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Фран.яз биологический сбор / Фран.яз / Christian Lщvъque, Jean-Claude Mounolou Biodiversitщ Dynamique biologique et conservation 2008.pdf
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4 • Dynamique de la diversité biologique et activités humaines

 

 

car les sociétés sont de plus en plus soumises aux contraintes d’un système économique auquel il est difficile d’échapper. Lorsque l’objectif est la croissance du PIB, il faut nécessairement produire plus, et donc… consommer plus. Cercle non pas vertueux, mais catastrophique pour les ressources naturelles.

La cupidité de certains industriels est également un facteur d’érosion. Les flottes de pêche généreusement subventionnées des pays industrialisés épuisent les stocks de poissons qui assuraient jusque-là l’activité de centaines de milliers de pêcheurs artisanaux. Sans parler de la corruption, qui ne concerne pas, bien entendu, que la biodiversité, mais qui contribue sans aucun doute à sa dégradation.

4.4CHANGEMENT CLIMATIQUE

Selon les estimations du GIEC, la température moyenne à la surface du globe pourrait augmenter de 2 à 4 °C d’ici la fin du siècle, et le niveau marin pourrait s’élever d’environ 60 cm. D’autres travaux plus récents parlent cependant de 1,60 m… Ces changements climatiques s’accompagnent également de modifications dans la répartition des pluies

– intensité et fréquence, ainsi que par une augmentation des phénomènes extrêmes (sécheresses, tornades, etc.). Les conséquences vont se faire sentir tant au niveau des écosystèmes que des espèces, au travers de leur biologie. Elles se manifesteront, notamment, par des changements de l’aire de répartition des espèces. Les espèces tempérées vont avoir tendance à migrer vers les pôles, et les espèces tropicales vont gagner les zones tempérées. Toujours selon le GIEC, un réchauffement de 3 °C équivaudra, pour les zones tempérées, à un déplacement des conditions environnementales vers le pôle de 500 km environ. Chez les oiseaux, des espèces méditerranéennes comme le héron garde-bœuf ou le guêpier d’Europe atteignent maintenant le nord de la France. Une étude réalisée en 2003 sur 59 espèces d’oiseaux, 31 espèces de papillons et 9 espèces de plantes alpines européennes, a montré également que l’aire de répartition des animaux et des végétaux a progressé de 6 km en moyenne vers le nord et de quelques mètres en altitude, par décennie, sur le siècle écoulé.

Pour la végétation, l’accroissement du taux de CO2 en lui-même agit directement sur la photosynthèse. Un doublement de la concentration en CO2 peut augmenter de 20 à 30% la production photosynthétique des forêts. À cela s’ajoutent l’augmentation de température (plus de 1 °C en moyenne en France depuis 50 ans) et un allongement de la saison

4.4 Changement climatique

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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

de végétation. On a observé que l’accélération de la croissance des arbres détectée depuis les années 1980 est un phénomène assez général en Europe depuis la fin du XIXe siècle, avec cependant des nuances régionales marquées. Par exemple, selon l’INRA, la croissance en hauteur du hêtre s’est accélérée de 25% dans le nord-ouest de la France, et de 50% dans le Nord-Est sur la période 1900-2000.

Des scientifiques de l’INRA ont développé des scénarios d’évolution de la végétation en fonction d’une augmentation possible de la température de 2,5 °C d’ici la fin du siècle. L’aire de distribution des espèces méditerranéennes emblématiques comme le chêne-vert, ainsi que l’olivier, le pin d’Alep, le pin parasol, etc. pourrait dépasser la latitude de la Loire. À l’inverse du chêne-vert, l’aire de répartition potentielle du hêtre en 2100 pourrait fortement régresser à cause de plus fortes températures en été et d’une baisse des précipitations. Son aire de répartition pourrait se réduire à l’extrême nord-est du territoire national. Le même phénomène pourrait être observé pour les espèces montagnardes: mélèze, sapin, épicéa, etc. Il s’agit bien entendu de scénarios, la réalité pouvant se révéler plus complexe!

Il existe néanmoins beaucoup d’incertitudes sur le comportement des essences forestières: seront-elles capables de s’adapter à la compétition avec de nouvelles espèces? Quelles seront les capacités des espèces à se déplacer rapidement et à coloniser de nouvelles niches climatiques? Lors des recolonisations postglaciaires, il y a 10 000 ans, il a fallu environ 2 000 ans aux chênes pour traverser la France du sud vers le nord. Or, le réchauffement envisagé au cours du siècle à venir se produira pour une durée inférieure à la durée de vie d’un arbre…

De nombreuses espèces d’insectes ont migré vers le nord ou en altitude au cours des dernières décennies. Certaines, telles de nombreuses espèces de lépidoptères (le monarque africain, le nacré de la ronce, le vulcain), de coléoptères (le bupestre du thuya), ou encore la mante religieuse ou les libellules, n’ont pas d’incidence sur l’économie. D’autres sont en revanche de véritables pestes qui touchent directement à la santé de l’homme, des plantes cultivées ou et des animaux d’élevage, car ils véhiculent des parasites ou des virus. La chenille processionnaire du pin qui cause de sévères dégâts aux résineux progresse vers le nord de la France et en altitude. Elle a maintenant atteint la région parisienne. Le nombre d’espèces de pucerons observés sur huit sites d’étude en France et en Grande-Bretagne, a augmenté très sensiblement au cours des 40 dernières années: une espèce par an et par site en moyenne. Simultanément, leur période d’activité s’est allongée d’environ un jour par an en moyenne.

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4 • Dynamique de la diversité biologique et activités humaines

 

 

Dans le domaine marin, une étude réalisée par l’IFREMER dans le golfe de Gascogne, a montré que la température moyenne des eaux avait augmenté de 1 °C en 20 ans. On observe une diminution des espèces boréales de grande taille, prédatrices et surexploitées. Ainsi, le cabillaud et le merlu ont fortement régressé. Inversement, il y a plus d’individus et d’espèces subtropicales de petite taille. Des espèces tropicales comme le Saint-Pierre doré y sont maintenant rencontrées fréquemment. Une étude anglaise a montré également pour 36 espèces de poissons de l’Atlantique Nord, qu’en une vingtaine d’années les 2/3 ont migré vers le nord de 50 à 400 km (la morue et la lotte) où se sont déplacés vers des eaux plus profondes (le carrelet, la raie fleurie). Les déplacements d’espèces de poissons s’expliquent en partie par les déplacements du plancton sous l’effet du réchauffement.

Le petit copépode planctonique Calanoides carinatus qui ne dépassait pas les côtes du Maroc en 1970, se rencontre aujourd’hui en Manche. Quant aux coraux, on estime que l’augmentation de température serait pour partie responsable du phénomène de blanchiment qui conduit souvent à leur mort.

Avec le réchauffement climatique, des cultures pourraient être pratiquées dans des régions où, auparavant, elles ne pouvaient se développer: coton et arachide dans le sud de la France, maïs (soja et tournesol) jusqu’en Grande-Bretagne, Danemark et même Pologne. Impossible, en revanche, de déplacer les appellations d’origine contrôlée (AOC) qui, par définition, sont tributaires d’une zone géographique très localisée (propriétés uniques d’un terroir: composition du sol, etc.), ce qui va générer d’importants problèmes.

La biodiversité est le produit du changement. Les changements climatiques qui sont intervenus en permanence à la surface du globe, ont notamment joué un rôle majeur dans l’évolution. Faut-il donc adhérer à l’idée que le réchauffement annoncé soit une «menace» pour la biodiversité comme le clament de nombreuses ONG et des scientifiques? Une publication dans la revue Nature annonçait en 2004 que le quart des espèces pourrait disparaître d’ici 2050 du fait du réchauffement climatique. Une information à prendre avec circonspection.

Certes on doit s’attendre à des modifications profondes de la faune et de la flore et à la disparition de certains écosystèmes, Mais, simultanément, on assistera à la création d’autres écosystèmes ouvrant la voie à de nouvelles opportunités pour l’évolution. On prévoit même l’apparition de combinaisons inédites de paramètres climatiques… L’inconnue réside dans les capacités d’adaptation des organismes.

4.4 Changement climatique

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Doit-on être nostalgique de l’époque où la France était couverte de steppes et de toundras? Ou avons-nous tout simplement peur du changement? Jusqu’à présent, personne n’a encore trouvé la recette pour endiguer le réchauffement climatique! Dans ce contexte, beaucoup de déclarations «définitives» sur les menaces que le réchauffement climatique fait peser sur la biodiversité manquent sérieusement de bases scientifiques. Il conviendrait de rester prudent en la matière, et de se préparer au changement plutôt que de tenir des discours catastrophistes. La vie a montré à de nombreuses reprises qu’elle ne manquait pas de ressources en matière d’adaptation… Nous avons encore de nombreuses lacunes dans la connaissance des capacités et des modalités d’adaptation de la biodiversité face aux perturbations. Ce qui peut expliquer des visions très contrastées sur le futur de la biodiversité.

Chapitre 5

Diversité biologique et fonctionnement

des systèmes écologiques

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

De manière schématique, les écologistes étudient trois grands types de processus mettant en jeu le monde vivant à l’intérieur des écosystèmes au travers:

des liens de dépendance alimentaire entre groupes d’organismes (chaînes alimentaires ou réseaux trophiques);

du rôle des espèces dans la dynamique des cycles biogéochimiques;

de la production biologique, c’est-à-dire la capacité à produire de la matière vivante et donc à accumuler de l’énergie au sein d’un écosystème.

Le défi auquel ils sont confrontés est de déterminer dans quelle mesure chacune des espèces présentes dans un écosystème agit individuellement ou collectivement sur le fonctionnement général, que ce soit au niveau des flux biogéochimiques ou celui de la productivité biologique.

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