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1. Nouveautés

Le français du XXe siècle se caractérise par de nombreux néologismes véhiculés par la langue des médias et de la publicité ; le développement des termes scientifiques et techniques est remarquable, certains passant dans le fiançais courant. Toutefois, même si l’on assiste à la vulgarisation du vocabulaire des sciences et des techniques, ce n’est qu’un petit nombre de ces termes spécialisés qui passent dans le parler ordinaire ; il a été estimé à un million l’ensemble des termes spécialisés d’une langue moderne, or les mots présents dans les dictionnaires usuels, que personne ne saurait connaître dans leur intégralité, ne dépassent pas les 50 000.

Les découvertes du siècle ont entraîné la création de plusieurs centaines de mots pour certains domaines, ainsi pour la langue de la biologie ou pour celle de l’informatique. La dernière décennie a ainsi vu l’expansion de la cyberculture. Cybernétique, emprunté au grec par Ampère au xixe siècle pour « l’étude des moyens de gouvernement », repris par le mathématicien américain Norbert Wiener pour « l’étude des processus de contrôle chez l’être vivant et la machine » en 1948, est à l’origine de nombreuses formations, comme cyberculture, cyberespace, cybercafé, base cyber.

Des termes anciens retrouvent parfois vie à la faveur de l’actualité politique : chienlit, abracabran- tesque. Mai 1968 a laissé, toutefois, à côté des slogans qui subsistent (il est interdit d’interdire, sous les pavés la plage) peu de néologismes (facho, réviso) ; il y a eu extension de termes de création antérieure (autogestion, des années 20, société de consommation, des années 60), réactivation de certains mots comme trublion (création plaisante d’Anatole France à partir du grec trublion, « bol, écuelle », pour traduire le sobriquet de Gamelle donné au duc Philippe d’Orléans, chef de file des royalistes pendant l’affaire Dreyfus ; utilisé pour les partisans des royalistes et rapproché de trouble, le trublion devenant l’équivalent de fauteur de troubles).

2. Anglicismes

Les anglicismes sont particulièrement nombreux, récusés par d’aucuns qui, comme René Étiemble en 1964, dénoncent le « franglais », endigués par d’officielles commissions de terminologie qui, depuis 1973, essaient d’imposer des équivalents français. L’anglicisme est fréquent dans certains langages ; ainsi, celui de la mode. L’emprunt relève souvent du domaine du fiançais parlé : in, out, off, black, coqI, because. Il y a tendance à franciser les verbes en les conjuguant sur les vertus en -er (relooker, flipper, flasher).

Certains termes du vocabulaire des sciences et des techniques se vulgarisent, mais il ne s’agit que d’une infime partie des nombreux vocabulaires spécialisés qui se multiplient.

. Les particularités phonétiques de l’ancien français et ses traits distinctifs du latin.

Mot clé : particularités.

Matière de programme :

1) Système phonologique du latin

2) Système phonologique de l’ancien français

3) Richesse du système phonologique

4) Consonnes finales et implosives

5) Apparente adéquation de l'écrit et de l’oral et le développement des lettres diacritiques

Système phonologique du latin

Les sons de l’ancien français (les voyelles et les consonnes) proviennent des sons latins. Nous relevons deux grandes étapes du latin : le latin classique et le latin vulgaire. Le fait le plus marquant de l’évolution vocalique qui conduit du latin classique au latin vulgaire est l’apparition de nouveaux sons qui ont nécessité ultérieurement des modifications importantes dans le domaine orthographique. Le latin classique avait dix voyelles : cinq voyelles brèves (ă [a], ĕ [e], ĭ [i], ŏ [o], ŭ [u]) et cinq voyelles longues (ā [a:], ē [e:], ī [i:], ō [o:], ū [u:]). Le latin classique possédait encore trois diphtongues : æ [ae], œ [oe], au [аu].

La différence entre les voyelles brèves et longues jouait un rôle distincif phonologique, c’est-à-dire si, par exemple, dans le mot pоpulus la voyelle o était brève (pǒpulus), ce mot se traduisait comme "peuple" et au contraire, elle était longue (pōpulus) – "peuplier". On peut citer d’autres exemples : mălum "mal" ~ mālum "pomme"; vĕnit "il vient" ~ vēnit "il est venu".

Il faut dire qu’au cours du développement de la langue latine les voyelles longues sont devenues fermées et les voyelle brèves deviennent ouvertes. Ces changements se présentent comme suit :

ī

devient

[i]

ĭ, ē

>

[e]

ĕ

>

[D]

ā, ă

>

[a]

ŏ

>

[C]

ō, ŭ

>

[o]

ū

>

[u]

ae

>

[D]

oe

>

[e]

Système phonologique de l’ancien français

Le système phonologique de l’ancien français est très différent de celui du latin. Il offre un nombre important de sons (phonèmes) totalement inconnus du latin. Pour les voyelles, il y a eu création du [B], dit actuellement e muet, rose, des voyelles nasales et d'une série de voyelles labialisées [y], plus, [œ], peur, [V], peu. L'ancien français connaît aussi l'existence de diphtongues et de triphtongues (voyelles dont le timbre se modifie au cours de l'émission). La grande diversité vocalique du français est remarquable et l’importance du nombre des voyelles l'oppose à d'autres langues. Pour les consonnes, les différences sont aussi très significatives, puisqu'en latin, il n'existe ni les consonnes [z], [v], [G], [F], ni les deux consonnes palatales, n mouillé [Q] et l mouillé [λ]. L'ancien français possède aussi des consonnes dites affriquées: [ts] (ц), [dz] (дз), [tG] (ч), [dF] (дж).

Richesse du système phonologique

La langue a été profondément modifiée dans le temps, même si les graphies souvent conservatrices ne permettent pas toujours d'en rendre compte. Pendant les cinq siècles de ce qu'il est convenu d'appeler l'ancien français, des modifications phonétiques importantes ont changé la structure sonore des mots, aboutissant à la perte d'une série de consonnes, à l'apparition dans un système vocalique purement oral de voyelles nasalisées et à l'élimination des diphtongues. Le système phonologique du XIIe siècle, avec ses consonnes affriquées, ses diphtongues et ses triphtongues, ne compte pas moins d'une cinquantaine de phonèmes, alors qu'en français moderne, on n'en dénombre plus que 37. Les consonnes affriquées [ts], [dz], [tG], [dF] se simplifient au XIIIe siècle. Elles survivent dans la prononciation des mots anglais d'origine française, tel juge par exemple ; budget, emprunté à l'anglais, n'est autre que l'ancien français bougette, « petit sac », prononcé avec [dF].

Les voyelles et les diphtongues au contact d'une consonne nasale se nasalisent entre le Xe et le XIVe siècle (le latin ne possédait pas de voyelles nasalisées et, en Europe, seules les langues portugaise et polonaise connaissent, comme le français, ce phénomène qui tient à une anticipation de la prononciation de la consonne nasale) ; la voyelle se nasalise, mais la consonne nasale continue à être articulée (bon, [bTn] / bone, [bTne]). Avant nasalisation, la voyelle a tendance à se fermer (banum > baen > bain) ; après nasalisation à s'ouvrir : en est prononcé [Rn], puis [Sn].

Consonnes finales et implosives

La chute des consonnes finales intervient dans la langue populaire, alors que la langue savante tend à les conserver à la pause et en liaison (témoigne encore de ce phénomène la prononciation moderne des nombres six, huit : huit enfants, ils sont huit s'opposent ainsi à huit livres).

Les consonnes implosives (c'est-à-dire en fin de syllabe et devant une autre consonne) disparaissent de la prononciation au XI-XIIe siècle, entraînant un système de syllabe ouverte (consonne + voyelle). La disparition devant consonne sourde ne saurait être antérieure à la fin du XIe siècle, puisque les termes importés en Angleterre lors de la conquête (1066) le sont avec un [s] prononcé (voir tempest, castle). Cette disparition s'accompagne d'un allongement de la voyelle antéposée, marqué dans l'écriture par le maintien de ce s (ostel) auquel on substituera au XIIIe siècle un accent circonflexe.

Une de ces consonnes implosives, le [l], ne s'amuït pas, mais se vocalise. La vocalisation du [l] en [u] (aboutissant à [ou] après le o [au] après le a; [eau] après le [D]), au XIe siècle, explique toutes les séries de pluriels apparemment irréguliers du type fol / fous, cheval / chevaux, vitrail / vitraux et les alternances bel / beau, nouvel / nouveau devant voyelle ou consonne. La graphie x dans certains de ces mots (chevox) correspond à l’ancienne abréviation de -us qui se confond avec x ; un u sera ensuite ajouté et x fonctionnera comme marque du pluriel, à l'égal du s. À partir du XIIe siècle, se développe pour transcrire la diphtongue [ou] issue de la vocalisation du [l], le digramme ou qui deviendra la marque du [u], lorsque la diphtongue [ou] se monophtonguera en [u] au XIIe siècle, la langue française retrouvant ainsi un phonème qui avait disparu depuis le VIIIe siècle, quand le [u] latin était devenu [y].

Apparente adéquation de l'écrit et de l’oral et le développement des lettres diacritiques.

Le système graphique médiéval apparaît ainsi plus proche de la prononciation. Et l'on a pu louer cette concordance entre écrit et oral. Mais il existe de multiples cas d'ambiguïtés. Ainsi, en raison de l'absence d'accents qui n'apparaîtront qu'au XVIe siècle, les différences de timbre du e ne sont pas notées ; i et j d'une part, u et v d'autre part ne sont pas distingués. Le graphème c devant a et o peut équivaloir au son [s] ou au son [k], g devant a et o au son [F] ou [g] : pour lever cette ambiguïté, certains textes offrent les graphies lancza, lancea, mangea. Les consonnes finales non prononcées à partir du XIIIe siècle sont conservées dans la graphie. Les voyelles nasalisées ne sont pas toujours marquées ; lorsqu’elles le sont, c'est par le doublement de la consonne ou par le tilde au-dessus de la voyelle (bonne, bõne), notations qui subsistent alors même que la prononciation de la double articulation nasale se simplifie. Le z marquait la prononciation de l’afftiquée [ts] ; lorsque les affriquées cessent de se prononcer, le -z final (correspondant à [ts] issu de finales en -tis, -tus ou -tos après chute de la voyelle finale) survit dans la graphie. Il se trouve ainsi dans les participes passés masculins au pluriel (amatos > amez), au présent (amatis > amez), dans un mot comme assez (< adsatis). Précédé de e, il sert à noter le son [e] en finale et, s’il n'a pas subsisté pour les participes passés, il reste comme marque morphologique de deuxième personne du pluriel.

Dans l’écriture gothique, apparue au XIe siècle et de déchiffrement difficile, plusieurs graphèmes sont réduits à des jambages (прямая черта) ; u, n, m et le i non pointé ne sont pas toujours faciles à distinguer. Certaines survivances actuelles manifestent les solutions trouvées pour une meilleure intelligibilité, comme l'emploi de substituts ou de lettres diacritiques (servant à distinguer), par exemple l’emploi du l après le u, permettant de ne pas confondre u et n (vent et veult, pent et peult).

L’orthographe française, aux mains des clercs, tend à se calquer sur celle du latin. Mais, l'inadéquation de l’alphabet latin au système phonologique est patente. De nombreux digrammes se spécialisent pour la notation des phonèmes inconnus du latin ; comme ch pour [G], eu pour [V] et [Z]. La variation de transcription selon les régions et selon les copistes est grande et au sein d'un même texte le même mot peut être doté de graphies différentes.

L'ancien français, au riche système phonologique, possède des phonèmes inconnus du latin : des consonnes affriquées, des diphtongues et des triphtongues qui se simplifient à la fin du Moyen Âge et, à partir du Xe siècle, des voyelles nasales. D'importants changements affectent les consonnes implosives. De nombreuses graphies du français moderne héritées de cette période où l'orthographe commence à se fixer conservent le souvenir des prononciations médiévales. Les cas d'ambiguïté dans la reconnaissance des graphèmes entraînent une multiplication des lettres diacritiques.

Questions à développer : 1. Quels traits phonétiques caractéristiques différencient l’ancien français de celui contemporain ? 2. Qu’est-ce que c’est le système phonologique purement oral ?

Particularités linguistiques de l'ancien français : cinq siècles d'évolution (sons et graphies).

Mot clé : changements.

Matière de programme :

  1. Etapes de l’évolution du vocalisme et du consonantisme du français.

  2. Tendances de l’évolution phonétique en ancien français.

  3. Changements dans le vocalisme

  4. Changements dans le consonantisme

Etapes de l’évolution du vocalisme et du consonantisme du français. La structure phonétique du vocalisme subit quatre étapes d’évolution:

1) la diphtongaison aux IX - XII ss.;

2) la monophtongaison aux XIII - XV ss.;

3) les différences quantitatives et qualitatives au XVI s.;

4) les oppositions qualitatives du francais moderne (XVII - XVIII ss.).

Mais pour l’évolution du consonantisme on peut indiquer seulement deux périodes:

1) les IX - XIII ss. quand le consonantisme possède les affriquées;

2) les XIV—XV ss. quand s’établie le systeme consonantique qui fonctionne aujourd’hui.

Certaines modifications durent plusieurs siècles, p.ex. la nasalisation (du IX s. jusqu’au XVI s.), c.-a-d. plusieures périodes historiques.

Tendances de l’évolution phonétique en ancien français

Des changements qui ont lieu entre le milieu du XIe siècle et la fin du XIIIe, on peut retenir quelques traits dominants. Les tendances de l’évolution phonétique en ancien français continuent celles des époques précédentes: de l’époque du latin populaire et du gallo-roman (VI - VIII ss.). Ce sont:

a) la tendance à l’articulation antérieure: [u] > [y], [a] moyen > [a] antérieur, etc.

b) la tendance à la palatalisation qui amène la formation des affriquées [ts], [dz], [tG], [dF];

c) la tendance à la nasalisation des voyelles devant une consonne nasale;

d) la tendance à la syllabe ouverte qui se réalise à son tour au moyen de la réduction des groupes consonantiques, de la vocalisation de l, g, b devant consonne, du passage des diphtongues descendantes aux diphtongues ascendantes, de la réduction des diphtongues et des triphtongues;

e) la tendance à l’enrichissement de la série des consonnes constrictives (trois sourdes et trois sonores, vont par paires: s - z; f - v; ch - j) vers le XIII s.;

f) la tendance à la labialisation des voyelles qui se réalise surtout après la monophtongaison des diphtongues [eu], [ue] > [oe] vers la fin de la période de l’ancien français;

g) la tendance à la vocalisation des consonnes en position ‘consonnes l, g, b + autre consonne’ qui amène les diphtongues combinatoires: afr. salt > saut, lat. colăpu > colpu > coup, lat. tabula > afr.dial. taule > tole;

h) la tendance au iotacisme en position intervocalique: lat. pacare > payer, lat. plaga > plaie et en position ‘c, g + consonne’: lat. lacte > afr. lait, lat. factu > afr. fait.

Changements dans le vocalisme

Alors qu'aux siècles précédents la poussée la plus vigoureuse avait pour résultat des palatalisations, les enrichissements se font plutôt dans le domaine de la labialisation. La labio-vélaire la plus fermée, qui avait été palatalisée en [y], réapparaît, mais dans des positions différentes, par suite de la fermeture de o initial en hiatus, et de o entravé. Ainsi, il n'y a plus de [u] dans ce qui continue à s'écrire dur, mur, pur, mais torner devient désormais tourner, loer devient louer et à cort succède [kur], écrit cour. Quant à la série des palatales arrondies qui avait pris naissance avec le phonème [y], elle va se trouver enrichie par la labialisation de [e] en syllabe initiale libre (exemple cheval) et la réduction des anciennes diphtongues ue et eu en œ. La série des nasales, amorcée dès le plus ancien français, s'enrichit à son tour: [o] se nasalise au XIIe siècle, [i] et [y] commencent à se nasaliser au siècle suivant. Si les séries de voyelles pures se complètent, le nombre des diphtongues décroit sensiblement ; elles se réduisent tantôt à un groupe semi-consonne + voyelle, tantôt à des voyelles simples. Les produits des deux premières diphtongaisons ie et ue ont eu pour résultats, l'un groupe [ie], l'autre la voyelle œ. Il en est de même des produits des diphtongaisons suivantes : oi n'est plus qu'une orthographe traditionnelle pour [wD], dont le deuxième élément peut, dès le XIIIe siècle, s'ouvrir en a, à moins que le produit, è, ne soit plus diphtongue ; eu, comme ue, s'est réduit à œ ; ai se maintient dans la graphie mais correspond en fait, depuis la fin du XIe siècle, à è. La plupart des diphtongues fournies par l'état de langue précédent se sont donc réduites en ancien français, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que la diphtongue au, combinaison de a et de l vocalisé.

Alors, au XI-XIIIe siècle,

  • le [e] initial passe à [B] (venir) ;

  • le [o] initial à [u] (couleur),

  • le [e] entravé accentué à [D] (perdre),

  • le [o] entravé accentué à [u] (court).

Les diphtongues et les triphtongues se simplifient, soit par réduction à une voyelle simple, soit par réduction à une voyelle précédée d'une semi-consonne :

  • [ie], issu de [D], devient [je] (pied) ;

  • [uo], issu de [C], passe à [ue], puis [uV] et [V] (cœur) ;

  • [ou], issu de [o], se transforme en [eu], puis [Vu] et [V] (fleur) ;

  • [ei], issu de [e], évolue en [oi], puis [we] (foi) ; ce son, passé à [wD], s'ouvrira jusqu'à [wa] dans la langue populaire.

A la fin du Moyen Âge, le système vocalique médiéval, particulièrement riche, a donc commencé à se simplifier.

Changements dans le consonantisme.

Dans le domaine consonantique les changements importants touchent la série des fricatives, dont le nombre s'était accru aux siècles précédents. Cette série s'allège, dès le XIe siècle, des phonèmes qui correspondent respectivement à th anglais dur ou doux et n'étaient pas entrés dans un jeu d'opposition suffisamment net. Comme la syllabation, liée à la physionomie du mot, est demeurée stable, cette disparition a accru sensiblement le nombre des hiatus intérieurs. Mais la portée de ce mouvement a été limitée : dès le XIIIe siècle la tendance à réduire certains de ces hiatus s'observera, alors qu'il ne s'en créera pas de nouveaux (ex. veoir > voir). Plus solides ont été les affriquées tch et dj qui n'étaient pas liées à un type de position unique dans le mot : elles subsistent sous la forme réduite ch et j à partir de la fin du XIIe siècle. Parallèlement ts et dz, perdant leur élément dental, s'étaient confondus avec les sifflantes s et z : dès lors cent s'est prononcé comme sent, ceint comme l'adjectif saint, etc.

Enfin, de nombreuses consonnes s'étaient assimilées ou amuïes devant une autre consonne. Les plus résistantes avaient été les nasales, la vibrante r et les sifflantes. Or les sifflantes, d'abord la variante sonore (XIe siècle), puis la sourde (XIIe) s'amuissent à leur tour, ex. asne (auj. âne), teste (tête), etc. La voyelle précédente a subi, dans ce cas, un allongement qui a légitimé le maintien de s dans la graphie. L'amuïssement ayant eu lieu après l'implantation des Normands en Angleterre, s s'est maintenu jusqu'à nos jours dans les mots français les plus anciennement introduits, ex. forest, tempest en face de fr. forêt, tempête. D'autre part, l s'était nasalisé en u devant consonne. La conséquence de tous ces faits a été la simplification d'un grand nombre de groupes consonantiques : voyelles pures, consonnes simples, tel paraît être l'aboutissement auquel tend l'ancien français.

Pour se préparer au séminaire sur l’évolution phonétique de l’ancien français consultez les ouvrages ci-dessous :

Le développement des systèmes grammatical et syntaxique en ancien français.

L’ancien français est une langue plutôt synthétique qui est marquée de fortes tendances à l’analyse. L’ancien français diffère du latin, c’est une nouvelle langue toute particulière qui possède ses propres valeurs grammaticales et son système de formes morphologiques et syntaxiques. Seulement l’étude étymologique de l’ancien français peut rapprocher cette nouvelle langue du latin. Même les formes et les valeurs héritées du latin ont subi des transformations importantes.

Matière de programme :

1) La déclinaison (склонение) du nom

2) La déclinaison de l’adjectif

3) Les articles, créations romane et médiévale

4) Les démonstratifs (указательное местоимение или прилагательное)

5) Les possessifs (притяжательное слово)

6) Les indéfinitifs

7) Les numéraux cardinaux et ordinaux

8) Les pronoms personnels

9) Les relatifs et les interrogatifs

10) Conjonctions, prépositions, adverbes

11) La négation

12) Le verbe

13) Ordres des mots

La déclinaison du nom

L’ancien français est une langue à déclinaison à deux cas : le cas sujet et le cas régime (косвенный падеж). Pour le masculin, au pluriel, les cas sont bien différenciés par l’absence ou la présence d’un -s, mais, au singulier, cette opposition n’est pas systématique. Au féminin, il n’y a jamais d’opposition de cas au pluriel, toujours marqué par -s, ni au singulier, dans la déclinaison majoritaire. Avec la disparition de la déclinaison, les noms subsistent généralement sous leur forme de cas régime, à l’exception des noms de personnes appartenant aux déclinaisons avec radical variable et qui ont pu être conservés sous la forme du cas sujet (traître) ou comme deux mots distincts (sire / seigneur).

La déclinaison de l’adjectif

Il existe deux classes d’adjectifs qui pour les marques de flexion suivent les déclinaisons des noms. L’une (du type bons, bone, bon) est marquée au féminin par la présence d’un -e. L’autre (du type granz, grant) n’offre pas de -e au féminin. Certains comparatifs (du type graindre, graignor) issus des comparatifs synthétiques latins ont un radical différent au cas sujet.

L’adjectif épithète (определение – adjectif qualificatif qui n'est pas relié au nom par un verbe (opposé à attribut)) peut être antéposé ou postposé au nom. En ancien français jusqu’au XVII siècle un plus grand nombre d’adjectifs épithètes s’antépose, par exemple, les adjectifs de couleur en particulier sont fréquemment antéposés et encore les adjectifs monosyllabiques (bel / beau, grand, bon, doux, franc, haut, laid, long, plein, pur, saint etc). Les adjectifs longs en revanche sont régulièrement postposés (adjectifs de nationalité ; bcp d’adjectifs en -al, -el, -ien, -able, -ible, -uble, -ique, -eux ; ainsi que les participes présents ou passés adjectivés).

L’adverbe en -ment de par sa formation avec le féminin de l’adjectif suit la variation des paradigmes de l’adjectif (bonement sur le féminin bone avec -e, mais forment sur le féminin fort sans -e).

Les articles, créations romane et médiévale

L’article défini et l’article indéfini sont des créations romanes, issues du démonstratif et du numéral. Le premier suppose un référent (реферéнт) parfaitement identifié, le second un référent à identifier, mais souvent l’actualisation ne semble pas nécessaire et il y a absence d’article. L’article partitif est une création médiévale ; il est aussi à l’origine des formes actuelles du pluriel de l’article indéfini.

Les démonstratifs

En ancien français les déclinaisons ont disparu, c’est pourquoi un seul paradigme de déterminant subsiste pour le démonstratif et le possessif.

L’ancien français oppose un démonstratif de la proximité (cist) à un démonstratif de l’éloignement (cil) sans véritable spécialisation grammaticale. Il se crée à la fin de la période une série de déterminants démonstratifs (ce, ces) parallèle au déterminant le, les.

Les possessifs

L’ancien français oppose pour certains possessifs des formes atones qui fonctionnent comme déterminants et des formes toniques qui fonctionnent comme pronoms, mais aussi comme adjectifs (un mien ami). De nombreuses formes sont refaites pendant la période médiévale, permettant une simplification du système.

Les indéfinitifs

Certains déterminants indéfinis ont disparu ou sont en train de disparaître (autretel, nul), d’autres ont apparu (article partitif, indéfini pluriel des, adjectif indéfini distributif chaque), d’autres encore ont changé de signification (aucun).

La classe hétérogène des indéfinis regroupe des formes marquant la quantité comme aucun ou nul qui ne prennent valeur négative que dans des emplois avec négation et des formes marquant l’identité comme même dont les variations sémantiques ne dépendent pas de la place dans la phrase.

Les numéraux cardinaux et ordinaux

Pour les numéraux cardinaux, sont utilisées jusqu’à seize des formes issues du latin, avec déclinaison pour les trois premières ; à partir de dix et sept, des formes analytiques avec la conjonction et. Sont en concurrence pour les dizaines la numération décimale (десятичный) et la numération vicésimale (двадцатиричный) héritée vraisemblablement du gaulois.

En ce qui concerne les numéraux ordinaux, pour les dix premiers chiffres, coexistent des formes héritées du latin (prins, seconz...) et des formes créées par dérivation (-ain : premerain, quartain ; -isme : deusisme, troisisme, quatrism ; -iesme : uniesme, deusiesme, troisiesme; cette dernière série devenant dès la fin du Moyen Âge prédominante).

Les pronoms personnels

L’absence du pronom sujet est fréquente. Autonome, le pronom sujet est utilisé pour des raisons expressives. Sa présence sera favorisée par l’évolution qui tend à privilégier l’ordre à sujet thématique en tête.

Pour le pronom personnel complément, les formes faibles sont conjointes au verbe, alors que les formes fortes peuvent prétendre à l’autonomie.

Les relatifs et les interrogatifs

Un relatif avec un paradigme unifié hérité du latin (qui. que, quoi) et qui tend à limiter ses formes à une sorte de relatif universel que entre à partir du siècle en concurrence avec une création médiévale lequel qui, contrairement à l’autre relatif, multiplie dans sa forme les indications sur le genre, le nombre, la fonction.

Des marqueurs spécifiques de l’interrogation apparaissent, permettant de conserver dans la phrase interrogative un ordre sujet-verbe.

Conjonctions, prépositions, adverbes

Conjonctions, adverbes et prépositions ne sont pas clairement distingués. Aux quatre conjonctions héritées du latin (comme (quomodo), quand (quando), si (si), que du lat. quia), se sont ajoutées de multiples conjonctions de formation analytique avec que, par exemple, à ce que, afin que, par ce que, puis que, ainz que, tant que, combien que, si que, etc. Pour les prépositions, aux prépositions venues directement du latin, se sont adjointes de nombreuses créations souvent analytiques. Les procédés de formation des adverbes sont très variés, c’est-à-dire, formes composés (bientost, longtemps) ; la suffixation (-ment est très productif).

La négation

Pour la négation, sont en concurrence la forme non héritée du latin et la forme ne accompagnée généralement d’un renforcement de la négation (provenant d’adverbes latins ou de substantifs comme pas et point). Cette négation à deux éléments est une des originalités du français.

Le verbe

L’accord du verbe avec le sujet se fait généralement selon le nombre grammatical, parfois selon le nombre sémantique : tout ce qu’il dit sont autant d’impostures. La morphologie verbale est assez irrégulière et au cours du Moyen Âge les réfections (перестройка) analogiques sont importantes. L’alternance vocalique affecte (приобретать) les radicaux de multiples verbes pour le présent de l’indicatif, du subjonctif, l’impératif, le passé simple. De nombreuses finales disparaissent dans la prononciation et ne subsistent plus à l’écrit que comme marques morphologiques.

Le passé composé, le conditionnel, temps de création romane, les périphrases verbales se développent.

Ordres des mots

Le verbe est principalement en position médiane dans la proposition, l’ancien français comme les autres langues romanes étant une langue à ordre verbe-objet ; la place avant le verbe, tonique, est occupée par le sujet (l’ordre sujet-verbe tendant à prévaloir) ou par des compléments qui entraînent l’inversion du sujet. Ultérieurement, la première place sera essentiellement celle du sujet, précédé d’éléments circonstanciels. Dans l’interrogation, un certain nombre d’innovations permettant de conserver le sujet avant le verbe entrent en concurrence avec l’inversion du sujet.

Le développement du système phonétique du moyen français. L`orthographe du moyen français

Matière de programme :

  1. Les changements importants du sustème phonétique à l’époque du moyen français.

  2. L`orthographe du moyen français

Le développement du vocalisme du moyen français se caractérise par les phénomènes suivants:

  1. Le remplacement de l’accent de mot par l’accent rythmique;

  2. La continuation de la monophtongaison des diphtongues;

  3. La chute ou l’affaiblissement des voyelles en hiatus;

  4. L’amuïssement du e final précédé d’une voyelle;

  5. La parution de la durée historique.

  1. Le phénomène le plus important du système phonétique du moyen français est le remplacement de l’accent de mot de l’ancien français par l’accent rythmique. Tous les mots outils commencent à graviter vers les mots significatifs et à s’y rattacher, formant ce qu’on appelle les groupes rythmiques. Ces groupes rythmiques commencent à fonctionner dans la proposition comme des mots phonétiques à part.

  2. On observe en moyen français la monophtongaison des diphtongues. Par exemple la chute du premier élément de la diphtongue ie après [3], [Q], [G], [F] : conseillier > conseiller; gaagnier > gagner; chief> chef; legier > léger

Par analogie, la diphtongue ie se monophtongue également dans les mots: aidier > aider; baissier > baisser; traitier > traiter.

Cette diphtongue s’est maintenue jusqu’aujourd’hui seulement dans les mots: moitié, pitié, amitié.

Vers la fin du moyen français

  • la diphtongue au tend à devenir une monophtongue o : autre [autre] > autre [o: trB] ;

  • la triphtongue eau passe à une diphtongue eo : eau [e-o], beau [be-o];

  • la diphtongue ou > [u], mais la graphie reste la même: coup, clou, fou ;

  • la diphtongue al > au> o : alba > aube [ob];

Les diphtongues nasalisées ne font pas exception, elles suivent de près la réduction des diphtongues non nasalisées passant à une voyelle simple: ain > [R] (panum > pain), ein > [R] (plenum > plein). La graphie ne change pas.

3) L’amuïssement des voyelles en hiatus qui s’achève au XVI s. Les voyelles inaccentuées a, e, o en hiatus, c’est-à-dire devant une autre voyelle, tombent comme de règle. Plus rarement, dans certains cas, c’est la voyelle qui les suit tombe, dans d’autres, la voyelle en hiatus s’affaiblit. Ce processus, commencé en ancien français, dure jusqu’au XVI s.

  • a + a > a gaaignier > gaignier > gagner

  • a+o > o aorner > orner

  • a+i > ai> ei > [D], mais la graphie s’est maintenue haine > haine

Le hiatus s’est maintenu jusqu’aujourd’hui dans les mots: haïr, trahir, trahison, envahir. Dans les mots trahir et envahir, h n’est qu’un signe graphique, qui sert à indiquer que a et i se lisent séparément;

  • a+u > u saoul > soûl [su] – п’яний

  • e+u > u armeûr > armure – доспехи, латы

  • e+a > a cheance > chance

  • e+e > e meesme > même

  • e+o > o seoir > soir

  1. A partir du XIV s., le e final cesse de se prononcer d’abord après une voyelle: vi(e), venu(e) et ensuite après les diphtongues: voi(e), joi(e), plui(e).

  2. La contraction des diphtongues et des groupes de consonnes ainsi que l’amuïssement du e final sont accompagnés de la parution de la durée historique des voyelles, qui sont touchées par ces changements phonétiques: vi(e) > vi; venu(e) > venu; teste > te: te; beste > be: te.

Les changements dans le consonantisme du moyen français sont liés essentiellement avec le processus de la chute des consonnes :

  • la chute de s à l’intérieur du mot;

  • la chute des consonnes finales;

  • l’établissement du système de la liaison.

1) La chute de s à l’intérieur du mot s’est encore amorcée (начинаться) au XI s. A cette époque s commence à tomber devant les liquides (плавный звук) r et l, ainsi que devant les nasales m et n: isle > ile > île. Mais au XIV s. s tombe devant les autres consonnes: teste > tête, beste > bête (mais on écrivait encore s, l’Académie française a supprimé cette lettre et a introduit l’accent circonflexe).

2) Au XIV s. on observe la chute de beaucoup de consonnes finales, dans le débit (речь, манера говорить), si elles sont suivies d’un mot commençant par une consonne: vi(f), cou(p), chanteu(r), aprè(s). Tandis que devant une pause et devant un mot commençant par une voyelle, ces consonnes finales se prononçaient.

3) D’où commence l’établissement du système de la liaison ? C’est au XIV s., avec le processus de la chute des consonnes finales, que sont jetés les fondements du système original de la liaison qui est propre uniquement au français. En effet, dans aucune autre langue romane et, en générale, dans aucune autre langue européenne, il n’existe de pareil phénomène phonétique.

La réduction des hiatus est le phénomène phonétique majeur de cette période où l’orthographe se complique par le développement des lettres étymologiques, diacritiques et analogiques. Alors au Moyen Age l’orthographe perd peu à peu son caractère phonétique pour devenir traditionnelle ou historique.

L’orthographe demeure en grande partie telle qu’elle a été en ancien français, tandis que la prononciation évolue toujours. Donc, l’orthographe retarde sur la prononciation, p. ex. loi [lwe] et [lwa], asne [ane].

L’orthographe du français devient plus chargée. A partir du XIIIe s., époque où les juristes multiplient les écrits, les lettres étymologiques, diacritiques et analogiques sont de plus en plus fréquentes. Les lettres étymologiques servent à indiquer la filiation par rapport au latin : ainsi aux graphies médiévales erbe ou eure (du latin herba et hora) se substituent herbe et heure. Les lettres diacritiques ont pour fonction de rendre plus lisibles les graphies ambiguës : huit (du latin octo) par exemple doit son h au souci de ne pas confondre le mot avec vit en un temps où u et v n’étaient pas distingués dans la graphie. h de debuoir permet de noter que le graphème qui suit est une consonne et non la voyelle u. y se développe comme substitut de i permettant d’éviter la confusion des jambages dans l’écriture gothique. La position de fin de syllabe, dans la mesure où les consonnes implosives ont disparu de la prononciation, est le lieu privilégié des consonnes étymologiques ou diacritiques.

Par analogie, prent est écrit prend pour le rapprocher de prendre, grani prend un d comme au féminin, tems est graphie temps par rapport à temporel. L’orthographe française se caractérise ainsi de plus en plus par l’ambivalence des graphies (même graphie pour plusieurs sons) et par la synonymie des graphies (plusieurs graphies pour un seul son), d’où le développement de lettres diacritiques pour tenter d’apporter des solutions aux problèmes d’ambiguïté. Ainsi en un temps où il n’y a pas d’accent permettant d’opposer e, é et è, utilise-t-on s devant consonne pour marquer le son [D] pour la voyelle accentuée (estre) et le son [e] pour la voyelle atone (esglise) ; le doublement de la consonne suivant le e permet de marquer le [D], phénomène encore présent pour les verbes en -eler et -eter (appelle) ; -ez en finale indique le [e], marque conservée pour les présents (aimez).

Les plus importants changements de la structure grammaticale et syntaxique du moyen français

Matière de programme :

  1. Prévalence d’une morphologie analytique.

  2. Les pronoms personnels, les articles (indéfini, défini, partitif), l’adjectif, l’adverbe, le démonstratif, le verbe.

  3. Ordre des mots

Des évolutions remarquables concernant la morphologie avec un rôle important dévolu à l'analogie prennent place en moyen français, comme la systématisation de certaines désinences.

1) Prévalence d’une morphologie analytique.

À la fin de l'ancien français, la chute de la déclinaison s'accompagne du développement des déterminants comme l'article, alors que les confusions des désinences verbales dues à la chute des consonnes finales entraînent la généralisation du pronom personnel sujet qui perd son accent. Ainsi les marques du genre, du nombre, de la personne ne sont plus pour l'essentiel intégrées à la forme, le français devenant une langue de plus en plus analytique et tendant à abandonner la morphologie flexionnelle. À l'oral, la distinction entre personnes ne se fait guère que par le pronom personnel et la désinence du nom à elle seule ne permet plus de marquer le genre, le nombre, ni la fonction. À l'écrit, le morphogramme -s n'est plus marque du cas sujet, mais du pluriel (en concurrence avec -z et -x pour certaines classes de mots).

Le changement le plus important de la structure grammaticale du moyen français est la disparition du système de la déclinaison à deux cas. Ce processus se situe entre le XIII s. et le XIV s. Comme de règle, c'est la forme du cas oblique (accusative latin) qui s'est maintenue et c'est celle du cas sujet (nominatif latin) qui a disparu. La forme du cas oblique s'est maintenue grâce à sa fréquence d'emplois: la forme du cas oblique était trois fois plus employée que celle du cas sujet.

L'extinction du système de la déclinaison à deux cas était accompagnée des phénomènes particuliers suivants:

1) Le maintien du cas sujet (nominatif) dans certains substantifs:

Dans les substantifs: fils, soeur, traître, prêtre, et dans les prénoms: Jacques, Charles, Nicolas, Georges, c'est la forme du cas sujet, et non du cas obliqus, qui s'est maintenue, comme l'indique la présence dans les prénoms de la terminaison -s, propre au cas sujet du singulier.

Certains substantifs ont conservé les deux formes – celle du cas sujet et du cas oblique, mais avec des significations différentes: pastre / pasteur, compaing (copain) / compagnon, gars / garçon, chantre (певец) / chanteur, on (pronom indéfini) / homme.

2) La transformation de la flexion -s en indice du pluriel:

Avec la ruine de la déclinaison à deux cas et la disparition de la forme du cas sujets, la désinence -s, qui se rencontrait au masculin dans la forme du cas sujet au singulier et celle du cas oblique au pluriel, devient à partir des XIV et XV s. uniquement la marque du pluriel des formes nominales (substantifs, adjectifs qualificatifs; déterminatifs: articles, possessifs, démonstratifs, indéfinis, interrogatifs) et des pronoms (pronom personnel de la troisième personne du pluriel du masculin au nominatif, possessif, démonstratif, indéfinis, interrogatif).

  1. Le maintien du système de la déclinaison dans les pronoms personnels:

Les pronoms personnels atones de la première et deuxième personnes du singulier ont conservé la déclinaison à deux cas, c'est-à-dire les formes du nominatifs et du datif-accusatif (je – me, tu – te), tandis que les pronons personnels atones de la troisième personne du singulier et du pluriel ont conservé la déclinaison à trois cas, c'est-à-dire qu'en plus des formes du nominatif et de l'accusatif, ils possèdent une forme à part pour le datif. D'autre part, la forme tonique lui a remplacé li au singulier et la forme tonique leur a remplacé lor au pluriel (il – lui – le; elle – lui – la; ils/elles – leur – les).

On observe l'introduction de la flexion s dans la troisième personne du masculin pluriel ils (car: illi > il) par analogie avec les substantifs et la forme de la troisième personne du féminin pluriel (ellas, eles). Toutefois, la forme ils s'impose avec difficulté et ce n'est qu'au XV s. qu'elle sera généralement admise.

4) L'approfondissement des tendances des moyens analytiques de l'expression des valeurs grammaticales:

L'article se transforme de plus en plus, en moyen français, en marque obligatoire du substantif. Toutefois, l'article défini s'emploie plus fréquemment que l'article indéfini. Pendant cette période, les articles défini et indéfini ont pris de nouvelles significations individualisantes de l'article indéfini et de la valeur généralisante de l'article défini. Si l'article indéfini commence à s'employer plus souvent avec cette nouvelle valeur individualisante, par contre devant les substantifs qui signifient soit des notions abstraites soit des choses concrètes, mais prises au sens général, l'article défini continue très souvent de ne pas s'employer. A côté des formes du singulier un / une commence à s'employer comme forme du pluriel l'article des. En même temps, la forme uns / unes continuait à s'employer, lorsque le substantif possédait la signification d'une quantité indéterminée.

L'article partitif fait son apparition dans le moyen français. Il commence à s'employer plus ou moins régulièrement avec les substantifs, exprimant des objets non-nombrables; on peut encore, néanmoins, trouver des cas du non-emploi de l'article partitif, parfois même dans une même phrase : Il mange le pain. Il mange du pain.

Depuis le XIII s., le pronom personnel conjoint (atone) avait tendance, de plus en plus régulièrement, à accompagner le verbe. Mais c'est au XIV et XV s. que cette tendance s'est intensifiée. Ceci était dû à des changements dans la morphologie du verbe qui avait eu pour résultat de rendre de moins en moins distinctes les flexions des trois premières personnes du singulier. L'introduction des terminaisons -e et -s à la première personne du singulier avait eu pour effet de la rendre semblable à la deuxième (avec -s) et à la troisième (avec -e). L'emploi du pronom personnel conjoint devenait donc nécessaire et on observe son emploi de plus en plus régulier devant les verbes. Toutefois, les cas de l'omission du pronom-sujets là où il serait obligatoire en français contemporain, étaient encore fréquents en moyen français. Le pronom personnel tonique tend à remplacer le pronom atone pour peu qu'il soit mis en relief éloigné du verbe. Au XV s., l'emploi du pronom personnel tonique devient régulier, surtout s'il est accompagné d'un substantif-sujet. Toutefois, jusqu'au XVI s., le pronom personnel conjoint comme sujets peut encore s'employer séparément du verbe.

Les adjectifs épicènes (du type grant, sans distinction du masculin et du féminin) sont de plus en plus souvent munis d'un -e au féminin sous l'influence dominante de la classe majoritaire du type bon / bonne ; il en est ainsi des adjectifs en -el et -al; il subsiste quelques emplois au féminin de grant, vert, tel, quel ou royal (dans l'expression lettres royaux). Les adjectifs en -ique possédaient une forme en -e aussi bien au masculin qu'au féminin; le -e étant senti comme marque du féminin, l'on rencontre alors des adjectifs masculins en -ic (rustic, poetic); il survivra de cet état de fait public et la concurrence de laïc et laïque. Il en est de même pour les mots en -igné (prononcés [inB]); par suppression du -e, sont créés les adjectifs masculins bénin, malin, à partir des formes benigne et maligne.

Les adverbes en -ment (adjectif au féminin + suffixe -ment) formés à partir des adjectifs épicènes, tels forment, granment, sont refaits sur les formes féminines en -e (fortement, grandement). Pour les adverbes constitués sur les formes en -ant et -ent, sont en concurrence des formes avec ou sans -e (prudemment, prudentement; vaillamment, vaillantement). De fait, les formes en -emment, -amment prévaudront au XVIIe siècle et seules les formes presentement et vehementement l'emporteront sur les formes anciennes. Gentiment (fait à partir de gentil, forme épicène) n'a pas été refait. Dans les adverbes formés sur les adjectifs de première classe en -e, comme vraiement, aiseement, le e disparaît progressivement de la prononciation, mais continue à être noté dans la graphie. Le français moderne a hérité de cet état de fait un certain nombre d'irrégularités graphiques, comme le e de gaiement et l'emploi de l'accent circonflexe pour assidûment, dûment, crûment, goulûment, souvenir du e.

Les formes composées du démonstratif avec ci et de plus en plus fréquentes, les formes en ci renvoyant surtout à la situation d'interlocution. Le démonstractif tend à s'organiser en un système qui oppose les formes celui, celle, ceux, celles (parallèles au pronoms lui, elle, eux, elles), aux formes de déterminant ce, ces (proches de l’article le, les).