
- •2. Les sciences linguistiques historiques.
- •2. La langue et la parole.
- •2. La synchronie et la diachronie.
- •Il existe deux approches pour effectuer l’analyse diachronique:
- •II. Les particularités morphologique de la langue française.
- •Ignorée des Celtes. La défaite des Gaulois s’explique en plus par une absence
- •III. La crise de l’Empire romain (iIe –Ve ss. De n. Ère).
- •IV. Les sources de nos connaissances sur latin vulagire.
- •1903) A rassemblé dans le Corpus inscriptionum latinarum en 16 volumes
- •Isula lv, etc.
- •Vulgaire tend à refaire ce système et le rendre plus simple, homogène,
- •II. Les particularités de la syntaxe du latin vulgaire.
- •Venit amicus ? lv. Le nombre de tours et de mots interrogatifs diminue.
- •Vulgaire n’en avaient pas besoin vu le déclin des arts et des sciences à l’époque.
- •Il a apparu un nouveau suffixe -iscus.
- •813 Prescrit aux prêtres de traduire «leurs homélies latines» et de prêcher
- •III. Les sources de nos connaissances sur le gallo-roman.
- •2. L’adjectif.
- •3. Les pronoms.
- •4. Le verbe.
- •5. L’adverbe.
- •Infinitivo» et «Nominativus cum infinitivo» sont oubliées, tombées en
- •Indépendant.
- •2. Les invasions des Normands et leurs conséquences linguisques.
- •XVe s., une présence constante de la culture française et de la langue qui
- •3. Les Croisades.
- •XiIe ss.) l’idéal change, la chanson de geste s’adoucit. C’est le temps des
- •Vivant comme des humains. Marie de France compose en anglo-normand
- •4. L’influence des changements phonétiques sur l’évolution des
- •2. La formation de (des) l’mots nouveaux.
- •Interne)
- •2. La guerre de Cent Ans (1337 – 1453).
- •1Er groupe est devenu homogène, parce que constitué d’un seul type
- •2. Les changements syntagmatiques des consonnes.
- •III. Le changement du type de l’accentuation. La liaison.
- •Il s’est avéré qu’une valeur grammaticale (par ex., celle du sujet)
- •Vu l’amuïssement du -t final à partir du xiIe s., les formes de la 1ière
- •Isbn 978-985-515-328-4
2. La guerre de Cent Ans (1337 – 1453).
Ce long conflit entre la France et l’Angleterre a pour origine un
conflit féodal.
La longue guerre de Cent Ans affaiblit la monarchie française, qui
perd plusieurs provinces au profit de l’Angleterre. La guerre ravage le
pays tout entier et ruine l’agriculture, occasionnant la famine et la peste,
décimant le tiers de la population. La noblesse perd près des trois quarts
de ses effectifs, permettant ainsi aux bourgeois, enrichis par la guerre,
d’acheter des terres et de s’anoblir.
Aux insuccès du début de la guerre s’ajoute le mécontentement du
peuple, des bourgeois de villes et des grands seigneurs. Le milieu du XIV
e s. connaît les soulèvements du peuple contre le joug féodal. Dans les
provinces au Nord-Ouest de Paris, en 1358, a lieu une révolte paysanne
dénommée la «Jacquerie» (du nom de Jacques donné aux paysans). A
Paris, le soulèvement des artisans et bourgeois contre de gros impôts et le
pouvoir royal est dirigé par Etienne Marcel. Mais les nobles avec l’appui
des Anglais réduisent les rebelles à l’obéissance.
En France il se développe un mouvement populaire pour la libération
du pays (campagnes de Jeanne d’Arc). Les interventions de Jeanne
d’Arc (1412–1431), redonnent l’avantage au roi de France; ce dernier
reprend progressivement Paris (1436), la Normandie (1450), la Guyenne
(1453). Ainsi, la France récupère-t-elle son territoire, annexé depuis le
XIIe s. par l’Angleterre, sauf la région de Calais.
168
Mais le royaume français paie très cher sa victoire sur les Anglais.
La guerre de Cent Ans retarde de beaucoup le développement économique
de l’état.
La guerre de Cent Ans contre les Anglais fait naître un fort sentiment
nationaliste, tant en France qu’en Angleterre.
En Angleterre au XIVe s. le français perd progressivement le statut
de langue dominante, en réaction contre la France. Cela se traduit par le
remplacement du français dès 1363 au parlement de Londres. Henry IV
fut le premier roi de langue maternelle anglaise; Henry V fut le premier
roi d’Angleterre à utiliser l’anglais dans les documents officiels. Mais le
français continue à être employé oralement à la cour anglaise, car la plupart
des reines d’Angleterre viennent de France.
Le français est donc de moins en moins maternel en Angleterre, il
doit être soutenu par un enseignement spécifique. Cela fait augmenter le
nombre de traités didactiques ou épistolaires visant à professer le français
(par ex., vers 1400 apparaît Donait françois de John Barton: grammaire
en forme de dialogues, rédigée d’après le modèle latin). De tels
ouvrages représentent une source importante des données sur la langue
française de l’époque.
3. L’essor d’après-guerre.
La guerre contribue à la consolidation du pays. Louis XI (1461 –
1483) réunit presque toutes les provinces de France en un Etat national
ayant supprimé les fiefs et le pouvoir illimité des seigneurs. La Provence,
la Bourgogne et la Bretagne sont rattachées à la France. Cela fait, l’unification
du pays fut accomplie: à la fin du siècle le domaine royal coïncide
presque avec la France actuelle.
Les industries et les sciences connaissent un nouvel essor reprenant
le cours du développement amorcé à la fin du XIIIe s. et retardé par la
guerre de Cent Ans.
Au XVe s., naît un nouvel art de vivre. Le décor de la vie se transforme
dans le sens du mieux-être, du confort, voire du luxe. La mode
parisienne fait déjà prime; elle est recherchée à l’étranger, notammant
par les Anglais. Les cours royales et princières constituent des foyers
d’élégance. Le luxe de l’alimentation aussi: abondance de viandes, plats
raffinés, vins fins, fruits exotiques, sucreries.
Depuis le milieu du XVe s. la fièvre de construction de l’aprèsguerre
ne s’apaise pas. Les villes s’embellissent: on pave les rues de pierre,
on éloigne les abattoirs, on multiplie les fontaines. L’architecture civile
prend son essor, mais la part de Dieu reste toutefois la plus grande.
169
4. L’attirance pour les lettres et la pensée antique.
L’intérêt pour les lettres et la pensée antique se manifeste.
Les traductions des auteurs latins et grecs (les traités philosophiques,
juridiques et scientifiques de Tite Live, Horace, Aristote, Virgile,
Cicéron, et d’autres) sont commandées par le roi et les grands seigneurs.
Plusieurs éminents traducteurs (N. Oresme, Pierre Bersuire, Jacques
Bouchaut, et d’autres) contribuent à enrichir le vocabulaire français et à
créer la terminologie des sciences et des techniques, aussi bien qu’à développer
et à perfectionner le dialect central.
Nicolas Oresme est le plus illustre des traducteurs. Il traduit la
Politique d’Aristote (1374), ayant accompagné son oeuvre d’une grande
réflexion sur la langue française dans le texte joint: Excusacion et commendacion
de ceste oeuvre. Oresme s’y montre le premier à avoir une
vue à long terme sur les progrès de la langue française: conscient de ses
défauts, il est convaincu que le travail des traducteurs la rendra plus
précise. Le traducteur développe également le thème de la translatio
studii: le savoir étant passé de la Grèce à Rome, il doit passer de Rome à
Paris. Ce grand homme de l’époque remet totalement en question la situation
du latin, enrichit de beaucoup le vocabulaire de la langue française,
visant toujours la perfectibilité du français.
Mais dans cette période du français il existe aussi une forte tendance
latinisante, traduite par l’influence des clercs et des scribes instruits et
puissants dans l’appareil de l’État ainsi que dans la vie économique de la
nation. Ces savants latiniseurs, imprégnés de latin, éblouis par les chefsd’oeuvre
de l’Antiquité et désireux de rapprocher la langue parlée, c’està-
dire le français, de celle représentant tout l’héritage culturel du passé,
«translatent» les textes anciens, tout en dédaignant les ressources dont
dispose alors le français de l’époque.
Ce faisant, ils éloignent la langue française de celle du peuple: c’est
le début de la séparation entre la langue écrite et la langue parlée. C’est
ainsi que le français perd peu à peu la prérogative de se développer librement,
il devient la chose des lettrés, des poètes et des grammairiens.
La période du moyen français précède ce qu’on appelle la Renaissance.
Mais bien avant son apparition «officielle», le décor est mis. Les
contacts entre les intellectuels d’Europe qui déboucheront sur l’humanisme
sont déjà établis. L’influence de l’Antiquité grecque et latine est considérable.
L’influence de l’Eglise sur la création se fait moins pressante.
Le français s’impose peu à peu au détriment du latin.
L’imprimerie
L’industrie de l’imprimerie, née à Mayence en 1448 avec Gutenberg,
s’installe à Paris en 1470.
170
L’imprimerie favorise la diffusion du français: il paraît plus rentable
aux imprimeurs de publier en français qu’en latin vu le nombre plus
important de lecteurs en cette langue.
Les imprimeurs s’installent de plus en plus nombreux à Paris, mais
aussi dans les grandes villes de province où ils ouvrent «des librairies»,
c’est-à-dire des endroits où on édite, on imprime et on vend des livres.
Les techniques de fabrication se perfectionnent, les tirages augmentent,
la diffusion s’améliore. Ainsi, la culture peut-elle davantage se répandre.
Mais le nombre d’exemplaires sortis demeurant faible, le livre reste un
produit coûteux, objet de luxe réservé à des privilégiés.
5. L’extension géographique et sociale du dialecte de l’Ile-de-
France.
Paris occupe, aux XIVe – XVe ss., une place prépondérante sur le
plan intellectuel. Située au carrefour des routes, la ville est ainsi largement
ouverte aux influences extérieures, tandis que son emplacement privilégié
assure son essor économique. Les groupes de discussion et d’études
fleurissent à Paris. Ce sont ces données à la fois spirituelles et matérielles
qui expliquent le développement des arts, des lettres et des sciences
surtout au centre du pays.
La tendance à la cenralisation du pays contribue à l’extension du
francien. Les Français, s’ils sont instruits, n’écrivent donc plus en français
dialectal, c’est-à-dire dans les langues d’oïl, mais en français ou en latin.
Les domaines de l’expansion géographique ainsi que les fonctions
accomplies par le français dans la société française de l’époque s’élargissent
aux dépens du latin. Dès l’époque de Philippe le Bel, on commence à
employer le francien (français) pour les actes officiels, aux parlements et
à la chancellerie royale. Ainsi, dès 1300, se constitue une langue administrative
et judiciaire qui fait déjà concurrence au latin.
Le français est largement employé dans les édits, les ordonnances, etc.,
afin que la documentation officielle soit intelligible partout et à tous dans le
royaume de France. Le français est favorisé aussi dans les affaires. Quant
aux savants, clercs et autres lettrés, ils continuent à latiniser leur français.
Il est à noter un nombre déplorable des gens instruits à l’époque:
pas plus d’un cinquantième de la population pouvait pratiquer ce français
écrit, soit 40 000 sur 15 millions de Français.
II. La littérature aux XIVe – XVe ss.
A la suite des mutations sociales, vers le XVe s., toute une part de la
littérature est devenue celle de la ville et des bourgeois, alors qu’elle était
restée celle de l’élite féodale durant la période l’ancien français.
171
La littérature des XIVe – XVe ss. excelle dans le théâtre et les ouvrages
de prose ce qui reflète les besoins de la nouvelle société en formation
dans les grandes villes – la bourgeoisie. Le développement des genres
poétiques n’atteint pas la grandeur littéraire des siècles précédents, mais
la diversité des formes littéraires est considérable.
1. La prose.
Au XIVe s., dans des conditions pénibles (troubles, guerres, famines,
épidémies) la littérature a vu décliner les genres du roman courtois et
del’épopée.
Une littérature historique florissante
Jusque-là, la prose n’a pas encore conquis son statut littéraire étant
réservée à la langue juridique ou à certains textes de dévotion.
Les premiers prosateurs, en se libérant de contraintes de la versification,
se démarquent du même coup du roman et de l’épopée et trouvent,
dans la langue française qui peu à peu se perfectionne, des ressources
stylistiques propres. Les chroniqueurs du moyen âge Froissart, Commynes,
de la Sale ont peu à peu plié la langue française à la prose, qu’ils
estiment plus capable d’exprimer la vérite historique que les vers.
La chronique, le reflet des troubles de l’époque, de l’inquétude des hommes
et aussi de leurs aspirations, connaît un développement exceptionnel.
Avec les Chroniques de Jean Froissart (1337 – 1411), évoquant les événements
de l’époque et rédigées à la fin du XIVe s., et surtout les Mémoires de
Philippe de Commynes (1447 – 1511) (seconde moitié du XV s.) on peut
commencer à parler véritablement d’historiens.
Dans ses Chroniques J. Froissart donne une image brillante, sans
défauts de la société de son temps. La langue des chroniques de J. Froissart,
tout en se rangeant du côté du francien, comporte nombre de picardismes.
Bien que J. Froissart soit essentiellement connu pour son oeuvre
de chroniqueur, il est également l’auteur d’un grand nombre de ballades,
rondeaux, lais etc.
Philippe de Commynes, flamand de par son origine est le plus grand
historien du XVe s. Ce chroniqueur cherche à pénétrer les causes des
événements et porte des jugements politiques instructifs pour les dirigeants
de ce monde. Il s’en tient à un récit avec beaucoup de réflexion, de
recul, de jugement.
Un des plus grands prosateurs du XVe s. est Antoine de la Sale
(1388 – 1462) dont les oeuvres sont un spécimen du genre didactique.
Certains de ses textes sont précieux pour le linguiste vu le langage parlé
utilisé dans ses nouvelles.
172
Le conte: tradition et modernité
Depuis l’ancien français, la littérature française a fait une large place
au conte et à la nouvelle. Il s’agit de courts récits, au début en vers,
puis en prose, empruntés à la vie quotidienne et inscrits dans un cadre
narratif étroit. Au XVe s., deux nouvelles tendances apparaissent: une
tendance moralisatrice, lorsque le conte comporte un enseignement, une
morale à tirer de l’histoire; une tendance psychologique, avec les analyses
de sentiments qui influenceront beaucoup le XVIe s. Mais le plus
souvent, le conte et la nouvelle cherchent à faire rire, et les aventures
qu’on y raconte sont grivoises, misogynes et anticléricales (les femmes et
les moines en sont les principales victimes).
2. La poésie.
Le genre poétique change visiblement de contenu et de forme. L’élément
moralisant y est souvent présent. L’immense variété des formes connues
aux XIIe – XIIIe ss. fait place à de nouvelles formes: rondeaux,
ballades, lais, virelais, dits. Les poètes expérimentent désormais de nouvelles
formes d’expression et s’orientent essentiellement vers des recherches
stylistiques. La poésie commence à porter un caractère musical.
Guillaume de Machaut (1300 – 1377), Eustache Deschamps (1346 –
1406), Christine de Pisan (1364 – 1429), Charles d’Orléans (1394 – 1465)
sont les figures dominantes de la poésie.
La nouvelle école de la poésie lyrique est crée par «le noble rhétorique
» Guillaume de Machaut. Il n’a certes pas inventé le genre des ballades,
lais, virelais et rondeaux; mais c’est lui qui, le premier, a porté ces
genres à leur perfection. Les thèmes qu’il reprend sont ceux de l’amour
courtois qu’il interprète sous la forme de multiples allégories. Le poète
utilise différentes formes de vers et leur confère une musicalité exceptionnelle
(Dit de l’Alerion, etc.). Plusieurs poètes célèbres appartiennent
à l’école poétique de Machaut: Eustache Deschamps, Christine de Pisan,
originaire de Venise (Italie), Charles d’Orléans, etc.
Son ami et disciple Eustache Deschamps est un poète érudit, à la
fois lyrique et satirique. Ce n’est pas un poète courtois, mais un homme
réaliste qui dénonce les intrigues politiques de son temps. Il relate des
événements de l’époque en patriote (Paris sans pair), sa poésie reflète la
vie et les relations sociales de l’époque. Il est surtout connu aujourd’hui
pour son Art de dictier. Ce traité en prose, écrit en 1392, est le premier
art poétique français.
La production de Ch. de Pisan est étonnamment riche, elle manifeste
une personnalité et une sensibilité féminines, très originales au tout
début du XVe s.
173
Plus que chez aucun autre de ses contemporains, on trouve chez
Charles d’Orléans une sensibilité moderne devant le temps perdu, la solitude
et l’ennui. L’émotion et la sincérité qui percent constamment dans
nombre de ses poèmes, tout en demi-teintes et en nuances, rendent encore
attanchant au public ce grand nostalgique.
Un des plus grand poètes de l’époque François Villon (1431 – 1462?)
occupe une place à part dans l’histoire littéraire. F. Villon est le plus
connu des poètes du moyen âge, pas nécessairement parce qu’il est le
plus habile ni le plus brillant, mais à cause de sa vie hors du commun et
des sentiments pathétiques. Quelle que soit sa vie, il a une grande notoriété:
sa première grande composition, Lais, de 1456, le fait reconnaître
parmi les gens de lettres; Charles d’Orléans le reçoit à la cour, le fait
participer à un concours poétique. Le Grand Testament est son meilleur
poème. Le lexique des poèmes de Villon est exceptionnellement riche et
varié, il recourt souvent aux proverbes et aux dictons. La phonétique et
la grammaire de ses poèmes se ressentent aussi du langage populaire: er >
ar (la rime terre : Barre), etc.
3. Le théâtre.
Au moyen âge le genre dramatique fleurit et connaît plusieurs variétés.
Un théâtre d’origine religieuse
Parmi les différents types de spectacles religieux, le mystère est
celui qui exerce le plus d’influence au XVe s. Son sujet, directement emprunté
à la Bible, est le plus souvent consacré à la mort de Christ, à sa
«Passion», à la vie des Saints, de la Vierge, etc. (Mistère de la Passion
d’Arnould Gréban, Mistère des apôtres, Mistère du vieux Testament,
etc.). L’ampleur du sujet est telle que le spectacle dure parfois plusieurs
jours. C’est par milliers que se comptent les vers, et les acteurs sont
parfois plus de deux cents. Quant aux éléments de décor, aux machineries,
aux costumes, à la musique, ils tiennent une place importante. Le
succès de ces mystères est immense.
Un théâtre profane
Dès le XIIIe s., un théâtre profane commence à exister indépendamment
du théâtre religieux. Mais il faut attendre le XVe s. pour qu’un véritable
théâtre profane apparaisse à côté des mystères et des passions. Au XVe
s., il est représenté dans différents types de pièces, des pièces sérieuses
comme moralités (où des personnages, souvent allégoriques, illustrent une
vérité morale), mais surtout des pièces comiques, comme les sotties (où
des personnages habillés en fous – on dit «sots» au moyen âge – se permettent
de dire sur l’actualité, la société, l’église, le pouvoir, le monde tout ce
174
qu’ils ont envie de dire), ou comme les farces. La farce jette un regard
critique sur les moeurs du temps, elle est écrite pour faire rire franchement
un public urbain, elle met en scène des gens de tous les jours, marchands
rusés, bourgeois naïfs, maris trompés, femmes légères ou mégères.
La plus justement célèbre des farces est celle de Maître Pierre Pathelin
(composée entre 1461 et 1469). Ce texte, dont l’auteur est resté
inconnu, est très bien composé et rédigé dans un style très naturel. Il
appaît comme la meilleur oeuvre comique avant les pièces de Molière.
Le théâtre du moyen âge est un genre très vivant, très apprécié du
public, et qui fournit un nombre d’oeuvres important.
Questions ( * - questions demandant des réflexions)
I. Quelles sont les limites temporelles du moyen français?
1. Comment a changé la structure de la société féodale la veille de la
guerre de Cent Ans?
2. Pourquoi la guerre de Cent Ans a-t-elle été déclanchée?
Quelles sont les résultats économiques, politiques, linguistiques de
cette guerre?
* La place occupée par le français en Angleterre, s’est-elle réduite
après la guerre de Cent Ans? Pourquoi?
3. Comment l’aisance économique d’après-guerre se manifeste-t-elle?
4. Quel rôle jouent les traductions du latin dans le développement
du français?
Qui sont «les latiniseurs»? Quelle est leur attitude à l’égard du français
de l’époque? Pourquoi une telle attitude?
Pourquoi et comment l’apparition de l’imprimerie a-t-elle favorisé
le développement et la diffusion du français?
5. A la base de quel dialecte la France s’unit-elle linguistiquement?
Pourquoi ce dialecte?
Par quoi s’explique l’extension (politique, administrative, économique,
sociale, intellectuelle, géographique) de l’usage du dialecte central
et son expansion en France?
Les fonctions sociales du français, comment ont-elle évolué aux XIVe –
XVe ss.?
Le bilinguisme latin / français, où (dans quelles sphères) s’est-il
conservé? Pourquoi?
II. Pourquoi les genres épiques, héroïques déclinentils aux XIVe –
XVe ss.?
Quels sont les nouveaux genres littéraires qui ont apparu?
175
Devoirs
1. Définissez: l’Antiquité, latiniser (une langue); genres littéraires: genre
didactique, une chronique, un rondeau, une ballade, un lai, un virelai, un dit,
une farce, une sottie, une moralité, un théâtre religieux, un théâtre profane.
2. Prouvez que l’avènement des nouveaux genres littéraires a contribué
à l’expansion du français au détriment du latin.
Cours théorique 8
Le moyen français:
Les changements phonetiques
L’objectif d’étude
Apprendre les particularités phonétiques du moyen français
L’apprenant doit savoir donner la définition des termes suivants:
Un changement paradigmatique / syntagmatique, la fermeture /
l’ouverture des voyelles, une diphtongue, une monophtongue, la monophtongaison,
la nasalisation, une voyelle nasalisée, une voyelle nasale, une
affriquée, l’hiatus, l’accent de phrase, l’accent de groupe, l’accent rythmique,
l’accentuation syntaxique, la liaison, un signe diacritique, l’accent
circonflexe, l’accent aigu, l’accent grave
L’apprenant doit savoir
Les principaux changements paradigmatiques et syntagmatiques des
voyelles
Les principaux changements paradigmatiques et syntagmatiques des
consonnes
Les principales tendances phonétiques de l’époque
Les principes de l’orthographe du moyen français
L’apprenant doit savoir faire
Analyser les changements phonétiques du moyen français
Expliquer les causes des transformations phonétiques survenues en
moyen français
Analyser les aboutissements morphologiques des changements phonétiques
Etablir les relations structurales entre les changements tenant compte
de leur caractère systhématique
176
Déterminer les origines (latines, etc.) des transformations phonétiques
Analyser les principes d’orthographe réalisés dans les mots
Plan
I. Les changements vocaliques.
1. Les changements paradigmatiques des voyelles.
2. Les changements syntagmatiques des voyelles.
II. Les changements consonantiques.
1. Les changements paradigmatiques des consonnes.
2. Les changements syntagmatiques des consonnes.
III. Le changement du type de l’accentuation. La liaison.
IV. L’orthographe du moyen français.
I. Les changements vocaliques.
La tendance essentielle de cette époque est la simplification du système
phonétique de la langue française.
1. Les changements paradigmatiques des voyelles.
Les principaux processus paradigmatiques sont les suivants:
– la fermeture des voyelles;
– la monophtongaison;
– la nasalisation.
La fermeture des voyelles
La fermeture a contribué à enrichir le système phonématique du
français moderne des nouveaux phonèmes [u] et [].
A. Le phonème [u] existait en latin et existe en français moderne,
mais la période la plus reculée de l’ancien français ne le connaissait ni
comme phonème ni comme variante d’un phonème; le son [u] apparaît
seulement au XIIIe s. par la suite d’une fermeture encore plus grande
d’un [o] fermé: totu > tottu > tot > tout.
Dans l’écriture il est noté par ou, u latin étant passé à y qui garde le
graphème u.
B. Le phonème labialisé [] apparaît de même du fait de la fermeture
des voyelles, cette foisci à la fin des mots.
Ce son remonte aux XIIe – XIIIe ss. et provient de la monophtongaison
des diphtongues eu et ue: nove > neuf [nyef] > neuf [noef], folia
> fueille > feuille. Le moyen français constitue donc une étape transitoire
où le phonème [oe] était en train de se fermer en [], le processus qui
ne prendra fin qu’aux XVIe – XVIIe ss., quand cette nouvelle voyelle
177
manifestera déjà une différenciation de qualité: elle sera fermée [] à la
fin absolue du mot: peux, voeu, etc., et ouverte [oe] devant une consonne
prononcée: leur, peur, etc.
Plusieurs autres voyelles tendent à se fermer après la chute des consonnes
finales.
La monophtongaison
Le moyen français tend à simplifier les restes dse diphtongues dont
la majorité a été éliminée vers le XIVe s.
Il n’en reste que la combinaison diphtonguée aò qui remonte soit à
l’ancienne diphtongue au, soit à la triphtongue eau.
Toutes les autres diphtongues se sont réduites en combinaisons
«semi-voyelle + voyelle»: ié > je, ieu > joe, ui > wi, oi > wε.
Dans la diphtongue ie qui suit les affriquées [tƒ] et [dj] le premier
élément disparaît: chier > cher, cherchier > chercher, chargier > charger.
Par analogie, il se perd également après toute consonne dans la terminaison
de l’infinitif: traitier > traiter, baissier > baisser, etc. Ainsi le
fait d’ordre phonétique contribue-t-il à la régularisation des formes verbales
– un fait d’ordre grammatical: si en ancien français le 1er groupe
comprenait deux types d’infinitifs (en -ier et en -er), après la chute de -ile