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4. Les grandes invasions germaniques et le morcellement du latin

Dès la fin du IIIe siècle, les empereurs romains accueillirent de plus en plus de mercenaires germaniques comme soldats: on enrôlait des Francs, des Goths, des Saxons, des Alamans, etc., pour grossir l'armée parce que les Romains d'origine se désintéressaient de la guerre. Ces soldats germaniques offraient évidemment une faible barrière de protection contre les incursions des autres tribus germaniques, qui pénétraient de plus en plus dans l'Empire. En outre, Rome concédait des territoires à des Germains agréés comme alliés à des fins de colonisation. Graduellement, les Germains passèrent outre au statut accepté par Rome et fondèrent des royaumes souverains sur le sol de l'Empire.

En raison de la loi de réadaptation au milieu, la langue latine populaire parlée dans les différentes provinces de Rome commença à se différencier peu à peu en fonction des conditions politiques, sociales et géographiques particulières. Dans les régions éloignées de Rome, comme le nord de la Gaule, et dans celles où il y avait des contacts avec des populations germaniques, il se développa une forme de latin parlé encore plus différente.

4.1 La victoire des «barbares»

En 375, se produisit le choc des Huns contre les Ostrogoths germaniques, qui vivaient au nord de la mer Noire entre le Danube et le Dniepr (Ukraine). Les Huns étaient des tribus guerrières qui avaient été chassées de Mongolie par les Chinois quatre siècles auparavant; établis dans l'actuelle Hongrie, ils avaient décidé de partir vers l'ouest et avaient soumis les Ostrogoths. C'est cette année de 375 que l’on considère comme marquant le début des grandes invasions et le commencement de la dislocation de l'Empire romain menacé de toutes parts dans ses frontières. Les transferts de population des peuples germaniques étaient appelés par les Romains des «invasions barbares», mais ces derniers les considéraient comme de simples mouvements migratoires : la «migration des peuples». Il faut souligner aussi que ces «invasions» ont souvent été «pacifiques», car beaucoup résultaient de traités (foedus) entre les Romains et un peuple germanique particulier. Il y eut certes des conflits militaires, mais ce ne fut pas toujours le cas. Du point de vue linguistique, ces «invasions» peuvent être décrites comme des phénomènes d'expansion linguistique où s'affrontèrent des langues au dynamisme variable.

En 395, à la mort de l'empereur Théodose, l'Empire romain fut partagé en deux: l'Orient revint à Flavius Arcadius (395-408), l'Occident à Flavius Honorius (384-423). L'unité de l'Empire était définitivement brisée, alors que celui-ci était divisé entre l'Empire romain d'Occident et l'Empire romain d'Orient. 

Après avoir vaincu les Ostrogoths, les Huns reprirent leur route vers l'ouest et s'attaquèrent aux Wisigoths, aux Burgondes, aux Alains, déclenchant ainsi des déplacements en cascades: Goths, Ostrogoths, Wisigoths, Vandales, Francs, Saxons, Burgondes, Alamans, etc., se butèrent les uns aux autres d'un coin à l'autre de l'Europe et se déversèrent sur l'Empire romain d'Occident. En 447, le roi des Huns, Attila (395-453), avait étendu son Empire de la mer Caspienne jusqu'en Gaule, après avoir mis l'Europe à feu et à sang et pillé l'Italie du Nord. Après sa mort, son Empire se disloqua et disparut, non sans avoir fait exploser toute l'Europe.

On peut comparer les grandes invasions des IVe et Ve siècles à un jeu de billard: la première bille (les Huns) dispersa le système en place et chaque bille en repoussa une autre. Il en fut de même avec les tribus germaniques qui, poussées par l’est, partaient vers l'ouest, contraignant ainsi le voisin à quitter son pays. А la fin du Ve siècle, l'Empire romain d'Occident avait disparu, laissant la place à la fondation de nombreux empires germaniques.