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Фран.яз биологический сбор / Фран.яз / Christian Lщvъque, Jean-Claude Mounolou Biodiversitщ Dynamique biologique et conservation 2008.pdf
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7.6 Brevets sur le vivant: un débat ouvert

187

 

 

le COV n’est pas un brevet, car ce qui est protégé est le fait d’avoir obtenu une variété inédite qui a de nouveaux caractères par rapport aux variétés existantes. Ce système de protection intellectuelle permet d’utiliser librement le produit protégé dans de nouveaux schémas de sélection. La protection concerne en fait la combinaison spécifique des gènes constituant la variété, c’est-à-dire le talent et le travail d’assembleur de gènes du sélectionneur, mais non pas les gènes eux-mêmes.

Le projet de loi sur les COV en discussion au Parlement en 2008 est une traduction dans le droit français de la convention UPOV signée en 1991. Elle prévoit que tout agriculteur qui conserve une partie de sa récolte pour la ressemer devra payer une redevance qui ira majoritairement aux obtenteurs. Elle couvre les variétés essentiellement dérivées: si une entreprise ajoute un gène, même breveté à une variété sous COV, la variété appartient toujours au propriétaire du COV initial. Elle permet l’usage, à des fins de créations nouvelles, de la variabilité génétique représentée par les variétés protégées et légalement accessibles.

Cet «impôt sur les semis» suscite des polémiques car il supprime le privilège du fermier de pouvoir garder une partie de sa récolte pour la ressemer. Il lui faudra maintenant payer des royalties. En outre le système interdit la concurrence des semences de ferme: les variétés anciennes et traditionnelles ne peuvent pas être inscrites au catalogue, car elles ne sont ni homogènes ni stables.

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

7.6BREVETS SUR LE VIVANT: UN DÉBAT OUVERT

Les progrès rapides du génie génétique ont encouragé le secteur des biotechnologies à prendre des brevets sur les organismes vivants, communément appelés «brevets sur le vivant». La protection par les brevets est un moyen de protéger et de faire reconnaître comme propriété intellectuelle du découvreur, des variétés ou des produits mis au point le plus souvent après d’importants investissements. Le brevet accorde à l’inventeur le droit exclusif d’exploiter commercialement son invention durant environ 20 ans. En échange, il accepte de divulguer au public les détails de son invention, sans crainte de pillage.

Le terme biopiratage est utilisé soit en référence à l’usage non autorisé du savoir traditionnel ou des ressources biologiques des pays en voie de développement, soit à la prise de brevet sous de «pseudo-inventions» dérivées de ce savoir sans aucune compensation.

188

7 • Les ressources génétiques et les biotechnologies

 

 

L’évolution récente du droit des brevets dans les pays développés a rendu possible de breveter des gènes et des organismes vivants. C’est une véritable révolution car jusque dans les années 1970, il était admis que les organismes, assimilés à des produits de la Nature, n’étaient pas brevetables. Néanmoins, les États-Unis dans le «Plant Patent Act» avaient été les premiers dès 1930 à protéger par des brevets les plantes reproduites par voie végétative. En 1980, la Cour suprême des États-Unis affirme que la distinction entre l’animé et l’inanimé n’est pas opératoire en droit des brevets, mais que la distinction peut être faite entre les produits de la Nature et les inventions de l’homme. Elle déclare brevetable une bactérie transgénique «mangeuse» d’hydrocarbures. Cette décision est à l’origine de la reconnaissance explicite de la brevetabilité des organismes vivants. En 1985, les États-Unis acceptent la brevetabilité d’une variété de maïs, puis d’une huître en 1987, et d’une souris possédant un gène humain la prédisposant au cancer en 1988. En 1988 également, l’Office européen des brevets accepte la brevetabilité des végétaux, puis en 1992, la brevetabilité d’une souris transgénique ayant acquis divers oncogènes. Après de nombreux débats et le rejet d’un premier projet de directive en 1995, l’Union européenne a également adopté en 1998 une directive sur la brevetabilité des «inventions biotechnologiques».

On admet ainsi que tout être vivant, à l’exception de l’homme, est brevetable pour peu qu’il soit le produit d’interventions qui satisfassent les conditions de brevetabilité: nouveauté, activité inventive, applicabilité industrielle.

Chapitre 8

La Nature « utile » : valeurs et usages

de la diversité biologique

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

La diversité biologique joue un rôle important dans notre économie du fait de ses nombreuses utilisations dans l’agroalimentaire, l’industrie, la pharmacologie, les loisirs, sans oublier toutes les activités traditionnelles de cueillette, de chasse et de pêche. Mais paradoxalement, alors que la biodiversité constitue une des plus grandes richesses de la planète, nous revendiquons le plus souvent un accès gratuit aux ressources biologiques. Or, ce qui n’a pas de prix est sans valeur, selon les économistes. Certains ont alors suggéré que la protection de la diversité biologique ne deviendra crédible que lorsqu’il sera possible de démontrer les avantages économiques des décisions publiques ou privées en matière de conservation. C’est la raison pour laquelle on a vu se développer depuis deux décennies une économie de la biodiversité.

On peut également mettre en avant les nombreux services rendus par les écosystèmes, comme l’a fait le programme international «Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire» commandité par les Nations Unies. Ces services correspondent à un ensemble de fonctions remplies par les écosystèmes et qui se révèlent utiles aux sociétés ou au bon fonctionnement de la biosphère.

On est ainsi confronté à deux questions: quelles sont les valeurs attachées à la biodiversité et quelles sont les méthodologies disponibles pour les mesurer?

190 8 • La Nature « utile » : valeurs et usages de la diversité biologique

8.1NOTIONS DE BIENS ET SERVICES FOURNIS PAR LES ÉCOSYSTÈMES

La Nature a longtemps été perçue comme une source inépuisable de ressources gratuites, qu’elles soient ou non de nature biologique. Pour les économistes, les biens sont les produits que nous achetons ou vendons, et dont la valeur monétaire est fonction d’un marché. Le bois, les poissons ou les champignons appartiennent à cette catégorie. Mais la société dépend aussi des services rendus par les écosystèmes (tableau 8.1), services qui sont plus difficiles à apprécier en termes monétaires.

TABLEAU 8.1 TYPOLOGIE DES BIENS ET SERVICES AINSI QUE DES FONCTIONS REMPLIES

PAR LES ÉCOSYSTÈMES (DAPRÈS CONSTANZA ET AL., 1997).

Biens et services

Fonctions

Exemples

 

 

 

Régulation des gaz

Régulation de la

Équilibre CO2/O2,

 

composition chimique

 

 

de l’atmosphère

 

 

 

 

Régulation

Régulation de la

Régulation des gaz

du climat

température globale,

à effet de serre

 

des précipitations

 

 

et autres phénomènes

 

 

climatiques

 

 

 

 

Régulation

Réponses des écosystèmes

Contrôle des inonda-

des perturbations

aux fluctuations

tions, résistance à la

 

de l’environnement

sécheresse, protection

 

 

contre les tempêtes

 

 

 

Régulation

Régulation des débits

Approvisionnement en

du cycle de l’eau

 

eau pour l’agriculture

 

 

(irrigation) ou l’industrie

 

 

(moulins)

 

 

 

Approvisionnement

Stockage et rétention

Approvisionnement

en eau

de l’eau

en eau par les bassins

 

 

versants, les réservoirs,

 

 

les aquifères

 

 

 

Contrôle

Rétention des sols

Prévention de l’érosion

de l’érosion

dans les écosystèmes

par le vent, le ruisselle-

 

 

ment, etc. Stockage des

 

 

sédiments dans les lacs

 

 

 

 

8.1 Notions de biens et services fournis par les écosystèmes

191

 

 

 

 

 

TABLEAU 8.1 TYPOLOGIE DES BIENS ET SERVICES AINSI QUE DES FONCTIONS REMPLIES

 

PAR LES ÉCOSYSTÈMES (DAPRÈS CONSTANZA ET AL., 1997). (SUITE)

 

 

 

 

 

 

 

Biens et services

Fonctions

Exemples

 

 

 

 

 

 

 

Formation des sols

Processus de formation

Altération des roches

 

 

 

des sols

et accumulation de

 

 

 

 

matériel organique

 

 

 

 

 

 

Cycle des nutriments

Stockage, recyclage,

Fixation de l’azote, du

 

 

transformation et acqui-

phosphore ou d’autres

 

 

sition de nutriments

éléments nutritifs

 

 

 

 

 

 

Traitement

Récupération des nutri-

Contrôle des pollutions,

 

des déchets

ments mobiles, dégrada-

traitement des déchets,

 

 

tion des composés en

désintoxication

 

 

 

excès

 

 

 

 

 

 

 

Pollinisation

Mouvements

Fourniture de pollinisa-

 

 

des gamètes floraux

teurs pour la reproduc-

 

 

 

tion des plantes

 

 

 

 

 

 

 

Contrôle biologique

Régulation des

Contrôle des proies

 

 

 

populations à travers les

par des prédateurs clés,

 

 

chaînes trophiques

contrôle des herbivores

 

 

 

par les carnivores

 

 

 

 

 

 

Refuge

Habitat pour des

Nurseries, habitats pour

 

 

populations résidentes

espèces migratrices, etc.

 

 

ou de passage

 

 

 

 

 

 

 

Production

Proportion de la produc-

Production de poissons,

 

de nourriture

tion primaire brute

de gibier, de fruits, de

 

 

qui est utilisable

graines etc.

 

 

 

pour la nourriture

 

 

 

 

 

 

 

 

Matériaux

La proportion de la

Production de bois

 

 

 

production utilisable

de grume, de fuel, de

délit.

 

sous forme de matériaux

fourrage

 

 

 

 

 

Ressources

Source de matériel

Médecine, gènes de

 

un

 

génétiques

biologique et de

résistance pour l’agro-

est

 

substances naturelles

alimentaire, espèces

 

autorisée

 

 

 

 

ornementales, etc.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

non

Loisir

Fournir des opportunités

Écotourisme, pêche

 

 

pour des activités

sportive, et autres

 

photocopie

Culture

 

Fournir des opportunités

Valeurs esthétique,

 

 

 

de loisirs

activités de plein air

 

La

 

pour des usages non

artistique, éducative,

 

 

 

 

commerciaux

spirituelle ou scientifi-

Dunod©

 

 

 

ques des écosystèmes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

192 8 • La Nature « utile » : valeurs et usages de la diversité biologique

L’«Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire» a beaucoup travaillé, dans une démarche fortement anthropocentrée, sur la notion de services que procurent les écosystèmes vis-à-vis de certains éléments constitutifs du bien être de l’homme (figure 8.1). Il peut s’agir de services de prélèvements (essentiellement les biens fournis par les écosystèmes), de services de régulation (du cycle de l’eau ou du climat par exemple), et de services culturels qui se réfèrent aux bénéfices immatériels issus des écosystèmes. Ces services affectent directement les populations à travers leurs impacts sur les éléments constitutifs du bien être humain tels que la sécurité, la santé, les relations sociales et culturelles, etc.

Services que procurent les écosystèmes

SERVICES

D’AUTOENTRETIEN

Sevices nécessaires à l’octroi de tous les

autres services fournis par les écosystèmes

Constitution des sols

Développement

du cycle nutritionnel

Production primaire

Services de prélèvement

Produits issus des écosystèmes

Nourriture

Eau douce

Bois de feu

Fibre

Produits biochimiques

Ressources génétiques

Services de régulation

Bénéfices issus de la régulation des processus des écosystèmes

Régulation du climat

Régulation des maladies

Régulation de l’eau

Épuration des eaux

Services culturels

Bénéfices immatériels issus des écosystèmes

Spirituels et religieux

Agrément et écotourisme

Beauté écologique

Inspiration

Éducationnel

Instinct géographique

Héritage culturel

Facteurs et éléments constitutifs du bien-être

Sécurité

Capacité d’habiter dans un environnement sain et propre

• Capacité d’atténuer

la vulnérabilité aux chocs et stress écologiques

Éléments essentiels pour une vie agréable

• Capacité d’accès aux ressources procurant des revenus et conduisant au bien-être

Santé

LIBERTÉS ET

• Capacité d’accès à

une alimentation adéquate

POSSIBILITÉ

• Capacité d’échapper

DE CHOISIR

aux maladies évitables

 

• Capacité d’accès à l’eau potable

 

• Évolution dans une atmosphère

 

saine (exempte de pollution)

 

• Capacité d’accès à une source

 

d’énergie protégeant de

 

la chaleur et du froid

 

 

 

Bonnes relations sociales

Opportunité d’extérioriser les valeurs récréatives et beauté écologiques liées aux écosystèmes

Opportunité d’extérioriser les valeurs culturelles et

spirituelles liées aux écosystèmes

Opportunité d’observer, d’étudier et de découvrir les valeurs cachées des écosystèmes

Figure 8.1 Les services fournis par les écosystèmes et leurs liens avec le bien-être de l’homme.

(D’après Évaluation des Écosystèmes pour le Millénaire.)

8.2 Évaluation économique de la diversité biologique

193

 

 

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

8.2BASES THÉORIQUES

DE L’ÉVALUATION ÉCONOMIQUE DE LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE

Selon l’économie classique, c’est le marché qui fixe les prix, c’est-à- dire que la valeur d’un produit s’établit dans le cadre des échanges entre un vendeur et un acheteur. Ce prix reflète à la fois le coût de production du produit et la préférence affichée par le consommateur lorsqu’il a le choix entre divers produits. Ainsi la destruction d’une forêt pour le commerce du bois entre dans le cadre du marché puisque certaines espèces font l’objet d’une demande forte et sont payées parfois très chers. Mais en même temps, la destruction de cette forêt prive les hommes d’autres ressources (fruits, champignons, plantes médicinales, bois de chauffe, etc.) et des services que la forêt pouvait rendre sur le plan de la régulation des cycles biogéochimiques (stockage du carbone par exemple), de la production d’oxygène, de son rôle d’abri et d’habitat pour d’autres espèces. La perte de tous ces produits ou de ces fonctions, ainsi que le prix à payer pour replanter les arbres, ne sont pas pris en compte par les exploitants forestiers. Le marché sous-évalue donc le prix du bois en ignorant les autres biens et services fournis par la forêt. Ce biais est évidemment préjudiciable à la conservation de la biodiversité et plus généralement à une gestion durable des ressources naturelles. Pour remédier à cette situation, il faut identifier les divers types de valeurs que peut revêtir la biodiversité et disposer d’instruments qui permettent de réintroduire la diversité biologique, bien gratuit, dans le circuit économique. C’est un enjeu majeur actuellement pour l’économie de l’environnement.

8.2.1 Valeurs d’usage et de non-usage

Une première approche est de considérer que la diversité biologique a une valeur utilitaire et sert à satisfaire des besoins de la société. Une autre est de reconnaître que la diversité biologique a une valeur intrinsèque, en dehors de toute utilité. Il s’agit par exemple de la valeur d’existence d’un animal, qui peut se traduire par «combien sommes-nous prêts à payer pour maintenir en vie une espèce menacée?». C’est reconnaître que la vie a un prix en dehors de toute spéculation financière.

On peut donc distinguer des valeurs d’usage qui sont estimées à partir de l’utilisation qui est faite de la biodiversité, et des valeurs de non-usage qui sont estimées sur la base d’autres critères que le marché ou l’utilité.

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