
- •Texte – contexte
- •Voilà ce qu’en dit Roland Barthes de façon très poétique :
- •Dénotation – connotation
- •Il va sans dire que les mots ogre et bouc émissaire, en combinaison avec la première personne du singulier, perdent leur sème d’appréciation négative et présagent un démenti ironique.
- •Automne – été
- •Ici les rôles des saisons changent : l’automne est associé à la mort, à la tombe, alors que l’été s’épanouit dans toute sa splendeur.
- •Hiver – printemps
- •Ils feront beaucoup de choses avec le soleil
- •Cohésion
- •Vient de la ville.
- •Voyons maintenant comment ce construit la cohésion de la poésie :
- •Modalité du texte
- •Intégration et finalité du texte
- •Le sens implicite
- •Répétitions
- •Il ne faut pas oublier non plus que toute la poésie médiévale (avant tout, celle des troubadours et des trouvères) était chantée et avait un accompagnement musical.
- •Mots-clés ou dominantes
- •Il y a dans la poésie française toute une série de mots qu’on pourrait appeler des ‘dominantes universelles’ parce qu’elles se rencontrent chez de nombreux auteurs.
- •La dominante ‘vent’ dans la poésie de Paul Eluard
Il va sans dire que les mots ogre et bouc émissaire, en combinaison avec la première personne du singulier, perdent leur sème d’appréciation négative et présagent un démenti ironique.
La nuance stylistico-fonctionnelle est le jeu des styles différents qui peuvent former un contraste frappant, par exemple, lorsque les mots du style soutenu et du style familier se côtoient :
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu’es-tu devenu maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d’acier de sang...
Dans cette célèbre poésie antimilitariste de Jacques Prévert l’union de l’apostrophe solennelle : ‘oh Barbara’, des métaphores du style soutenu : ‘pluie de fer De feu d’acier de sang’ avec le mot du style vulgaire ‘connerie’ qui détermine la guerre produit un effet très fort.
Les connotations sont donc fortement liées au contexte. Comme dit H. Meschonnic- « la phrase fait le sens du mot, et non le mot le sens de la phrase »31.
Examinons maintenant comment le contexte agit sur le sens des mots normalement privés de sens connotatif. Voici un petit poème de René Char « Le loriot » (Іволга) :
Le loriot entra dans la capitale de l’aube.
L’épée de son chant ferma le lit triste.
Tout à jamais prit fin.
Aucun des mots soulignés, pris séparément n’a le sens qu’il prend dans le contexte. C’est leur union inattendue qui fait le charme de la poésie et leur donne un sens nouveau révélé ou plutôt entrouvert dans le vers final.
Le décodage de certaines connotations, comme le montre cet exemple, n’est pas toujours ‘rationnel’, il dépend de l’a capacité du lecteur de saisir un état d’âme, ici de partager cette tristesse, ce vague à l’âme qui émanent de ces vers que Camus avait appelé un optimiste tragique.
Il faut noter que le même mot peut recevoir des sens connotatifs différents suivant le contexte. Analysons l’emploi contextuel des mots : automne, hiver, printemps, été dans divers contextes poétiques.
Automne – été
Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? – C’était hier l’été ; voici l’automne :
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.
(Ch.Baudelaire « Chant d’automne I »)
Le mot ‘automne’ acquiert dans ce contexte à la fois les nuances émotionnelle, expressive et appréciative en désignant la mort, la tristesse d’une séparation définitive, appuyé par les lexèmes : cercueil et départ, alors que ‘l’été’ désigne métaphoriquement l’épanouissement, la force de la jeunesse par le seul fait de son opposition à l’automne.
Et pourtant aimez-moi, tendre soeur ! Soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère
D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant.
(Ch. Baudelaire « Chant d’automne II »)
Grâce au contexte le mot ‘automne y prend diverses nuances connotatives en signifiant : la fuite du temps (éphémère) + la tristesse (douceur éphémère) + la solennité (deux apostrophes) + la tendresse (tendre soeur, soyez mère).
Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide !
Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l’été blanc et torride,
De l’arrière-saison le rayon jaune et doux !
(Ch. Baudelaire « Chant d’automne II »)