
- •1.Typologie de la langue et ses types
- •2.Identité typologique et identité historique
- •3. Méthode d’études de la typologie
- •4.Typologie parmi d’autres sciences linguistiques
- •1.1. Système vocalique primaire.
- •1.2. Systèmes vocaliques russe et biélorusse.
- •1.3.Système vocalique français.
- •1.Le point d’articulation.
- •4.Le rapport du point d’articulation au palais:
- •3. Rapports quantitatifs et syntagmatiques des consonnes dans le discours français, russe et biélorusse.
- •4. Combinaison des sons.
- •5. Particularités de la composition syllabique des mots.
- •7. Rôle de la prosodie dans des langues comparées.
- •1.Notion de catégorie grammaticale et de son contenu.
- •2.Moyens d’expression des notions grammaticales
- •3.Procédé d’expression des rapports grammaticaux et leurs types
- •10. Combinaison des types
- •5. Classes lexico-grammaticales
7. Rôle de la prosodie dans des langues comparées.
Les caractères dynamiques, quantitatifs et mélodiques des sons, syllabes, mots, groupes des mots et des propositions constituent ce que l’on appelle la prosodie de la langue.
I. L’essence du caractère quantitatif est une opposition des sons (voyelles de préférence) brefs et longs (formant des syllabes brèves et longues): [ku-ra:ʒə], [trɔ:̃pə-ri], [prɔ - vɛ:̃s] .
II. L’intensité particulière de la prononciation d’une syllabe ou plutôt de son élément vocalique ainsi que le haussement du ton sont appelés des accents: dans le premier cas c’est l’accent dynamique, dans le deuxième- l’accent tonique.
III. Le troisième élément est la mélodie, c’est-à-dire, le mouvement musical de la phrase. C’est un ensemble des variations de la hauteur du ton, déterminées par la fréquence de la vibration des cordes vocales et des intervalles dans la chaîne parlée.
IV. La prononciation des groupes de mots et des phrases des langues différentes se distingue par un mouvement rythmique (lent, accéléré, coulant ou saccadé) qui est aussi un élément de la prosodie. Fonctions des unités prosodiques.
Fonctions des unités prosodiques.
A.- La durée du son peut exprimer une notion grammaticale, c.f.: venit (présent)- venīt (parfait), bona (nominatif)- bonā (ablatif). Le français n’a pas hérité ce trait du système latin. L’opposition son long/ son bref (innovation française) n’est qu’un phénomène acoustique qui est déterminé par la position du son, c.f. cette [ɛ]-tête [ɛ:], sotte [ɔ]- encore [ɔ:]. Le russe et le biélorusse ne connaissent pas des oppositions de la longueur (ni de distinction, ni de position). Seul l’accent d’intensité peut augmenter légèrement la durée de la voyelle.
En biélorusse la combinaison de deux consonnes identiques peut former un seul son long, p.ex.: ноччу (ч), пытанне (н), даллю (л), mais cette durée n’est liée non plus à aucune notion grammaticale ou lexicale.
B.- Accent. Toutes les trois langues comparées possèdent l’accent dynamique dont les fonctions dans chaque système sont assez différentes. Par exemple, l’accent russe et biélorusse sert à exprimer les notions lexicales et grammaticales des mots, cf.:aтлàс-àтлас, мукà-му́ка, пари́ть -пàрить (r); касà-кàса, скрыпàчка-скры׳пачка, падàць-пàдаць, плaчу́-плàчу (b)- (opposition lexicale);
руки-руки, берегà-бéрега, насыпàть-нас’ыпать, к׳упите-куп׳ите (r); трав׳ы-трàвы, г׳убы-губ׳ы, братàм-брàтам, пазна׳ю-пазнàю (b) (opposition grammaticale); пар׳ы-пàры, приезжàя-при׳езжая (r); кавал׳i-кавàлi, казàк-кàзак, парàй-пàрай, ׳яму-ям׳у (b) ( opposition lexicale et grammaticale). L’accent français,étant de sa nature fixe, n’accomplit pas la fonction de différenciation sémantique.
Dans les langues comparées l’accent accomplit aussi la fonction de délimitation phonétique des unités significatives:
en russe et en biélorusse ce sont des mots autonomes ( мальчик читает книгу (r); лiвень размыу дарогу (b) et leurs équivalents formés à l’aide des mots-outils et mots à plein sens lexical
(не знаешь ли, через реку, у костра (r); на стале, цi не бачыу, ( ён) бы узяу (b). En français l’accent délimite la phrase dans la chaîne parlée, frappant sa syllabe finale. A l’intérieur de la phrase il délimite des groupes phonétiques et même des mots, s’ils sont autonomes: Moscou/ est la capitale/ de notre immense pays. Calmez-vous,/ camarades,/ Dupont/ arrive.
C’est une fonction syntaxique de l’accent dynamique. En français elle est de la première importance, en russe et biélorusse son rôle est assez limité, car tous les mots autonomes, qui font la majorité dans le lexique, sont accentués dans la phrase et hors d’elle.
C.- Mélodie. La mélodie prend part à l’organisation de la phrase et de ses parties intégrantes. Chaque langue utilise cette unité prosodique à sa propre façon qui peut être envisagée comme un indice typologique.
Les segments mélodiques se composent de trois éléments primaires:
ton ascendant,
ton descendant,
ton égal.
La composition des segments mélodiques et leur importance dans les langues différentes ne sont pas les mêmes.
Ainsi en russe et en biélorusse les phrases de la même construction peuvent être affirmatives, interrogatives ou exclamatives selon la caractéristique de leur mélodie, p.ex.:
Он вернулся домой. Яны нас пакiнулi.
Он вернулся домой? Яны нас пакiнулi?
Он вернулся домой! Яны нас пакiнулi!
En français où l’interrogation est exprimée par l’inversion ou par la tournure « est-ce que » le rôle de la mélodie est moins important.
La proposition sans éléments d’interrogation, ce qui n’est propre qu’à la langue parlée, se distingue par l’intonation ascendante à la fin de la phrase, qui ressemble à l’intonation de la proposition interrogative russe. La phrase exclamative française a pour la plupart deux types mélodiques: a) légèrement ascendante à la fin de l’exclamation; b) montante - descendante sans abaissement ou haussement brusque.
En somme les segments mélodiques français ont des changements de la hauteur du ton moins brusques que les segments russes ou biélorusses, bien que la séquence des haussements et des abaissements soit plus marquée ( ondulation de l’intonation plus profonde).
Caractéristique typologique des langues française, russe et biélorusse, basée sur les traits phonologiques de chacune d’elles.
Ainsi le français est une langue vocalique, le russe et le biélorusse, au contraire, ce sont des langues consonantiques. Il s’ensuit que la voyelle française joue le rôle plus important dans la distinction des unités significatives. Mais le vocalisme français, très net dans le système, est insignifiant dans la parole
Les consonnes françaises sont moins nombreuses que les consonnes russes et biélorusses et moins actives dans la formation des combinaisons consonantiques, ce qui détermine la structure de la syllabe, qui est moins variée que la structure de la syllabe russe et biélorusse. Le biélorusse est le plus riche en consonnes, mais leur activité est plus faible que celle des consonnes russes.
Le russe et le biélorusse peuvent être considérés comme les langues prosodiques modérées, tandis que le français appartient au type non prosodique modéré.
La structure phonique des unités significatives françaises est beaucoup plus simple que celle des unités correspondantes russes et biélorusses, ce qui crée une grande quantité d’homonymes dans cette langue et augmente l’interdépendance de ses unités nominatives dans la phrase.