2.5. Les adverbes de mot

Ce type d’adverbes se joint à un autre mot, avec une place fixe, le plus souvent devant lui (sauf pour le verbe): il se joint surtout à un verbe, un adjectif, un autre adverbe (Il parle bien / très beau / très lentement; mais aussi quelquefois à des mots de liaison, comme une préposition, une conjonction de subordination (bien avant la nuit / bien avant que la nuit tombe). Certains adverbes s'ajoutent à une conjonction de coordination, toujours derrière elle (et ensuite / ou alors / mais encore); à un introducteur (voici déjà la nuit).

2.6. Les adverbes de phrase

Ces adverbes s’ajoutent à la phrase entière (Certes, tu peut la visiter). Ces adverbes (on les appelle aussi connecteurs) ont pour rôle d'introduire les phrases au même titre qu'une conjonction de coordination (dans de tels emplois, ces adverbes deviennent donc des mots-outils): ainsi, alors, aussi, certes, donc, en effet, ensuite, enfin, pourtant, puis, tantôt, par contre, etc. La caractéristique principale des adverbes de phrase est la mobilité dans la phrase. Une exception est pourtant à relever: la négation représente des adverbes de phrase, mais ses composant ne sont pas mobiles (Il ne rit jamais. Je ne vais nulle part.)

Souvent l'adverbe est employé avec une valeur adjectivale. Dans ce cas, il se rapporte à un nom ou un pronom, dont il est épithète ou attribut. Il reste toujours invariable (Des gens bien. La femme debout.).

Et aussi un adjectif peut être employé comme adverbe. Selon le cas et selon le sens, il peut s'accorder ou non (Parlez plus haut! Ces fleurs sentent bon. Dis ta pensée tout net).

3. La sous-catégorisation des adverbes

La classification des adverbes pose aussi des problèmes pour les linguistes. H. Nølke et Blumenthal dénotent le caractère hétérogène des adverbes et la difficulté de leur classement. Tout de même dans la plupart des grammaires on fonde leur classement sur les critères sémantiques.

J.Palsgrave dans son «L'éclaircissement de la langue française» (1530) en détachait vingt-quatre .

Chez M.Grevisse il y’en a sept: de manière, de quantité ou d’intensité, de temps, de lieu, d’ affirmation, de négation, de doute.

Trois chez A.Goosse : de manière, de lieu et de temps (en somme), de relation logique.

Six chez M.Riegel, J.-Ch.Pellat et R.Rioul , où les «spécificités interprétatives» naissent des «propriétés de construction»: d’indication du degré, de modification d'une expression quantifiée, de modification d'un procès verbal, de modification d'un rapport de caractérisation, de modification globale de la phrase ou de l'énoncé, de marque d'une propriété globale de la phrase.

N.Vassilieva, L.Pitskova distinguent trois groupes sémantiques: 1) les adverbes de caractéristique interne de l’action (les adverbes qualificatifs; les adverbes quantitatifs); 2) les adverbes de caractéristique externe (les adverbes de lieu et du temps); 3) les adverbes modaux (les adverbes de l’appréciation de l’événement, les adverbes de liaison qui se rapprochent des conjonctions).

Il y a des classifications autres que la classification sémantique, par exemple M.Arrivé, F.Gadet et M.Galmiche essaient une classification syntaxique d'après la place de l'adverbe: en tête de phrase, en queue de phrase, en milieu de phrase, devant l'adjectif, derrière le verbe.

Dans la plupart des manuels de grammaire moderne on classe habituellement les adverbes en sept groupes:

1. Adverbes de temps. Ces adverbes apportent une indication de temps aux mots auxquels ils se rapportent: hier, aujourd'hui, alors, déjà, après, jamais, toujours, enfin, soudain, depuis, demain, dorénavant, longtemps, maintenant, tard, tôt, tout à coup, tout de suite, etc.

2. Adverbes de lieu. Ces adverbes apportent une indication de lieu aux mots auxquels ils se rapportent : ailleurs, ici, là, dedans, derrière, dessus, où, dessous, partout, vis-à-vis, etc.

3. Adverbes de manière. Ces adverbes apportent une indication de manière aux mots auxquels ils se rapportent: bien, mieux, vite, mal, debout, plutôt, aussi, ainsi, comme, ensemble, mieux, comment, à bras-le-corps, à califourchon, à la légère, à la va-comme-je-te-pousse, à la va-vite, à l'aveuglette, à loisir, à nouveau, à tire-d'aile, à tire-larigot, à tort, à tue-tête, admirablement, d'arrache-pied, de guingois, etc.

La plupart des adverbes terminés en «–ment» se rapportent aux adverbes de manière.

4. Adverbes de quantité (d'intensité). Ces adverbes qui sont aussi appelés «adverbes de degré» apportent une indication de quantité aux mots auxquels ils se rapportent : ainsi, peu, très, fort, si, tant, combien, davantage, environ, tellement, trop, etc. On les utilise aussi pour former les degrés de comparaison : assez, autant, aussi, beaucoup, moins, plus.

L'adverbe de quantité peut se combiner avec la préposition «de» pour former un quantificateur : Beaucoup de bruit pour rien.

5. Adverbes d'affirmation. Ces adverbes apporte une indication d'affirmation (ou de doute) aux mots auxquels ils se rapportent : soit, volontiers, assurément, aussi, certainement, vraiment, etc.

6. Adverbes de négation. Ces adverbes apportent une indication de négation aux mots auxquels ils se rapportent. Un adverbe de négation forme le plus souvent une locution adverbiale: non, ne…guère, jamais, rien, nulle part, point, etc.

Parfois on rapporte à ce groupe d’adverbes les mots «oui», «si». Autrefois on les qualifiait comme les particules. Mais maintenant on les range parmi les interjections. C’est aussi le cas pour le mot «non»

7. Adverbes de relation logique. Ces adverbes expriment l'opposition, la concession, la cause et la conséquence: aussi, cependant, donc, en revanche, encore, même, par ailleurs, par conséquent, par suite, pourtant, quand même, seulement, tout de même, toutefois, etc.

A ces sept groupes principaux on ajoute aussi les adverbes employés comme mots interrogatifs ou exclamatifs et les adverbes modaux.

8. Adverbes interrogatifs et exclamatifs. Ce sont des adverbes de quantité, de manière, de lieu, de cause, de temps et d’autres, utilisés dans des phrases interrogatives ou exclamatives, directes ou indirectes : Combien, combien de, comme, comment, pourquoi, quand.

9. Adverbes modaux. Ces adverbes (appelés aussi adverbes modalisateurs) donnent l’information sur l'attitude de l'énonciateur par rapport à son propre discours: hélas, heureusement, malheureusement, par bonheur, certainement, probablement, peut-être, etc.