
Deuxième itinéraire
Un fourgon* de la police roule à vive allure en longeant la Seine. Il passe sous les ponts de Paris. Il arrive bientôt sous le pont de l'Alma.; le Grand Palais est à sa gauche, puis la Concorde, le jardin des Tuileries, le Louvre...
Le convoi* arrive à la hauteur du Pont-Neuf et le traverse pour s'arrêter devant le Palais de justice où se trouvent un barrage de policiers et une foule de journalistes.
Une porte s'ouvre, des sifflets retentissent*... Al Carbone apparaît, entouré par quatre gendarmes. L'un d'eux le tient avec des menottes*.
Quelques instants plus tard, le truand* se retrouve devant le juge.
— Cette fois, nous vous tenons, Al Carbone !
— Pas encore, monsieur le juge ! Le procès ne fait que commencer !
— Vous ne pourrez pas vous échapper... Nous avons placé soixante policiers à l'intérieur du tribunal et autant à l'extérieur.
—De plus, nous vous surveillerons en permanence, ajoute l'un des inspecteurs.
— Vous connaissez le proverbe, dit Al Carbone en plaisantant : il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué* !
— Bien sûr ! répond le juge. Mais je connais aussi celui-là: aux grands maux les grands remèdes* ! Le tribunal est une véritable forteresse* ; vous n'avez aucune chance de sortir!
Pendant le procès Al Carbone n'a pensé qu'à une seule chose : s'évader. Mais comment ? Le tribunal est bien gardé, les gendarmes sont armés, il y a des voitures de police dans la rue...
Soudain une idée lui vient : « Le juge a pensé à tout, sauf à une chose », se dit-il.
Al Carbone se rappelle être entré dans le Palais de justice,avoir monté un étage,avoir marché dans un couloir avant d'entrer dans cette salle. « Lorsque je sortirai, je ferai le même trajet*, se dit-il. J'ai donc une chance, une petite chance si par hasard... »
La porte s'ouvre. Al Carbone sort, escorté* par les deux inspecteurs. Le voilà à présent dans le couloir ; un long couloir au bout duquel Al Carbone aperçoit quelque chose.
« Voilà ce que je voulais ! », pense-t-il. Il fait quelques pas et, tout à coup, il dit à l'un des policiers :
— Mon lacet*! Le lacet de ma chaussure est défait.
Il se baisse pour refaire le lacet de sa chaussure. « Ils ne me regardent pas, c'est le moment ! ». Et brusquement, il prend le pied d'un inspecteur, le fait tomber en arrière, se relève et, avant que l'autre ait le temps de réagir, l'assomme d'un coup de poing à la mâchoire. Puis il se met à courir vers le fond du couloir.
— Alerte ! Alerte ! crie l'inspecteur tombé à terre. Le prisonnier s'est enfui !
Mais il est déjà trop tard. Al Carbone a vu la fenêtre au bout du couloir. Elle est ouverte. Il saute sur le rebord. Il regarde en bas. Personne. « Ce n'est pas trop haut, pense-t-il, il n'y a qu'un étage ».
Il saute. Il se retrouve dans une petite rue. Il n'y a personne. Il se met à courir sans regarder derrière lui. Il entend des coups de sifflets. II court. Plus vite. Plus vite. Il atteint* le Pont-Neuf. Des gens l'observent. Il a toujours les menottes à ses poignets, il les cache sous son manteau. « Si je traverse le pont, je me fais prendre ! ». Il descend les escaliers et se retrouve sur les berges de la Seine. Maintenant il marche pour ne pas se faire remarquer. Devant lui, des gens attendent pour monter dans un bateau-mouche. « Je vais faire comme eux ! », décide-t-il.
— Pour le bateau-mouche, embarquement* immédiat ! annonce un homme avec une casquette.
Les touristes prennent leurs tickets. Al Carbone s'avance vers le guichet. « Comment payer sans montrer mes menottes ? » se demande-t-il. Il a soudain une idée : il sort l'argent de sa poche et le fait tomber par terre. Un jeune homme derrière lui le ramasse.
— Merci, monsieur ! Donnez-le au caissier, s'il vous plaît : c'est pour payer mon ticket.
Ouf ! J'ai eu chaud ! se dit-il. Cet homme m'a sauvé sans le savoir !
Il monte dans le bateau-mouche avec les autres ni vu ni connu. La croisière commence. II a observé les policiers sur le quai.
«Ah ! Ah ! Je les ai bien eus* ! , ricane-t-il. Mais maintenant il faut trouver un moyen pour me libérer de mes menottes.»
— Sur votre gauche, vous pouvez contempler la cathédrale Notre-Dame, dit une voix féminine. Elle a été commencée au 12e siècle. C'est un exemple de l'architecture gothique...
« Pendant qu'ils sont occupés à regarder les monuments, je vais essayer d'enlever mes menottes », décide Al Carbone. Par chance, il trouve une épingle* au fond de sa poche de pantalon.
Tout le monde a les yeux levés vers la cathédrale. Al Carbone en profite pour se libérer.
— Et maintenant, vous pouvez apercevoir sur votre droite l'Institut du monde arabe. Il a été construit en 1985. Il possède une salle de cinéma et de conférences, un espace pour les expositions, une bibliothèque informatisée, des milliers de documents sur le Moyen-Orient. De sa terrasse, les visiteurs ont une vue splendide sur la Seine et sur Paris...
« Enfin je suis libre !, se dit Al Carbone. A présent il faut attendre le moment où je pourrai m'enfuir de ce bateau... »
— Mesdames et messieurs, nous passons actuellement entre les deux îlots de la Seine : l'île de la Cité, avec la cathédrale Notre-Dame et le Palais de justice, et l'île Saint-Louis, plus petite mais aussi charmante que la première. Sur la rive droite, devant vous, se dresse l'Hôtel-de-Ville...
— Savez-vous jusqu'où va ce bateau-mouche ? demande Al Carbone à une dame assise près de lui.
— Jusqu'à la tour Eiffel, je crois, répond-elle.
— Il s'arrête là-bas, alors ?
— Non. Après, il fait demi-tour et revient au Pont-Neuf.
— Ah, très bien... Merci, madame.
— Je vous en prie.
Al Carbone est assis à l'arrière du bateau. Il a remarqué que, devant
lui, deux hommes l'observaient. « Qui sont ces gens-là ? se demande-t-il. Que me veulent-ils ? M'ont-ils reconnu ? »
Au bout de quelques instants, les deux hommes passent près de lui. Il les regarde discrètement. Dans la poche de l'un d'eux, il aperçoit une partie du journal où est imprimée sa photo.
« Ils savent qui je suis !, pense-t-il. Ils vont avertir la police. Il faut faire quelque chose tout de suite... »
— Mesdames et messieurs, nous arrivons à la tour Eiffel. C'est le monument le plus célèbre et le plus visité de Paris, dit le guide...
« Le bateau va faire demi-tour, se dit Al Carbone. Il faut faire vite! » .
—... La tour Eiffel porte le nom de l'ingénieur qui l'édifia à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889. Sa hauteur est de trois cent vingt mètres ; elle est composée de trois étages. À titre de comparaison, la tour Montparnasse fait deux cent dix mètres de haut, la Grande Arche cent dix mètres et Notre-Dame quatre-vingts... Mesdames et messieurs, nous allons faire demi-tour dans quelques instants. Vous pourrez admirer en sens inverse* certains monuments que nous avons vus au cours de notre croisière...
Al Carbone se lève. Les deux hommes sont déjà dans la cabine du conducteur. Ils discutent avec lui. Le conducteur a pris dans sa main le téléphone. «II appelle la police !, pense AI Carbone. Il faut que je l'arrête»...
Le professeur Micron et son ami Cémafoto sont allés dans la cabine du conducteur, mais Al Carbone les a vus. Il sait qu'il a été démasqué*. Il se dirige vers eux, saisit une barre* et menace les trois hommes, mais il est déjà trop tard : la police a été prévenue.
Soudain, le conducteur se met à crier : « Au secours! Au secours! »
Les passagers tournent la tête vers la cabine et voient quatre hommes en train de se battre. Al Carbone assomme le conducteur, puis il regarde par la fenêtre : trois hommes arrivent en courant.
— Vous avez gagné ! dit-il au professeur Micron et à Cémafoto. Mais vous ne m'avez pas encore attrapé* !
Il saute sur le pont du bateau et, avant que les autres arrivent à le prendre, il plonge dans l'eau glacée de la Seine.
— Mon Dieu, il va se noyer ! crie une dame.
Mais la police a vu toute la scène. Quelques minutes plus tard, elle arrête Al Carbone.
FIN
VOCABULAIRE
COUVERTURE
Un bateau-mouche : bateau qui assure un service de promenade sur la Seine ; il tient son nom de la mouche, dont il évoque la mobilité.
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Orly-Sud : l'un des aéroports de Paris, au sud de la capitale.
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PAGE 4 - La Tour d'Argent : célèbre restaurant de la capitale. Des gendarmes : des policiers. Un procès : action de justice à l'issue de laquelle la personne accusée est reconnue coupable ou innocente. Un truand : un bandit.
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Un fourgon : un camion de police. Un convoi : une file de véhicules qui se déplacent ensemble. Retentissent : font du bruit, Des menottes: pour attacher les mains des prisonniers. Le truand : le bandit. Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué : il ne faut pas se réjouir trop vite. Aux grands maux les grands remèdes : quand un problème est grave, il ne faut pas hésiter quant aux moyens à employer pour le résoudre. Le tribunal est une véritable forteresse : il est aussi bien protégé qu'un château-fort.
PAGE 8 Des cuisses de grenouilles : les Français sont très gourmands des pattes de la grenouille, petit animal vert qui saute et qui vit au bord de l'eau.
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Faire le même trajet : passer par le même chemin. Escorté : accompagné. Un lacet : cordon qui sert à attacher les chaussures.
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Atteindre : arriver. Embarquement : départ.
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L'embarcadère : le lieu de départ des bateaux.
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II s'est échappé : il s'est sauvé, enfui.
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Je les ai bien eus : je leur ai joué un bon tour, je les ai trompés. Une épingle : petit objet métallique et pointu.
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Se tromper : faire une erreur, Une cicatrice : une marque sur la peau.
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Prévenir ; informer, avertir. L'obélisque de Louxor : monument égyptien. Raté : qui n'est pas réussi.
PAGE 25.
Les cendres : les restes mortuaires. En sens inverse : dans le sens contraire.
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II a été démasqué : il a été découvert. Une barre : une sorte de bâton. Attrapé : pris, arrêté.