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ПрофОбщение10семестр / Entretien_avec_Jean-Claude_Beacco.doc
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Quel rôle peuvent jouer les professeurs dans cette démarche ?

C’est en grande partie aux professeurs de sensibiliser les élèves à l’éducation plurilingue. Avant d’être professeur de français ou d’anglais, de langue maternelle ou de langue étrangère, le professeur est professeur de langue. Chaque enseignant devrait de ce point de vue « relativiser » la langue qu’il enseigne et motiver les apprenants à s’approcher d’autres langues : celle du voisin, celles des pays avec lesquels existent des relations commerciales, celle des anciens ennemis pour qu’ils deviennent amis, celles des migrants résidant dans le pays ou celle que chacun peut avoir envie d’apprendre par curiosité ou par plaisir… Dans certains pays, il existe des coordinateurs pour les langues dans les établissements secondaires. Il en résulte de meilleurs effets de convergence et une circulation entre les différentes langues enseignées, mais il s’agit là d’un phénomène plutôt rare. Dans la plupart des cas, les professeurs des différentes langues s’ignorent. Et pourtant des expériences menées en Allemagne ont montré que l’apprentissage de la langue maternelle bénéficie largement de l’éducation plurilingue. Ces études ont révélé que des enfants vivant dans des milieux bilingues allemand-turc apprennent beaucoup plus facilement l’anglais que des enfants vivant dans des milieux monolingues.

Les chefs d’établissement ont-ils un rôle à jouer dans le développement de l’enseignement plurilingue ?

Il y a les orientations curriculaires qui font une place de plus en plus grande à la diversité et qui autorisent l’innovation, et puis il y a les conditions d’application sur le terrain par rapport auxquelles les chefs d’établissement jouent un rôle fondamental. Ce sont à mon sens les acteurs les plus importants de la politique linguistique, avec les formateurs d’enseignants. Mais gérer un large choix de langues est plus complexe que d’organiser des emplois du temps pour un petit nombre de professeurs de la même langue. Dans beaucoup de pays, les chefs d’établissement ont une marge d’autonomie importante, mais ils ne sont pas sensibilisés à ces problématiques alors que leur engagement en faveur des langues pourrait accélérer la mise en place d’une réelle éducation plurilingue.

L’université encourage-t-elle l’éducation plurilingue ?

Le supérieur ne joue pas le rôle qu’il devrait jouer et c’est particulièrement vrai en France. L’entrée dans le supérieur pourrait être l’occasion d’ajouter une langue étrangère à son répertoire, ce n’est malheureusement pas le cas généralement. Il existe un réseau d’universités qui se sont regroupées sur la volonté commune de faire un effort en ce qui concerne la promotion des langues étrangères. C’est le Conseil européen des langues, une association qui a son siège à Berlin, et qui est convaincu que l’entrée à l’université est une nouvelle opportunité pour découvrir des langues inconnues.

Existe-t-il des initiatives qui valorisent l’enseignement des langues ?

À côté des programmes européens, il existe une multitude d’initiatives qui éclosent ici ou là et utilisent l’environnement et les ressources locales. Ces pratiques vont dans le bon sens. Ce sont ces créations venues du terrain que récompense chaque année dans tous les pays d’Europe le Label européen des langues. En Finlande et en Belgique, on a vu des cours de langue donnés dans les trains de banlieue, des émissions de téléréalité organisées sur des principes linguistiques, des pays comme la Hongrie accordent des avantages fiscaux aux adultes qui entreprennent un apprentissage linguistique… et il reste beaucoup à inventer. Toutes les possibilités ouvertes par l’utilisation du MP3, par exemple, sont loin d’avoir été explorées… Ce qui est important c’est que les choses avancent non du point de vue des langues mais de celui des gens qui les utilisent : c’est le principe fondateur de l’éducation plurilingue3.

Propos recueillis par Françoise Ploquin

Notes

1. Relancer l’éducation multilingue pour l’Europe (EAC/31/05), Rapport à la Commission européenne, Unité politique pour le multilinguisme, 15/12/2006. Consultable à partir de la page : http://ec.europa.eu/education/policies/lang/policy/report_en_html,où il est identifié comme rapport indépendant

2. La Commission européenne utilise multilinguisme là où le Conseil de l’Europe emploie plurilinguisme.

3. Pour un exposé plus systématique, voir : Conseil de l’Europe (2007) : De la diversité linguistique à l’éducation plurilingue. Guide pour l’élaboration des politiques linguistiques éducatives en Europe, Ed. du Conseil de l’Europe, Strasbourg ; disponible à http://www.coe.int/t/dg4/linguitic/default_FR.asp

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