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L'herméneutique (du grec hermeneutikè, art d'interpréter, et du nom du dieu grec Hermès, messager des dieux et interprète de leurs ordres), est la théorie de la lecture, de l'explication et de l'interprétation des textes.

L'herméneutique ancienne est formée de deux approches complètement différentes : la logique d'origine aristotélicienne (à partir De l'interprétation d'Aristote) d'une part, l'interprétation des textes religieux d'autre part.

Sans doute, la définition la plus simple de l’H a été formulée par Gadamer : « Dans son sens originaire l’H c’est l’art de nous expliquer et de nous communiquer ce qui a été dit par les autres et ce qui nous est resté comme le message des générations précédentes ».

L'herméneutique moderne comptend des sous-disciplines : herméneutique « littéraire » (interprétation des textes littéraires et poétiques), « juridique » (interprétation des textes de lois), « théologique » (interprétation des textes sacrés - exégèse), « historique » (interprétation des témoignages et des discours sur l'histoire), et « philosophique » (analyse des fondements de l'interprétation en général, et interprétation des textes proprement philosophiques). La psychanalyse est vue comme un exemple d'herméneutique (interprétation des symptômes du malade) par Paul Ricoeur1. La « généalogie » nietzschéenne, qui interprète les jugements de valeur (vrai/faux, bien/mal, beau/laid) à partir de l'histoire et de la physiologie (état de santé du corps), est une herméneutique pour Michel Foucault.]

Champs de l'herméneutique 

On parle d'« herméneutique » pour l'interprétation des textes en général.

L'interprétation des symboles religieux et des mythes s'appelle l'herméneutique sacrée (ou herméneutique biblique lorsqu'elle se limite à la Bible, c'est-à-dire aux textes du judaïsme et du christianisme).

L'étude, la traduction et l'interprétation des textes antiques naît à la Renaissance : c'est la philologie.

On désigne aussi par « herméneutique » la réflexion philosophique interprétative, fondée par Friedrich Schleiermacher, développée par Wilhelm Dilthey et rénovée par Martin Heidegger et Hans-Georg Gadamer.

L'herméneutique trouve des applications dans la critique littéraire ou historique, dans le droit, dans la sociologie, en musique, en informatique, en théologie (domaine d'origine), ou dans le cadre de la psychanalyse.

Histoire de l'herméneutique

L'« herméneutique » ancienne 

L'herméneutique est aussi ancienne que le sont les religions et la philosophie. Cependant, le terme d'herméneutique n'est apparu qu'à l'époque moderne, sous la plume de Friedrich Schleiermacher et de Wilhelm Dilthey.

D'Aristote à la science contemporaine 

Dans son traité De l'interprétation (Organon II), Aristote (IVe siècle AEC) avait défini des règles essentiellement logiques d'interprétation des textes. Il y développe notamment sa théorie du jugement (affirmatif et négatif), de la contradiction et de la contrariété (перепона, завада). Son point de départ est l'analyse des éléments sémantiques (la lettre, le nom, le verbe, la proposition). Il aboutit à une métaphysique (recherche rationnelle ayant pour objet la connaissance de l’être absolu, de l’univers et des principes de la connaissance) qui hiérarchise les degrés d'être. Ce traité sera abondamment commenté par les philosophes médiévaux (Averroès, Thomas d'Aquin, Guillaume d'Ockham), et fixera pour longtemps la norme de lecture des textes (philosophiques, mais pas seulement).

Les herméneutes contemporains comme Umberto Eco ou Paul Ricoeur se réclament également de la philosophie aristotélicienne, mais davantage de la Poétique et de la Rhétorique que de l'Organon.  On peut mesurer ainsi le changement de paradigme de l'époque médiévale à l'époque contemporaine : la logique (l'ancienne herméneutique de l'Organon) a été absorbée par la science (mathématiques, physique) tandis que la philosophie (la nouvelle herméneutique) explore des champs d'interprétation plus larges que les sciences naturelles (poétique, rhétorique, littérature, mais aussi sociologie, psychologie, histoire,anthropologie). L'une des causes principales de ce changement est la naissance des sciences humaines, qui livrent une autre approche du monde que celle de la science.

Néanmoins, certains auteurs de la fin du XXe siècle, comme Paul Feyerabend, soutiennent que le discours scientifique est lui aussi une interprétation du monde. En ce sens, aucun champ n'échapperait à l'herméneutique, pas même la science prétendument univoque (non sujette aux querelles d'interprétation) et rigoureuse (non affectée par la contingence des images humaines).

Stoïcisme

Le stoïcisme est une école philosophique de la Grèce antique, fondée par Zénon de Citium en 301 av. J.-C. Cette philosophie insiste sur la pratique d'exercices de méditation conduisant à vivre en accord avec la nature et la raison pour atteindre la sagesse et le bonheur. Les stoïciens développent un naturisme herméneutique, qui assimile les dieux, comme représentations, à des forces physiques.

"D'un autre motif en rapport avec la physique est découlée une grande multitude de dieux qui, revêtus d'une forme humaine, ont donné matière aux fables des poètes, mais ont rempli la vie humaine de superstitions " (Cicéron,De la nature des dieux)

Judaïsme 

La tradition du judaïsme rabbinique connaissait depuis longtemps des règles d'interprétation de la Torah. Le judaïsme rabbinique connaissait quatre sens pour interpréter la Bible hébraïque :  1) évident, littéral,  2) allusif,allégorique, 3) interprétatif, et 4) secret/mystique. Le sens littéral s'avérait souvent insuffisant pour comprendre en profondeur le sens des textes sacrés.

Christianisme 

La tradition chrétienne reprit cette doctrine des quatre sens de l'Écriture en l'adaptant au christianisme. 

La doctrine des quatre sens de l'Ecriture eut un succès important pendant tout le Moyen Âge : le sens allégorique inspira une grande partie de la littérature médiévale profane. (le roman de Renart, de la Rose) C'est au XIIe siècle qu'elle connut son apogée, au moment de l'introduction des sciences grecque et arabo-musulmane en occident. Elle joua un rôle important à la naissance de la scolastique (philosophie et théologie enseignées au M age à l’Université)

Renaissance 

Retour à la littéralité 

L'étude et l'interprétation des textes classiques (antiques) naît à la Renaissance : c'est la philologie. Les savants apprennent le grec et le latin, et développent des méthodes pour prouver l'authenticité ou l'inauthenticité d'un texte, et pour établir des éditions critiques des œuvres. C'est le retour aux sources et à la littéralité des textes. L'un des éminents représentants de cette nouvelle tendance est Guillaume Budé, illustre humanistela. La Réforme protestante, sous la plume de Martin Luther et Jean Calvin, appelle à relire les textes religieux littéralement, par-delà les interprétations canoniques de l'Église catholique. Il s'agit de retrouver le texte biblique en sa pureté. Auparavant, la majorité du peuple n'avait pas accès au texte biblique, mais seulement aux interprétations qu'en donnaient les autorités religieuses. Avec les mouvements intellectuels de la Réforme et de l'Humanisme, renforcés par l'invention de l'imprimerie (XV) et le développement de l'éducation , le texte biblique deviendra de plus en plus accessible, et l'autorité religieuse de plus en plus remise en cause quant à la lecture des textes sacrés.

L'herméneutique moderne naît de la destruction de la norme : s'il n'y a plus de norme de lecture extérieure au texte, il faut apprendre à déceler soi-même le mécanisme interne d'un texte donné qui produit lui-même son propre sens, afin d'éviter la multiplication à l'infini des significations du texte en question, jusqu'à l'absurdité.

Questions :

  1. D’où vient le nom de l’herméneutique ?

  2. Quel est son objet d’études ?

  3. Les sous-discipline de l’H ?

  4. Les travaux d’Arisote et ses commentateurs

  5. Le stoїcisme

  6. Le judaїsme et le christianisme

  7. La Réforme

  8. Les origines de l’H moderne

TEXTE

Les modes de lecture et d’interprétation des textes présentent un bon terrain d’observation du jeu de la pluralisation et de l’autorité dans la première modernité,

caractérisée par des tendances contradictoires, centrifuges et centripètes à la fois. Si la diffusion du livre imprimé et du savoir philologique déposé en eux tend à

instituer une uniformité de la lettre et du texte, inconnue auparavant, cette diffusion même les offre à une pluralité de lecteurs et partant, virtuellement au moins, de lectures. La possibilité de controverses sur le sens des textes s’en trouve accrue. Or cette diversité même, ébauche d’une République des Lettres (La République des Lettres désigne depuis la Renaissance  un espace virtuel qui transcende les entités territoriales et réunit les lettrés européens à travers des traces écrites et des rencontres autour de valeurs partagées, rendues possibles grâce à une langue européenne commune, le latin. Les humanistes sont ainsi en continuel contact entre eux au moyen des lettres et des voyages.), ne va pas sans remettre en question les ordres du vrai, de la foi au savoir en passant par l’opinion politique, qui requièrent l’affirmation d’une unité.

Que ce soit dans l’ordre religieux, dans l’ordre du savoir ou dans celui du pouvoir, l’autorité seule semble en mesure de contrôler, voire de limiter la dispersion du

sens entraîné par l’essor de l’activité interprétative. On a parfois été tenté de caractériser la Renaissance comme « l’âge du commentaire », pour souligner le caractère second et livresque de son rapport au monde, ou encore

comme « l’âge de l’interprétation ». Mais ce qui frappe est plutôt la recherche d’un critère qui permette de départager les différentes interprétations d’un texte donné en prenant en compte leur prétention à la validité. La possibilité accrue de se référer à un texte unifié confère à la lecture une fonction nouvelle: une interprétation se confronte aux autres en invoquant un texte, elle doit argumenter pour s’imposer face aux autres. La fixation du texte rend aussi plus contraignant

l’accord que l’on souhaite obtenir. Comme le texte est un, on aspire à une interprétation unifiée, gage de l’accord des esprits.

Le lecteur seul avec l’Écriture? Il est manifeste que les enjeux principaux ont porté sur les controverses religieuses à l’âge de la confessionnalisation. Dans la mesure où les différentes confessions se référaient en principe à un même texte, la question de l’interprétation devenait cruciale. C’est dans ce contexte que l’on peut comprendre l’invention d’une discipline nouvelle, l’herméneutique, cherchant à rassembler les principes et les règles de la ‘juste’ interprétation des

textes, mais aussi la prolifération des traités d’introduction au savoir ou de méthode. Le respect d’un procédé universel pour déchiffrer le sens d’un texte

repose sur une double assomption: d’une part, les interprétations doivent pouvoir être confrontées au texte qui, en dernière instance, décide de leur pertinence; d’autre part, elles doivent pouvoir s’opposer les unes aux autres sur la base d’une argumentation fondée en raison. Le critère permettant de juger de telles controverses est alors interne, qu’il s’agisse du texte ou de la lumière naturelle. Or l’invocation de la scriptura interpres sui et le programme immanent qui semble en découler ne se réalise defait pas dela façon que décrit l’historiographie.

En effet, il n’existe pas de concept univoque de ‘texte’, tel qu’il s’est imposé comme objet de l’activité philologique au cours du 19-ème siècle.

Les précurseurs de l'herméneutique contemporaine 

Schleiermacher 

C'est Friedrich Schleiermacher (1768 – 1834) qui posa les bases de l'herméneutique contemporaine. Schleiermacher mit également en évidence le cercle herméneutique (l'expression est de Dilthey). Pour comprendre un texte, il faut avoir compris l'œuvre, mais pour comprendre l'œuvre, il faut avoir compris les textes.

xxe siècle 

Naissance de l'herméneutique philosophique contemporaine

L'herméneutique philosophique contemporaine se conçoit comme une théorie de l'interprétation, et de la réception de l'œuvre (littéraire ou artistique). Elle questionne la textualité en elle-même, et son rapport à l'auteur (processus d'explication) et au lecteur (processus de compréhension).

L'herméneutique philosophique cherche à analyser ce qui se manifeste, ce qui se présente de soi dans l'œuvre d'art (perspective phénoménologique). Elle pose donc de manière originale le problème de la représentation et de la phénoménalisation, s'inspirant en cela des travaux novateurs de Husserl (lequel avait livré une théorie très élaborée de l'imagination, notamment dans les Ideen I).  Edmund Husserl, la phénoménologie prend pour point de départ l'expérience en tant qu'intuition sensible des phénomènes afin d'essayer d'en extraire les dispositions essentielles des expériences ainsi que l'essence de ce dont on fait l'expérience (p.ex, les astres nous paraissent beaucoup plus petits qu’en réalité)

L'herméneutique se fonde ainsi sur une nouvelle interrogation du verbe « être », à la fois grammaticale, ontologique et esthétique, à partir des importants travaux de Martin Heidegger dans Être et Temps .

L'herméneutique philosophique utilise comme paradigme majeur la poésie, notamment la poésie romantique, symboliste, surréaliste ou d'inspiration hermétiste, c'est-à-dire la poésie qui ne se comprend pas à la première lecture, mais qui nécessite un effort pour être décryptée. Les philosophes herméneutes analysent par exemple les textes et l'esprit de Hölderlin, Mallarmé, Valéry, Rilke, Artaud ou encore Ponge. Mais on peut ajouter que toute poésie vraie exige une relecture et une interprétation.

Le deuxième grand paradigme de l'herméneutique est le roman, notamment les œuvres subversives qui remettent en cause les normes traditionnelles d'écriture. Ainsi, on croisera sous la plume des grands herméneutes Rabelais, de Sade, Joyce, Kafka , ou encore d'autres grands écrivains comme Goethe ou Borges .

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