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Offenbach Jacques. La Vie parisienne. (II редак...doc
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07.11.2019
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Ils veulent se jeter l’un sur l’autre ; le baron est pris entre eux dans la bagarre.

Le Baron.

Messieurs, messieurs, je vous en prie...

Urbain.

Ah ! voilà madame l’amirale !

Pauline a paru à la porte du fond. – Toilette étourdissante. – Urbain et Prosper remontent et redescendent avec elle.

SCÈNE VI

Les Mêmes, Pauline.

Le Baron.

Ah ! Madame l’amirale.

Urbain, le présentant.

Le baron de Gondremarck !

Le Baron.

J’ai reçu votre charmante invitation, madame, et je me suis hâté...

Pauline, très-digne.

Je suis heureuse, monsieur, que vous ayez bien voulu choisir ma maison pour y faire vos débuts dans la haute société parisienne.

Le Baron.

Madame... (A part.) A la bonne heure, je me retruve... Me voilà dans mon milieu... parce que tout à l’heure le général de pacotille (Haut.) Et cet excellent amiral, est-ce que nous ne le verrons pas ?

Pauline.

Mais il ne peut pas venir !

Prosper.

Pourquoi ça ?

Pauline.

Pas possible d’entrer dans son uniforme...

Urbain.

Il aura engraissé...

On sonne.

Prosper et Urbain.

Voilà ! voilà !

Le Baron.

Qu’est-ce que c’est ?...

On sonne plus fort.

Pauline à Urbain Et à Prosper.

Tenez... il s’impatiente...

Urbain et Prosper.

On y va ! on y va !

Ils sortent en courant ; le baron ébahi les regarde s’en aller.

SCÈNE VII

Le baron, Pauline.

Le Baron.

Qu’est-ce que c’est encore que ça ?

Pauline.

Qu’avez-vous ?

Le Baron.

Mais il me semble que le prince et le général nous quittent d’une façon un peu singulière.

Pauline, avec expression.

Eh bien… nous voilà seuls… Vous vous en plaignez...

Coup d’oeil, jeu de scène.

Le Baron.

Moi ? pas du tout... (A part.) Les voilà donc ces femmes du grand monde parisien... Ah !

Pauline, à part.

Le retenir ici le plus tard possible... voilà ce qu’on m’a recommandé.

Le Baron, à part.

Les Parisiennes ! les Parisiennes !...

Pauline.

Venez vous asseoir près de moi... plus près... plus près encore. (Il s’assied ; elle s’assied auprès de lui sur le canapé et en étalant sa jupe, elle couvre le baron de sa robe ; celui-ci disparaît complètement.) Où êtes vous, mon ami ?

Le Baron, reparaissant.

Là, madame...

Pauline.

Ah ! bien... Vous aussi, j’en suis sûre, vous pensez du mal de nous ?

Le Baron.

Par exemple !...

Pauline.

Oui... vous vous dites : « Ah ! ces femmes du monde !... coquettes, dépensières... toquées... »

Le Baron.

Oh ! oh !

Pauline.

Tout cela est vrai... mais à qui la faute ?... à la société moderne qui ne laisse aux femmes qu’une place insuffisante...

Le Baron.

Oh ! quant à cela...

Pauline.

Vous dites ?...

Le Baron, regardant la place que tiennent les jupes de Pauline.

Je dis que quant à la place insuffisante...

Pauline, lui donnant un petit coup dans l’estomac.

Farceur !

Elle se lève.

Le Baron.

Madame...

Pauline.

Oui, tout ce que l’on dit de nous est vrai ; mais si l’on savait !... on ne sait pas... Pourquoi toutes ces folies ? c’est que nous avons besoin de nous étourdir... c’est que nous souffrons... c’est qu’il nous manque quelque chose...

Le Baron.

Quoi donc ?...

Pauline, rêveuse.

Ah ! pourquoi me le demandez-vous ?...

Le Baron, ardent.

Pour le savoir !

Pauline.

Eh bien ! voilà, il nous manque... (Avec un regard de flamme) celui que nous avons rêvé...

Le Baron.

Ce regard !...

Pauline.

Vous savez... jeune fille, on rêve... un idéal, mais quand on est jeune fille, on ne peut pas chercher... voilà le diable... Alors, on se marie pour avoir le droit de chercher... et on cherche...

Le Baron.

C’est pour cela que vous vous êtes mariée...

Pauline.

Pas our autre chose.

Le Baron.

Et vous avez cherché !...

Pauline.

Je vos en réponds !... mais je n’avais pas rencontré... (Le regardant tendrement.) jusqu’à présent...

Le Baron, avec transport.

Jusqu’à présent !...

Pauline.

Je ne l’ai pas dit.

Le Baron.

Vous l’avez dit...

Pauline, petit coup dans l’estomac.

Ah ! non !

Le Baron.

Ah ! si !

Pauline, nouveau petit coup dans l’estomac.

Je vous dis que je ne l’ai pas dit...

Le Baron, lui donnant une tape sur l’épaule.

Je vous dis que vous l’avez dit.

Pauline, avec une tristesse mêlée de fierté.

Ah ! voilà que vous me méprisez déjà !

Le Baron, confus.

Madame !...

Pauline, gaiement.

On m’appelle Pauline...

Le Baron.

Pauline...

Pauline, à pat, le regardant.

Voilà un homme qui n’a pas envie de s’en aller.

Le Baron, à part.

Comme j’ai bien fait de ne pas amener la baronne !... (Haut.) Ah ! Pourquoi suis-je marié !

Pauline.

Puisque je le suis aussi, moi !...

Le Baron.

C’est juste ! J’ai dit une bêtise...

Pauline.

Non... ce n’est pas là l’obstacle.

Le Baron.

L’obstacle ?

Pauline.

C’est que je me méfie...

Le Baron.

Ah !

Pauline.

Vous êtes là près de moi, vous me regardez, je vous regarde. Eh bien ! là, voulez-vous que je vous dise ? vous ne me faites pas l’effet d’un homme qui sait ce que c’est que l’amour.

Le Baron.

Moi... je ne saurais pas...

Duetto.

Pauline.

I

L’amour, c’est une échelle immense

Qui commence

Sur la terre et finit aux cieux !

L’amour, pour moi, c’est le nuage

Qui voyage

Et s’en va vers les pays bleus !

Ensemble.

Ô beau nuage,

Qui voyage,

Ne t’en va pas sans nous, sans nous,

Vers ce pays si doux, si doux,

Ô beau nuage,

Emporte-nous !

Pauline.

II

Elle est là-bas cette contrée

Adorée,

Où l’on voudrait vivre toujours !

Filons vers la terre promise !

Bonne brise !

Allons aux pays des amours !

Ensemble.

Ô eau nuage,

Qui voyage, etc., etc.

SCÈNE VIII

Les Mêmes, Clara, Louise, Léonie, Prosper, Caroline, Julie, Augustine.

Prosper, annonçant.

Madame la vicomtesse de la Pépinière.

Entre Clara en grande toilette.

Le Baron.

Ah ! quelqu’un !...

Pauline.

Ça ne m’étonne pas... seule avec vous, ce bonheur-là ne pouvait pas durer... (A Clara.) Cette chère vicomtesse.

Prosper, annonçant.

Madame la baronne de la Haute-Venue (Entre Louise.) Madame la marquise de la Farandole !

Entre Léonie.

Pauline.

Cette chère baronne !... cette chère marquise !...

Léonie.

Cette chère amirale.

Louise.

Chère amie…

Prosper, annonçant (il est en domestique).

Madame la baronne de la Butte-Jonvel !… Madame la baronne de Galuchet !… Madame la comtesse de Valangoujar !

Entrent Caroline, Julie, Augustine.

Pauline, présentant le baron.

Le baron de Gondremarck…

Les Femmes, saluant avec de grandes révérences.

Baron...

Le Baron.

Mesdames...

Prosper, annonçant,

Madame de Sainte-Amaranthe !... Le général de Porto-Rico déjà nommé !

Entre Gabrielle au bras d’Urbain.

SCÈNE IX

Les Mêmes, Gabrielle, Urbain en général.

Urbain, entrant.

C’est une distribution de prix... on va nous embrasser.

Le Baron, à Gabrielle.

Oh ! madame, quel heureux hasard !

Pauline, jalouse.

Ah ! vous connaissez madame ?

Le Baron.

À peine.

Pauline.

Je vous défends de la regarder (A Gabrielle.) Chère madame...

Gabrielle.

Madame...

Pauline.

Oh ! mais quelles toilettes, mesdames, quelles toilettes ! qu’en pensez-vous, baron ?

Le Baron.

Je les trouve adorables... Cependant je préfère peut-être encore les toilettes des Parisiennes quand elles se promènent à pied… Ainsi, tenez, ce matin, je suis sorti à midi… mon intention était d’aller visiter les Invalides… sur ma route, j’ai trouvé un tas de petites femmes qui trottinaient, trottinaient, trottinaient… j’ai complètement lâché les Invalides.

Gabrielle.

Vous êtes observateur... Il n’y a vraiment que les Parisiennes qui sachent sortir à pied.

Couplets.

I

On va courir,

On va sortir,

Sortir à pied... pas en berline,

On va pouvoir

En laisser voir

Un peu plus haut que la bottine.

Ah ! Que d’apprêts,

De soins coquets,

Quel tracas pour la chambrière !

Enfin c’est fait,

Elle paraît,

La parisienne armée en guerre !

En la voyant on devient fou,

Et l’on ressent là comme un choc ;

Sa robe fait frou, frou, frou, frou,

Ses petits pieds font toc, toc, toc.

Ensemble.

Sa robe fait frou, frou, frou, frou,

Ses petits pieds font toc, toc, toc.

Gabrielle.

II

Le nez au vent,

Trottant, trottant,

Elle s’en va droit devant elle.

En la croisant,

Chaque passant,

S’arrête et dit : « Dieu ! Qu’elle est belle ! »

Ce compliment,

Elle l’entend,

Et suit son chemin toute fière,

Se balançant,

Se trémoussant,

D’une façon particulière.

En la voyant on devient fou, etc., etc.

Ensemble.

Sa robe fait frou, frou, frou, frou, etc, etc.

Entre Prosper en diplomate.

SCÈNE X

Les Mêmes, Prosper, puis Bobinet en amiral suisse, éperons, épaulettes, décorations folles ; à la main un porte-voix ; un grand trou dans le dos.

Prosper.

Ah ! mesdames... ah ! messieurs...

Pauline.

Qu’y a-t-il, prince ?

Prosper.

Si vous saviez !...

Le Baron.

J vous en prie... dites-nous...

Prosper.

L’amiral, mesdames et messieurs, voici l’amiral !

Tout le monde s’écarte, bouscule les meubles et dégage la porte du fond.

Tous.

L’amiral ! l’amiral !...

Entre Bobinet.

Bobinet.

Dieu vous garde, messieurs... (Il arrive sur le devant de la scène.) J’ai fini par entrer dans mon uniforme, et ça m’étonne même d’y être tout d’un coup entré si facilement.

Pauline.

Le baron de Gondremarck, mon ami...

Bobinet.

Ah ! ce cher baron...

En allant saluer Gabrielle et Clara, Bobinet passe devant le baron qui voit le trou.

MORCEAU D’ENSEMBLE.

Le Baron.

Votre habit a craqué dans le dos !

Bobinet.

Mon habit a craqué dans le dos !

Tous.

Son

}

habit a craqué dans le dos !

Mon

Le Baron.

Cela gâte ce beau costume.

Pauline.

Ce sont là de nobles acrocs.

Prosper.

Vous pourriez attraper un rhume.

Gabrielle.

Baron, c’est l’habit d’un héros.

Reprise de l’Ensemble.

Son

}

habit a craqué dans le dos !

Mon

Le Baron.

Mon dieu, cher amiral...

Pauline, bas au baron.

Vous allez parler à mon mari...

Le Baron.

Oui, j’allais...

Pauline.

Promettez-moi de ne pas le provoquer !...

Le Baron.

Pour qui me prenez-vous ? vous allez voir... (Allant à Bobinet.) Vous avez de beaux éperons...

Bobinet.

Cela fait bien.

Le Baron.

Je ne dis pas le contraire ; mais je croyais que les amiraux n’en portaient pas.

Bobinet.

Dans les pays qui ont une marine, mais la Suisse n’en ayant pas...

Le Baron.

C’est juste !... mais alors...

Bobinet, avec hauteur.

Mais alors ?...

Le Baron.

Si la Suisse n’a pas de marine, comment êtes-vous amiral ?

Bobinet.

C’est de naissance !...

Le Baron.

Drôle d’amiral !...

Bobinet.

Et maintenant, général, sonnez, afin que l’on nous serve à souper.

Urbain.

Oh ! sonner...

Prosper.

Pourquoi sonner ?...

Pauline.

Si l’on sonne, il viendra des domestiques.

Louise.

On ne pourraplus s’amuser.

Gabrielle.

C’est vrai, ça... quand il y a des domestiques, on est obligé de se tenir...

Pauline.

Tandis que quand il n’y en a pas...

Prosper.

Renvoyons les domestiques...

Tous.

C’est ça... renvoyons-les... renvoyons-les...

Bobinet.

Renvoyez-les, renvoyez-les !

Tous, parlant aux portes.

Allez-vous en, domestiques, allez-vous en !

Le baron stupéfait regarde tout cela.

Pauline.

Là, ils sont partis...

Prosper.

Nous nous servirons nous-mêmes. Allons chercher la table, mes amis, allons chercher la table.

Pauline.

Voyons, baron, allez chercher la table !

Le Baron, choqué.

Quoi ? vous voulez...

Pauline, tendrement.

Je vous en prie...

Le Baron.

Ah bah ! allons chercher la table.