3.1 Présentation théorique de l’Ecole de Francfort.

 L’école de Francfort est très importante car elle a structuré le principe de la philosophie sociale. Le projet est de constituer une théorie idéale de la société. Auteurs emblématiques : Marcuse, Max Horkheimer, Théodore Adorno, Benjamin, Kracauer…

3.1.1 Qu’est-ce qu’une théorie critique ?

 Théorie critique = Analyse des difficultés que les individus éprouvent pour se saisir du monde, pour comprendre les médiations qui s’y jouent.

 Cette difficulté = crise de l'appropriation = généralisation de l'impuissance sur le cours des choses (tendances à se replier sur leur intériorité + subjectivité pour délaisser le monde qui paraît in appropriable). Intériorité de l’individu = seul refus à ce monde.

 Individu = Coupé du monde. Selon lui, personne ne peut comprendre ce qu’il ressent. On voit le monde mais on ne le pense pas comme étant le notre. Il faut aider les individus a se ré impliquer dans le réel, à se réapproprier le monde.

 Etymologie : « Critique » = Acte de jugement, de discernement, d’examen. Ici, plusieurs orientations possibles de la « critique » :

• Critique dite ouvrante. Opération de dénonciation radicale. Contestation radicale. But = Protester contre ce qui est. Forme de Grand Refus. Saisir les évolutions sociales pour les condamner. Examiner les normes. Insister sur la négativité du monde. Langage de la perte, du désespoir. Rhétorique passionnelle (exagération). Vision assez pessimiste du monde où les multiples médiations : affaiblissent l’être + contribuent à la construction d’une relation mystifiante et aveuglée au réel + désymbolisent le monde + tuent l’imagination + créent une déculturation mortifiée = Mutilent les individus à penser. Critique normative s’affaiblit car engagement radical serait sous évalué. But de théoriciens de Francfort = Transformer le monde, la société. Aboutie sur une deuxième critique.

Critique dire normative. Transformer et non dénoncer. Théorie commande, transforme la société. Pour Adorno et Horkheimer, théorie critique doit établir 3 tâches :  Faire prendre conscience à toute théorie, l’intérêt social qui l’anime. Intérêts sociaux = orientent la façon dont les théoriciens travaillent. Quelles sont les forces sociales qui imposent les problèmes à résoudre ? But = émanciper par la rationalisation du réel. Il faut que cela soit en rapport avec la raison + déconstruire les formes de la raison pour en distinguer les différentes lignes.  Inscrire un fait social dans un examen général de la société. Dialectisation des phénomènes = les ramener à des processus d’ensemble.  Apporter de la raison dans le monde -> aboutir à des csq concrètes = Améliorer la vie humaine. Projections générales en manque de bases empiriques. Critiques exagèrent caractères décisifs du présent. Propositions étroites et unilatérales. Cette théorie ne se rapporte pas sur des bases argumentatives solides. Cette critique normative se renforce grâce à Habermas qui fait une critique radicale des travaux d’Adorno et de Horkheimer.

 Marx : la critique a une fonction révolutionnaire.

 La critique doit avoir une prise sur le réel. Elle se doit d'être réaliste, elle doit se rapporter à un réel concret.

 Théories critiques renvoient à une crise de l'agit, de la capacité à intervenir dans le monde, à contribuer à la société. Individus se replient dans leur individualité sans chercher à s'intégrer dans le réel. De fait, les théoriciens critiques cherchent à trouver les raisons de cela, et à ce que les humains maitrisent le monde, c'est à dire améliorent la société de façon collective. Ils veulent donner des raisons de croire au monde en cherchant quelles sont les conditions. = But Humaniste.

 Axel Honneth (= Directeur actuel de l’école de Francfort.) succède à Habermas. Pense qu’il y a des obstacles à l’entente, si bien que les gens ne discutent pas : « le concept de reconnaissance ». Société idéale =

Société où les individus sont égaux en droit, en amour et en solidarité (reproduction de la vie commune). Tous les individus luttent pour cette reconnaissance dans ces trois domaines. + Revendication à laquelle les institutions doivent répondre.

Forme de vie sociale au sein de laquelle il existe une distribution diversifiée et étendue des opportunités pour que se déploie une libre circulation des idées, des expériences et pour favoriser une large reconnaissance des intérêts multiples inhérents à toute société.

 Quels sont les problèmes dans la critique normative?

 On y trouve une prétention universaliste : ils imposent une normalité extérieure à toutes les sociétés. Une telle prétention a quelque chose de totalitaire.

 Penser qu'une société peut être guidée par des valeurs stables et cohérente parait utopique.

 Le danger est de référer les identités collectives et d'enfermer les individus dans des contextes différents du leur.

 Historiquement, ce sont les occidentaux qui ont monopolisé ce travail de définition des critères de "la vie bonne".

 Ainsi née : La sociologie critique : Pierre Bourdieu, Michel Foucaud.

 La sociologie critique refuse d'emblée l'arrogance technocratique (qui veut faire le bonheur des hommes malgré eux) sans pour autant être d'accord avec la théorie qui prétend que tout se vaut, que tout doit rester dans son contexte. Bourdieu nous dit qu'on ne peut se poser entre les deux.

 Les gens ne se préoccupent pas des pensées philosophiques. C'est pourquoi les philosophes doivent fréquenter le monde, faire des enquêtes de terrain : faire des travaux empiriques. Il faut analyser les pratiques sociales concrètes et essayer de montrer les logiques de dominations, de pressions qui sont assujettissantes pour l'homme. La tâche de ce scientifique est de dévoiler ces logiques en déstructurant la société (trouver les mécanisme qui rendent la vie douloureuse).

 La logique de la sociologie critique est triple :

1. L'individu doit prendre conscience des contraintes du système pour pouvoir s'en libérer.

L'opération critique tend à déculpabiliser les sujets sociaux : si les individus vivent dans la douleur, ce serait à cause des institutions, de la société, des structures et de l'ordre social, et non pas pour des causes individuelles. Il suffit de rediriger les plaintes des sujets sociaux sur la brutalité de l'ordre social. Les obstacles sociaux sont en effet omniprésents si bien que l'individu se les représente comme insurmontables.

C'est pourquoi il faut relier les gens en souffrance ensemble, faire une prise en charge collective.

 La nouvelle sociologie critique est née suite aux débats sur "la critique ordinaire". Position des sociologues critiques était trop centrée sur la structure. Quand on analyse les gens, ils mettent en cause quotidiennement l'ordre social de manière délibérée. But = se centrer sur les individus ordinaires.

 La théorie n'est pas là pour ouvrir la prise de conscience ou dévoiler, mais pour comprendre le sens des évènements ordinaires. Ainsi, le diagnostic critique ne peut être pertinent qu'en se rattachant à des situations vécues, et en ne faisant pas de généralité.

Divergences de la sociologie critique :

 Naît une nouvelle école de sociologie critique : la critique ordinaire. Il faut s'intéresser aux critiques ordinaires des gens, remettre en cause l'ordre social consciemment.

 La théorie n'est pas là pour ouvrir la prise de conscience. Elle est là pour comprendre le sens des critiques ordinaires.

→ Critique de type pragmatique : saisir l'ordinaire. Travail qui lie l'aspect existentialiste et politique.