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умк Лексикология.doc
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§ 31. Le sens propre et le sens figuré

A vrai dire, le changement du concret à l’abstrait et l’inverse est aux confins de la lexicologie et de la stylistique: c’est un cas particulier de ce grand dynamisme sémantique qui produit le changement du sens propre au sans figuré.

On dit qu’un mot est employé au sens propre quand il exprime l’idée primitive et naturelle pour laquelle il a été créé; il est employé au sens figuré quand il est détourné de son acception initiale pour s’appliquer à une autre idée. L’emploi des mots au sens figuré donne des “figures de mots et de pensée”, parmi lesquelles il y a deux qui intéressent spécialement la lexicologie: la métaphore et la métonymie.

La métaphore consiste à transporter la signification propre d’un mot à une autre signification qui ne lui convient qu’en vertu d’une comparaison sous-entendue. Ainsi:

a) On applique le nom d’un objet à un autre, par un rapport de ressemblance: “une feuille de papier”, “une branche de la science” (par analogie à la feuille ou à la branche d’un arbre), “la dent d’une scie”, “le col d’une bouteille”, “le pied d’un arbre”.

b) Des noms d’aniaux ou d’objets sont appliqués aux homines pour en souligner une particularité physique ou morale: un lion (un homme brave), une lionne (une femme énergique, régnant dans son monde), un serin (home niais), une pie (personne bavarde), une vipère (femme méchante), une guenon (femme très laide), un pigeon (homme qui se laisse facilement duper), une scie (personne ennuyeuse), une perche (personne “longue comme une perche”), une fontaine (personne qui pleure facilement ). Presque tous ont une nuance péjorative.

c) On transporte les mots de la sphère physique à la sphère morale, rendant ainsi plus sensible l’expression d’une idée: “la soif de l’or”, “l’ivresse du pouvoir”, “une pluie d’or” (abondance de richesse), “aborder une question”, “échouer dans une entreprise”, “se couvrir de laurier’, ‘blesser l’amour propre”.

La métonymie est un procédé qui consiste principalement à prendre:

a) l’instrument ou l’action pour le résultat: “vivre de sa plume”, “le pinceau de Raphael”.

b) Le contenant pour le contenu: “Boire un verre”.

c) La partie pour le tout, ou le tout pour la partie: “Un village de cent toits”, “Je veux qu’à mon départ toute l’Epire pleure” (Racine).

d) Le matériel pour l’objet: des porcelaines, des aquarelles , un marbre.

e) Le signe pour l’objet signifié: “Perdre sa couronne”, “porter dans sa giberne le bâton de maréchal”, “Il quitta l’épée pour la plume”.

L’étude détaillée de ces “tropes” et des autres fait l’objet de la stylistique.

§ 32. Restriction et extension du sens

Un des plus importants moyens d’enrichissement du lexique par la resémantisation est le processus bipolaire de la restriction et de l’extension du sens.

L’exemple classique de restriction du sens est le mot roman, qui au moyen âge signifiait toute oeuvre littéraire écrite en langue romane, à la différence des oeuvres écrites en latin. Tandis que ces dernières traitaient des sujets théologiques ou philosophiques, le “romans” avaient des sujets laïques, notamment des aventures d’amour, donc ce mot a pris un sens correspondant et, à mesure que les genres littéraires se différenciaient, il prenait un sens limité, précis, désignant aujourd’hui un genre littéraire.

Voici d’autres exemples de mots qui avaient autrefois une signification plus large que celle d’aujourd’hui:-Avaler signifiait “descendre, abaisser”; aujourd’hui il signifie également “descendre”, mais seulement “dans le gosier”. - Traire signifiait “tirer” (“traire l’épée du fourreau”), aujourd’hui il ne signifie que “tirer le lait des vaches, des chèvres, etc.” - Labourer signifiait “travailler’; à présent il est limité à une seule espèce de travail. —Le crin désignait autrefois les cheveux des humains aussi bien que le poil des bêtes; aujourd’hui il no s’emploie d’ordinaire qu’en ce dernier sens. - Le mot viande désignait tous les aliments ; il ne désigne plus que la chair des animaux. - De même, sevrer signifiait “séparer”, linceul —“linge, drap de lin”, poison — “breuvage”.

Il y a aussi des mots que l’usage a spécialisés. Aujourd’hui on fait la différence entre ennoblir (= donner de la noblesse morale: “La vertu ennoblit l’homme”) et anoblir ( accorder un titre de noblesse: “Napoléon I-er anoblit ses lieutenants”). Au XVII—e sciècle ni l’usage ni la prononciation ne distinguent ces mots: “La levée d’un siège, une retraite, l’ont plus anobli que ses triomphes” (La Bruyère).

L’ example classique d’ extension du sens est présenté par le mot bureau. A l’origine il est un diminutif de bure, grosse étoffe de laine de coloration brune, dont on faisait des nappes pour couvrir les tables. Ce not arrive à signifier tour à tour: la table couverte de ce “bureau”, la pièce où cette table se trouve, les hommes qui y travaillent, les fonctions qu’ils remplissent, l’ensemble de ces fonctions, l’établissement qu’elles représentent, la direction de cet établisseiuent. Une acception récente est celle d’un groupe restreint qui conduit les travaux d’un comité ou d’une assemblée (le président, les vice-présidents, les secrétaires), par exemple: “Le bureau politique du Comité Central”.

De même, le mot toilette, également diminutif, du imot toile, ne signifiait jadis que “légère étoffe de lin” et ensuite: meuble garni de tous les objets destinés aux soins de la coiffure et de la propreté (“une toilette de marbre”), l’action de se laver, se coiffer, s’habiller (“faire sa toilette”), cabinet réservé aux soins journaliers de la propreté, lavabo installé dans un lieu public ou dans un train, ensemble des objets destinés aux soins de la propreté (“une marchande de toilette’), ensemble des vêtements et des ajustements qui servent à une femme à s’habiller, à se parer (“amer la toilette”), tout costume féminin (“toilette d’été”).

D’autres exemples de mots qui ont élargi leur sens primitif: - Gain signifiait autrefois “récolte”, puis “produit obtenu par toute espèce de travail”. - Arriver_ a évolué de ‘atteindre la rive” à “parvenir à n’importe quel lieu”. - Corbeille ne sigftifiait que “corbeille à pain”, maintenant ce mot a le sens de “corbeille en général”. —le mot attraper signifiait “prendre à la trappe”; il signifie maintenant “prendre”, “duper” (‘prendre” au sens figuré) et, en langage familier, “réprimander”, -Leurre désignait l’appât qui attirait le faucon; il désigne maintenant “tout ce qui séduit et déçoit”.

La mode contribue souvent à l’extension du sans des mots, en leur donnant des significations particulières. C’est ainsi qu’au XVII-e siècle le langage de la galanterie, sous l’influence de la préciosité, est plein de métaphores pour désigner la passion: feux, flamme, fers, chaînes, traits, noeuds.

De nos jours il y a bien des mots qui acquièrent de nouvelles significations, tout en conservant les anciennes: hermétique. = difficile à comprendre (“langage hermétigue”), peloton = groupe do concurrents à une course (“le peloton de tête”), tourner = enregistrer avec un appareil de prise de vue (“tourner un film”), sous-titre = traduction des paroles d’un film en version originale.

Il arrive parfois que le sens est en même temps étendu à certain égard et restreint à un autre. Ainsi, cordonnier désignait celui qui travaillait le cuir de Cordoue (“cordouannier”); le sens s’en est étendu à ceux qui travaillent tous les cuirs, mais il s’est restreint à ceux qui travaillent le cuir seulement pour en faire des chaussures.