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  • I6o Humilié, Maillard ne dit plus rien, et, après un temps de réflexion, fit mine de s'éloigner.

  • L'autre le saisit par le bras et le maintint avec vigueur.

  • Reste ici. En voilà des façons. Et mon café, alors ? 165 II y avait dans sa voix l'accent d'une colère anxieuse.

  • Le vieux en fut réconforté ; dans sa poche, il tâta les huit francs cinquante avec une joie orgueilleuse.

  • Je suis bien libre d'aller où je veux, dit-il. Si ça me plaît de m'en aller, c'est mon affaire.

  • no Dominique se fit conciliant et fit l'effort de sourire.

  • Écoute donc, moi je cause dans ton intérêt. Toi, tu n'es pas d'ici, tu ne sais pas ce qu'il faut faire. Tout à l'heure, on ira se coucher près du métro, bien à l'abri, mais il faut attendre. L'agent qui fait le quart

  • 175 En ce moment nous viderait. C'est le gros à mousta­ches. Reste là, je te dis.

  • Une pluie torrentielle battait le boulevard à peu près désert. Sur le trottoir passaient quelques filles en rasant les murs. Trop heureux qu'on l'eût empêché i8o de partir, le vieux avait repris sa place auprès de son compagnon et demeurait silencieux. Après un moment d'attente, Dominique jeta un

  • regard autour de lui, sur les maisons et sur le trot­toir. A certains signes, tels que l'éclairage d'un hôtel ou l'activité des filles à l'affût des rares passants, il iss ugea l'heure venue de quitter la place. Ils avaient deux cents mètres à faire sous la galerie pour arri­ver au métro Barbes. Maillard marchait un peu en a%-ant, tout en geignant qu'il était fatigué. Domini­que disait qu'il s'en foutait pas mal. 190

  • Garde tes histoires pour toi. Si tous les clochards de l'endroit se plaignaient de leur fatigue ou de leur estomac, ça ferait une belle gueulée. On ne s'enten­drait plus.

  • Le vieux suspendit ses jérémiades et, jetant un 195 regard sur son compagnon, le vit boiter.

  • Qu'est-ce que tu t'es fait à la jambe ? demanda-t-il.

  • Mes fesses, répondit Dominique, qui paraissait

  • excédé.

  • Tu n'es pas poli, je te demande ce que tu t'es fait. 200

  • Et moi, je te dis que si tu avais l'intelligence, ru tairais ta gueule ; tu saurais que de parler ça use la patience. On voit bien que tu as des sous, toi.

  • Dominique marchait difficilement ; à chaque pas, il faisait effort pour ramener sa jambe qui le tirait en 205 arrière, sa maigre poitrine haletait. Maillard, autant par pitié que pour se faire pardonner ses huit francs cinquante, le prit par le bras et l'aida à marcher.

  • Lorsqu'ils arrivèrent au métro, le coin sombre rela­tivement abrité du vent était déjà encombré de clo- 210

  • qui leur firent un mauvais accueil. Dés voix rrntées, portant des injures, sortirent de la pénombre.

  • Il n'y a plus de place, foutez le camp. Ce n'est ~n _r.t heure pour venir se coucher!

  • 215 — Ça vient là et ça reste en pleine lumière, pour nous faire accrocher par un flic...

  • Maillard, intimidé, hésitait à aller de l'avant. Domi­nique le tira par la main et, sans répondre aux impré­cations, se poussa au hasard, heurtant des corps

  • 220 allongés, marchant sur des pieds, sur des mains. Les reproches devinrent plus violents.

  • — On vous dit qu'il n'y a plus de place, bon Dieu. Ils sont enragés.

  • L'autre salaud qui m'écrase la jambe, mais fais 225 attention !

  • Une voix s'éleva, dominant les autres, la voix d'un homme jeune qui occupait la meilleure place, dans un angle.

  • Qu'est-ce que vous pariez que je vais leur tor-230 cher la gueule, à ces dëux-là!

  • Le silence se fit aussitôt parmi les vagabonds. L'un d'eux saisit Maillard par le bas de son pantalon et murmura :

  • Couche-toi là, je vais te faire une place quand 235 même.

  • Et il ajouta, lorsque le vieux se fut étendu sur l'asphalte :

  • — On peut bien s'engueuler sans faire le méchant. De son côté, Dominique avait réussi à se coucher

  • 240 en demi-cercle, la tête calée au creux d'un estomac, le corps pressé entre deux corps. Il était heureux pour la nuit. Une bonne odeur d'homme et de misère chauffée le réconfortait. En écoutant la cadence des poitrines qui battaient contre lui et les ronflements

  • 245 de ce tas de misérables, il trouvait que la vie était moelleuse et bonne. Songeant au café qui lui était promis, il eut un soupir de tendresse, puis la crainte hii %int aussitôt que le bonhomme ne perdît ses huit francs cinquante, ou ne se laissât dépouiller pendant sommeil. Avec précaution, pour ne pas réveil- 250 ses voisins, il se mit à genoux et, dans l'obscu­rité, chercha Maillard à tâtons. Comme sa main re-contrait une étoffe épaisse, Dominique crut recon­naître la veste du vieux qu'il avait palpée tout à l'heure. En suivant le revers du col, il toucha un 255 [«âge rugueux, effleura une moustache. Alors, dou-:t—ent. il secoua l'homme et lui dit à l'oreille :

  • — Fais attention à tes huit francs cinquante, il y en a qui sont adroits de leurs mains. Compte si tu

  • as bien toutes tes pièces. 260

  • L r. : —me que Dominique venait de réveiller, et qui - ititt ras Maillard, poussa un grognement, s'étira, r_:s répéta machinalement :

  • — Compte si tu as bien toutes tes pièces.

  • E fouilla ses poches avec la fièvre d'un espoir sou- 205 dam. Déçu, il essaya de retrouver le sommeil, mais la vision de pièces dorées le hantait. Il réveilla un voisin, puis un autre, et leur dit à voix basse :

  • — Il y a de l'argent par ici. On a entendu des bil-on a vu briller des pièces, et il y en avait des 270

  • us et des cents. Les deux vagabonds en restèrent éblouis d'abord, : répandirent la nouvelle. Une rumeur basse, une d'or courut sur le tas obscur des clochards, mciation allait de bouche en bouche, rebon- 275 d'un mur à l'autre. Dans un murmure sans les clochards disaient qu'ils avaient des sous pour • : les ours de la vie. C'était comme une promesse

  • de la toute délivrance qui se levait au fond des cer-280 veaux obscurcis par le sommeil de la nuit. Un pas­sant qui se hâtait sur la chaussée, au sortir d'une maison de plaisir, entendit dans l'ombre un concert de rires si doux qu'il s'enfuit, épouvanté. Maillard accueillit la fortune avec des larmes d'allé-285 gresse.

  • C'est fini, disait-il, fini de traîner sa gaine par les rues au milieu du monde qui ne vous regarde pas. On est riche pour toujours. C'est fini d'être tout seul, et puis d'avoir peur. Plus de fatigue, plus de vieil-

  • 29o lesse. Quand on est riche, c'est bien commode. Un rire d'extase faisait grelotter tous les compa- j gnons de la cloche. La joie était si profonde, leur chair de misère en était si troublée qu'ils étaient, tout d'un coup, incapables de réfléchir. Du fond de l'ombre,

  • 295 leurs yeux éblouis regardaient la lumière des becs de gaz qui éclairaient le boulevard de la Chapelle et ils croyaient que c'était l'or de la richesse.

  • — Il y en a, murmurait Maillard, il y en a... Il ouvrait ses bras à la fortune, il débraillait sa veste

  • 300 et sa chemise pour y baigner son corps.

  • Il y en a... il y en a...

  • Autour de lui, les clochards en râlaient de plaisir et de folie. Tout à coup, Maillard se souvint de Domi­nique. Il appela : 305 — Dominique, tu es là, Dominique ? C'est moi, Maillard, tu es là?

  • Oui, répondit Dominique. Crois-tu que tu as eu de la chance de venir avec moi?

  • — Ah ! oui, je peux bien le dire, j'ai eu de la chance. 310 Donne-moi ta main...

  • Ils se prirent la main, celle de Maillard était fié­vreuse et tremblante.

  • Dominique, il n'y a plus de jambe malade. Nous voilà riches. Ta jambe est guérie.

  • Bien sûr, approuva Dominique d'une voix calme, 315 nous voilà riches, comme tu dis.

  • Maillard lui serra la main de toute sa vigueur, et — urmura avec exaltation :

  • Il y en a, Dominique, il y en a... Et tous les clochards répétaient après lui : 320

  • Il y en a... il y en a... il y en a... Doucement, Dominique repoussa la main brûlante

  • de Maillard, et lui dit :

  • Ne remue pas comme ça, le vieux, couche-toi et puis reste bien tranquille. Il fera jour demain... 325

  • Mais le vieux ne l'écoutait pas, il se saoulait de ce murmure qui montait du troupeau éperdu.

  • Maillard, mon vieux, dit encore Dominique, il fera jour demain.

  • Ses dernières paroles se perdirent dans un gronde- 330 ■ent de colère. Les clochards regardaient, dans la -zcs becs de gaz, la silhouette d'un homme fati-r_t : _ se dirigeait vers leur abri. C'était un clochard, wm traîne-misère de leur famille, un clochard clochant ; rij'.ait de la semelle le pavé du boulevard. A cent m ■êtres, on distinguait déjà qu'il avait des vêtements -iuvre. un mauvais paletot qui flottait comme un . • . ;'été; et à le voir marcher en titubant sous la . : tr.;e du vent, on comprenait qu'il n'avait rien dans

  • — '■ entre que l'espoir de trouver un peu de chaleur. 340

  • H n'y a plus de place pour lui ici, fit une voix, ni pour lui, ni pour personne.

  • Bien sûr, dit une autre voix, ce serait trop facile s'il n'y avait qu'à s'amener pour être riche.

  • 345 — On est déjà assez comme ça. Nous aussi, on a été comme lui. Qu'il s'arrange tout seul !

  • Cependant, l'homme cheminait lentement et la cla­meur du vent lui dérobait les paroles de violence qui partaient de la pénombre. En arrivant devant l'abri,

  • 350 il ne parut pas s'émouvoir de ces cris qu'il distin­guait confusément. Habitué du coin, il savait que les premiers occupants se montraient jaloux de leurs places. Comme le misérable se disposait à passer outre, les cris devinrent plus menaçants.

  • 355 — Va-t'en d'ici, ce n'est pas un endroit pour toi, voleur !

  • Et le chœur des clochards se mit à vociférer :

  • Dehors, sale voleur ! Ici il n'y a que des riches, rien que des riches !

  • 360 Fauché ! Crève-la-faim ! Fous le camp !

  • Maillard s'était dressé sur ses jambes et criait en trépignant de colère :

  • Ne le laissez pas approcher, bon Dieu ! Ne le lais­sez pas entrer chez nous. Il vient pour nous prendre

  • 365 nos sous ! Mettez-le à la porte d'ici !

  • Dehors, bandit ! Ça n'a pas un rotin dans sa poche !

  • Avec une obstination silencieuse, l'homme cherchait à se frayer un passage. Un coup de pied sur la jambe 370 le fit hésiter. Il protesta :

  • Ce n'est pas des façons. Voilà une heure que je marche. Laissez-moi un coin. En vous serrant, on trouvera une place, on aura plus chaud.

  • — Oui, on aura plus chaud avec nos sous ! Va-t'en !

  • Dominique, depuis sa place, voulut s'entremettre, il dit avec une voix fatiguée :

  • — Ah ! bon Dieu ! laissez-le se coucher. Ça va bien de gueuler cinq minutes, mais vous ne pouvez tout de même pas le renvoyer par ce temps-là. Ça fera —-. r.:r.e de plus; il nous en restera toujours assez.

  • L'ombre était assez épaisse pour dissimuler Domi-

  • — : aux regards de ses compagnons. Il y gagna de

  • - :T: r^- écharpé. Une clameur de haine couvrit ses : : les de conciliation.

  • Rien du tout ! Il n'aura rien ! Ce serait trop C£ oce.

  • ^.ir.d :u passais devant une boutique, est-ce .. r. : appelait pour que tu ailles taper dans la caisse ?

  • 1 : îiillard qui, Thème d'avant, avait proféré des ; contre Maillard et Dominique donna de la

  • Fous le camp tout de suite, ou je te défonce le à coups de pied. 1 ; un concert d'approbations. Maillard s'égo­sillait plus fort que les autres :

  • Bien dit ! A coups de pied !

  • 7 m.: ce férocité découragea l'intrus. Avant de s'éloi-[gpu, il demanda timidement :

  • Vous êtes donc bien riches?

  • S: on est riche ? il demande si on est riche ! Ah, en il y en a...

  • Bon Dieu ! soupira le malheureux qui avait froid et qui avait faim, bon Dieu de bon Dieu ! il y en a...

  • 1 'me;: les bras d'un geste suppliant, mais les rires si durs qu'il s'éloigna, les jambes plus lour-ks épaules plus basses.

  • Tandis que ses mauvais frères s'endormaient d'un sommeil doré, le clochard maudit revenait rôder autour de leur abri. Craintif, il contemplait à bonne 410 distance ce coin d'ombre, magnifique et profond comme la caverne d'un conte oriental. Il oubliait qu'il avait faim, qu'il avait froid et que le jour se lèverait demain. Un agent remarquant qu'il se tenait immo­bile depuis un quart d'heure sur le bord du trottoir 415 lui donna l'ordre de circuler.

  • Le maudit se mit en marche vers le boulevard Magenta et son cœur devenait plus amer à mesure qu'il s'éloignait du trésor.

  • « Pourquoi est-ce qu'ils garderaient tout pour eux ? 420 songeait-il. Ça ne peut pas être rien qu'à eux. Ils veu­lent nous voler, nous prendre notre argent. »

  • Il lui sembla qu'une grâce du ciel venait d'être détournée de sa destination originelle. Alors, il entre­prit une grande expédition de justice. Aussi loin que 425 ses jambes purent le soutenir, il s'en alla porter la nouvelle à travers Paris, dans les coins où les sans-abri dorment sans se reposer jamais.

  • — C'est une chose qui nous a été donnée à nous tous, disait-il. Ils n'ont pas le droit de la garder pour 430 eux. Mais ceux qui veulent être riches aussi n'ont qu'à être là-bas quand il commencera de faire jour.

  • Tous les clochards de Paris ; ceux qui dorment sous les ponts de la rivière ; et les habitués des gares qui savent se faire oublier dans les angles noirs; ceux 435 qui dorment sous les galeries des palais nationaux ; ceux qui errent parmi les voitures des halles ; ceux qui attendent dans la lumière de Montmartre la cha­rité des putains ou des hommes échauffés; les clochards des couloirs, les clochards de cul-de-sac, et ceux des bouches de métro, tous abandonnaient 440 leurs bancs, leurs dalles, leurs marches d'escalier, et prenaient le chemin du carrefour des heureux. Par les quatre boulevards, Barbes, Rochechouart, Magenta et de la Chapelle, ils arrivaient en longues files noires et venaient se masser sur les trottoirs 445 autour de la gare du métro. Silencieux, ils se recueil­laient dans l'attente du prodige.

  • Dans leur abri, les compagnons de la fortune ne soupçonnaient rien de ce rassemblement. Le gron­dement des premières rames de métro qui roulaient 450 au-dessus de leur tête leur annonçait le commence­ment du jour. Dans le demi-sommeil de l'aube, ils craignaient d'ouvrir les yeux, se serraient les uns contre les autres plus étroitement, chacun cherchant la nuit dans le gilet de son voisin. 455

  • Maillard était couché sur un tas d'or qu'il couvrait tout entier avec les pans de sa veste déboutonnée. De sa poitrine, opprimée par l'asphalte, un gémis­sement s'échappait continuellement à la cadence de la respiration. Parfois, ses mâchoires contractées lais- 460 saient passer des lambeaux de phrases qui étaient des plaintes et des menaces.

  • — Voleur... ne le laissez pas... Il veut prendre nos sous...

  • Par hasard, un voisin s'appuya lourdement sur son 465 épaule. Le vieux se retourna, d'un brusque sursaut. A demi dressé, les mains tendues en avant pour étreindre ou griffer, il promena autour de lui un regard hébété. La tempête de pluie s'était dissipée, un grand coin de ciel bleu apparaissait du côté de 470

  • l'hôpital Lariboisière ; le soleil se levait sur la Vil-lette, tout au bout du boulevard de la Chapelle, jetant sa clarté pâle de part et d'autre de la galerie couverte. Autour du tas sombre des vagabonds, la vie recom-tn mençait à grincer.

  • Le vieux sentait quelque chose lui manquer, une chose qu'il ne retrouverait plus jamais sur sa route, et il se prit à crier :

  • Ce n'est pas possible ! Je suis riche, je veux res-4so ter riche !

  • Les compagnons de la nuit se dressaient sur leur séant et cherchaient à comprendre pourquoi il criait.

  • Le vieux, enragé par la déception, leur passait sur 4»5 le ventre et s'éloignait en râlant des paroles sans suite. Dominique, le visage inquiet, s'était levé à son tour. Il cria :

  • — Maillard ! eh là ! ne te sauve pas avec notre argent !

  • 4w L'appel de Dominique réveilla dans la conscience de ses compagnons le souvenir d'une veillée somp­tueuse et féroce où la fortune leur était apparue. Cet argent qu'ils avaient possédé, qui avait accompagné leur sommeil, ils voulurent le caresser encore, le ser-

  • 495 rer sur leurs ventres creux.

  • — Notre argent ! il veut partir avec notre argent ! La bande se jeta à la poursuite du vieux sous la gale­rie couverte.

  • Notre argent ! Notre argent ! Il s'en va avec notre 5oo argent!

  • Alors, l'armée des clochards massée sur les trottoirs s'ébranla d'un même mouvement et se rua sous la galerie. Une clameur immense domina le bruit des voitures, des klaxons et des rames de métro :

  • — Notre argent ! Notre argent ! 505 Maillard se débattait dans un tourbillon de force­nés qui réclamaient leur argent. Mais les esprits étaient si troublés que personne ne faisait attention

  • à lui. On l'avait déjà oublié.

  • Notre argent ! qu'on nous rende notre argent ! 510 On nous a pris notre argent...

  • Maillard n'était pas le dernier à s'égosiller. Il croyait que c'était vrai, et sa rage d'avoir été dépouillé lui faisait sortir les yeux de la tête. Dans la confusion, les voix hurlaient : 515

  • Rattrapez-le ! Rattrapez-le !

  • Avancez, bon Dieu ! avancez !

  • Ceux qui se trouvaient en tête étaient poussés par les autres. Gagnés par la folie de ceux qui ne voyaient rien, ils crièrent à leur tour : « Avancez ! » Et, comme 520 s'ils voyaient leur argent rouler devant eux, les clo­chards se mirent à courir sous l'interminable gale­rie du boulevard de la Chapelle. C'était toute une armée de loqueteux qui galopait en silence, pour éco­nomiser son souffle. Les savates et les semelles 525 détrempées claquaient l'asphalte avec un bruit mou.

  • Dans la mêlée, Dominique avait réussi à saisir Mail­lard par le col de son veston et le maintenait de tou­tes ses forces contre un pilier. Le vieux essayait d'échapper à l'étreinte et se démenait comme un 530 furieux.

  • Lâche-moi! vas-tu me lâcher, mille dieux!... notre argent ! mais tu ne comprends pas. Notre argent qui s'en va!

  • 48

  • MARCEL AYME

  • LES CLOCHARDS

  • 49

  • 535 — Laisse donc, répondait tranquillement Domi­nique, ils ne sont pas à la veille de l'attraper. Viens vite me payer un café, il y a moins de ris­ques.

  • Fatigué, le vieux ne se débattait plus. Les yeux injec-540 tés d'envie, il regardait la course insensée des clo­chards qui s'en allaient vers la Villette à un train d'enfer. Des infirmes, qui n'avaient pas pu soutenir l'allure, béquillaient en arrière de la troupe et fai­saient de grands gestes avec les bras. 545 — Comme ils y vont, murmura Dominique, comme ils y vont ! Je me demande s'ils vont s'arrêter jamais.

  • Il fit une pause et ajouta avec un accent de mélan­colie affectueuse :

  • A moins qu'ils n'aillent tous se foutre au canal 550 Saint-Martin, et ce ne serait pas une mauvaise chose...

  • Le regard fixe, Maillard demeurait immobile. Dominique sentit trembler sa main dans la sienne. Doucement, il lui tapa sur l'épaule :

  • C'est des malheureux, dit-il, tu vois bien. Ils 555 croient que la lune se lève au bout des rues. Allons

  • boire nos cafés, je te dis. Maillard tourna la tête vers lui et se mit à pleurer.

  • — Je sais bien, disait-il, je sais bien. Quand même, tu aurais dû me laisser partir.

  • 560 Tu n'es pas fou ? protesta Dominique. Là, qu'est-ce qui te prend, à ton âge... voyons... Mon pauvre vieux, on voit que tu ne connais pas encore le métier. Tu ne trouveras pas la table mise à chaque fois que tu auras faim...

  • 565 — C;est justement...

  • — Allons, ça va bien. Redresse-toi, et pense que tu as huit francs cinquante dans ta poche. Est-ce que tu les as, au moins?

  • Maillard ayant tâté l'une de ses poches eut un geste d'inquiétude qui serra le cœur de Dominique. 570

  • Tu ne les as tout de même pas perdus ? dit-il avec colère.

  • Je ne pense pas, balbutia le vieux, je croyais... mais non...

  • Tu as cherché partout ? 575 Le vieux poussa un grognement satisfait, son visage

  • était rouge de plaisir. Il souriait.

  • Je les avais mis dans la poche de mon gilet avant de me coucher.

  • Bon Dieu, tu m'as fait peur, soupira Dominique, sso Les deux clochards étaient assis l'un en face de

  • l'autre, devant leurs cafés bouillants.

  • Un café, disait Dominique, il faut savoir le boire. Si tu mets trop longtemps, tu ne l'as pas bu assez chaud. Si tu l'avales tout bouillant, le plaisir ne dure 585 pas. Il faut juste ce qu'il faut, tu n'as qu'à me regar­der faire.

  • Le Puits aux images, © Gallimard 1932.

  • 50

  • MARCEL AYME

  • LES CLOCHARDS

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  • Notes

  • Les numéros entre parenthèses renvoient aux numéros des lignes.

  • Clochards : vagabonds. Traquées : poursuivies, chassées.

  • Le tablier du chemin de fer : le pont du chemin de fer.

  • Il pleut comme vache (familier) : il pleut beaucoup.

  • Au visage maladif : à l'air malade.

  • Envahi de poil noir : l'homme n'est pas rasé.

  • Tu vas l'ouvrir ta sale gueule (familier) : tu vas parler.

  • Crâneur : qui se vante.

  • Les mâchoires contractées : les dents serrées. Il se ramassait dans son mutisme : il continuait de se taire. Le voisin de la cloche : l'autre clochard. Boîtes de nuit : établissements ouverts la nuit, où l'on danse. Garde tes boniments : arrête de dire des mensonges. Me foutre la paix (familier) : me laisser tranquille. Des fois que les flics m'embarquent (familier) : si les poli­ciers m'arrêtent.

  • Garder au poste : garder au poste de police. Péniches : bateaux transportant des marchandises sur les riviè­res et les canaux.

  • Guibolles en laine (familier) : jambes faibles.

  • D'aplomb : en bon état physique et moral.

  • A ton air cul (familier) : à ton air bête.

  • Somnoler : dormir à demi.

  • Marché : accord sur un échange de services.

  • En voilà du potin (familier) : en voilà du bavardage inutile.

  • Qui fait le quart : qui monte la garde.

  • Nous viderait (familier) : nous chasserait.

  • A l'affût des rares passants : guettant les passants pour les

  • interpeller.

  • En geignant : en se plaignant.

  • Il s'en foutait pas mal (familier) : il s'en moquait.

  • Ça ferait une belle gueulée (familier) : cela ferait beaucoup de

  • cris.

  • Jérémiades : plaintes.

  • Pénombre : obscurité.

  • Foutez le camp (familier) : partez.

  • Flic (familier) : policier.

  • Imprécations : souhaits de malheur.

  • Ils sont enragés : ils sont très violents.

  • (224 (229 (237 (238 (249 (267 (275 (286 (295 (299

  • (326 (334 (337 (338

  • (344 (357 (360

  • (366 (383 (384 (388

  • (394 (397 (411 (426 (436 (438

  • (439 (455 (458 (495 (506 (524 (543 (549 (554

  • Salaud (familier) : homme animé de mauvaises intentions. Je vais leur torcher la gueule (familier) : je vais les frapper. Asphalte : revêtement du sol. S'engueuler (familier) : se disputer. Dépouiller : voler.

  • Le hantait : l'empêchait de trouver le repos. Annonciation : annonce d'une nouvelle importante. Traîner sa gaine (familier) : vagabonder. Becs de gaz : appareils d'éclairage.

  • Il débraillait ... chemise (familier) : il ouvrait, déboutonnait ses vêtements.

  • Il se saoulait : il s'enivrait comme avec du vin. Clochard clochant : vagabond boitant. Mauvais paletot : veste de mauvaise qualité. Caraco : chemise légère.

  • En titubant : en marchant comme s'il avait trop bu.

  • S'amener (familier) : arriver.

  • Vociférer : crier.

  • Fauché (familier) : sans argent.

  • Crève-la-faim (familier) : qui ne mange pas à sa faim.

  • Fous le camp (familier) : voir note 213.

  • Ça n'a pas un rotin (familier) : ça n'a pas d'argent.

  • Echarpé : mis en morceaux.

  • Paroles de conciliation : paroles d'apaisement.

  • Taper dans la caisse (familier) : prendre de l'argent dans la caisse

  • du magasin.

  • S'égosillait : criait.

  • Intrus : personne qui arrive sans que sa venue soit souhaitée. Caverne d'un conte oriental : endroit où s'amassent des trésors. Les sans-abri : ceux qui n'ont pas de logement. Les halles : ancien marché de Paris. Putains (familier) : prostituées.

  • Des hommes échauffés : des hommes excités par la boisson.

  • Cul-de-sac : impasse, petite rue sans issue.

  • ...dans le gilet de son voisin : en se serrant contre son voisin.

  • Opprimée par l'asphalte : serrée contre le sol.

  • Ventres creux : ventres affamés.

  • Forcenés : furieux, devenus fous.

  • Armée de loqueteux : bande de pauvres mal vêtus.

  • Béquillaient : marchaient en s'appuyant sur un bâton.

  • Se foutre au canal (familier) : se jeter à l'eau.

  • Us croient que la lune se lève au bout des rues : ils croient

  • que leurs rêves vont se réaliser.

  • Le banc

  • Jean Giraudoux

  • Polyte Rigollet, si ses goûts ne l'avaient pas poussé vers une autre carrière, eût fait un fonctionnaire modèle, car il avait les deux qualités essentielles qui caractérisent l'administration que l'Europe nous envie, et celle que nous ne lui envions pas, le souci de sa dignité et l'horreur du changement. Il enten­dait ne pas bouger du banc qu'il avait choisi, voilà bientôt dix ans, à l'extrémité du pont des Arts, pour y exercer sa profession d'aveugle-né. (Il était, en effet, venu au monde les yeux collés et n'avait vu le jour qu'à partir du troisième.) Son siège était pour lui ce qu'était, pour ses voisins de l'Institut, leur fauteuil. Il l'astiquait toutes les semaines et, une fois l'an, il le passait au ripolin. Le jour où la peinture séchait, il se tenait simplement debout, et se contentait de retourner sa pancarte sur laquelle on pouvait lire :

  • « Prenez garde à la peinture. » Nénesse Langoury, le cul-de-jatte, qui changeait d'arrondissement comme de chemise, quelquefois même tous les mois, ne parvint pas à l'entraîner au Palais-Royal.

  • « Nénesse, lui répondit le sage, il t'est permis, à toi, d'avoir l'humeur voyageuse. Tu ne sais pas ce que c'est que de se fatiguer les jambes ; tu ne sais même pas ce que c'est que de les laisser reposer, même lorsqu'elles ne sont pas fatiguées. Partout où tu vas, c'est le trottoir roulant, tu peux redescendre de Mont­martre sans même te servir de tes fers à repasser. D'ailleurs, je n'aime pas demander l'aumône à des gens que je ne connais-pas. Et puis, le client n'aime pas le changement. Il préfère — salue, Nénesse, c'est le directeur de la Grande Académie — il préfère don­ner ses cinq centimes à un habitué, le sût-il pochard, qu'à un autre, qui l'est peut-être aussi. Le client n'aime pas être roulé ; au moins, avec le premier, il sait ce qui en retourne, et ça le flatte, au fond, de le savoir. N'insiste pas, Nénesse, je suis à mon banc, j'y reste.»

  • >T/nesse s'éloignait, à demi convaincu, avec son air de perpétuel enlisé, quand une vieille femme s'assit sur le bout libre du banc. Elle avait une belle coiffe blanche, des sabots neufs et un fichu de luxe qu'elle croisa avant de croiser définitivement ses mains. Au bout d'un quart d'heure, comme elle ne pipait pas, Polyte décida de lui adresser la parole. La femme, c'est bavard, mais ça veut de l'encouragement.

  • «Un bon banc, hein? C'est rembourré avec les noyaux de pêche laissés pour compte par les chemins de fer. »

  • Elle le regarda, mais ne répondit pas. Polyte n'en fut pas vexé. La femme, c'est méfiant. Et ça a rai­son ! Il y a tant de sacripants qui ont fini de bien faire.

  • « C'est du bois comme on n'en fait plus », ajouta-t-il plus cordialement encore, en appliquant une tape vigoureuse sur le dossier.

  • La bonne femme sursauta, le fixa d'un air furieux, mais ne broncha point. Celui qui lui avait coupé le fil avait volé ses vingt sous. Polyte n'insista plus; la vue d'un client attitré, qui se rendait à la Mon­naie, vint le distraire.

  • Mais un prodigieux étonnement empêcha sa bou­che, qui s'était largement fendue pour un sourire, de revenir à sa position normale ; l'habitué avait mis la pièce dans le tablier de la voisine.

  • « Y a erreur, hasarda Polyte, c'est moi, l'aveugle. »

  • La vieille le toisa.

  • «Vous, fit-elle, la paix. Les bancs sont à tout le monde et pas à Monsieur. Je tiens à mendier sur ce pont ; ma famille loge au-dessous. »

  • Polyte ne dit rien, mais il en pensa davantage. Il cherchait déjà les moyens de reconquérir son domaine. Il en avait le droit; il en avait aussi le devoir ; son banc ne dépendait-il pas, en somme, d'un Institut où les femmes ne sont pas admises ?

  • Polyte, avant l'expropriation, accorda quelques jours de répit, comme l'Etat. Il se contenta, la pre­mière semaine, au lieu de cracher dans la Seine pour faire des ronds et voir si l'eau était pure, de cracher autour de lui, de pincer à la dérobée le petit chien que la vieille installait au milieu du banc et de déplier, vers quatre heures, un roquefort dont le parfum s'accrochait, plus tenace qu'un feu grégeois, au banc, au pont, et à tout l'après-midi. Mais la vieille restait muette, sourde, insensible d'odorat, le vrai mono­pole enfin de toutes les infirmités laissées libres par son voisin. Elle souriait cependant quand les âmes charitables la prenaient, elle et son chien, pour les compagnons de Polyte, et lui donnaient leur sou en disant : « Pauvre aveugle ! »

  • Un lundi, l'aveugle se décida à lancer son ultima­tum sous la forme d'un clou à percer, qu'il enfonça de grand matin par le dessous du banc, et sur lequel la vieille, en s'asseyant, posa une main imprudente.

  • « Faut faire saigner », conseilla Polyte, avec une fausse compassion.

  • Elle ne se fit pas saigner et, cependant, n'en mou­rut point.

  • Le lendemain réservait à Polyte une occasion ines­pérée de victoire. Un homme se déshabilla sur le pont; les agents des mœurs arrivaient quand il se précipita dans la Seine ; les agents des mœurs allè­rent donc prévenir leurs collègues de la brigade flu­viale. La brigade fluviale trouva le noyé debout sur une borne et haranguant la foule dans une langue tellement étrangère qu'elle se retira pour mander des collègues interprètes. La vieille n'avait pu résister aux sollicitations de la curiosité, et, à son retour, elle trouva sa place occupée par Nénesse que Polyte avait hissé à grand-peine et qui, accroupi en sphinx, sem­blait poser à la vieille une insolente énigme à laquelle elle répondit par le sergent de ville :

  • « Faut voir à descendre, dit l'agent, on ne monte pas sur les bancs.

  • — Je monte pas sur les bancs, dit Nénesse, je suis assis. »

  • L'autorité a ceci de particulier que son propre rire

  • ne la désarme pas. Elle prit Nénesse dans ses bras et le posa paternellement à terre. Vexé, il s'éloigna à grandes brassées.

  • 120 Le mercredi, Polyte décida de ne pas regarder à la dépense. Il se leva avant l'aurore et, pendant qu'elle rougissait aimablement la Seine, il passa, lui, son banc au rouge ! La vieille vint, s'assit d'un coup, mais pour se rele-

  • 125 ver immédiatement, criant, pleurant, ameutant la foule en montrant ses paumes ensanglantées de ripo-lin et le dessous de son chien qui s'était, lui aussi, assis prématurément. Polyte, qui avait retourné sa pancarte, semblait impassible comme le musée Gré-

  • 130 vin tout entier et, cependant, au fond de son âme, se jouait une des scènes les plus émouvantes de l'Ambigu. La vue de cette femme désolée, la crainte, surgie subitement, d'une indemnité, avaient apaisé d'un coup sa haine. Il comprenait qu'il n'y a qu'une

  • 135 façon de se débarrasser des femmes : c'est de se marier. Peut-être ne serait-il pas le maître chez lui, mais il y serait si rarement. Et le banc, le banc serait libre.

  • Voilà pourquoi, quinze jours plus tard, on pouvait ho lire sur le dossier l'affiche suivante :

  • « L'aveugle-né et la sourde sont absents pour cause de même mariage. »

  • Les trois premières semaines de la lune de miel furent délicieuses. Polyte les passait sur son banc, 145 tout seul, s'y allongeant quand tombait la nuit. Mais il n'y a pas, en ce monde, de bonheur durable. Avoir

  • une fois affaire avec les femmes, c'est comme avec les gendarmes et les usuriers : on en a pour toute la vie. Il constata un beau matin que le bout du banc était occupé par une agréable personne qui, aux char- iw mes corporels les plus évidents, joignait une intelli­gence toute moderne, puisqu'elle offrait une prime à ceux qui lui faisaient l'aumône, sous la forme d'un bouquet de violettes. « Que n'est-elle venue la première ! » se dit Polyte. 155 On peut lutter avec la femme, mais pas avec la beauté. L'aveugle, ce jour-là, ne fit qu'un sou. Le lendemain, il fit moins encore. Le surlendemain, vers midi, il désespéra. Il plia son coussin, caressa une dernière fois le dossier du banc et se leva. L'Institut 160 étendait ses ailes sur les hercules et les bouquinis­tes, comme une poule les étend sur ses poussins. La Seine roulait à sa surface des millions de poissons d'argent. Alors, d'un pas délibéré, il quitta le pont des Arts. Henri IV aura moins d'allure et de gran- im deur au jour d'expropriation qui le chassera du Pont-Neuf.

  • Mais c'est l'éternelle histoire. Ce qu'une femme a brisé, une femme le répare.

  • Ce fut Mme Polyte qui reprit le banc, et elle mena no si dure vie à la marchande de violettes que celle-ci vient de faire faillite et a dû entrer dans le commerce.

  • Contes d'un matin, © Gallimard 1952.

  • Notes

  • Les numéros entre parenthèses renvoient aux numéros des lignes.

  • (2) Carrière : profession, métier. (12) Institut : société de gens de Lettres, de savants, d'artistes.

  1. Astiquait : nettoyait.

  2. Ripolin : peinture.

  • (18) Cul-de-jatte : personne sans jambes.

  • Arrondissement : division d'une grande ville (il y a 20 arron­dissements à Paris).

  • (27) Fers à repasser : les culs-de-jatte se déplaçaient en prenant appui sur les mains armées d'objets pesants comme, par exemple, des fers à repasser.

  • (32) Pochard (familier) : ivrogne, qui a l'habitude de boire trop. (34) Roulé (familier) : trompé.

  • (39) Enlisé : comme enfoncé dans le sable (parce qu'il n'a pas de jambes).

  • (41) Sabots : chaussures de bois.

  • Fichu : pièce de tissu portée au cou ou sur la tête.

  • (43) Elle ne pipait pas (familier) : elle ne disait pas un mot.

  • (46) Rembourré avec (d)es noyaux de pêche (plaisanterie popu­laire) : dur, en parlant d'un siège.

  • (51) Sacripants : individus capables de faire du mal.

  • (56) Ne broncha point : ne bougea pas.

  • Le fil : membrane sous la langue servant de frein.

  • (58) Attitré : habituel.

  • (65) Toisa : regarda avec mépris.

  • (74) Expropriation : action de retirer la propriété d'un bien ; ici Polyte

  • veut chasser la vieille de son banc. (78) A la dérobée : en cachette.

  1. Roquefort : variété de fromage.

  2. Feu grégeois : feu qui ne s'éteint pas.

  • (90) Lancer son ultimatum : lancer son dernier avertissement. (95) Fausse compassion : fausse sympathie. (100) Agents des mœurs : policiers qui s'occupent des affaires de morale.

  • (103) Brigade fluviale : policiers qui surveillent les rivières.

  1. Sphinx : monstre qui posait des questions difficiles (énigmes).

  2. Enigme : problème difficile.

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