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Пословицы и их комментарий.docx
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A l’impossible, nul n’est tenu.

Voila un proverbe plein de sagesse. Il signifie que personne n’est obligé de faire ce qui est impossible à faire : courir le 100 mètres en 5 secondes ; construire un immeuble de 20 étages en une journée ; ou pendre un phoque pour donner la version anglaise de ce proverbe. Sur le fond, il renvoie les personnes sur le poids du réel dans la vie. Les réalités de ce monde ont leur force et leur inertie. On ne peut en changer les lois simplement parce que cela nous arrangerait. Les moralistes ont traduit ce proverbe sous la forme de l’adage suivant : on fait de la morale EN situation. C’est toujours dans un contexte bien réel, bien concret que peuvent se donner les conseils, s’élaborer les conduites les plus humanisantes au regard des principes fondamentaux qui nous habitent. Hors la situation, nous sommes dans le rêve ou le monde de l’imaginaire dont chacun sait qu’il ne connaît pas de limites. En revanche, s’il est nécessaire de faire de la morale EN situation, cela ne veut pas dire que l’on fasse de la morale DE situation. La morale DE situation consisterait à changer nos valeurs et nos principes en fonction de la situation présente, en fonction de ce qui nous arrange. Cette distinction n’est pas toujours facile à comprendre et pourtant elle est essentielle ! Les évangiles portent la trace de l’importance du réel dans la façon dont le Christ a conduit sa vie et formé ses disciples. Ainsi dans le fameux évangile où les disciples devaient nourrir une grande foule, on les voit s’inquiéter : « Faudra-t-il que nous allions acheter des pains pour deux cents deniers afin de leur donner à manger ? » Mais le Christ les renvoie au réel : « Combien de pains avez-vous ? Allez voir ». S’en étant informés, ils disent : « Cinq pains et deux poissons ». Et c’est à partir de ce réel tout simple que le Christ fit le partage. La foule n’a pas été nourrie par le pouvoir du génie d’une lampe magique, mais bien par l’accueil du réel qui a été béni et offert en action de grâce. (Mc 6, 30-44).

 

Avant d'enlever la paille de l'oeil de ton voisin, retire la poutre qui est dans le tien.

Ce proverbe que l'on trouve dans les évangiles rappelle deux choses fort importantes. D'une part nous sommes souvent bien prompts à critiquer nos voisins et même à leur faire la leçon. D'autre part, il nous est plus facile de repérer les défauts des autres, même les plus petits, que d'admettre que nous en avons aussi et parfois de plus grands. Il convient donc, sous peine de tomber sous l'accusation d'hypocrisie, de balayer devant sa porte avant de vouloir le faire devant la porte des autres. Le grand risque de ce proverbe est d'engendrer une paralysie dans l'encouragement mutuel à progresser car ceux qui nous connaissent bien pourrons toujours nous accuser de ne pas être parfaits. La lucidité sur nos péchés nous rendrait muet.

En réalité, une vraie lucidité sur nous-mêmes devrait nous conduire à plus d'humilité et à un effort permanent pour progresser. Cette attitude intérieure colorera nécéssairement notre parole et nous rendra solidaire des efforts que les autres font de leur côté pour ôter la paille de leur jardin.

La correction fraternelle ne s'improvise pas.

 

Bien mal acquis ne profite jamais

 

Voilà un vrai proverbe. Pour bien le comprendre, il faut se rappeler que le premier mot est un nom commun : Un bien, une propriété, un objet. La rédaction sous forme de proverbe donne une concision à la formule et joue sur l'opposition bien et mal : "bien mal acquis..." veut tout simplement dire "un bien qui a été mal acquis, ne profite jamais à celui qui l'a acquis par un mauvais moyen". C'est du moins ce que les bonnes gens veulent croire pour se consoler de ne pas bénéficier des biens ou des richesses que de mauvaises actions permettent d'acquérir. Le proverbe peut, en effet, être cité pour prophétiser l'échec du "voleur". Et à vrai dire, c'est souvent le cas. D'une part parce qu'il se fera sans doute prendre. Mais plus encore, lorsque l'on a volé, par exemple, comment faire usage au grand jour de ce que l'on a volé ? Comment être sûr que les autres, la police, ... ne vont pas comprendre l'origine du bien mal acquis ? Pour s'en protéger, il faut alors se méfier, s'entourer de précautions, de mensonges, déménager, ... Et quand bien même le voleur ne serait pas pris, que vaut la jouissance du bien mal acquis s'il faut le payer de tant de surveillances et de craintes ? Les honnêtes gens, quant à eux, jouissent tranquillement des biens qu'ils ont bien acquis et c'est leur joie de pouvoir le partager avec d'autres. Le proverbe peut aussi sanctionner la condamnation du voleur qui s'est fait prendre. Car bien souvent, il devra payer plus cher la peine qu'il doit subir que l'effort honnête lui aurait coûté pour acquérir le bien en question. Bien mal acquis ne profite jamais.C'est bien vrai !

 

 

C'est au pied du mur que l'on voit le maçon

 

Je ne connais pas d'exception à ce proverbe si proche de l'expérience quotidienne et en particulier de la vie professionnelle. C'est au résultat que l'on voit le bon ouvrier. Lorsque le maçon est au pied du mur, c'est au pied du mur qu'il doit monter brique à brique et qui n'est pas encore fait qu'il se trouve. Autrement dit, il ne s'agit pas de se payer de mots ! C'est dans les actes que l'on voit si l'homme est capable ou s'il est seulement un beau parleur. Un grand équipementier sportif a choisi comme slogan l'équivalent de ce proverbe : "Just do it" (Il n'y a plus qu'à le faire). Autrement dit, on te fournit le matériel (qu'on te fait payer), mais personne ne fera la course à ta place.

 

 

Ce sont tes affaires !

Ici, la personne est renvoyée à sa propre responsabilité. Il y a toujours un moment où c'est à chacun de prendre sa décision et de l'assumer. Les parents, les éducateurs doivent trouver le bon moment et surtout les bons lieux où le jeune doit prendre sa décision personnelle. Il faut en effet, que cela soit effectivement possible, sinon le désespoir guette celui qui est voué à l'échec devant une tâche insurmontable.

Mais l'expression n'est pas sans ambiguités. En effet, elle peut aussi couvrir une part de démission chez celui qui la prononce. Ce peut être un moyen peu glorieux de fuir devant une exigence de solidarité.

 

Chacun voit midi à sa porte

(Ce proverbe contient toute la relativité du jugement que l'on pourrait émettre vis à vis d'autrui. Il signifie que l'histoire, le vécu, les intentions, les projets, la personnalité, de tout un chacun influent sur ses décisions, actes, pensées, paroles... Il n'y a pas qu'une seule vérité, il n'y a pas qu'une seule réalité et c'est à chacun d'agir en son âme et conscience.

Fantine

Il est vrai que ce proverbe peut laisser entendre que tous les points de vue sont relatifs à la position du sujet. C'est, d'ailleurs, toute la modernité que de tenir compte de l'influence du sujet dans l'expérience qui est en cours ou dans le discours qui est tenu : "D'où parlez-vous ?". Mais est-ce pour autant qu'il n'y a plus de vérité ? En effet, ce qui change, ce n'est pas le fait qu'il est midi et que le soleil est au zénith. Ce qui change, c'est le point d'observation de la vérité et non la vérité elle-même. Voilà pourquoi, pour permettre de se comprendre, il importe de faire connaître aux interlocuteurs de quelle porte vous parlez de telle sorte qu'ils comprennent votre point de vue en essayant de se mettre, tant que faire se peut, à votre place. A vrai dire, je ne suis pas d'accord lorsque Fantine nous dit "qu'il n'y a pas qu'une seule réalité". Il y a sûrement plusieurs manières de l'approcher, de la décrire, de la connaître, de la restituer mais nier l'unicité du réel, c'est nier tout dialogue et toute justice. C'est nier jusqu'à l'existence même du sens de la vérité. L'extrême de la position de Fantine, qui ne l'a sans doute pas envisagée sous cet angle, laisse entendre que l'on pourrait trouver des personnes qui justifieraient la Shoah, le viol des enfants, la flambée du Sida et que l'on serait obligé d'admettre leur point de vue sous prétexte que c'est le leur. Il faut maintenir avec courage qu'il y a des repères universels qui s'imposent à tous ; qu'il y a des choses que l'on ne peut jamais faire ; qu'il y a du vrai et du faux ; de la justice et de l'injustice, du bien et du mal. Le relativisme absolu ne peut être une manière durable de conduire sa vie ni de voir le monde sous peine de tomber inexorablement dans l'anarchie et le régime de la loi du plus fort. En revanche, je suis bien d'accord qu'il faut que chacun "agisse en son âme et " si l'on entend la conscience comme ce goût pour le bien inscrit dans le coeur de tout homme et qu'il faut toujours faire ce que l'on croit être bien et éviter ce que l'on croit être mal.

 

Fantine nous répond :

Si vous me le permettez, j'aimerais y apporter quelques remarques. "L'extrême de la position de Fantine, laisse entendre que l'on pourrait trouver des personnes qui justifieraient la Shoah, le viol des enfants, la flambée du Sida et que l'on serait obligé d'admettre leur point de vue sous prétexte que c'est le leur" : ce n'est pas du tout ce que j'ai voulu dire, mais vous avez raison de préciser d'où vous parlez afin que certains ne déforment pas mes dires. Lorsque je dis qu'il n'y a pas de vérité unique, je pense d'un point de vue philosophique, mystique. Ainsi, toutes les religions, prônent la même chose, même si le chemin qu'elles engagent à prendre pour atteindre le Tout, Dieu, est différent dans sa forme, le fond reste le même. De plus, en mon sens, cela signifie aussi, que nous n'avons pas les mêmes bagages, les mêmes repères, les mêmes codes, les mêmes normes et de ce fait, nous ne pouvons avoir le même point de vue, sauf, à un niveau ultime, quand la culture, l'identité, les croyances, les normes sont effacées au profit de l'esprit universel, au profit de Dieu.

"Il faut maintenir avec courage qu'il y a des repères universels qui s'imposent à tous ;" : Les repères universels devraient s'imposer à tous, mais la vie moderne, l'absence de spiritualité, la perte des valeurs, font qu'il n'y a plus, en réalité, de repères du tout. Le seul repère que les êtres de l'occident connaissent, pour la plupart, sont leur plaisir et leur désir. Ils ne sont régis, ils ne sont agis, que par cela et c'est leurs pulsions qui leur servent de moteur.  "qu'il y a des choses que l'on ne peut jamais faire ;" : Bien entendu. En dehors de toute culture et de toute morale, on ne récolte que ce que l'on sème (tient un autre dicton à rajouter) et lorsqu'on fait du bien autour de soi, c'est aussi à soi même qu'il est fait. Nous sommes le Tout, nous sommes création de Dieu au même titre que l'univers auquel nous appartenons et faire du bien dans l'univers, c'est aussi se faire du bien. "qu'il y a du vrai et du faux ; de la justice et de l'injustice, du bien et du mal" : Tout est relatif et ce qui est vrai pour l'un est faux pour l'autre. Étudiez le conflit qui oppose depuis plus de 50 ans la Palestine et Israël (vous parliez de la shoa), chaque partie est persuadée être dans son bon droit, et c'est ainsi que la faute est rejetée sur l'autre. Qui est dans le vrai qui est dans le faux ? Qui est dans le bien qui est dans le mal ? Le vrai serait la paix et le bien serait de cesser de faire la guerre et de respecter son prochain en le considérant comme son égal. Nous en sommes loin à l'heure actuelle ! Tant que nous restons dans des concepts de bien et de mal, nous ne pouvons que créer des ruptures, des oppositions. Les histoires diffèrent, les pensées, les croyances opposent. Il ne faut pas le nier. Et quand je dis que chacun voit midi à sa porte, je dis seulement que MM Arafat et Sharon pensent tous deux être dans le bon et dans le vrai. Ce n'est pas au niveau des hommes que l'on peut savoir où se trouve le vrai et le bon, c'est au niveau universel, au niveau cosmique, au niveau de Dieu. Nous ne sommes, nous humains, qu'un atome dans ce grand Tout de l'univers. Par nos concepts et croyances nous ne faisons que nous arrimer au sol, nous enfoncer dans l'illusion encore et encore. C'est en renonçant à l'idée du bien et du mal, du vrai et du faux que nous parviendrons à nous soustraire aux conflits et à transcender notre condition d'humain. "Le relativisme absolu ne peut être une manière durable de conduire sa vie ni de voir le monde sous peine de tomber inexorablement dans l'anarchie et le régime de la loi du plus fort." : Il est impossible de n'avoir qu'une seule morale, une seule façon de voir les choses, d'envisager la vie, d'un point de vue terre à terre. Voyez comment l'Occident, notamment les USA, entrevoient la liberté, à travers la consommation, la production, le capitalisme (cf. guerre en Afghanistan et en Irak) et voyez comment le peuple des pays arabes s'opposent à cela, parce que pour eux il n'y a de Dieu que Dieu et le Coran est une conduite de vie et le "dieu dollars" une perdition. Nous vivons actuellement sous la loi du plus fort. La société moderne des pays industrialisée est basée sur ce credo : une seule loi, celle du pétrodollar ! Il ne sert à rien de répéter ceci est bien et ceci est mal, quand ces mêmes exemples diffèrent en toute bonne conscience, d'un point de la planète à l'autre. Regardez, lors de la guerre en Irak : le peuple des USA était persuadé combattre pour la liberté (le gouvernement savait qu'il combattait pour le pétrole, mais ça c'est une autre histoire), et en Irak, des jeunes filles interrogées chez elles, disaient haut et fort "nous ne voulons pas de leur soit disant liberté qui est en fait un emprisonnement dans des moeurs bestiaux, telle que la dépravation sexuelle. Notre liberté, c'est notre foi, qu'ils nous la laissent, qu'ils ne nous en détournent pas, car leur façon de vivre et d'envisager la vie n'est pas la nôtre". Qui avait raison selon vous ? Où se trouvait le bien et où se trouvait le mal ? Il est possible de n'avoir qu'une seule perception du monde, mais cela ne peut s'imposer, se dicter, ni s'instruire. Cela s'acquiert, se mérite, à travers un travail perpétuel sur soi, sur son égo, afin de le dépasser et d'aller au-delà de son petit moi mesquin. Notre société s'éloigne de plus en plus de ce type de travail de l'esprit, vous en conviendrez je pense. C'est un constat triste : nous sommes sous le régime de la loi du plus fort, et pourtant cela ne ressemble pas à de l'anarchie. Cordialement. Fantine  

Voilà un moment intéressant entre Fantine et moi-même. Il est clair que nous ne sommes pas d'accord. Le constat de la pluralité des éthiques, des pratiques, des conflits durables... est très pertinent. Il faudrait être aveugle pour ne pas le faire. En revanche, cette diversité de repères et de façons de les hiérarchiser dit bien que personne ne peut vivre sans repère. La nécessité d'une loi est universelle même si toutes les cultures ne se sont pas données les mêmes. Il serait très grave si les hommes étaient incapables de se donner des repères communs minimum, s'ils étaient incapables de faire la distinction entre le bien et le mal, de faire droit au faible, au pauvre, à la veuve et à l'orphelin. N'oublions pas que l'existence d'une déclaration universelle des droits de l'homme révèle en creux une certaine vérité et de l'homme à travers les atteintes qui peuvent lui être portées.  

 

Charité bien ordonnée commence par soi-même

 

On entend parfois des commentaires désabusés de ce proverbe. Ainsi : "Si tout le monde commence par s'occuper de lui-même, il n'y aura plus pesonne pour s'occuper des autres".En réalité, ce commentaire sarcastique, n'a pas saisi la pointe de ce proverbe plein de sagesse. De quoi s'agit-il ? C e proverbe signifie que la manière de je m'occupe de moi n'est pas sans influence sur la manière dont je m'occupe des autres. On l'a déjà vu dans un autre proverbe : . Mais ici, le terme de charité qui est une autre façon de parler de l'amour élargit le problème. Nous pourrions reformuler le proverbe sous forme de question : Comment aimer les autres si je ne m'aime pas moi-même ? Comment assurer les comptes d'une entreprise si je me perds dans les mien ? Comment conseiller la vie conjugale des autres si ma vie affective est une longue suite d'échecs ? Dans la Bible on trouve cette sagesse toute simple lorsque Saint Paul conseille son ami Timothée pour le choix des futurs responsables des communautés chrétiennes : qu'il soit l'époux d'une seule femme; qu'il élève bien ses enfants; qu'il soit sobre. Comment, en effet, être responsable de la famille des chrétiens si l'on ne peut être responsable de soi-même et de sa propre famille ? On fustige aussi parfois ce proverbe en l'accusant de cultiver l'égoïsme. Deux remarques s'imposent ici : S'aimer soi-même est une bonne chose. Combien de personnes souffrent de ne s'être jamais pardonné telle ou telle action. De plus, s'aimer ne veut pas dire s'adorer ou s'idolâtrer. Si je m'aime vraiment, alors cet amour doit me conduire à me sortir de moi-même car "il n'est pas bon que l'homme soit seul". L'autre remarque porte sur la fin du proverbe : dire que charité bien ordonnée commence par soi-même, ne signifie pas qu'elle s'arrête à soi-même. Bien au contraire, si elle est bien ordonnée, elle doit me conduire au-delà de moi-même.

Mais il peut y avoir un usage excessif de ce proverbe. En effet, combien de personnes attendent d'être parfaitement à l'aise avec elle-même pour s'autoriser de s'ouvrir aux autres au risque de ne jamais y parvenir. S'aimer soi-même ne signifie pas se rendre parfait et fort pour pouvoir aider ensuite les autres. S'aimer soi-même consiste avant tout à s'accepter avec ses misères petites ou grandes et à avoir un peu d'humour sur soi. C'est d'ailleurs ces dernières qui nous donneront la discrétion et l'himilité nécessaires à tout exercice de la charité.

 

 

Chat échaudé craint l'eau froide.  

Ce proverbe bien connu renvoie à une expérience familière. Il n'est pas facile de savoir si l'eau est bouillante ou froide sans s'en approcher, voire la toucher. Ainsi, si l'on s'est fait prendre une fois en touchant de l'eau trop chaude, on redoublera de prudence même à l'égard de l'eau froide, justement parce qu'on ne sait pas qu'elle est froide alors qu'elle aurait pu être chaude . Le proverbe dénonce gentiment ceux qui sont trop prudents après avoir connu un échec. Mais mieux vaut cet excès de prudence plutôt que d'être incapable de tenir compte de ses expériences passées et de ses échecs.

 

 

Chez nous, ça ne se fait pas !

Cette petite remarque, placée à la suite de la précédente veut montrer qu'il existe des traditions locales, appartenant à un groupe, une famille ou collectivité. Le niveau est moins universel.

Ce niveau plus particulier est celui où sont manifestées les lois qui permettent au groupe de vivre. Il est très important de vérifier que ce niveau existe entre le niveau universel (qui précède) et le niveau singuier ou personnel (qui suit). L'absence de ce niveau ou l'incapacité de s'y référer engendrerait inévitablement du désordre social.

 

 

Et si tout le monde faisait comme toi ?

Bien connu dans la liste des propos familiaux, cette remarque qui fuse de la bouche des parents veut donner à l'enfant le critère de l'universalisation. Si tout le monde se mettait à mentir, à rejeter l'étranger, à jeter ses détritus n'importe où... la vie deviendrait intenable. Par ailleurs, cette remarque nous rappelle que chacun appartient à un grand ensemble universel qui s'appelle l'humanité. Se poser cette question, c'est se dire à soi-même que sa manière d'agir concerne l'ensemble des humains. Il faut donc du temps pour apprendre ce sens de l'universalité.

Il est toujours intéressant de vérifier si la règle que l'on se donne peut-être adoptée par tous. Kant l'avait bien compris. Mais cette intuition appartient à la sagesse des peuples depuis l'orrigine des temps. Jésus-Christ lui-même a une approche semblable dans ce qu'il est convenu d'appeler la règle d'or : "Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse à toi-même."

 

 

Faute avouée est à moitié pardonnée

Voilà une expression très " familiale " qui permet l'éducation des enfants à la vérité. Il se joue derrière cette pédagogie des enjeux extrêmement complexes que la taille de notre chronique ne permet pas d'aborder à fond. En voici néanmoins quelques aspects. Nous supposerons que les personnes impliquées agissent avec une conscience droite. Lorsque quelqu'un vient " avouer " spontanément sa faute, il manifeste qu'il reconnaît que sa faute en était bien une et par là reconnaît la valeur du système moral auquel il appartient et finalement qu'il soutient en reconnaissant son acte comme une faute. Pour la famille ou la société qui doivent gérer l'écart qui a été commis par rapport à la règle, c'est une bonne chose, car il n'y a pas de remise en cause de cette règle. Au contraire, elle est sollicitée pour une poursuite de la vie commune. C'est donc l'intérêt du groupe social que de promouvoir un tel adage. En ce qui concerne l'autre moitié de l'expression " à moitié pardonnée ", il y a plus encore à dire. Le pardon peut-il être une demi-mesure ? Ou plutôt, l'adage ne mélange-t-il pas deux dimensions qu'il ne faut surtout pas confondre : le pardon et la justice, l'avenir commun retrouvé et la nécessaire réparation d'une injustice ? Trop souvent ces deux dimensions sont confondues et engendrent des conflits intérieurs, des ambiguïtés et parfois des perversions insurmontables. C'est en mettant au clair cette distinction que l'on peut alors admettre un vrai pardon qui ne peut être réalisé à moitié et une vraie justice qui exige la réparation laquelle peut s'exprimer sous la forme de peine. Il ne peut y avoir d'appel au pardon pour couvrir l'injustice sous peine de pervertir le sens commun du bien, du vrai et du juste.  

  

Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre

 

C'est bien connu, il n'est pas facile de communiquer avec une personne malentendante et encore plus avec une personne vraiment sourde. Perdre l'ouïe isole plus que perdre la vue. Et à considérer les différents handicaps, il est souvent moins pénible de perdre la vue que de perdre l'ouïe. Sans doute est-ce pour cela que ce proverbe concerne la surdité plus encore que la cécité. Le génie de notre langue aurait pu inventer "il n'y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir", mais en lui préférant celui de notre titre, il manifeste combien la surdité est plus grave que la cécité.

De plus, il est plus aisé de faire semblant de ne pas entendre que de ne pas voir.

En effet, il faut considérer que ne pas entendre ne signifie pas seulement ne pas percevoir de son, mais aussi ne pas comprendre. Le français du 17° siècle utilisait le verbe entendre au sens de comprendre. Or la démarche de comprendre appartient uniquement à l'auditeur. Celui ou celle qui ne veut pas comprendre peut tout-à-fait jouer une comédie du refus de comprendre qui relève de la volonté bien plus que du handicap. Et rien n'est pire que celui qui refuse d'entendre car il refuse de jouer le jeu de la communication et de la vérité, socle fondamental de toute relation humaine.

Il n'y a pas de fumée sans feu

 

Les pompiers le savent et tout spécialement ceux qui observent les forêts pour les protéger des incendies. La première chose que l'on voit, c'est la fumée, symptome de l'incendie qui débute. Le proverbe renvoie à l'expérience : toute nouveauté est la conséquence d'une cause. Ici la fumée provient d'un feu. Le proverbe a la force de la logique pour lui et il faut bien le dire, l'expérience commune lui donne raison. Cependant, nous garderons un peu de prudence. En effet, s'il n'y a pas de fumée sans feu, les pervers et les méchantes personnes peuvent détourner le proverbe pour atteindre leur fin. On connaît l'adage machiavélique : calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. Et une fois qu'il reste quelque chose, rien n'est plus facile de présenter ce quelque chose comme la fumée d'un feu que l'on dira bien réel. Alors que dans ce cas, la fumée ne renvoie pas à un feu mais bien à un incendiaire qui se sert de la fumée pour se cacher. C'est avec des proverbes comme celui-là que des personnes ont été conduites au suicide ne pouvant supporter les rumeurs injustes accompagnées de leur auto justification "il n'y a pas de fumée sans feu". Le proverbe agit alors comme la dernière étape avant le lynchage public.Au fond, ce proverbe fonctionne bien dans le domaine des sciences physiques. Mais dans le domaine des hommes, on se gardera de l'employer sans une grande prudence.

 

 

Il n'y a que la vérité qui blesse

 

Les formules en "Ne.... Que..." sont souvent risquées. Cet adage nous en fournit la preuve. Nous savons tous qu'il n'y a pas que la vérité qui blesse. Il y a aussi les médisances et les calomnies qui relèvent de la catégorie du mensonge. L'usage populaire de cet adage est souvent pervers. En effet, il est utilisé à l'envers. On déduit, souvent à tort, du fait que la personne a été blessée que ce qui l'a blessé était de l'ordre de la vérité. Pire encore on utilise l'adage pour voir ce qui peut blesser et en déduire les terrains de fragilités des personnes. Dans la vie chrétienne, nous recevons de l'Evangile la belle parole du Christ : la vérité vous rendra libre. Au lieu de blesser, elle libère de nos enfermements lorsqu'elle met en lumière nos pauvretés et nos péchés. Ce n'est jamais agréable de voir son péché. Cela peut être fait par des âmes mal intentionnées. Cependant, lorsque c'est fait dans l'Esprit du Christ, alors notre péché ne nous est jamais révélé pour nous enfoncer mais toujours pour nous en sauver. Et si blessure il y a, alors c'est de l'ordre de la chirurgie qui ouvre une plaie pour soigner et guérir. La vérité est du côté de la vie et il faut se garder d'isoler son usage de l'ensemble des valeurs humaines traditionnelles : patience, moment opportun, l'accompagnement des gens qui souffrent... Sur ce sujet on lira aussi le proverbe commenté plus haut : "".