- •Institut National de l'Animal de Compagnie
- •17 Novembre 2005, 28 Février 2006
- •17 Novembre 2005
- •8) B.P.: Before Present, le "présent" étant par convention 1950, année des premières datations au carbone 14.
- •0 Le groupe des Chiens de chasse: Chiens courants, chiens d'arrêt, Terriers, Retrievers.
- •13) Rappelons que le Berger Belge est constitué de trois variétés, Tervueren, Groenendael et Malinois.
- •15) Si toutefois des campagnes de "contrôle" pour des raisons sécuritaires, sanitaires ou autres, ne viennent pas étouffer un processus évolutif en cours.
- •Iljin n.A. Wolf-dogs genetics. Journal of Genetics, 1941, 42, 359-414. J Growth 1984, 23, 40-56.
- •3) Nécessité d'une approche globale
- •4) Pour une meilleure connaissance des systèmes cynotechniques -, 4 4. 4 4.
- •5) Statut ambigu ou ambivalent du chien, en rapport avec ses comportements alimentaire et sexuel, et la diversité de ses fonctions.
- •Introduction
- •1) La Ferrerie, 14 380 pleines-œuvres.
- •Vues profil et dessous d'un crâne de chien exhumé sur le site Braden, Idaho, usa. 4400 avant jc. Proceedings of the Ist icaz Symposium, s. Crockford.
- •Introduction
- •1) Professeur ho d l'e 1 1 d n Professeur honoraire de l'Ecole nationale vétérinaire de Nantes, touLnt de la Société d'Ethnozootechnie - 5, Avenue Foch, 54 200
- •2) Voir b. Denis et j.-f. Courreau, Regard scientifique sur le nombre de races chez le chien, dans le présent document.
- •Introduction
- •1 ÏUl: cm» a™™.™*- ManUslB I £ pi IxeO. Sitaic aflldje :t Iraffc qjjcinnEAisilisii Anm-anA. Mtn. Aua*iji Itluifie xqmEnEyinans ,, iIIrs Qclnl imne dciKefl.
- •Introduction:
- •5) Seule une compatibilité de filiation peut être attestée, non la filiation elle-même.
- •II ) Entre les races: Structures et affectations.
- •Vue génétique, ou les individus en question peuvent avoir des origines non exclusivement Bouledogue; il peut aussi s'agir de problèmes de méthodologie ou d'un manque de fiabilité des marqueurs.
- •1)11 Avenue de Tobrouk, 78 500 sartrouville
- •Vers 1475.
- •Il ne s'est pas intéressé au chien mais sa démarche a valeur
- •Introduction
- •1 Stager l.E. (1993) Ashkelon Discovered From Canaanites and Philistines to Romans and Moslems. Journal of Biblical Literature, Vol. 1 n°3.P. 510.
- •1° La «Maison Rustique du xiXo siècle» (1837)
- •2° Encyclopédie pratique de l'agriculteur, de moll et gayot (1861)
- •4° L'Omnium agricole, de sagnier (1920)
- •1. Une fonction manifeste "': la protection des personnes et des biens
- •1) Chiens de campement
- •2) Chiens de troupeau
- •II. Des fonctions latentes (3) 1) Sous-alimentation des chiens et nettoyage des campements
- •IV, fasc. 1, p. Il 7-129 et pl. Phot. XXII-XXIII.
- •Veyret, p., 1951, Géographie de l'élevage, Paris, Gallimard.
- •2) V. Genevey précise que ce chiffe a été énoncé par f. Moutou lors d'une réunion administrative (comm. Pers., 27-02-06).
- •6) Nous ne citons ici que des références scientifiques, certalr; chiffres militants relevant visiblement d'une surenchère exacer (700 000 pour l'aspas, Dauphiné Libéré, 28-12-1996).
- •7) Lire (l9(àre notamment: boitani (1994); j.-p. Beau-douëzy, in huet, (1985), carbone (1991); carbone et lepape (1996); savage
- •10) Lire notamment fabre (1901, rééd. 2004); .Buffiere (1994).
- •Il est décrit comme portant une robe rouge à taches noires, intelligent et cruel (106).
- •1)4' Vicq d'Azir 75010 Paris.
- •2) Vakif, biens de mainmorte et biens octroyés par des personnes riches au bénéfice d'une institution religieuse, éducative ou
- •3) Tous les ordres soufis seront dissous, leurs couvents de derviches fermés, en 1925, deux ans après la proclamation de la République.
- •Il est encore utilisé aujourd'hui sur demande.
- •1) La première était celle des "Médiliani" illustrés Raniment par ceux du tsar Nicolas II. Enormes dogues du d pe mastiff ou dogue de Bordeaux mais à poils longs et durs.
- •Voici son expérience: On se demandait comment ces
- •III. - La naissance des "African Lion Dogs".
- •Vesey-fitzgerald,b, (1957) The Domestic Dog, London." wavrin, Marquis de. Les bêtes sauvages de l'Amazonie et des autres régions de l'Amérique du Sud. Payot. Paris. 1951. 301p.
- •Il y a chien et chien
- •10) Site où trouver le texte de la pétition en français: http://www.Protection-des-animaux.Org/petitions.Php.
- •VIII - La méthode naturelle et les nouvelles activités sportives du chien
- •Introduction
- •11 Double point de vue historique et génétique, ces grandes fonctions ne peuvent être toutes placées sur le lllêrne plan. Leur émergence est en effet très étalée dans
- •1) Professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, 94 704 maisons-
- •Il est constitué de 9 Unités de Contrôle Capitalisables Nationales, auxquelles s'ajoutent 3 ucare -
- •Venons en à la description de ce chien.
- •Il peut y avoir à la tête, au poitrail, aux membres, des marques blanches.
- •Il était vif, résistant, vigoureux, dur au travail. Parfois mordeur, même "prédateur" en ce sens qu'il s'imposait aux brebis de façon quelquefois un peu brutale. C'était plus
- •1) Directeur de la Société Centrale Canine
- •Voyage dont cette digression importante nous a momentanément éloigné.
- •Institut National de l'Animal de Compagnie
Il y a chien et chien
Troisièmement, les mots employés de part et d'autre SOnt source de malentendus. Quand nous (l'opinion publique) affirmons que le chien n'est pas de la viande, nous onsidérons l'animal de façon générique (Canis familiaris).
our les Coréens, le chien devient un nom de viande, comme e bœuf chez nous, qui s'oppose à la vache et au taureau, c°ïïime le pork des Anglais qui n'est plus un pig. Si nous étendons ne manger aucun chien, les Coréens quant à eux 116 sont pas prêts à manger n'importe lequel. Ceux qu'ils angent ont un nom, ils s'appellent Jabjong, littéralement chien qui n'a pas de race" (Orange 1995) et sont feconnaissables à leur pelage jaune, noir ou blanc. Puisqu'ils en élèvent conjointement, les Coréens font bien la distinction entre chiens de boucherie et chiens de compagnie. Il y avait u Moment de la Coupe du Monde de football, deux millions e chiens en Corée dont une moitié était destinée à devenir
des animaux de compagnie et l'autre à fournir de la viande de boucherie (5). Quant au marché des animaux familiers, il a explosé au début des années 2000, et est en pleine expansion, puisqu'on attendait entre 2003 et 2004 une croissance de 22 (6). D'après le Korean Kennel Club, en 2004, il y avait dans tout le pays quatre mille petshops et environ deux mille cliniques vétérinaires. Rien que dans le downtown de Séoul, j'ai répertorié une soixantaine de boutiques d'animaux, d'accessoires, de cliniques vétérinaires, de salons, etc.
(octobre 2004). Dans la Chine actuelle, le marché des animaux familiers prend l'ascenseur et les citadins affichent l'amour qu'ils portent à leur nouveau compagnon. Le nombre de chiens explose à Pékin où ils seraient déjà un demi-million sans compter ceux qui restent clandestins parce que leurs propriétaires refusent de payer la taxe d'enregistrement (Lionnet 2006: 31).
Le bon génie des montagnes
Nous avons vu que les chiens des Occidentaux ne Ot pas de la viande potentielle pour les Coréens et les hlnOlS qui distinguent bien les espèces qu'ils promènent de elles qu'ils mettent dans l'assiette. C'est donc le statut de [, animal qui est déterminant pour savoir s'il s'agit de viande U Pas, et ce statut est par essence instable. Début 2000, la Ulsse semble être sous le choc. La population vient I apprendre que le saint-bernard, bon génie des montagnes de Ivétie, fidèle secouriste, porteur d'un petit tonneau q alcool pour réconforter les rescapés, n'est pour les Chinois l'e du bétail. La presse et la télévision, donnèrent à c Information une certaine ampleur. L'information sera ^firmée une année après par le journal allemand eddeutsche Zeitung dans un article paru le 21 février 2001, e traduit sur le site consacré au chien dogstory.net: il y aurait gr¡ Chine quarante-huit fermes d'élevage dans lesquelles sandiraient 5000 chiens (7). Quelques journalistes Valaient le phénomène non sans mentionner la pratique c ^ophagique en Suisse, histoire de rappeler ainsi qu'elle ne ^cernait pas seulement les "étrangers". Dans un quotidien 11) 1Sse, on pouvait lire en 2002, au moment de la Coupe du lJ.°nde de football en Corée, le titre "Vous reprendrez bien j~ tranche de chien?" et le sous-titre "A l'est de la Suisse, edor reste un mets très apprécié. Nous avons dégusté, au
""---4) y 0ln http://www.nun.ch/www.dogmeat.org/ - bak02-0607) olr: http://www.nun.ch/www ,dogmeat.org/ - bak02-06nfos/index_en. page 5.
cœur du Rheintal, un excellent Rottweiler, servi en viande séchée épicée" (Rodrik 2002: 6). Et l'image qui illustrait l'article montrait un chef chinois en train de découper la carcasse d'un grand chien.
La rumeur selon laquelle il y aurait des Suisses qui apprécieraient manger du chien revient sur le devant de la scène périodiquement. En 1992, avant que ne sortent ces informations sur les saint-bernard, la chaîne privée allemande de télévision (RTL-Plus) donnait la parole (dans l'émission Explosiv du 25 août 1992) à une bonne douzaine d'habitants des cantons de Saint-Gall et de Thurgovie - parmi lesquels des restaurateurs. Ces personnes racontaient comment elles achetaient des chiots et trouvaient sans peine un paysan, boucher occasionnel, pour abattre les bêtes dans une cave ou une arrière-cour. La chair se consommait fumée, en salami ou en goulasch. Le secrétaire communal d'une des communes concernées se rappelait vaguement que dans les années 1960 il y avait des familles pauvres qui se nourrissaient de chats et de chiens "Mais, disait-il, aujourd'hui nous avons trois bonnes boucheries et on n'y vend certainement pas de viande de chien" (Guisan 1992: 17). Il n'y a aucune raison de mettre en doute de telles déclarations puisque le commerce de la viande de chien est interdit en Suisse depuis 1957, ce qui a pour effet que les restaurateurs n'affichent pas de chien au menu et que l'approvisionnement se fait vraisemblablement sous le manteau. S'il n'est pas écrit dans la loi que cette viande est interdite, sa consommation n'est pas non plus
réglementée. Les cantons ont eu la compétence - par exemple entre 1938 et 1954 - de légiférer en la matière, ce qu'ils ont
fait souvent sur un mode paradoxal (consommation tolérée, vente interdite).
Les raisons ou les excuses pour en manger
En Suisse, il n'existe pas de liste unique des viandes commercialisables. Le système fédéraliste du pays permet à chaque canton d'établir sa propre liste et d'en contrôler l'application. Pour avancer dans la recherche, il faut apprendre à repérer et décoder les contextes dans lesquels le chien - et quel chien - est consommé. Des Suisses mangeraient du chien en certaines occasions, mais pas du saint-bernard (à ma connaissance). Il est vrai que les informateurs, comme les sources consultées, insistent sur le caractère exceptionnel de la cynophagie, en périodes de guerre et de disette. Les manifestations de cette pratique semblent particulières et déterminées par des circonstances bien définies: la pauvreté, la guerre, la transgression, le rite de passage, etc. En 1999, un représentant de l'Office vétérinaire fédéral expliquait qu'en Suisse orientale, le plus souvent, de jeunes gens organisaient une fête bien arrosée à la bière en mangeant du chien.
En France, le caractère inhabituel causé par les conséquences d'une guerre est aussi assez systématiquement évoqué pour "justifier" la cynophagie notamment lors de la guerre franco-allemande de 1870, où des boucheries de chats,
de chiens et de rats avaient fait leur apparition. Le marché au chien se tenait rue Saint-Honoré (Le Grand Livre du ChienLaurent 1970 cité par Mahler & Denis 1989: 82). Pourtant les gens semblaient avoir pris l'habitude de manger du chienen temps de paix. En témoigne vingt ans après la guerre, en France, en 1889, la parution d'une étude examinant leS ressemblances et les dissemblances entre viandes de chien et de mouton, ceci afin d'aider le lecteur-consommateur 3 repérer plus facilement les fraudes (Mahler & Denis 1989: 82). A la fin du siècle XIXe, les Italiens qui s'installent en Bavière et en Belgique comme ouvriers, adorent paraît-il la viande de chien. L'Illustration du 10 septembre 1892 (n° 258,5, 215) fait état de la prolifération d'abattoirs à Munich depui. s leur arrivée. Plus tard, toujours en Allemagne, plus précisément en Saxe (1921), la viande de chien subira les inspections sanitaires du Ille Reich à partir de 194 (Dechambre 1921; Charitat 1943; Poplin 1988). Il est vrai qu'il serait possible d'expliquer les deux derniers cas cités Per le caractère "extraordinaire" de leur situation, soit la pauvreté d'une minorité d'immigrés (travailleurs italiens, avec le risque de stigmatiser les nouveaux venus), soit une nouvelle guerre-
Le spectacle de la souffrance
Nous avons vu qu'il était aussi possible de parler de viande avant que l'animal soit mis à mort et débité et que c'était son statut, sa fonction d'animal de boucherie ou d'animal familier qui entrait en ligne de compte. On peut relever la pertinence d'autres éléments pour comprendre ce qu'est la viande: la façon' d'élever les animaux destinés à être consommés et celle de les mettre à mort, deux seuils critiques importants pour la définir.
Pour les militants contre la cynophagie, manger du chien serait donc un acte cruel en soi et les personnes qui en mangent le feraient par cruauté ou barbarie. Comment peuton être cruel envers un morceau de viande? Parler de cruauté n'a de sens que s'il s'agit de qualifier quelqu'un qui aurait un penchant à faire souffrir un animal. Afin de démontrer que les bouchers coréens et chinois prennent plaisir à faire souffrir les chiens qu'ils abattent, les associations protectrices des droits animaliers diffusent sur la toile et dans leurs journaux des descriptions et des images d'élevage, de conditions de détention et d'abattage des chiens en Corée (mais aussi en Chine, à Taiwan, en Thaïlande, etc.) qui sont parfois gore et insoutenables.
Il en ressort que les chiens seraient engraissés aux stéroïdes et aux hormones, ce qui est interdit pour l'élevage de veaux chez nous depuis de nombreuses années. Les chiots
5) Voir Ann http://wolf.ok.ac.kr/annyg/france/f3.htm. page 6-7.
Quelques chiffres donnent une idée de l'importance économique de chacun des deux statuts. Il y aurait actuellement, selon les pages jaunes de l'annuaire téléphonique, deux mille restaurants qui servent du chien en Corée (Kim 2005).
6) Voir http://www.euromonitor.com/Pet Food and Pet Care Products in South Korea.
7) Voir http://www.dogstory.net/fondue_viande_de_chien.htm. page 5.
auraient les cordes vocales coupées et les tympans crevés.
pour rester silencieux et plus dociles. Ils seraient confinés et entassés par dizaines dans des cages exiguës. On les feraIt mourir à petit feu, par strangulation lente, battus à coup de barre de métal ou de marteaux, électrocutés ou encore ébouillantés, brûlés vifs au chalumeau; ils seraient dépeceS semi conscients ou vivants, etc. Last but not least, le stress et la souffrance amélioreraient le goût de cette chair et généreraient des propriétés aphrodisiaques (8).
Il n'est pas dans mon intention d'insinuer que, parce que les images sont violentes et que les informations so floues, les mauvais traitements n'existent pas. Le gouvernement coréen a d'ailleurs entrepris de légiférer pouf normaliser l'élevage et l'abattage des chiens de boucherie. Il a également promulgué des règles d'hygiène concernant le découpe et la vente de la viande. Mais cela n'est pas suffisao aux yeux des protectionnistes. Selon eux, il n'y a pas de façon humaine de tuer les chiens. Kum Sun-nam, présidente de la Société coréenne de protection des animaux (Korea AnirI18 Protection Society), soutient que cette loi "n'est pas en favetl des animaux. Les bouchers vont se sentir disculpés. J'ai allSS1 peur que plus de gens se mettent à manger du chie¡; maintenant que les règles d'hygiène sont meilleurs (Cerralbo 2005: 2) (9). Pour elle, il n'est pas question de fale du chien une viande comme les autres et il est évident qu e poursuit un autre but, celui de rendre illégale S8 consommation. Les associations protectrices des anima11* coréennes et occidentales, suivent la même ligne et ton
8) Exemple de site en français: http://www.pour-Ic' animaux.de/viandes - chat - chien.html.
9) Traduction de "This will not do the animais any favour. Therc also a fear that more people will eat dog now that there are hig 1 hygiene laws."
feuler actuellement une pétition sur la toile. Elles dernandent au président coréen de ne pas donner suite à la Politique de légalisation de la viande de chien. Elles veulent
faire interdire l'abattage des chiens pour l'alimentation et l'utilisation médicinale et faire éradiquer l'élevage de chiens à viande en Corée (10).
Le silence des faits et le choc des images
Pourquoi les citadins d'Occident se montrent-ils Pareillement choqués que le chien soit un animal de boucherie? Plusieurs éléments de réponse sont possibles au stade actuel de la recherche.
L'opinion publique du monde urbain occidental confond les statuts et les races et n'octroie aux chiens qu'une seule et même condition, celle d'animal de compagnie (11).
e mélange des différents statuts possibles du chien, des chiens, d'un chien, répercute vraisemblablement les tensions existent entre les filières de l'animal de boucherie et de Animal de compagnie. Dans le contexte socio-économique actuel de la mondialisation et de la (re )localisation, la cornparaison de la Corée, de la Chine et des pays occidentaux et particulièrement éclairante. A Séoul et dans les grandes Villes de Corée, parallèlement à l'explosion du marché des animaux familiers, la consommation de viande de chien augmente (12). Pour ce qui est des animaux familiers, en 2003, le pays importait 500000 chiens. En 2004, leur nombre aurait atteint 3,5 millions, ce qui veut dire qu'une famille coréenne sur quatre en possèderait au moins un (Suh 2004).
t, Nous avons vu que la définition du mot tl cynophagie" était euphémique. Il y a une relation entre le champ lexical dans lequel s'inscrit la consommation de viande et la méconnaissance de la pratique cynophagique lIemême. Il est possible de formuler l'hypothèse que cynophagie" soit un mot savant, qu'il décrive une pratique Montée aux oreilles de quelque lexicographe ou érudit qui a abriqué le mot, assez tardivement si on en croit les diverses sources qui ont été citées. Cela ne veut pas dire qu'il n'existe Pas dans les diverses autres langues, patois et dialectes de rance, des mots équivalents rendant compte du phénomène; cela ne veut pas dire que le chien ne soit pas mangé plus SOuvent qu'on ne le croit en France et ailleurs. Encore aUjourd'hui, nous ne savons par grand-chose sur les pratiques
de consommation, d'élevage et d'abattage du chien. Or, il s'agit d'une problématique suffisamment forte pour engager un terrain ethnographique, par-delà la rumeur, sur les pratiques d'hier et d'aujourd'hui.
La faiblesse des informations concrètes et circonstanciées contraste avec la surabondance des images et des discours. Il existe un lien entre le silence qui entoure la cynophagie et la diffusion d'images explosives et de mots forts ("cruel"; "barbare"; "étranger"; "inhumain") pour la condamner. Il s'agirait-là d'une manifestation supplémentaire de l'ambivalence des humains à l'égard de la mort de l'animal.
Ici, l'inflation d'images violentes sert à focaliser l'attention du public sur la cruauté et à prouver que la fonction alimentaire du chien ne peut pas être reconnue. Au niveau symbolique, ces images rappellent au public que quelque soit l'animal, à plus forte raison quand il est à sang rouge, son abattage est un acte difficile dont on a besoin de se distancier. Elles fonctionneraient aussi comme levier de déculpabilisation des consommateurs de viandes "normales" (13). Il conviendrait de s'interroger sur le fait qu'en Occident, certaines consommations s'affichent (viandes "nobles") alors que d'autres se cachent, restent clandestines (viandes "honteuses"), et comparer par exemple la cynophagie et l'hippophagie.
Enfin, avec la cynophagie, les limites de la problématique de l'ethnocentrisme des sociétés occidentales se voient une fois de plus repoussées. La brûlante question de ce que mange l' "autre" se trouve soudainement relancée par l'actualité. Va-t-on, pendant l'année du chien (horoscope chinois), manger plus ou moins de chien que d'habitude? La crise de la grippe aviaire, avec l'effondrement de la consommation de volaille en Asie qu'elle suppose, aura-t-elle des conséquences sur la production de la viande et en particulier de la viande de chien (on sait que la substitution d'une viande à une autre est très difficile)?
