœur de l’économie-monde britannique à la fin du XIXe siècle étude de doc du manuel

Cette étude permet de manière concrète de décrire ce qu’est le centre d’une économie-monde : son organisation et ses liens avec les espaces qu’il domine.

Le Londres du XIXe siècle concentre ainsi un certain nombre d’attributs :

son poids démographique et son rôle de capitale politique

Londres est également située dans le pays berceau de la révolution industrielle et constitue ainsi le lieu d’innovations urbaines qui vont inspirer le reste du monde (première Exposition universelle en 1851).

Grand centre industriel, elle est également la première métropole à se tertiariser.

La Bourse de Londres créée en 1801 et le quartier de la City qui regroupent grandes banques et compagnies d’assurances permettent ainsi à Londres de rester la principale place financière mondiale jusqu’en 1914.

vocation maritime de la ville : le port de Londres reste le premier du monde pendant tout le XIXe siècle.

Approfondissement, commentaires et réponses aux questions des dossiers du manuel

Document 1 : Londres, une place financière majeure.

La Grande-Bretagne est de loin le principal banquier du monde et la part des investissements britanniques par rapport au total mondial augmente sur la période. Quant aux institutions bancaires, il faut remarquer la prédominance des banques commerciales même si la part de l’Empire augmente : cette évolution va s’accélérer dans les années 1930 avec le repli protectionniste de la Grande-Bretagne sur la zone Sterling. Enfin, la Bourse de Londres apparaît de moins en moins tournée vers un capitalisme national et de plus en plus vers des investissements internationaux : les investissements s’orientent vers des projets plus rémunérateurs en dehors de l’industrie britannique.

Document 2 : La traite sur Londres, moyen de paiement international.

Ce texte est un extrait du magazine hebdomadaire The Economist. Ce journal, fondé en 1843 par un chapelier écossais James Wilson pour promouvoir l’abrogation des Corn Laws, est traditionnellement d’inspiration libérale, se veut apolitique et fournit des analyses économiques à un public relativement informé. Il s’agit ici justement d’expliquer le mécanisme de la traite commercial grâce à l’analyse d’un directeur de banque. Cette pratique n’est pas neuve puisqu’elle a été inventée au XIIe siècle par les commerçants italiens pour faciliter les transactions commerciales et éviter les transports de numéraires coûteux et aléatoires. Ce mécanisme est avant tout basé sur la confiance et renforce le poids de la banque d’Angleterre puisque c’est elle qui effectue les compensations entre les différentes traites qui lui sont soumises.

Document 3 : Les lieux de l’économie-monde britannique.

La carte de gauche met en valeur l’intrication des activités portuaires et financières au sein de l’agglomération londonienne. La carte de droite constitue un zoom de la précédente sur le quartier de la City. En observant l’échelle proposée, on constate l’extraordinaire concentration dans l’espace des activités financières, et l’espace gigantesque et toujours en essor occupé par les activités portuaires.

Document 4 : Londres, premier port mondial.

Ce document vise à montrer que le port de Londres constitue la principale porte d’entrée pour la Grande-Bretagne et qu’il se modernise grâce à toutes les innovations apportées successivement par la Première puis la Seconde Révolution Industrielle, et qui en font pendant longtemps le premier port mondial.

Document 5 : Déchargement de viande congelée d’un bateau britannique (1877).

La nécessité d’importer de la viande devient de plus en plus importante au XIXe siècle pour la Grande-Bretagne, en raison de l’accroissement du niveau de vie et car l’Angleterre se spécialise dans l’exportation de produits manufacturés et importe des produits agricoles (voir carte 1 p. 16). Le processus de congélation industrielle est mis au point par un ingénieur anglais, Jacob Perkins, et adapté pour la première fois sur un navire marchand en 1876. La photographie représente donc sans doute un des premiers arrivages de viande congelée à Londres, ce qui explique qu’on ait tenu à immortaliser ce moment. Le procédé va permettre à la Grande-Bretagne d’acheter de la viande à meilleur coût et de meilleure qualité, surtout en provenance d’Australie (pour les ovins) et d’Argentine (pour les bovins).

Réponses aux questions

1. On constate un accroissement des activités financières sur la place de Londres entre 1873 et 1913 : en effet la valeur des dépôts pour les banques londoniennes et la capitalisation boursière augmentent de manière spectaculaire.

Cet accroissement de l’activité est surtout dû aux transactions internationales : la part des investissements étrangers mondiaux détenus par la Grande-Bretagne passe de 35 à 41 %. Les Britanniques investissent ainsi de plus en plus à l’étranger et notamment dans leur empire colonial puisque la valeur des dépôts des grandes banques coloniale est multipliée par 8. Enfin, l’évolution des titres cotés à la Bourse de Londres va également dans le même sens. Alors qu’en 1873, les deux tiers étaient d’origine britanniques, en 1913, ils constituent moins de la moitié : la bourse de Londres est donc devenue une place internationale sur laquelle les investisseurs du monde entier interviennent.

2. La City garantit les traites commerciales : un moyen de paiement international entre un acheteur et un vendeur. Ce procédé donne une place centrale à la Banque d’Angleterre puisque c’est elle qui émet la traite (pour l’acheteur par l’intermédiaire de la Banque de Dundee) et la reçoit (pour le vendeur par l’intermédiaire de la Banque de Riga). Il suppose une confiance dans la Banque d’Angleterre puisque le vendeur de Riga accepte la traite sur Londres comme s’il s’agissait de monnaie classique. Nous sommes donc dans le cas de figure d’une monnaie basée sur la confiance : une monnaie fiduciaire. Cette confiance repose en théorie sur le stock d’or détenu par la Banque d’Angleterre. En fait, la confiance est surtout fondée sur la puissance économique de la Grande-Bretagne et donc de sa banque centrale.

3. À côté des grandes institutions comme le London Stock Exchange et la Banque d’Angleterre, on trouve dans le quartier de la City le siège des grandes banques et des grandes compagnies d’assurance parmi lesquelles se dégage la Lloyd’s, première firme pour l’assurance du transport maritime. C’est également là que sont fixés les prix des principales matières premières : la LME pour les métaux non ferreux et la LBM pour l’or et l’argent. On peut donc parler ainsi d’une concentration des fonctions de commandement pour les activités financières à l’échelle mondiale dans cette City de la fin du XIXe siècle.

4. Le port de Londres constitue la principale porte d’entrée et de sortie pour le transport maritime britannique. Pour faire face à l’accroissement de ce trafic, il est régulièrement agrandi et de nouveaux docks sont construits le long de la Tamise en direction de son estuaire. Il est en outre modernisé tout au long du XIXe siècle. Il est ainsi capable d’accueillir des navires à voile puis à vapeur et enfin à la fin du XIXe siècle, les grands transatlantiques à coque d’acier. Les infrastructures portuaires sont elles aussi améliorées : les docks sont reliés au chemin de fer, sont électrifiés dans les années 1880 et sont adaptés au conditionnement des marchandises les plus diverses comme par exemple les produits agricoles congelés.

Texte argumenté

Le statut de Londres reflète bien la domination britannique sur le monde entre 1850 et 1914. En effet, celle-ci est avant tout maritime et financière et ces deux activités sont concentrées de manière exceptionnelle dans la capitale de l’Empire britannique à la fin du XIXe siècle. Ainsi, le port de Londres est à l’époque le premier du monde : ses docks régulièrement agrandis le long des berges de la Tamise, accueillent des marchandises du monde entier et sont à la pointe de toutes les innovations de la révolution industrielle. Dès 1877, accostent ainsi à Londres les premiers navires frigorifiques. La domination de Londres est également financière. La Banque d’Angleterre qui a son siège dans le quartier d’affaires de la City, est l’intermédiaire obligé des transactions internationales grâce au système des traites commerciales. Les investisseurs de tous les pays, confiants dans la santé financière britannique, placent leurs avoirs à la Bourse de Londres. Les grandes compagnies d’assurances, telle la Lloyd’s, les grandes banques qui investissent notamment dans les projets de développement de l’Empire, voient leur activité s’accroître de manière spectaculaire. On peut dire ainsi que Londres, à la fin du XIXe siècle, commande l’économie mondiale et se trouve donc au cœur d’une économie-monde britannique.

New York, la ville mondiale

Cette étude vise avant tout à rendre concrète la définition d’une ville mondiale ou ville-monde, c’est-à-dire d’une ville qui exerce des fonctions de commandement à l’échelle mondiale. Cette étude se situe dans l’ordre chronologique entre celles consacrées à Londres et Shanghai, puisque New York ravit à Londres son statut de capitale économique mondiale avec la Première Guerre mondiale, avant de voir sa suprématie contestée par de nouvelles métropoles émergentes, notamment en Asie du Sud-Est, à partir des années 1980. Les documents proposés couvrent donc la période entre la Première Guerre mondiale et les années 1970, moment qui correspondrait à un âge d’or de la domination new-yorkaise sur le reste du monde. C’est en effet pendant les années 1920 et 1930 que sont construits les principaux gratte-ciel qui constituent encore la skyline de Manhattan. Lorsque se pose en 1945 la question du choix de cette nouvelle institution qu’est l’ONU, c’est tout naturellement le site de New York qui s’impose... il est essentiel de comprendre que si cette domination est à l’heure actuelle ébranlée, elle n’en perdure pas moins. New York reste un point majeur de commandement de l’organisation mondiale de l’économie comme en témoigne le poids financier que conserve sa bourse (voir doc. 1 p. 33). Il est ainsi emblématique que le concept de ville globale ait été proposé en 1991 par Saskia Sassen, une géographe de l’Université Columbia située à New York.

Document 1 : Manhattan, le cœur économique de New York dans les années 1930.

Cette photographie est une vue de Manhattan à partir de Brooklyn datée des années 1930. en s’aidant du doc. 5 on peut voir que l’on a seulement ici l’extrémité de la presqu’île. Ainsi, on ne distingue pas l’Empire State Building pourtant achevé en 1931. De même, les deux tours du World Trade Center sont absentes, car ce bâtiment aujourd’hui disparu date de 1973. On notera sur cette photographie l’intrication des activités portuaires et tertiaires (le parallèle est intéressant avec l’étude sur Londres) et la verticalisation de l’architecture urbaine.

Document 2 : L’évolution de la population de l’agglomération new- yorkaise.

La croissance démographique la plus spectaculaire de l’agglomération new- yorkaise se situe au XIXe siècle et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la métropole étant frappée ensuite par un mouvement de périurbanisation en direction notamment de l’État voisin du New Jersey. Cette augmentation s’explique surtout par l’apport migratoire : de 1892 à 1954, ce sont environ douze millions d’immigrants surtout en provenance d’Europe qui passent par le site d’Ellis Island.

Document 3 : « Le symbole de l’Amérique ».

Ce texte provient de l’antenne new-yorkaise de la Works Progress Administration. Cette administration publique, créée en 1935 dans le cadre du New Deal, est surtout connue pour avoir été l’organisme en charge de la politique des grands travaux qui visait à résorber le chômage massif de la Grande Dépression. Dans ce cadre, une expertise fut développée et des rapports étaient rédigés pour analyser le contexte économique local. La WPA fut ainsi à l’origine de nombreuses rénovations urbaines à New York.

Document 4 : Wall Street, première bourse du monde.

Cette photographie est une vue de la salle des marchés du New York Stock Exchange situé à Wall Street. En 1961, l’essentiel des transactions et des cotations se fait encore à la criée même si télescripteurs et calculateurs électro-mécaniques existent déjà. Les salles de marché deviennent entièrement informatisées à partir du début des années 1990.

Document 5 : Le tertiaire supérieur à New York (années 1970 et 1980).

Ce plan de la presqu’île de Manhattan présente la diversité des fonctions de commandement localisées dans l’hypercentre new-yorkais.

Réponses aux questions

1. Cette photographie met en scène des fonctions urbaines multiples. On distinguera tout d’abord la fonction portuaire avec le port de Brooklyn plus spécialisé dans le fret et le port de Manhattan qui, lui, est plus orienté vers le trafic de passagers. Ces deux ports se font face le long de l’East River. Le document montre également la présence des fonctions financières : bourse de Wall Street et sièges sociaux des grandes banques américaines. Enfin, il faut noter les fonctions de commandement de l’économie américaine puisque l’on trouve aussi bien les sièges sociaux d’entreprises industrielles (les compagnies pétrolières) que ceux d’entreprises liées au tertiaire (les magasins Woolworth). La concentration de ces activités de commandement se matérialise de manière symbolique dans une architecture très verticale à travers les gratte-ciel qui sont aussi des constructions de prestige (voir Histoire des Arts p. 34-35).

2. La puissance économique de New York en 1938 repose sur son activité portuaire : c’est le premier port des États-Unis pour l’importation et l’exportation des marchandises. New York est également un grand centre industriel et produit 8 % de la production industrielle américaine. Enfin, la ville est également un grand pôle financier grâce notamment au poids de sa bourse. New York est donc un pôle majeur de l’économie américaine et fonctionne comme une interface avec le reste du monde.

Les facteurs explicatifs de cette puissance sont tout d’abord sa position littorale et l’excellence de son port. Cela a permis à New York d’être pendant tout le XIXe siècle le principal point d’arrivée aux États-Unis des migrants venus d’Europe. Le développement industriel a été favorisé par les gisements de charbon des Appalaches et par la présence de voies d’eau pour acheminer cette matière première. Enfin, le dynamisme de la bourse de Wall Street a favorisé la concentration de banques et d’institutions financières à Manhattan.

3. La puissance financière de New York provient avant tout du commerce avec l’extérieur. L’essentiel des relations commerciales américaines avec le reste du monde passe par New York. Cette fonction d’interface commerciale a attiré les grandes entreprises américaines et beaucoup d’entre elles ont installé leur siège social à Manhattan. Enfin, cette situation de hub a favorisé le développement des grandes banques et des compagnies d’assurance et donné à la bourse de Wall Street un poids dominant, tout d’abord aux États-Unis, mais également dans le reste du monde.

4. Dans les années 1970 et 1980, New York conserve sa domination en opérant une reconversion de ses activités. Elle accentue tout d’abord sa primauté dans le secteur financier en créant par exemple le Nasdaq, une bourse parallèle pour les entreprises de haute technologie. Au niveau industriel, les activités de production quittent Manhattan. New York conserve en revanche la recherche et le développement liés aux institutions universitaires et à la technopole de la Silicon Alley. De même, si les usines quittent la ville, les sièges sociaux continuent à y être localisés. Enfin, parallèlement à cette désindustrialisation, la ville se tertiarise en développant ses fonctions commerciales et les activités liées à la culture : grands musées, sièges sociaux des grands groupes de communication comme Time Warner. La ville se veut ainsi attractive et veut drainer à elle touristes et cadres relevant du tertiaire supérieur. Elle continue enfin à être un grand centre de décision politique mondial en hébergeant notamment le siège des Nations unies.

Texte argumenté

De la Première Guerre mondiale aux années 1970, New York symbolise la domination économique américaine sur le reste du monde. C’est tout d’abord sa fonction portuaire qui favorise la ville et qui en fait la porte d’entrée des immigrants européens aux États-Unis, permettant ainsi à New York de connaître une exceptionnelle croissance démographique. Le port de New York est également une interface essentielle dans les relations commerciales qui relie les États-Unis au reste du monde et permet à la ville de devenir également un grand centre industriel. La bourse de Wall Street et la présence des sièges sociaux des grandes FTN américaines permettent enfin à New York de s’affirmer comme capitale financière mondiale, en particulier après le déclin britannique suite à la Première Guerre mondiale. Cette domination vient se matérialiser de manière symbolique dans la construction de gratte-ciel comme l’Empire State Building ou les tours du World Trade Center qui apparaissent comme le symbole de la modernité aux yeux du reste du monde. À partir des années 1970, à l’image de l’économie américaine dans son ensemble, New York connaît cependant un déclin relatif et entame une reconversion de ses activités : elle se désindustrialise et développe ses activités tertiaires et financières. Elle se voit cependant de plus en plus concurrencée par de nouvelles métropoles émergentes parmi lesquels on citera Shanghai.

Shanghai : de la concession à la ville-monde

Cette étude permet tout d’abord d’illustrer en un lieu symbolique les basculements de l’économie mondiale. Jusqu’en 1949, Shanghai est en effet le témoin d’une mondialisation subie par la Chine avec une présence européenne qui s’affirme à travers le système des concessions mis en place après le traité de Nankin qui met fin à la première guerre de l’opium et qui force l’ouverture du marché chinois au commerce européen. Shanghai à la fin du XIXe et au début du XXe siècle est donc un bon exemple de l’européanisation du monde. La ville va payer cher son caractère de vitrine du capitalisme occidental après la proclamation de la République populaire de Chine en 1949. Elle subit en effet les conséquences du Grand Bond en avant de 1958 à 1960 et de la Révolution culturelle à la fin des années 1960. Elle est tenue à l’écart du premier mouvement d’ouverture de la Chine à la fin des années 1970. Cependant, à partir de 1984 et sous l’impulsion de son nouveau maire, un certain Jiang Zemin (qui va devenir secrétaire général du parti communiste chinois après les événements de Tian’anmen), elle renoue de manière spectaculaire avec ses fonctions de porte d’entrée et de relais des investissements étrangers en Chine. Cependant, la mondialisation n’est cette fois plus subie mais pleinement assumée par la Chine, qui entend en faire le moteur de son développement et l’instrument privilégié de sa marche à la puissance.

Le deuxième objectif de l’étude est, à partir de ce nouveau contexte de la fin des années 1980 et du début des années 1990, de donner une approche concrète de la notion de ville-monde : Shanghai est en la matière un véritable laboratoire puisqu’elle se dote, les unes après les autres, des différentes fonctions qui lui permettent d’accéder au rang de métropole internationale : elle devient un hub portuaire et aéroportuaire, de grands aménagements urbains sont réalisés pour à la fois tertiariser et internationaliser son économie. Il est essentiel de percevoir ce changement d’échelle qui fait passer cette ville au statut de métropole détenant des fonctions de commandement dans l’économie mondialisée, la consécration étant atteinte par l’organisation de l’Exposition universelle de 2010.

Document 1 : Les concessions étrangères à Shanghai.

Les concessions sont des quartiers séparés sous juridiction européenne et constituent donc une perte de souveraineté pour un État chinois soumis à la tutelle des Européens. Leur extension territoriale est liée à une prise de contrôle progressive par les Européens au fur et à mesure des reculades de l’État chinois : Deuxième Guerre de l’Opium (1858-1860), révolte des Boxeurs (1899-1901). Ce mouvement s’achève en 1914 : avec la Première Guerre Mondiale, l’influence européenne devient moins forte en Chine, même si le boom de l’économie shanghaienne se poursuit jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Il faut souligner enfin l’importance du fleuve Huangpu comme facteur de localisation : l’implantation européenne est liée aux fonctions portuaires de la ville.

Document 2 : Le Bund dans les années 1930.

Cette photographie anonyme des années 1930 est une vue du Bund : le grand boulevard qui s’étend le long des berges du Huangpu et qui borde le quartier des concessions. On notera ici le caractère européen des bâtiments et du mobilier urbain. La présence de l’automobile accentue le caractère de modernité dégagée par l’image. Enfin, l’activité portuaire est bien représentée à la droite de la photographie.

Document 3 : Le système des concessions à la fin du XIXe siècle.

Ce texte est un extrait du roman de Jules Verne (1828-1905), Les Tribulations d’un Chinois en Chine, paru en 1879. Il se rattache au cycle des Voyages extraordinaires, à côté d’œuvres aussi connues que Vingt Mille Lieues sous les mers (1870) ou Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873). Le document appartient donc au genre très populaire de la littérature d’évasion qui fleurit à la fin du XIXe siècle : à côté de romans qui se situent dans un cadre exotique (on peut aussi citer Pierre Loti), les carnets de voyages, les récits d’explorateurs font partie de cet engouement des Européens pour la découverte du monde. Jules Verne ne s’est jamais rendu lui-même à Shanghai et cette description est une compilation, comme souvent chez ce voyageur de cabinet. Elle n’en reste pas moins fort exacte et permet de voir à travers le regard du héros Kin-Fo la perception que peut avoir un Européen de la concession de Shanghai à la fin du XIXe siècle.

Document 4 : Shanghai en chiffres (2009).

On pourra extraire de ce tableau les éléments suivants : Shanghai est le principal hub portuaire et aéroportuaire chinois, elle suit un développement extraverti et est le symbole des inégalités du développement chinois puisque celui-ci est surtout concentré à l’heure actuelle sur le littoral.

Document 5 : Le nouveau CBD de Pudong.

Cette photographie datée de 2009 est prise à partir du Bund, soit de l’autre berge du fleuve Huangpu. Au premier plan, on observe le trafic fluvial intense et le rôle de l’activité portuaire de Shanghai. Le second plan présente une physionomie classique de CBD avec le nouveau quartier d’affaires de Pudong dont la construction a été lancée en 1990. La nouvelle skyline de Shanghai et en particulier l’architecture futuriste de l’Asian Pearl Tower doivent faire prendre conscience que Shanghai ambitionne de devenir une ville mondiale.

Document 6 : « Shanghai-2010 ».

Cet article récent du Monde présente des évolutions en cours, des tendances à l’œuvre et donc encore inachevées. Pour accéder pleinement au rang de ville mondiale, Shanghai entend faire évoluer son mode de développement : en se tertiarisant (les fonctions d’atelier étant reportées vers la Chine intérieure), en se tournant vers la haute technologie et en concentrant les fonctions de commandement.

Réponses aux questions

1. Shanghai est une ville mondialisée à la fin du XIXe siècle tout d’abord en raison de l’importance de son activité portuaire. Dans le doc. 1, c’est le fleuve Huangpu qui fait la liaison entre les différentes concessions. On remarquera également les quais situés à droite sur le doc. 2. Enfin le doc. 3 décrit Shanghai comme un comptoir européen et insiste sur les activités de construction navale. Cependant, plutôt que de ville mondialisée, il convient de parler surtout de ville européanisée et d’une mondialisation subie. Les concessions sont constituées en effet en quartiers séparés et empiètent sur la ville chinoise au fur et à mesure de la prise de contrôle de la Chine par les grandes puissances européennes. D’après les doc. 2 et 3, on peut en outre parler d’un véritable travail d’acculturation à l’œuvre dans les concessions. L’urbanisme du doc. 2 est européen, sans trace d’éléments chinois. Le texte insiste également sur la présence des congrégations religieuses et sur leur rôle dans l’éducation des élites chinoises. Jules Verne termine enfin son évocation par une énumération des hauts lieux de la sociabilité coloniale comme pour mieux souligner que le quartier des concessions est un îlot de prospérité européenne au milieu de l’océan de misère chinois.

2. On distinguera les éléments de continuité et de rupture entre les deux époques :

Éléments de continuité : Présence de la fonction portuaire. Architecture internationale, « non indigène ». Présence de fonctions de commandement : sièges sociaux des entreprises

Éléments de rupture : Déplacement sur l’autre rive du fleuve, mouvement de redéploiement urbain. Verticalisation de l’urbanisme, création d’un quartier voué exclusivement à l’activité économique et non à la résidence. Américanisation du paysage (CBD vertical comme à New York). Il s’agit donc d’une reprise des mêmes activités mais adaptées aux exigences de l’économie mondialisée du début du XXIe siècle.

3. Shanghai joue le rôle de porte d’entrée de la Chine en raison de son rôle essentiel de hub portuaire et aéroportuaire. Elle est certes en concurrence avec les autres métropoles asiatiques mais elle constitue la destination privilégiée des investissements étrangers en Chine. Enfin, on remarquera les inégalités de richesse entre Shanghai et le reste de la Chine, le développement et l’ouverture étant surtout concentrés sur le littoral par opposition à une Chine intérieure surtout pourvoyeuse de main-d’œuvre mais qui commence également à bénéficier des délocalisations venues du littoral.

4. La puissance économique se matérialise symboliquement par le gigantisme du nouveau quartier de Pudong qui sert en quelque sorte de vitrine pour toute la ville de Shanghai. Le poids économique se matérialise donc moins par les activités de production que par la concentration des fonctions de commandement : les sièges sociaux des grandes FTN (IBM, Philips, Hewlett Packard) se trouvent à Pudong. Cela explique que Shanghai est le premier destinataire des IDE vers la Chine. Elle a su également développer ses infrastructures : construction d’un nouvel aéroport international à Pudong, construction d’un port en eau profonde à Yangshan. Shanghai joue ainsi un rôle d’interface entre la Chine et le reste du monde.

5. Dans le cadre de l’économie mondialisée, Shanghai entre en concurrence avec les autres grandes métropoles mondiales et en particulier avec les villes de l’archipel mégalopolitain asiatique (Hong Kong, Singapour et Beijing). Elle doit donc diversifier son économie et l’orienter vers des activités plus fortes en valeur ajoutée : développement des centres de recherche, implantation de sièges sociaux. Elle se tourne vers le tertiaire supérieur et pour ce faire, soigne son image et améliore son attractivité. Cela passe par des aménagements urbains, par l’amélioration des infrastructures de transport mais également par l’organisation d’événements mondiaux comme l’Exposition universelle de 2010.

Texte argumenté

Le développement économique de Shanghai à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle était avant tout le fruit d’une mondialisation subie. Le système des concessions avait assuré à Shanghai une prospérité indéniable mais dans le cadre d’une domination européenne aussi bien économique que culturelle. Le Bund, ce grand boulevard qui longeait le quartier des concessions, bruissant du passage des automobiles et du déchargement des cargos venus du reste du monde, bordé par de grands immeubles, était le lieu emblématique de cette européanisation subie par la Chine. À partir des années 1990, après des décennies de fermeture, Shanghai renoue avec son histoire : son rôle de grand port asiatique s’affirme et elle redevient une destination privilégiée des investissements européens. À cet égard, la création d’un nouveau centre, Pudong, en face du Bund et des anciennes concessions est particulièrement emblématique. La ville se dote d’un nouveau quartier d’affaires, sur le modèle des CBD des autres villes mondiales. Shanghai s’affirme ainsi comme un nouveau pôle asiatique et une ville-monde en devenir. Cependant, dans le cadre d’une concurrence exacerbée entre les grandes métropoles, il lui faut se diversifier et attirer à elle les sièges sociaux des grandes entreprises, se tourner vers la recherche et la haute technologie, pour s’affirmer dans un monde de plus en plus multipolaire.

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