Добавил:
Upload Опубликованный материал нарушает ваши авторские права? Сообщите нам.
Вуз: Предмет: Файл:
2allais_contes_humoristiques_I_source (2).doc
Скачиваний:
4
Добавлен:
22.02.2015
Размер:
436.22 Кб
Скачать

Inanité de la logique

La logique mène à tout à condition d’en sortir, dit un sage.

Ce sage avait raison et le Pasteur qui découvrira, pour le tuer, le bacille du corollaire ou le microbe de la réciproque, rendra un sacré service à l’humanité.

Sans aller plus loin, moi, j’ai un ami qui serait le plus heureux garçon de la création sans la rage qu’il a de tirer des conclusions des faits et d’arranger sa vie logiquement, comme il dit.

Aussi son existence n’est-elle qu’une forêt de gaffes.

Un petit fait, entre autres, me vient à la remembrance.

À ce moment-là, il était étudiant et pas très riche. Sa pension mensuelle avait pour destination de payer des breuvages à toutes les petites femmes qui passaient sur le boulevard Saint-Michel. Aussi son tailleur ne recevait-il, à des laps séculaires, que de dérisoires acomptes.

Un beau jour, impatienté, ce commerçant monta chez le jeune homme et panpanpanaà sa porte.

Devinant de quoi il s’agissait, le jeune homme ne souffla mot, et même, selon le procédé autrichien, enfouit sa tête emmy les linceux.

Pan, pan, pan ! insista le tailleur.

Pareil mutisme.

À la fin, l’homme s’impatienta :

– Mais répondez donc, nom d’un chien ! proféra-t-il. Je vois bien que vous êtes chez vous, puisque vos bottines sont à la porte !

Cette leçon ne fut pas perdue, et désormais, au petit matin, mon ami rentrait ses chaussures.

À quelques jours de là, revint le tailleur. Ses panpanpandemeurèrent sans écho. Et comme il insista bruyamment, ce fut au tour de mon ami de se fâcher. Il cria, de son lit :

– Est-ce que vous aurez bientôt fini de faire de la rouspétance dans le corridor, espèce d’imbécile ?… Vous voyez bien que je ne suis pas chez moi, puisque mes souliers ne sont pas à la porte !

Grossière supercherie dans laquelle ne coupa point le fournisseur.

Bizarroïde

Je ne suis pas ce qu’on appelle un ennemi de l’originalité. Certes, j’estime qu’il convient d’enfiler ses propres bottes de préférence à celles des autres. Mais de là, grand Dieu ! à chausser les escarpins de la Chimère, les godillots du Jamais Vécu et les brodequins de l’Inarrivable, trouvez-vous pas une nuance ?

Certaines gens s’appliquent à toutes les déconcertantes. Pour d’autres aussi – soyons justes – la maboulite chronique paraît être la seule norme, dans le Verbe aussi bien que dans le Geste.

Ce matin, je suis allé prendre un bain. À l’entrée, causaient deux messieurs, un qui s’en allait, un qui venait, et la conversation s’arrêta sur ce mot que dit celui qui venait :

– Eh bien, je vous assure, mon cher usufruitier, que je n’ai pas tant de frais qu’on dit parce qu’il y a un ami de ma tante Morin qui me sert d’ancien préfet.

Je ne songeai même pas à deviner le sens de ce propos, mais – l’avouerai-je ? – j’en contractai quelque inquiétude.

Justement l’homme qui avait proféré cette drôle de phrase occupait la cabine (dit-on cabine quand il s’agit de bains chauds ?) voisine de la mienne.

Les cloisons de mon établissement de bains sont minces ainsi que la baudruche. Aussi perçoit-on le plus mince clapotis d’à côté.

Mon voisin, le neveu de Mme Morin, faisait une vie d’enfer dans sa baignoire. Un groupe important d’otaries eût-on dit.

Et puis, à un moment, voilà qu’il s’interrompit pour sonner le garçon.

– Monsieur a sonné ? fit bientôt ce dernier.

– Oui… Donnez-moi donc la monnaie de vingt sous.

À l’heure qu’il est, je me demande encore quel besoin immédiat peut pousser un homme nu qui trempe dans l’eau tiède à demander, toute affaire cessante, de la monnaie de vingt sous !

Соседние файлы в предмете [НЕСОРТИРОВАННОЕ]