
- •1. Objet d'étude de la lexicologie.
- •2. Le signe lexical. Critères de délimitation
- •3. Le signifiant et le signifié
- •4. Les mots motivés, immotivés, l’étymologie populaire
- •5. L'évolution sémantique et son rôle dans l'enrichissement du vocabulaire. Les causes de l'évolution sémantique des vocables.
- •1. L'interaction des mots sémantiquement apparentés.
- •2. L'interdépendance des mots faisant partie de la même famille étymologique.
- •3. L'influence des mots à sonorité similaire.
- •6,27. La polysémie, la monosémie, l’homonymie.
- •7. La métonymie
- •8.La métaphore.
- •9. La formation des mots et son rôle dans l'enrichissement lexical.
- •16. L'abréviation. L'onomatopée.
- •2. Les groupements intermediaries
- •3. Les groupements analytiques
- •25. Les synonimes
- •26. Les antonymes
16. L'abréviation. L'onomatopée.
Le français parlé qui de tout temps a répugné aux mots trop longs continue à les abréger, surtout lorsque l'aspect en révèle l'origine savante. Cette tendance à l'abréviation s'est considérablement accrue depuis la fin du XIXe siècle.
On distingue différents types d'abréviations. Parmi les plus fréquentes sont les troncatures telles que amphithéâtre] — « salle de cours », auto[mobile], cyclo [moteur], barofmètre], dactylo [graphe], kilogramme], qu'on forme en laissant tomber le deuxième élément d'un mot composé. Ces formations apparues dans le parler du peuple de Paris pénètrent de plus en plus souvent dans la langue littéraire. Ce mouvement est allé encore plus loin : on rejette une ou plusieurs dernières syllabes sans se soucier de ce que ces syllabes représentent ou non un morphème. L'abréviation s'effectue même lorsque les syllabes retranchées paraissent être indissolublement liées au corps même du mot af[faire], anar[chiste], accu[mulateur], baccalauréat], collabo [ration-niste], déb [utante] — « jeune fille qui débute dans la vie mondaine », puis « très jeune fille », édito[rial], fac[ulté], fortification], imper[méable], labo[ratoire], 'Huma [nité] et même Saint-Ex (Saint-Exupéry).
Parfois on remplace ces syllabes retranchées par un -o final qui représente un pseudo-suffixe populaire : anarcho < anarchiste, apéro < apéritif, camaro < camarade, convalo < convalescent, mécano < mécanicien, métallo < métallurgiste, Montparno < Montparnasse, populo < populaire, proprio < propriétaire.
Généralement on réduit le mot par l'ablation des syllabes finales (apocope), toutefois l'ablation des syllabes initiales (aphérèse) est possible : pitaine < capitaine, cipal < (gardé) municipal, Ricain < Américain.
Un tout autre type d'abréviations est représenté par des mots formés par la prononciation des lettres ou des syllabes initiales des composants de quelque locution, par exemple : C.G.T. — « Confédération générale du travail », O.N. U. — « Organisation des nations unies », PDG — « Président-directeur général », ТОМ— « Territoires d'Outre-Mer». La création de sigles est une des tendances les plus accusées du français actuel qui s'est surtout manifestée à partir de la deuxième moitié du XXe siècle.
Par l'abréviation on ne forme pas tant des mots nouveaux que des variantes, généralement des variantes stylistiques de mots existants. Si métro, auto, cinéma, stylo, dactylo ont effectivement enrichi le français en triomphant de leurs formes complètes initiales,prof, récré, perme, colon, expo ne sont que des variantes stylistiques as professeur, récréation, permission, colonel, exposition. Il en est de même pour les sigles qui présentent « les doubles » des locutions correspondantes.
Par l'onomatopée on appelle à présent la création de mots qui par leur aspect phonique sont des imitations plus ou moins proches, toujours conventionnelles, des cris d'animaux ou des bruits différents, par exemple : cricri, crincrin, coucou, miaou, coquerico, ronron, glouglou, froufrou. Ce procédé de formation offre une particularité par le fait qu'il s'appuie sur une motivation naturelle ou phonique qui s'oppose à la motivation intralinguistique caractéristique de tous les autres procédés de formation. L'onomatopée est d'une productivité restreinte, ce qui s'explique en particulier par le caractère relativement réduit des sons perceptibles par l'oreille humaine. Signalons pourtant les créations récentes : bang [bàg] — « bruit produit par un avion supersonique », yé-yé — formé par imitation du refrain d'une chanson américaine (de «yeah... yeah », altération de yes), blabla(bla) employé familièrement pour « bavardage, verbiage sans intérêt», boum — « bruit sonore de ce qui tombe ou explose, baraboum ! imitant un bruit de chute, bim ! et bing ! [birj] qui évoquent un coup.
17-18.
Les locutions phraséologiques sont des unités lexicales qui par leur fonctionnement se rapprochent souvent des mots ce qui permet d'envisager leur création à côté de la formation des mots.
La phraséologie étudie des structure de mots particuliers. En se combinant dans la parole, les mots forment deux types d'agencements différents. Ce sont, des groupements de mots individuels, instables ; les liens entre les composants de ces groupements se rompent après leur formation. Ces groupements de mots se forment au moment même du discours et dépendent exclusivement de l'idée que le locuteur tient à exprimer. Ce sont des groupements tels que un travail manuel, un travail intellectuel, une bonne action, une mauvaise action. D'autre part, ce sont des agencements dont les mots-composants ont perdu leur liberté d'emploi et forment une locution stable. Ces locutions expriment souvent une seule idée, et n'ont un sens que dans leur unité. Les locutions stables sont reproduites dans le discours, étant formées d'avance.
Les locutions phraséologiques, diffèrent par le degré de leur stabilité et de leur cohésion. Ch. Bally distingue deux types essentiels de locutions phraséologiques : il nomme unités celles dont la cohésion est absolue et celles dont la cohésion n'est que relative.
Vinogradov distingue les locutions phraséologiques suivantes : les unités indécomposables, les unités et les combinaisons phraséologiques. Les deux premiers types de locutions constituent un groupe synthétique, le dernier type représente un groupe analytique. Vinogradov porte son attention sur les particularités d’ordre structurale et grammaticale des locutions phraséologiques.
Les principes de classification des locutions phraséologiques.
La locution phraséologique est un phénomène complexe qui se prête à une étude multilatérale. De là les difficultés se présentent dans la classification des locutions phraséologiques qui pourraient être groupées à partir de principes divers reflétant leurs nombreuses caractéristiques (degré de stabilitée, de fusion sémantique structure).
1. d'après le degré de la motivation on distingue
- les locutions immotivées («avoir pas froid aux yeux — «avoir de l'énergie, du courage»),
- sémantiquement motivées (rire du bout des lèvres — «sans en avoir envie»)
- les locutions à sens littéral {livrer une bataille, se rompre le cou).
2. D'après leurs fonctions communicatives on pourrait dégager
- les locutions à valeur intellectuelle (salle à manger, le bon sens, au bout du compté),
- à valeur logico-émotionnelle (droit comme une faucille — «tordu», ses cheveux frisent comme des chandelles — « elle a des cheveux plats»),
- à valeur affective (Flûte alors ! — qui marque le dépit.)
3. Le fonctionnement syntaxique distinct des locutions phraséologi-ques permet de les qualifier
- d'équivalents de mots (pomme de terre, tout de suite, sans cesse),
- de groupements de mots (courir un danger, embarras de richesse),
- d'équivalents de phrases (c 'est une autre paire de manches ; qui dort dîne; qui trop embrasse mal étreint, prov.)
Les locutions phraséologiques pourraient être classées à partir d'autres principes dont la structure grammaticale, l'appartenance à un style fonctionnel. Toutefois le principe sémantique, paraît être un des plus fructueux. Il permet de répartir les locutions phraséologiques en plusieurs groupes qui se retrouvent dans des langues différentes.
La clasification sémantique des phraseologismes
Selon la clasification sémantique des phraseologismes on peut distinguer 3 types essentiels :
1. les groupements synthétiques (idiomes)
2. les groupements intermédiaires
3. les groupements analytiques
1. Les idiomes sont des locutions dont le sens global ne coïncide pas avec le sens des mots-composants. Les idiomes présentent un tout indivisible dont les éléments ont perdu leur autonomie sémantique. D'après leur fonctionnement syntaxique ils sont tantôt des équivalents de mots et jouent, le rôle d'un terme de la proposition (enveloppe mortelle — «corps humain considéré comme l'enveloppe de l'âme) tantôt des équivalents d'une propositon dont les éléments conservent une certaine autonomie syntaxique (il n 'y a plus que le nid, l'oiseau s'est envolé, il n 'y a pas de roses sans épines).
D'après le degré de leur motivation on distingue deux types d'idiomes : les locutions soudées et les ensembles phraséologiques.
Les locutions soudées, sont les plus stables. Leur sens ne découle pas de leur structure lexicale. (avoir maille à partir avec qn, marquer un jour d'une pierre blanche, ne pas être dans son assiette.) Les locutions soudées comportent souvent des mots tombés en désuétude. Tels sont assiette —manière d'être assis », dans l'expression n 'être pas dans son assiette;
Certaines locutions soudées contiennent des archaïsmes grammaticaux. Signalons l'absence de l'article devant le substantif dans avoir maille à partir, l'absence de la préposition dans à la queue leu leu.
Par leur structure lexicale certaines locutions soudées correspondent à des agencements libres; (cf. : il a del 'étoffe, ce jeune homme et j 'ai une belle étoffe pour me faire une robe).
La plupart des soudures ont dans la langue une valeur expressive, émotionnelle. Elles sont largement utilisées comme moyen stylistique dans les œuvres littéraires.
À rencontre des soudures le sens général et réel des ensembles phraséologiques se laisse plus ou moins révéler à travers le sens de leurs mots-composants. Telles sont les expressions : passer l'éponge qui signifie «oublier, pardonner», rire du bout des lèvres ou «sans en avoir envie».
Le sens global des ensembles phraséologiques découle plus ou moins nettement du sens des mots-composants sans y correspondre exactement.
Parmi les ensembles phraséologiques vient se classer un grand nombre de comparaisons imagées qui sont bien typiques de la langue française. Ce sont des expressions très usitées telles que : manger comme quatre, dormir comme une marmotte, pleurer comme une fontaine, être comme un poisson dans l'eau, être bon comme le pain. Ces expressions sont généralement très concrètes et leur sens se laisse facilement comprendre.
Les dictons et les proverbes se laissent aussi ranger parmi les ensembles phraséologiques : il n'y a point de sots métiers ; à quelque chose malheur est bon ; la nuit porte conseil.