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умк Лексикология.doc
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§ 35. L’avilissement et l’ennoblissement du sens

les mots qui ont un sens neutre peuvent prendre, au cours de leur évolution, une nuance exclusivement défavorable ou exclusivement favorable.

Ainsi, le mot garce, féminin de gars, signifiait autrefois “jeune fille”. Dans la langue moderne il a une valeur péjorative très prononcée, signifiant “fille de mauvaise vie, friponne”. De même, le mot fille, employé sans déterminatif, a souvent l’acception de “femme de mauvaise conduite”; par exemple: “Tu n’es qu’une ordure, une fille” (H. Bataille).

Les mots qui ont subi une dégradation du sens sont assez nombreux. Rustre (autrefois “campagnard”), manant (autrefois “habitant”), soudard (“soldat”) signifient aujourd’hui ‘homme brutal et grossier”; brigand ‘(“soldat faisant partie d’une brigade”) a maintenant le sens de “bandit”. Il en est de même pour le mot vilain, qui signifiait autrefois “paysan jouissant de liberté personnelle” et maintenant a le sens adjectival de “méprisablé”, “méchant”, “malhonnête”, “laid”.

Beaucoup plus rares sont les cas d’ennoblissement du sens, à savoir des mots qui prennent une nuance favorable. Tel est le mot succès, qui signifiait autrefois “résultat final d’une affaire quelcongue”, par exemple:

“J’allais voir le succès de ses embrassements:

“Je n’ai trouve que pleurs mêlés d’emporternents’(Racine).

Aujourd’hui il signifie seulement “résultat heureux positif”.

Il en est de même pour le mot réussir, autrefois ayant le sens de “avoir un résultat bon ou mauvais”.

§ 36. L’euphémisme

L’euphémisme provient du grec (emploi d’un mot favorable) se rattache en même temps à l’affaiblissement et à l’extension du sens. C’est un procédé qui consiste à atténuer, à adoucir l’expression, afin d’éviter l’impression désagréable ou choquante que le sens propre du mot peut produire:. ce mot est remplacé par un autre, auquel on donne un nouveau sens, correspondant au fait signifié. Le plus souvent l’euphémisme est d’origine religieuse, conséquence du respect mêlé de terreur superstitieuse que les peuples non civilisés avaient pour les phénomènes de la nature: prononcer un mot c’était évoquer la notion qu’il exprimait s’exposer donc à de grands dangers. Ainsi certains mots, aussi bien que certains objets ou personnes devenaient “tabous”: on croyait qu’on ne pouvait y toucher sans entraîner des châtiments.

C’est la raison pour laquelle la plus riche synonymie euphémique est crée autour de l’idée de la mort, comme si la conscience voulait s’en défaire. Au lieu de dire mourir on dit décéder (“se retirer”), trépasser (“passer au-delà”), expirer, avoir vécu, s’en aller, s’endormir, se reposer, ne plus souffrir, rendre l’âme, fermer 1es yeux, quitter le monde. etc. Analogiquement, pour 1a mort on dit le sommeil, éternel, le repos éternel, le grand adieu, le départ sans retour ; le mot cadavre est remplacé par les dépouille, les restes ; le mort par le défunt, le regretté.

Pour ne pas employer les noms de Dieu, du diable ou des saints dans les exressions blasphématoires et les jurons, on a créé des euphémismes par la déformation partielle de l’expression: pardi, parbleu (“par Dieu”), morbleu, palsambleu, vertubleu, tudieu, sacristi, sapristi, nom de nom, diantre,etc.

On évite de prononcer non seulement le nom de Dieu, des saints et du diable mais aussi celui des animaux dangereux. Le goupil a été d’abord désigné par son nom propre, Renart, et lorsque le mot renard est devenu lui-même trop expressif, on l’a remplacé par des mots comme la bête, lui, il, ça. L’épervier est désigné par ces mêmes mots.

Un autre procédé consiste à apaiser l’esprit ou l’animal dangereux en lui donnant un pseudonyme d’affection. Aussi la belette (“la petite belle”) est en italien la donnola (“la petite dame”), en suédois la jungfru (“la jeune fille”), en roumain nevăstuica (diminuif de nevasta,“épouse), en russe laska (“douceur, caresse”).

Outre les euphémismes de superstition, il y en a de décence, de politesse et de convention. La décence interdit toute image obscène ou dégoûtante. Les précieuses allaient jusqu’à proposer

.....le retranchement de ces syllabes sales

Qui dans les plus beaux rnots produisent des scandales...

Ces sources d’un amas d’équivoques infâmes,

Dont on veut faire insulte à la pudeur des femmes.

(Molière, Les femmes savantes, acte III,scène 2)

Elles avaint banni jusqu’à inculquer et concilier de leur vocabulaire.

Le processus assocatif dans la création des euphémismes est tout à fait différent par rapport à celui qui est à la base de la création des mots en général, car il s’agit non pas de motiver un mot, mais au contraire de briser une association ou de créer l’association avec des choses qui n’ont rien de choquant. Les procédés employés dans ce but sont assez variés:

- On substitue au mot une formation savants, dénuée de valeur expressive: transpirer (au lieu de «suer»), fétide (au lieu de “puant”), éructer, urine, excréments.

- On recourt à des périphrases:”le petit coin”, “les lieux secrets”, “les lieux d’aisances”.

- On associe (par métonymie ou synecdoque) la chose interdite à des choses contiguës: “la garde-robe”, le cabinet’, “le lavabo”, “le téléphone”.

- On emploie des mots étrangers, où 1’association est complètement effacée, comme “water-closet”.

- Ces diverses figures se combinent avec l’ellipse et l’abréviation: “lieux d’aisances” devient “lieux”, “water-closet” devient “vatères”, vécés”.

Dans le langage courant on emploie souvent des euphémismes de politesse et de convention. Mentir est remplacé par “inventer”, “déformer la vérité”, “se tromper” , un mensonge est une “erreur voulue”, une “contrevérité”; voler c’est “partir sans payer”, “opérer”, “commettre une indélicatesse”, “acheter à la foire d’empoigne”, etc. Un homme n’est pas ivre, mais “un peu gris”, “grisé”, “gai”, “bien disposé”, “attendri”, “ému”. Pour ne pas dire qu’une femme est trop grasse, on dit qu’elle est “parée de charmes trop abondants”.

La langue populaire et l’argot sont spécialement riches en euphémismés.