Encore Noël

Par Charles d’Andigne

La fête de Noël est issue d’étranges traditions qui plongent leurs racines dans la plus haute Antiquité. Le 25 décembre … C’est au IVe siècle, en l’an 354, que l’Occident a choisi de célébrer ce jour-là la fête de Nativité.

Le Père Noël. Il est difficile de dater ses origines avec certitude. Certaines gravures du siècle dernier représentaient Saint-Nicolas (IVe siècle) distribuant des friandises et cadeaux aux enfants méritants et … portant des verges à sa ceinture. Aujourd’hui plus question de verges et encore moins de punitions … Le Père Noël prit l’apparence que nous lui connaissons aujoud’hui dans une série de cartes de Noël réalisées en 1890 par l’artiste suédois Jenny Nystrom.

Le sapin. Noël ne serait pas Noël sans lui. C’est en Alsace que naquit l’habitude de dresser des sapins à l’intérieur des maisons. La tradition dont on trouve des traces dès le XVIe siècle, consistait à jouer des spectacles – les Mystères, tirés de la Bible sur le parvis des églises. Les scènes représentant le paradis terrestre comportaient un arbre vert, souvent un sapin, auquel pendaient des pommes rouges, belles et tentantes comme des fruits défendus … Les arbres, progressivement, quittèrent le parvis pour gagner l’intérieur des maisons. En 1521, à Sélestat, en Alsace, un édit municipal autorisa les gardes forestiers à couper les sapins pour célebrer Noël. Les sapins ont toujours été abondamment décorés. Avec des bougies pour conjurer l’obscurité de l’hiver, mais aussi dans la Lorraine du siècle dernier, avec des boules en verre soufflé, qui remplacent les pommes, des fleurs en papier, évoquant le paradis, des noix, symboles de fécondité, et plus tardivement, avec des jouets. Si le permier sapin de Noël fut planté en 1837, dans le jardin des Tuileries, à Paris, la coutume ne s’est généralisée en France qu’au XXe siècle, à partir des années 50.

Les cadeaux. La fin de l’année était l’occasion pour les enfants de faire le tour des maisons du village en offrant leurs chants et leurs voeux. En recompense, on leur offrait des fruits secs ou des petites pièces. C’est de cette ancienne tradition que sont nées des étrennes.

Le réveillon. Le repas de Noël est appelé ainsi depuis le XVIIIe siècle. Auparavant ce terme désignait des agapes nocturnes. Il a lieu, selon les régions, avant ou après la messe de minuit. Sans signification particulière, c’est un repas convivial, l’occasion de se retrouver nombreux, généralement en famille. En Alsace, le réveillon devait comporter ces trois éléments que sont l’eau (huîtres, carpe), l’air (dinde ou oie), la terre (porc). La dinde fut introduite en Europe par des compagnons de Christophe Colomb. Originaire du Mexique, « l’oiseau d’Inde » a peu à peu supplanté sa concurrente l’oie dans le repas de Noël, parce que sa chair était jugée plus tendre. Quant à la bûche de Noël, c’est une tradition qui remonte à la nuit des temps. Il s’agissait à l’origine à une véritable bûche, la plus grande possible, que nos ancêtres faisaient brûler dans la cheminée. Ils aimaient l’entendre crépiter : plus le bois craquait, plus il faisait d’étincelles, plus cela éloignait les mauvais esprits. La disparition progressive des cheminées dans les appartements des grandes villes a entraîné celle des véritables bûches. Elles ont été remplacées par un gâteau fourré de moka,créé en 1875 par un pâtissier de la rue de Buci, à Paris .

La langue française N1, 2001