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LES TROPES.doc
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Figures de style basées sur la syntaxe.

Les styles se distinguent non seulement par le choix et l’emploi du lexique, mais également, par certaines particularités d’ordre syntaxique. La langue parlée d’une part, et les styles écrits de l’autre, préfèrent certains types de groupements syntaxiques ainsi qu’une ordonnance particulière des propositions.

On sait que le français est une langue à l’ordre de mots dit fixe ou est déterminé par leur appartenance syntaxique : sujet, verbe, complément.

Nombreux sont les cas où l’ordre direct des termes n’est plus observé et l’ordre inverse apparaît. L’inversion des termes peut jouer un rôle grammatical d’une part, et avoir une valeur stylistique, de l’autre.

L’inversion du sujet est, tout d’abord, le moyen principal de former les propositions interrogatives. L’inversion dans ces types de propositions est dictée par la norme grammaticale de la langue. On pourrait considérer comme normalisée l’inversion du sujet dans les propositions introduites par des adverbes faisant fonction de mots conjonctif, tel que : «aussi», «ainsi», «à peine», «peur-être», «sans doute». L’inversion plus ou moins obligatoire et ayant un sens grammatical précis est dénuée de valeur stylistique.

L’inversion prend une valeur stylistique marquée là où la grammaire permet de choisir entre l’ordre direct et inverse des mots.

L’inversion alors contribue à la mise en valeur d’un mot ou d’un groupe de mots formant un terme de la proposition.

C’est surtout au XIX siècle que l’inversion commence à être employée comme procédé stylistique non seulement dans la poésie, mais également dans la prose. Les publicistes y recourent aussi. La langue parlée tendant à conserver l’ordre direct des mots même là, où la grammaire demande l’inversion, profite rarement de ce procédé stylistique à lui seul. L’ordre inverse des mots s’y combine le plus souvent avec d’autres moyens de mise en relief, tels que la reprise et l’anticipation.

L’inversion du sujet est fréquente dans des phrases commençant par un circonstanciel (surtout celui de temps ou de lieu). Nullement obligatoire, elle est, toutefois, très employée, car ce sont les rapports syntaxiques entre les termes de la proposition qui y sont en jeu. Le circonstanciel mis en tête, se rapportant au groupe du prédicat, ce dernier le suit et se place avant le sujet. Cependant il y a parfois dans le tour avec inversion un soupçon d’artifice littéraire.

Comparez ces deux phrases :

En ce moment la cloche du déjeuner sonna.

En ce moment sonna la cloche du déjeuner.

Comparez aussi le vers :

«Mais quand reviedra le temps des cerises...»(chanson populaire française)

«Mais quand le temps des cerises reviendra...»

Ecrivez l’analyse de ces phrases.

La phrase à l’ordre direct des mots ne fait que constater la chose, tandis que la phrasede la chanson a une valeur affective. Le sujet «le temps des cerises» placé à la fin de la proposition tombe sous l’accent final; en prononçant ces mots le ton monte. L’inversion change la mélodie de la phrase. C’est ainsi que les mots «le temps des cerises», désignant la belle et heureuse saison de l’année, prennent du relief.

Souvent la mise en valeur porte un caractère plutôt logique qu’affectif. Ainsi dans la phrase :

Au milieu du troupeau se détachait çà et là un profil plus spiritualisé. (R. Rolland)

L’inversion souligne logiquement le sujet. L’auteur insiste sur ce que dans la foule des gens indifférents et bornés on apercevait çà et là des visages plus intelligents qui attiraient le regard.

L’accent affectif de la phrase à inversion peut prêter à certains contextes une emphase solennelle.

L’inversion du sujet dans les phrases commençant par un circonstanciel est fréquente dans les descriptions, où elle prête du relief aux détails importants, représentés par les différents termes de la proposition.

Il est à remarquer cependant que l’inversion après un circonstanciel au début de la phrase est si usuelle qu’elle en perd de sa valeur stylistique.

L’inversion dite absolue, c’est-à-dire l’inversion du sujet dans des phrases commençant par le prédicat, est beaucoup plus rare; l’effet en est d’autant plus marqué. Pourtant elle semble gagner du terrain dans la prose d’aujourd’hui.

P.ex. : Vinrent les jours où il lut par hasard un livre récemment paru. (Fr. Mauriac)

Passe le fantôme de la peste noire qui suit la misère. (P. Vaillant-Couturier)

Le prédicat est ordinairement un verbe de mouvement («venir», «arriver», «paraître», «suivre», «passer», etc.). Il annonce le commencement d’une période, d’une nouvelle étape, d’un nouvel événement, l’apparition d’une personne ou d’une chose. De nos jours le nombre des verbes servant de prédicat dans de pareilles phrases augmente.

P.ex., chez S.- Exupéry :

Luisaient d’admirables étoiles au fond d’une nuit amère à la fois et splendide. (Citadelle)

Pesa sur mon coeur le poids du monde comme si j’en avais la charge.

L’inversion prend une valeur affective accentuée dans les propositions commençant par un attribut. En effet il s’agit d’une double inversion. Non seulement le prédicat précède-t-il le sujet, mais dans le corps même du prédicat l’ordre des mots est inverse.

P.ex. : Blancs étaient tous les masques. Blancs étaient les masques des hommes. (E. et J. de Goncourt)

Si fort fut le choc moral d’une telle vision, que le roi de Prusse et Brunswick restèrent une heure sans rien pouvoir décider. (R. Rolland)

Comme on le voit par les derniers exemples, la valeur de l’attribut peut être accentuée par l’adverbe «si» («tellement»). La principale, alors,est suivie d’une subordonnée consécutive.

La valeur expressive de l’inversion se fait sentir surtout par comparaison avec l’ordre direct des mots dans la même proposition.

Lisez, s’il vous plaît, cette phrase avec l’ordre direct des mots.

Comparez : «Le choc moral d’une telle vision fut si fort, que le roi de Prusse et Brunswick restèrent une heure sans rien pouvoir décider».

C’est une constatation d’un fait.

Ces constructions à double inversion appartiennent surtout, à cause de leur grande expressivité, à la littérature et à la presse politique.

Elles prêtent à l’énoncé un ton plus ou moins emphatique et donnant du relief à la qualité du sujet désignée d’appréciation.

Mais le plus souvent l’inversion de l’attribut apparaît dans des phrases qui ne formant pas le canevas même de la narration, mais représentent plutôt des digressions, des remarques de l’auteur (ou du personnage) exprimant son attitude envers le fait énoncé.

La phrase perd de plus en plus toute intonation narrative, pour adopter celle d’une exclamation,surtout si le verbe-copule y est omis :

P.ex. : Heureux ceux qui échappèrent à ce temps! Heureux ceux qui passèrent sur les abîmes en regardant le ciel. (A. de Musset)

De nos jours le verbe-copule «être» dans ces phrases à inversion est parfois remplacé par d’autres verbes: «paraître», «apparaître», «devenir», «rester», «se monter», «s’annoncer».

P.ex. : Vaste me parut ma solitude. (A. de S.- Exupéry)

Inoubliable m’est rester la forêt. (A. Daudet)

La reprise et l’anticipation sont des procédés de mise en valeur très répandus dans la langue française: elle s’appliquent non seulement au complément d’objet direct, mais également au sujet, à l’attribut, au complement d’objet indirect, à des circonstanciels. Les deux procédés (reprise et anticipation) ont une valeur logique et affective. Cependant l’élément logique semble prévaloir dans la reprise, tandis que l’anticipation est plus affective.

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