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умк Лексикология.doc
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Chapitre VI. La sémantique

§ 29 . L’objet de la sémantique

La conversion à part, tous les procédés d’enrichissment du lexique analysés jusqu’ici se ressemblent, malgré leur variété, par ce qu’ils consistent en la création des mots nouveaux par de nouvelles combinaisons de la matière sonore. Mais le lexique peut s’enrichir aussi par de nouvelles acceptions des mots déjà existants, c’est-à-dire par des voies sémantiques.

La sémantique est la branche de la lexicologie qui traite des significations des mots et de leurs équivalents. Ces significations sont étudiées du point de vue de leur changement et de leur développement.

Il y a une différence entre le changement et le développement sémantique des mots. Le mot change de sens lorsqu’il en reçoit un de nouveau, qui élimine le sens originaire. Il développe son sens lorsque la nouvelle acception s’ajoute à l’ancienne, de sorte que le mot arrive à avoir deux ou plusieurs acceptions: de monosémique il devient polysémique.

Voici quelques exemples de changement de sens:

Le verbe étonner signifiait autrefois “ébranler par un coup de foudre”. Aujourd’hui il signifie “suprendre”: dans la langue contemporaine, “ça m’étonne” n’est guère plus énergique que “ça me surprend”.

L’adjectif saoul ou soûl (du latin “satulus”) avait autrefois le sens de “rassasié’. Plus tard il a limité sa sphère sémantique, signifiant aujourd’hui “rassasié de vin’, “ivre’’.

La fabrique était autrefois le “revenu d’une église”, tandis que dans la langue contemporaine ce mot existe avec le sens de “établissement où l’on produit des objets par des procédés mécaniques”.

De même, le mot candeur a perdu sa signification de “blancheur éclatante”, l’adjectif hautain n’a plus le sens propre de “haut”, navrer et offenser ne s’appliquent plus aux blessures corporelles. D’autres mots qui n’ont plus le sens d’autrefois sont: galère, librairie, rôle, etc.

Les cas de développement du sens sont beaucoup plus nombreux et leur étude forme l’objet de ce chapitre.

§ 30. La polysémie et la monosémie des mots

Au cours de leur développement historique, les mots arrivent à exprimer plusieurs significations. La polysemie est la faculté d’un mot d’avoir des significations differentes dans des textes différents. En principe, tous les mots sont polysémiques, sauf les “idiotismes” et ceux qui font partie de la “terminologie”. Ceux-ci, de règle, n’ont qu’un sens, précis et uniforme: ils sont monosémiques.

Cette capacité des mots d’avoir divers sens prend parfois des proportions considérables. Selon Littré, le verbe aller a près de 40 significations, mettre en a environ 50, prendre et faire 80. Il y a des mots dont le sens varie selon le milieu où ils sont employés; ainsi le mot opération a un sens pour le chirurgien, d’autres pour le mathématicien, le militaire, le financier, le policier, le voleur. Tels mots comme jeu, tête, raison, main, jour, etc. ont chacun quelques dizaines de significations, sans parler des mots chose et machin qui peuvent signifier tout ce qu’on veut; vu son extrême polysémie, le mot chose est presque devenu une espèce de pronom indéfini d’un caractère abstrait. Certains mots sont devenus très polysémiques dans la langue contemporaine: type, boîte, etc.

Malgré cette diversité de significations, les hommes n’éprouvent aucune difficulté à se faire comprendre, parce que, si le mot en tant qu’unité de la langue est polysémique, il est toujours monosmique dans le parler. La polysémie et la monosémie des mots forment une unité dialectique.

La polysémie est la loi suprême de la sémantique. L’évolution sémaritique des mots, appelée aussi resémantisation, est une féconde source interne de l’enrichissement du vocabulaire. Il serait encombrant si chaque notion nouvelle était suivie de l’apparition d’un mot nouveau. La langue réussit à utiliser les vocables qu’elle possède en leur donnant une nouvelle vie. Cette formation a lieu dans le langage humain constamment et de maintes manières, entre lesquelles il n’y a pas de barrières infranchissables. Au contraire, elles s’entrecroisent et s’entremêlent, comme on va le voir dans ce qui suit.