
- •Texte – contexte
- •Voilà ce qu’en dit Roland Barthes de façon très poétique :
- •Dénotation – connotation
- •Il va sans dire que les mots ogre et bouc émissaire, en combinaison avec la première personne du singulier, perdent leur sème d’appréciation négative et présagent un démenti ironique.
- •Automne – été
- •Ici les rôles des saisons changent : l’automne est associé à la mort, à la tombe, alors que l’été s’épanouit dans toute sa splendeur.
- •Hiver – printemps
- •Ils feront beaucoup de choses avec le soleil
- •Cohésion
- •Vient de la ville.
- •Voyons maintenant comment ce construit la cohésion de la poésie :
- •Modalité du texte
- •Intégration et finalité du texte
- •Le sens implicite
- •Répétitions
- •Il ne faut pas oublier non plus que toute la poésie médiévale (avant tout, celle des troubadours et des trouvères) était chantée et avait un accompagnement musical.
- •Mots-clés ou dominantes
- •Il y a dans la poésie française toute une série de mots qu’on pourrait appeler des ‘dominantes universelles’ parce qu’elles se rencontrent chez de nombreux auteurs.
- •La dominante ‘vent’ dans la poésie de Paul Eluard
Dénotation – connotation
En analysant le contenu lexical d’un texte poétique on devra tenir compte d’une différence très importante entre deux variations du sens du mot : sens dénotatif et sens connotatif. Vieux termes de la logique scolastique, au Moyen Aga ils prennent des significations rapprochées de leur sens moderne. Déjà au XIVe siècle la connotation est comprise comme le second sens du mot qui s’ajoute au principal. G.de Ockham2 introduisit les termes « nomine absoluta » et « nomen connotativum » en les définissant ainsi ; « Nomen connotativum est illud quod significat aliquid primatio et aliquid secundarion » (le nom connotatif est celui qui signifie quelque chose de primaire et quelque chose de secondaire).26 La dénotation – c’est le sens propre du mot qui ne dépend généralement pas du processus de la communication. D’après la définition de dictionnaire, la dénotation c’est l’élément invariant et non-subjectif de la signification opposé à la connotation. Cette dernière y est définie comme « sens particulier d’un mot, d’un énoncé qui vient s’ajouter au sens ordinaire selon la situation ou le contexte »27. Le sens connotatif est donc celui que le mot acquiert dans le processus de la communication. A.Martinet écrit : « On pourrait également définir la dénotation comme ce qui, dans la valeur d’un terme, est commun à l’ensemble des locuteurs d’une langue. Ceci, bien entendu, coїncide avec ce qu’indique tout bon dictionnaire. Les connotations, où le pluriel s’oppose au singulier de ‘dénotation’, seraient, dans ce cas, tout ce que le terme peut évoquer, suggérer, exciter, impliquer de façon nette ou vague chez chacun des usagers individuellement »28.
Ces deux notions sont indispensables pour une analyse stylistique. Michel le Guern29 dans son ouvrage sur la sémantique de la métaphore et de la comparaison
oppose les connotations libres aux connotations obligatoires. Selon lui, le cas le plus typique de la connotation libre est le texte poétique dont il n’est pas possible de donner une interprétation suffisante au niveau de la dénotation. Un tel texte présente des trous logiques que chaque lecteur est appelé à combler par des éléments tirés de son imagination, de sa propre expérience, de sa culture ou de sa connaissance de la personnalité du poète. Comme on voit, la notion de la connotation y est prise dans un sens très large, trop large, peut-être.
En examinant le sens connotatif au niveau des lexèmes on peut déterminer ses nuances essentielles au nombre de quatre : émotionnelle, expressive, appréciative et stylistico-fonctionnelle30.
La nuance émotionnelle dans son expression pure est représentée par les interjections. Il faut noter que si certaines interjections expriment une émotion bien précise (hélas – regret, ouf – soulagement, hourra – joie, etc.), d’autres, surtout ‘oh’ et ‘ah’ peuvent exprimer selon le contextes des émotions très variées. A titre d’exemple, examinons quelques cas d’emploi de l’interjection ‘oh’ dans les poésies de Paul Verlaine en notant entre parenthèses ses nuances connotatives (qu’on ne peut fixer de façon approximative et subjective, bien sûr) :
Comblien, ô voyageur, ce paysage blême
Te mira blême toi-même. (solennité)
Sites brutaux !
Oh ! votre haleine ! (dégoût, horreur)
Sueur humaine,
Cris des métaux...
Le château tout blanc
Avec, à son flanc
Le soleil couché,
Les champs à l’entour !
Oh ! que notre amour (regret)
N’est-il là niché !
Pourtant j’aime Kate
Et ses yeux jolis,
Elle est délicate
Aux longs traits pâlis,
Oh ! que j’aime Kate ! (soupir d’amour, de bonheur)
La nuance expressive est souvent rendue par la répétition du même mit ou par la syntaxe dite expressive, celle qui comprend des questions oratoires, des apostrophes, des exclamations, etc. :
Vous qui volez là-bas, légères hirondelles,
Dites-moi, dites-moi, pourquoi vais-je mourir ?
Dans ces deux vers d’Alfred de Musset, poète romantique du XIXe siècle, nous voyons l’union de tous les éléments de la syntaxe expressive sus-nommés : l’apostrophe, la répétition, la question oratoire.
La nuance appréciative peut être rendue par les mots qui contiennent un terme d’appréciation positive ou négative :
Venez, que je vous parle, ô jeune enchanteresse ! (V.Hugo)
Le mot ‘enchanteresse) contient sans aucun doute le sème d’appréciation positive, renforcé par l’interjection ‘ô’ qui le met en relief et lui confère une nuance de solennité et par l’adjectif ‘jeune’ contenant aussi un sème d’appréciation positive dans la civilisation européenne (pour le confirmer il suffit de rappeler les clichés suivants : ‘jeune et beau’ et ‘vieux et laid’).
La nuance appréciative dépend beaucoup du contexte, surtout dans le cas où elle exprime l’ironie. Voyons comme le même lexème ‘enchanteresse’ prend une nuance contextuelle négative dans ce vers de Charles Baudelaire :
Je vais te raconter, ô molle enchanteresse,
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse.
Malgré pratiquement le même entourage lexical (signe de l’intertextualité), une seule épithète à sens dépréciatif – molle – suffit pour détruire la belle harmonie du louange.
Donc, c’est moi qui suis l’ogre et le bouc émissaire (V.Hugo)