
Il passetto
La sortie de secours secrète des papes! Dieu sait si Chartrand en avait entendu parler! Une rumeur disait même qu'il y avait une entrée dans la bibliothèque privée du pape, mais que le passage n'était plus utilisé depuis des siècles. Comment pouvait-il y avoir quelqu'un de l'autre côté?
Le lieutenant frappa un petit coup sec sur la porte avec sa lampe. Des cris de joie étouffés lui parvinrent. Les coups s'étaient arrêtés, et les voix criaient plus fort.
Kohler... mensonge... camerlingue!
— Qui est là? demanda Chartrand.
—...ert Langdon... toria Vetra!
Je les croyais morts!
— La porte! hurla une voix de femme. Ouvrez-nous!
Il faudrait une charge de dynamite pour venir à bout de toutes ces serrures.
— Impossible! cria-t-il. Elle est trop épaisse!!
— entretien... arrêter... lingue... danger...
Oubliant tout de sa formation sur la gestion des situations de crise, Chartrand fut saisi de panique en entendant les derniers mots. Le cœur battant, il se retourna, prêt à filer vers Rocher — et s'immobilisa. Son regard s'était posé sur la porte... sur des objets encore plus invraisemblables que la présence de Langdon et Vittoria. Il y avait une clé dans chacune des quatre serrures. Il n'en croyait pas ses yeux. N'étaient-elles pas censées être conservées dans un coffre? Le passage n'avait pas été utilisé depuis des centaines d'années!
Laissant tomber sa lampe, il tourna la première clé. Le mécanisme était un peu rouillé, mais il fonctionnait. Il avait été actionné récemment. Il en fut de même pour le deuxième, le troisième et le quatrième. Quand il vit glisser le quatrième verrou, il tira la porte vers lui. La cloison métallique s'ouvrit en grinçant. Il ramassa sa lampe et éclaira le passage.
Deux étranges apparitions entrèrent en titubant dans la bibliothèque. En vêtements sales et déchirés, les cheveux en bataille, mais bien vivants. Le professeur américain et la jeune Italienne de Genève.
— Que se passe-t-il? D'où venez-vous? demanda-t-il, éberlué.
— Où est Maximilian Kohler? s'exclama Langdon.
— Il est en entretien privé avec le camer...
Le bousculant au passage, Langdon et Vittoria traversèrent la bibliothèque en courant et se précipitèrent dans le corridor. Instinctivement, Chartrand se retourna et les mit en joue. Il abaissa immédiatement son arme et partit en courant derrière eux. Le capitaine Rocher les avait apparemment entendus, car il attendait devant le bureau du pape, jambes écartées, arme au poing.
— Halte!
— Le camerlingue est en danger! hurla Langdon, les bras en l'air. Ouvrez la porte! Maximilian Kohler est venu pour le tuer!
Rocher avait l'air furibond. Il ne bougea pas.
— Ouvrez cette porte! ordonna Vittoria. Dépêchez-vous!
Mais il était trop tard.
Un cri épouvantable s'échappa du bureau. C'était la voix du camerlingue.
114
La confrontation ne dura que quelques secondes.
Le camerlingue hurlait toujours quand, devançant Rocher, Chartrand fit exploser la serrure d'un coup de pistolet. Les gardes s'engouffrèrent dans le bureau, Langdon et Vittoria sur leurs talons.
La scène qui s'offrit à leurs yeux était ahurissante.
La pièce n'était éclairée que par quelques chandelles et les braises du feu mourant. Près de la cheminée, Kohler se tenait maladroitement debout, adossé à son fauteuil roulant. Il brandissait un pistolet en direction du camerlingue, qui se tordait de douleur à ses pieds. Découverte sous sa soutane déchirée, la poitrine du prêtre était noire et fumante. Langdon ne pouvait lire le symbole depuis la porte, mais un gros fer carré à manche de bois était posé près de Kohler, encore rouge.
Sans hésiter, deux gardes suisses ouvrirent le feu. Les balles s'écrasèrent dans la poitrine de Kohler, qui s'écroula sur son fauteuil. Son arme tomba à terre.
Langdon était cloué sur place près de la porte.
Paralysée par la surprise, Vittoria murmura dans un souffle
— Max...
Ventresca roula aux pieds du capitaine Rocher. Les yeux luisants de terreur, il pointa son index vers lui en criant un seul mot: