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France,terre de tous les reves_учебное_пособие.doc
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01.07.2025
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Les belles manières

Je suis monté chez monsieur Laurier:

– Te voilà, gamin?

– Oui, M’sieur.

– Tu as faim?

– Oui, M’sieur.

– Tu veux manger?

– Non, M’sieur.

Je croyai plus poli de dire non; ma mère m’avait bien recommandé de ne pas accepter tout de suite, ça ne faisait pas dans le monde. «Tu dois toujours en laisser un peu dans ton assiette». Encore une recommendation qu’elle m’avait faite.

C’est ce que j’ai fais pour le potage, au grand étonnement du M. Laurier qui a déjà trouvé que j’étais très bête en disant que j’avais faim, mais que je ne voulais pas manger.

Mais moi, je sais qu’on doit obéir à sa mère, elle connaît les belles manières, ma mère, – j’en laisse dans mon assiette, et je me fais prier.

M. Laurier m’offre du poisson.

– Tu veux de la carpe?

– Non, M’sieur.

– Tu ne l’aimes pas?

– Si, M’sieur.

Ma mère m’avait bien recommandé de tout aimer chez les autres.

– Tu l’aimes. Eh bien!

M. Laurier me donne de la carpe.

Je mange ma carpe – difficilement.

Ma mère m’avait dit encore: «Tu ne dois pas te tenir trop près de la table». J’ai installé ma chaise à une lieu de mon assiette et j’ai failli tomber deux ou trois fois.

J’ai fini mon pain.

Ma mère m’a dit encore qu’il ne fallait aps demander, les enfants doivent attendre qu’on les serve.

J’attends! Mais M. Laurier ne s’occupe pas de moi, il mange, la tête dans un journal.

Je fais de petits bruits de fourchette pour attirer son attention. Enfin, il jette un regard au-dessus de son journal, mais il voit encore de la carpe dans mon assiette, avec beaucoup de sauce.

Je ne peux pas manger le poisson sans pain, mais je n’ose pas en demander.

Du pain! Du pain!

J’ai les mains sales, et je n’ose pas m’essuyer trop souvent à la serviette, ma mère m’avait bien recommandé de ne pas le faire.

Je m’essuye sur mon pantalon par-derrière, geste qui étonne M. Laurier.

Il ne sait que penser.

– Ça te dérange?

– Non, M’sieur.

– Pourquoi te grattes-tu?

– Je ne sais pas.

Ces réponses commencent, je le vois bien, à l’irriter.

– Tu as fini ton poisson?

– Oui, M’sieur.

M. laurier me prend mon assiette et me donne une autre avec du ris de veau et du sauce aux champignons.

– Mange, voyons, ne te gêne pas, mange à ta faim.

Ah, puisque le maître de la maison me le recommande! Et je me jette sur le ris de veau. Pas de pain! Pas de pain!

Le veau et le poisson se rencontrent dans mon estomac sur une mer de sauce et livrent un combat acharné. Le dîner est fini: il était temps. M. Laurier me renvoie, en mettant son binocle pour regarder les dessins que j’ai tigré sur mon pantalon bleu.

Je me couche tout habillé. Ma tête brûle. Je me souviens de tout: du pain, qui manquait, du poisson qui nageait.

Ce ne fait rien: «Je puis me dire que j’ai au moins conservé les belles manières. J’ai souffert ùais je suis resté loin de la table et je n’avais pas l’air de mendier mon pain. J’ai été fidèle aux leçons de ma mère!»

Exercice 101. Travaillez le texte «Escargots et cuisses de grenouille» et faites les exercices.

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