§ 3 Stendhal (1783-1842)

Frédéric Stendhal de son vrai nom Henri Beyle, naît à Grenoble en 1783 dans la famille d'un avocat riche. A l'âge de sept ans il perd sa mère qu'il adorait. De son enfance solitaire et mélancolique il conserve l'horreur de la monarchie et de la religion. Confié à l'éducation des abbées catholiques, le garçon, dont l'enfance était illuminée par l'aurore de la révolution de 1789-1794, lisait en cachette les œuvres de J.J. Rousseau. Arrivé à Paris pour se présenter au concours de Polytechnique et ébloui par la grandeur du général Napoléon, il s'engage à l'âge de dix-sept ans dans l'armée en suivant Napoléon dans la campagne en Italie. La chute de l'empereur Bonaparte en 1814 ruine ses ambitions politiques mais lui permet de regagner l'Italie, sa terre d'élection, où il commence à écrire véritablement.

Les premières œuvres de Stendhal se portent à peu près vers la critique: son esprit d'observation s'applique à la littérature, à l'art, à la peinture, aux mœurs italiennes etc. C'est ainsi que paraît une série d'essais: Vie de Haydn, de Mozart et de Métastase (1814), Histoire de la peinture en Italie (1817), Rome, Naples et Florence (1817), La vie de Rossini (1824).

Expulsé d'Italie en raison de ses idées libérales, il rentre en France à l'époque du romantisme naissant. En défendant tout ce qu'il y a de nouveau dans l'art, Stendhal s'engage dans la bataille romantique par la publication de son traité Racine et Shakespeare (1823).

En 1825 Stendhal commence à écrire des romans. Son premier roman Armance (1827) représente la jeunesse aristocratique française sous la Restauration. Dans son second et meilleur roman le Rouge et le Noir (1830) Stendhal atteint le plus haut degré du réalisme psychologique. Son style est simple et sobre.

Julien Sorel, le héros principal du roman, est un fils d'un charpentier des Juras. Energique et ambitieux, il veut coûte que coûte échapper à ce milieu infâme où il est né et qu'il abhorre. Il est engagé comme précepteur chez le maire de Verrières, M. de Rênal. Mais il est contraint de quitter cette maison à cause du sentiment d'amour qu'il a inspiré à Mme de Rênal, l'épouse du maire. Après un séjour de trois ans au séminaire de Besançon, grâce à son esprit vif et ses connaissances du latin, Julien est envoyé à Paris comme secrétaire du marquis de la Mole, aristocrate «ultra». Admirateur de Napoléon et ambitieux, le jeune homme, ayant gagné la confiance et l'estime du marquis, parvient à se faire une place dans la société aristocratique. Parallèlement, il entretient une liaison orageuse avec la fille du marquis, Mathilde et, après maintes péripéties, semble arriver à ses fins: anobli et nommé lieutenant de hussards grâce au marquis, il est sur le point d'obtenir son consentement pour épouser sa fille, enceinte de lui. Une lettre compromettante de la part de Mme de Rênal vient empêcher leur liaison. Julien part pour Verrières. Durant la messe il tire sur son ancienne maîtresse et la blesse. Au cours de son procès, il revendique sa culpabilité, tandis que ses deux amantes tentent vainement de le sauver. Condamné à mort, il goûtera en prison quelques instants de bonheur avec Mme de Rênal, qui meurt trois jours après lui.