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LINGUISTIQUE DU TEXTE POETIQUE2.doc
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01.04.2025
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Il ne faut pas oublier non plus que toute la poésie médiévale (avant tout, celle des troubadours et des trouvères) était chantée et avait un accompagnement musical.

Jusqu’à présent le refrain confère à la poésie le caractère d’une chanson populaire en assumant de cette façon la fonction stylisante. Cela est tout à fait évident dans la poésie suivante de Paul Verlaine :

Dansons la gigue !

J’aimais surtout ses jolis yeux

Plus clairs que l’étoile des cieux,

J’aimais ses yeux malicieux

Dansons la gigue !

Elle avait des façons vraiment

De désoler le pauvre amant

Que c’en était vraiment charmant

Dansons la gigue !

Je me souviens, je me souviens

Des heures et des entretiens,

Et c’est le meilleur de mes biens

Dansons la gigue !

Dans la poésie moderne la stylisation a souvent une nuance ironique en créant de cette façon un sens implicite. Sensible déjà dans une certaine mesure dans la poésie citée, elle est encore plus prononcée dans un autre poème du même auteur :

A poor young shepherd

J’ai peur d’un baiser

Comme d’une abeille

Je souffre et je veille

Sans me reposer :

J’ai peur d’un baiser !

Pourtant j’aime Kate

Et ses yeux jolis.

Elle est délicate

Aux longs traits pâlis,

Oh, que j’aime Kate !

C’est saint Valentin !

Je dois et je n’ose

Lui dire au matin...

La terrible chose

Que saint Valentin !

Elle m’est promise

Fort heureusement

Mais quelle entreprise

Que d’être un amant

Près d’une promise !

J’ai peur d’un baiser

Comme d’une abeille

Je souffre et je veille

Sans me reposer :

J’ai peur d’un baiser !

Cette chanson, volontairement naїve, est pleine d’humour. En créant au début l’image d’un jeune berger anglais (attention au titre !) timide et un peu « bêta » l’auteur nous montre ensuite qu’il est plus malicieux qu’il ne veut en avoir l’air. Faisons attention en particulier à la strophe 4 qui est la seule à contenir des éléments appréciatifs et dont les deux premiers vers s’opposent nettement (‘mais’) aux trois vers qui suivent. Et la dernière strophe, tout en répétant la première, jette une nouvelle lumière sur le sens du texte.

En ce qui concerne la fonction cohésive des répétitions, elle a été examinée en détail dans le chapitre relatif au problème de la cohérence textuelle.

Mots-clés ou dominantes

L’emploi des dominantes – unités textuelles comprenant une récurrence identifiables des sèmes – est typique pour différentes oeuvres littéraires. Le sens des dominantes ne se résume pas à leur définition dans le dictionnaire, ce sont des faisceaux d’énergie qui envoient des impulsions dans l’espace environnant, elles donnent de la profondeur aux parties adjacentes du texte. Les dominantes jouent un rôle important dans les belles-lettres où elles peuvent dépasser le cadre d’une oeuvre concrète. Elles sont typiques non seulement pour la poésie, mais aussi pour la prose (par exemple, la prose philosophique de Saint-Exupéry). Souvent la même dominante se retrouve non seulement dans les oeuvres d’un écrivain, mais dans un genre littéraire, voire des littératures nationales entières. On sait que certaines associations qu’un mot évoque sont nationales, liées avec le psychisme, l’histoire, les moeurs, la nature, la culture d’un peuple oui de plusieurs peuples ayant des affinités historiques (par exemple, les peuples latins). Ainsi, quand Aragon intitule ses poèmes consacrés à la seconde guerre et à la Résistance »Les lilas et les roses » ou « Les roses et le réséda », le nom de la rose évoque dans l’esprit du lecteur qui connaît la tradition française une foule d’associations. A partir du XIIIe siècle, époque de la création du « Roman de la Rose », summum de la pensée poétique du Moyen Age, lequel à son tour résume les oeuvres antiques et les conceptions philosophiques des époques précédentes, l’image de la rose est toujours présente dans la poésie populaire, tout comme chez les meilleurs auteurs lyriques français. Il suffit de rappeler les poésies de Pierre Ronsard, son célèbre vers : « Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie ». L’évocation de la rose se rencontre chez Malherbe, Hugo, Mallarmé, Verlaine, et même chez cet ‘anti-lyrique’ que fut Arthur Rimbaud.

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