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L'Ultime Secret.doc
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19.08.2019
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Ils entreprennent de sortir de leur cachette quand le télé­phone se remet à sonner. Vite, ils retournent derrière la porte.

Natacha se décide à sortir de la baignoire, s'enveloppe d'un peignoir en éponge et va décrocher.

—Oui. Ah, c'est toi... c'est toi qui as appelé tout à l'heure? Non, j'ai pris des cachets pour dormir, que me veux-tu? ... Un hommage? Bien sûr c'est gentil mais... bien sûr je sais que... Mmm... Bon ça se passera où, au CIEL je suppose? C'est-à-dire que j'essaie d'éviter de trop me montrer... Mmm... Mmhhh... bien sûr, bien sûr. Oui je suis touchée. Oui, je pense que cela aurait fait plaisir à Sammy... Bon... quel jour et quelle heure? Attends, je vais chercher mon agenda.

Natacha Andersen se rend à l'étage du dessous.

Lucrèce et Isidore ne peuvent toujours pas s’enfuir. Lucrèce se penche à l'oreille de son complice.

— Le CIEL... libertin, je vois ce que c'est, mais... c'est quoi un épicurien?

— Quelqu'un qui se revendique de la pensée du philosophe grec Epicure.

— Et qui était Epicure?

— Un homme dont la devise était: profite à fond de cha­que instant.

39.

Sa télévision lui était soustraite! Il ne rêvait pas? Le doc­teur Fincher venait de lui supprimer sa télévision adorée! Il battit des paupières d'inquiétude. Heureusement le médecin s'empressa de lui expliquer qu'il lui apportait un objet de remplacement. Et quel objet...

— C'est un ordinateur avec une interface oculaire à la place de la souris à boule.

Samuel Fincher installa auprès de son malade un moniteur d'ordinateur ainsi qu'une caméra posée sur un trépied qu'il plaça tout près de son œil.

Au début, Jean-Louis Martin ne comprit pas très bien en quoi cette machine pouvait lui être utile. Et puis le professeur Fincher lui expliqua qu'il s'agissait d'un prototype, utilisé jus­que-là pour une dizaine de personnes dans le monde. La caméra enregistrerait les mouvements de son œil et en repro­duirait instantanément les mouvements sur l'écran d'ordina­teur. Chaque fois qu'il remuerait son œil, la caméra le percevrait et transmettrait le signal qui déplacerait une flèche sur l'écran. Lorsque l'œil regarderait à droite, la flèche glisse­rait à droite, lorsque l'œil regarderait vers le haut, la flèche remonterait, etc. Pour cliquer il lui suffirait de battre une fois sa paupière. Et deux fois pour double-cliquer. Le docteur Fincher activa l'ordinateur.

Jean-Louis Martin se montra d'abord fort maladroit. La flèche virait d'un coup à gauche ou à droite, filait en diago­nale, et il lui était très difficile de la positionner précisément. Il avait aussi des difficultés à cliquer. Lorsqu'il manquait un mouvement de curseur, il clignait des yeux d'énervement, ouvrant ainsi immanquablement un programme qu'il lui fal­lait ensuite refermer.

Mais en quelques heures à peine, le malade du LIS parvint à maîtriser son œil. Il utilisa pour cela un stratagème person­nel: il imagina qu'un rayon laser partait de sa pupille pour frapper l'écran et y diriger la flèche.

Jean-Louis Martin fit l'inventaire des programmes propo­sés dans son ordinateur. Il constata qu'il pouvait faire appa­raître un clavier sur l'écran et que, dès lors, il lui était possible, en positionnant la flèche sur les touches, de taper des textes. C'était comme si son esprit, jadis prisonnier dans la minuscule prison de son crâne, pouvait passer une main à travers les barreaux.

Le lendemain, quand le docteur Fincher se présenta, de son œil valide, Jean-Louis Martin fit apparaître sur l'écran un texte qu'il avait rédigé et tapé lui-même. D'abord un énorme «MERCI» en corps gras 78 times roman, répété sur trois pages. Puis un «Docteur Fincher vous m'avez fait le plus beau cadeau dont je pouvais rêver! Avant je ne faisais que penser, maintenant je m'exprime!»

Le docteur Fincher murmura à son oreille:

— Je regrette de ne pas avoir pensé à vous en doter plus tôt.

Jean-Louis Martin ouvrit un fichier de texte et commença à écrire du plus vite qu'il pouvait. La tâche était ardue et les erreurs de frappe fréquentes. Son œil était humide d'excitation.

«On peut parler?»

— Bien sûr, articula le médecin, intrigué.

«Il me reste combien de temps à vivre?» interrogea l'oeil en se démenant.

— Il n'y a pas de limite. Tout dépend de votre envie de vivre. Si vous renoncez psychologiquement, je crois que vous dépérirez très vite. Voulez-vous vivre, Jean-Louis?

«Maintenant... oui.»

— Bravo.

«J'ai envie de raconter au monde ce que je ressens. C'est tellement... tellement...», la flèche partit dans tous les sens comme si, sous l'émotion, Martin ne maîtrisait plus ses mus­cles oculaires.

Ce soir-là, Jean-Louis Martin entama son récit autobiographique qu'il intitula: «Le monde intérieur.»

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