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14_LOGIQUE_DU_FANTASME_66_6.DOC
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01.05.2025
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77. Tant plus de soin qu'ils savaient très bien qu'il n'en avait plus pour longtemps, étant donné leurs propres desseins. Donc, ce n'est pas de n'importe quelle foire qu'il s'agit.

Ce qui va venir maintenant sur la foire, ça va être toutes sortes d'autres choses, qui vont consister - comme ça s'est déjà fait et déjà avant la parution de mes Ecrits - qui vont consister à s'emparer de n'importe laquelle de mes formules pour la faire servir à Dieu sait quoi ! comme à tenter de me démontrer que je ne sais pas lire Freud!..depuis trente ans que je ne fais qua ça !

Alors, qu'est-ce qu'il va falloir que je réponde ? que je fasse répondre ? Quel tintouin ! Peut-être ai-je des choses plus utiles à faire. Nommément, de m'occuper du point où ces choses meuvent porter fruit, à savoir chez ceux qui me suivent dans la praxis.

Quoi qu'il en soit, comme vous le voyez, cette ques­tion ne me laisse mas indifférent. C'est bien parce qu'elle ne me laisse pas indifférent que je me suis trouvé me la po­ser avec la plus grande acuité. Je dois dire qu'une seule cho­se me retient de la trancher de la façon dont vous voyez qu'ici elle se dessine : c'est non mas votre qualité, Mes­sieurs et Mesdames, encore que je suis loin de ne mas m'en sentir honoré, d'avoir parmi mes auditeurs, aujourd'hui

ou d'autres, quelques-unes des _personnes les plus formées et de celles pour lesquelles il n'est pour moi pas vain de me proposer-à leur jugement. Néanmoins, cela tout seul suffi­rait-il à justifier ce qu'aussi bien peut être transmis par la voie de l'écrit ? Malgré tout, au niveau de l'écrit, il arrive que ce qui vaut quelque chose surnage, quoique bien entendu, dans une université comme l'Université Française où depuis près de cent ans on est kantien, les responsables - comme je vous l'ai déjà fait remarquer dans une de mes notes - n'ont pas, au cours des cent ans où ils ont marqué et pous­sé devant eux des foules d'étudiants, trouvé moyen de faire sortir une édition complète de Kant. Ce qui me fait hésiter, ce qui fait que peut-être (peut-être si ça me chante) je con­tinuerai ce discours, ce n'est donc -jas votre qualité mais votre nombre. Car après tout c'est ce qui me frappe. C'est ce pour quoi cette année, j'ai renonce à cette fermeture du séminaire qui a eu, les années précédentes, son petit temps d'essai et l'occasion de manifester son inefficacité. C'est à cause de ce nombre, de ce quelque chose d'incroyable qui fait que des gens, une bonne partie de ceux qui sont là, des gens - que je salue puisqu'aussi bien ils sont là pour me prouver qu'il y a dans ce que je dis quelque chose qui résonne, qui résonne assez pour que ceux-là viennent m'en­tendre, plutôt que le discours de tel ou tel de leurs pro­fesseurs concernant des choses qui les intéressent, parce que ça fait partie de leur programme - viennent m'entendre, moi qui n'en fais pas partie; ceci me donne quand même le signe qu'à travers ce que je dis, qui ne peut certes pas masser pour de la démagogie, il doit bien y avoir quelque chose où ils se sentent intéressés.

78. C'est par là qu'assurément je peux me justifier, si ça se trouve, de poursuivre ce discours public. Ce discours, certes, qui comme pendant les quinze ans qu'il a déjà durs, est un discours où assurément tout n'est pas donné à l'avance. que j'ai construit et dont des parts entières restent encore éparses dans des mémoires, qui en feront ma foi ce qu'elles voudront; il y a pourtant des parties qui mérite­raient plus et mieux.

Je ferai référence au "flot d'esprit" dans ce que je vous dirai de la formule de ce que j'ai appelé tout à l'heure "l'opération oméga". Pendant trois mois, devant des gens qui n'en croyaient mas leurs oreilles, qui se deman­daient si je plaisantais, j'ai parlé du "Mot d'esprit". Je vous invite, puisque vous allez être en vacances, à vous procurer, si par hasard c'est possible (car on ne sait pas, les oeuvres de Freud, elles aussi, sont introuvables !), à vous procurer le "clot d'esprit", et à vous en pénétrer. S'il m'arrive de devoir prendre des vacances, moi aussi, c'est la première chose -de mes séminaires du massé- dont j'essaierai de donner par écrit un équivalent.

Là-dessus, vous voilà pourvus, pour ce tempo intermé­diaire, de ce que je voulais dire : ce n'est pas toujours la fête. En tout cas, pas toujours pour moi.

La dernière fois que j'ai fait allusion à la fête, c'était dans un petit écrit, qui n'était pas un écrit du tout, puisque j'ai tenu à ce qu'il reste dans l'état du dis­cours que j'ai émis devant un public médical assez large. L'accueil de ce discours a été une des expériences de ma vie. Ce n'est pas d'ailleurs une expérience qui m'a surpris. Si je ne la renouvelle pas plus, c'est que j'en connais bien d'avance les résultats. Je dois vous dire que je n'ai pas pu résister à y apporter une modification qui n'a vraiment rien à faire avec le discours: cette allusion à la fête, à la fête du Banquet... si c'était une allusion Le public reconnaîtra mieux dans le bulletin de ma petite Ecole sans doute, que dans celui du Collège de Médecine où il sera d'autre part publié, l'allusion à la fête du Banquet. Il s'agit de celle où viennent, qui en mendiant, qui en égarée, deux per­sonnages, deux personnages allégoriques que vous connaissez, qui s'appellent Poros et Penia : le Poros de la psychanalyse et la Pépia universitaire. Je suis en train de m'interroger jusqu'où je peux laisser aller l'obscénité. Quel qu'en soit l'enjeu, la chose vaut qu'on y regarde à deux fois, je veux dire : même si l'enjeu est ce que l'autre appelle, assez comiquement, l'Eros philosophique.

Bonnes fêtes

11 J A N V I E R 1967

Je vous ai laissés à l'opération définie par moi aliénation, si vous vous rappelez, sous la forme d'un choix forcé où elle s' image de porter sur une alternative qui se solde, par un manque essentiel. Du moins, vous ai-je an­noncé que cette forme, je la reprendrais à propos de l'al­ternative où je traduis le cogito cartésien et qui est cel­le-ci : ou je ne pense pas ou je ne suis pas.

Cette transformation, un logicien formé à la logi­que symbolique la reconnaîtra - La reconnaîtra, de repré­senter la formule mise au jour dans le registre de cette logique symbolique, pour la première fois par de Morgan au milieu du siècle dernier, pour autant que ce qu'elle énon­çait - qui représentait une véritable découverte, qui n'avait jamais été mise au jour sous cette forme jusque là - s'exprimait d'abord ainsi : que, dans le rapport proposi­tionnel qui consiste dans la conjonction de deux proposi­tions, (ce qu'exprime, à droite et en haut de ces feuilles blanches, sur lesquelles j'ai écrit en noir pour que ce soit plus visible, la conjonction de A et de B) si vous la niez en tant que conjonction, si vous dites qu'il n'est pas vrai, par exemple, que A et B soient ensemble tenables: ceci équivaut à la réunion ... La réunion veut dire autre cho­se que l'intersection - L' intersection c'est (si vous repré­sentez, si vous imagez le champ de ce qui est émis dans chacune de ces propositions par un cercle couvrant une ai­re) l'intersection c'est ceci (1) . La réunion c'est ceci (2).

80.

Comme vous le voyez ce n'est pas l'addition, car il peut y avoir, à chacun des deux champs, une partie commune. Eh bien, l'énoncé de de Morgan s'exprime ainsi : que, dans l'en­semble formé par ces deux champs ici couverts par les deux propositions en cause, la négation de l'intersection - à savoir ce qu'il en est de ce que A et B soient ensemble -

est représentée par la réunion de la négation de A (écri­vons ici A : ce qui est sa négation c'est cette partie de B) et de la négation de B (c'est-à-dire de cette partie de A). Vous voyez qu'il reste au milieu quelque chose qui est excepté, qui est le complément de la réunion de ces deux négations et correspond à proprement parler à ce qui est nié, c'est-à-dire au champ de l'intersection de A et de B.

Cette formule si simple s'est trouvé prendre une telle portée dans les développements de la logique symboli­que, qu'elle y est considérée comme fondamentale au titre

de ce qu'on appelle le principe de dualité, qui s'exprime ain­si sous sa forme la plus générale : c'est à savoir que, si nous portons les choses non pas à cette tentative de litté­ralisation du maniement de la logique propositionnelle, mais si nous la portons sur le plan de ce qui vient au fondement de la formulation du développement mathématique, à savoir la théorie des ensembles : la théorie des ensem­bles sous une forme masquée introduit quelque chose qui est justement ce qui permet d'en faire le fondement de ce qui est le développement de la pensée mathématique. C'est que, d'une façon masquée peut-on dire, ce que je vous ai appris à distinguer du sujet de l'énoncé comme étant le sujet de l'énonciation, se trouve - dans les énoncés primaires, dans la définition de l'ensemble comme tel - le sujet de l'énon­ciation s’y trouve en quelque sorte gelé, il file même pas, il y reste impliqué - pour autant, bien sûr, que la théorie des ensembles est ce qui permet, du développement de la pensée mathématique, de dérouler l'exposé, d'assurer la cohérence. Autre chose bien sûr, est le progrès d'invention, la démarche propre du raisonnement mathématique, qui n'est pas celle d'une tautologie, quoi qu'on en dise, qui a sa fé­condité propre, qui s'arrache au plan purement déductif