
Фран.яз биологический сбор / Фран.яз / Hydrogeologie
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JeanBaptiste Lamarck
Hydrogéologie
ou RECHERCHES sur l'influence qu’ont les eaux sur la surface du globe terrestre ; sur les causes de l'existence du bassin des mers, de son déplacement et de son transport successif sur les différens points de la surface de ce globe ; enfin sur les changemens que les corps vivans exercent sur la nature et l’état de cette surface.
1802
Réalisation :
Pôle HSTL du CRHST, 2001
Unité Mixte de Recherche CNRS / Cité des sciences et de l’industrie, Paris http://www.crhst.cnrs.fr
Ouvrage numérisé à partir de l’exemplaire conservé à la Bibliothèque centrale du Muséum national d’histoire naturelle
cote 172 936
Numérisation : Elisabetta Casula, Aurélie Vassort, Raphaël Bange sous la direction de Pietro Corsi et Raphaël Bange
pour http://www.lamarck.net
Réalisé dans le cadre du portail Internet Hist-Sciences-Tech :
© CRHST/CNRS, 2003
HYDROGÉOLOGIE
ou
RECHERCHES sur l'influence qu’ont les eaux sur la surface du globe terrestre ; sur les causes de l'existence du bassin des mers, de son déplacement et de son transport successif sur les différens points de la surface de ce globe ; enfin sur les changemens que les corps vivans exercent sur la nature et l’état de cette surface.
PAR J. B. LAMARCK,
MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL DE
FRANCE,
PROFESSEUR-ADMINISTRATEUR
AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, etc.
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A PARIS,
Chez
L’AUTEUR, AU MUSEUM D’HISTOIRE NATURELLE.
(Jardin des Plantes.)
AGASSE, IMPR.-LIB., RUE DES POITEVINS, N° 18.
MAILLARD, LIB., RUE DU PONT DE LODI, N°1.
An X
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Je n'écris point pour ceux qui parcourent les livres nouveaux, presque toujours dans l'intention d'y trouver leurs opinions préconisées ; mais pour le petit nombre de ceux qui lisent, qui méditent profondément, qui aiment l'étude de la Nature, et qui sont capables de sacrifier, même leur propre intérêt, pour la connaissance d'une vérité nouvelle.
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L’INTERÊT que peut inspirer un ouvrage du genre de celui-ci, n'est pas uniquement en raison du nombre des objets qui y sont considéré, mais en raison du choix et surtout de l'importance de ces objets, fussent-ils en petit nombre.
S'il eût été absolument nécessaire de remplir complétement le cadre qu’embrasse le titre que j'ai choisi, et de traiter avec détail de toutes les considérations qui s'y rapportent, je n'aurais assurément pas entrepris cet ouvrage. Je puis même ajouter qu'en me bornant au petit nombre d'objets que je me suis proposé d'y traiter, j'aurais, malgré cela, pu faire de gros et même d'assez nombreux volumes ; la matière m’en fournissait le moyen, et il ne m’eut fallu que du temps pour cela. Mais, outre qu'en général je fais peu de cas des gros ouvrages, il est entré dans mes vues, que celui-ci soit très-resserré et fort court. S'il a quelque mérite, il ne consistera point sans doute dans l'étendue du travail ni
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dans une érudition recherchée ; mais dans la nature même et la nouveauté des sujets qui y sont traités, dans l'importance des idées que l’on y trouvera, et dans la convenance indispensable que je leur attribue.
Mon objet, dans cet ouvrage, est donc de présenter seulement quelques considérations que je crois nouvelles et du premier ordre, qui ont échappé aux recherches des physiciens, et qui me paraissent devoir servir de base pour former une bonne théorie de la terre. Je me bornerai, à l'égard de ces considérations, aux développemens strictement nécessaires pour être entendu.
Je vais en conséquence proposer et essayer de résoudre quatre des problèmes les plus importans, et dont la solution doit sans contredit faire le fondement de la véritable théorie du globe terrestre. Les voici :
1°. Quelles sont les suites naturelles de l’influence et des mouvemens des eaux à la surface du globe terrestre ?
2°. Pourquoi la mer a-t-elle constamment un bassin et des limites qui la contiennent et la séparent des parties sèches de la surface du globe, toujours en saillies au dessus d’elle ?
3°. Le bassin des mers a-t-il toujours existé où nous le voyons actuellement, et si l'on
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trouve des preuves du séjour de la mer dans des lieux où elle n'est plus ? par quelle cause s'y est-elle trouvée, et pourquoi n’y est-elle pas encore ?
4°. Quelle est l’influence des corps vivans sur les matières qui se trouvent à la surface du globe terrestre et qui composent la croûte dont il est recouvert, et quels sont les résultats généraux de cette influence ?
Il ne s'agit pas de créer, à l’égard de ces belles questions, d’ingénieux systèmes, ni de proposer de brillantes hypothèses, en se fondant sur des principes supposés ; cette manière d’étudier la Nature et d’en vouloir tracer la marche, avance rarement nos connaissances à cet égard ; et il arrive même le plus souvent qu'elle en retarde les vrais progrès, en nous écartant de la seule route qui peut nous en procurer de solides.
Mais sommes-nous donc réduit à ne pouvoir former, sur ces grands sujets, que des hypothèses arbitraires, que des suppositions gratuites, et, comme le pensent bien des modernes, devons-nous toujours éviter, sous le prétexte de ce danger, les questions les plus importantes, pour ne nous occuper qu’à considérer celles d'un ordre inférieur ; qu'à recueillir sans cesse tous les petits
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faits qui se présentent, et qu'à les étudier isolément jusque dans les plus minutieux détails, sans jamais oser chercher, à découvrir les faits généraux ou ceux du premier ordre, dont les autres ne sont que les derniers résultats ?
Je le vois avec peine ; mais dans l’étude des sciences, comme dans tout autre genre d'occupation, les hommes à petites vues ne peuvent réellement se livrer qu'à de petites choses, qu'à de petits détails, et leur nombre est toujours celui qui domine. Or, par suite naturelle de l'estime que chacun attache à ce qu'il peut faire ou à ce qu'il est capable de concevoir, les hommes ordinaires méprisent ou désapprouvent en général la considération des grands objets et des grandes idées.
Si, comme on n'en saurait douter, il est vraiment utile d'apporter, dans la recherche et la détermination des faits, cette précision et cette scrupuleuse exactitude qui honorent les savans qui s'en font une loi ; l’excès de l'assujettissement à cette loi devient à la fin dangereux, en ce qu'il tend sans cesse à rétrécir les idées de ceux qui s'y livrent, et par l'habitude qu'il leur donne de ne voir et de ne s'occuper que de petites choses : cet excès jette les sciences physiques cultivées de cette manière, dans un dédale de petits principes
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multipliés et sans bornes ; il leur ôte la simplicité et la clarté qu'elles doivent avoir, sans nuire à la solidité des préceptes ; enfin, il en fait l'unique domaine d’un petit nombre d'adeptes qui ont l’esprit propre à s'enfoncer dans ce dédale scientifique et à s'y complaire.
Cependant en s'élevant, par la méditation, à la contemplation de l'ensemble des faits observés, je vois que parmi ces faits il y en a réellement de différens ordres d’importance, en sorte que si ce que je nomme les petits faits, ou ceux de l’ordre le plus inférieur, sont les plus faciles à apercevoir, et fournissent aux amateurs de ces petites découvertes un champ inépuisable ; la Nature néanmoins nous offre continuellement des grands faits dont la considération est avant tout indispensable pour la bien juger, mais que l'inattention et trop souvent l’incapacité empêchent de saisir.
La solution des quatre questions mentionnées cidessus me parait s'appuyer sur des faits de cet ordre. Ainsi ces questions, présentées successivement, feront ici chacune la matière d'un chapitre particulier fort court.
Une bonne Physique terrestre doit comprendre toutes les considérations du premier ordre, relatives à l’atmosphère terrestre ;
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ensuite toutes celles du même genre, qui concernent l'état de la croûte externe de ce globe, ainsi que les modifications et les changemens qu'elle subit continuellement ; enfin celles de la même sorte, qui appartiennent à l'origine et aux développemens d'organisation des corps vivans. Ainsi toutes ces considérations partagent naturellement la physique terrestre en trois parties essentielles, dont la première doit comprendre la théorie de l'atmosphère, la Météorologie ; la seconde, celle de la croûte externe du globe, l'Hydrogéologie ; la troisième enfin, celle des corps vivans, la Biologie.
Ce n'est donc réellement que la seconde partie de la Physique terrestre que je publie maintenant dans cet ouvrage, à la fin duquel on trouvera, dans un Appendice, un Mémoire sur la matière du feu, considérée comme instrument chimique dans les analyses, et un autre sur celle du son.
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CHAPITRE PREMIER.
Quelles sont les suites naturelles de l'influence et des mouvemens des eaux à la surface du globe terrestre ?
AUCUNE question, ce me semble, ne peut être plus importante pour l'établissement d'une bonne théorie du globe terrestre, que celle dont il s'agit ; elle prête moins à l'imagination qu'aucune autre pour former des hypothèses ; car tout ce qu'on peut dire à son égard, ne peut être fondé que sur des faits généralement reconnus, et ne saurait être appuyé sur des suppositions. Cependant cette grande question, si nécessaire à considérer, si facile à résoudre, me parait encore neuve, au moins sous son point de vue général, et, comme telle, a été jusqu'à présent négligée des physiciens-naturalistes.
Les mouvemens des eaux à la surface du globe doivent être distingués en deux sortes ; savoir : ceux des eaux douces, qui opèrent leur influence à la surface des parties sèches du globe dont il s'agit, et ceux des eaux